2nd Forum Régional du Clic France / CAPC de Bordeaux / 15 mars 2013 / Compte-rendu

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Temps de lecture : 22 min

Le second Forum Régional du Clic France a eu lieu au CAPC (musée d’art contemporain) de Bordeaux le 15 mars 2013, dans le cadre de la « Semaine Digitale de Bordeaux ». Près de 150 professionnels de la culture et des étudiants ont ainsi pu échanger autour de la question du numérique dans les établissements culturels.

Retrouvez ci-dessous le compte-rendu rédigé par les étudiants du Master 1 Régie des Œuvres et Médiation de l’Architecture et du Patrimoine de l’Université Bordeaux III.

MOTS D’ACCUEIL:

Charlotte LAUBARD, directrice du CAPC, expose le fait que depuis plusieurs années, beaucoup de démarches interrogatives ont vu le jour par rapport au numérique. Internet est aujourd’hui le premier accès à la culture, ce qui amène les établissements culturels à trouver des solutions pour toucher ce public invisible. Bien souvent cela passe par un site internet, inévitable aujourd’hui pour les musées qui n’hésitent plus à mettre leurs collections en ligne (comme au CAPC par exemple).

Dominique DUCASSOU, adjoint à la culture et au patrimoine de Bordeaux, partage lui aussi cette vision. Aujourd’hui le secteur applicatif évolue très vite et la relation entre les professionnels et les usagers sont sensiblement différentes qu’auparavant. En effet, ces derniers sont plus informés et exigeants, ce qui est certainement dû au niveau d’éducation qui a augmenté au fil des années. Avec ce nombre croissant d’usagers, les musées doivent se mettre à la page et intégrer rapidement le numérique dans leurs activités. Le déploiement du numérique est rapide et sa place est désormais non négligeable. Ce dernier a notamment gagné de façon positive l’univers de la culture. On peut désormais mettre en relation plusieurs données multimédias grâce aux « étiquettes intelligentes » et les rendre accessibles au public. En adoptant le numérique les musées gagneront en lisibilité, accessibilité, modernité et dynamisme.

Pierre-Yves LOCHON, fondateur et organisateur du CLIC France, nous rappelle l’importance de la mutualisation. L’idée de ces forums est d’échanger sur des pratiques locales, régionales et extra-régionales. Les deux thématiques abordées dans ce forum seront donc les impacts du numérique sur les métiers du patrimoine ainsi que la notion de territoire, de la culture et du numérique.

9h45 – 10h30: Etat des outils et pratiques numériques dans les musées et lieux culturels. Tendances et bonnes pratiques en France et à l’étranger.

Par Pierre-Yves Lochon, Clic France.

Présentation power point

Le Clic a été créé en 2008 et est soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communication. Il fédère plus de 80 institutions, collectivités territoriales et entreprises. C’est un réseau de mutualisation des bonnes pratiques entre les différents lieux culturels. Grâce à ce réseau, environ 3 000 professionnels sont ainsi connectés. L’activité récurrente du CLIC est son site internet dont 90% des contenus sont libres d’accès. Les 10% restants sont réservés aux institutions membres du Clic.

Site du Clic : https://www.club-innovation-culture.fr/

1) Quelques chiffres (étude d’octobre 2012) 

La pratique des outils numériques par les français :

– 46 millions d’abonnés au téléphone mobile (83% des français).

– 42 millions d’internautes (78% des français de plus de 11 ans).

– 23 millions de mobinautes (utilisateurs d’internet sur les téléphones, 42% des français). Cette catégorie est celle qui augmente le plus rapidement, à parts égales chez les 16-24 ans et les 36-49 ans.

– 23 millions d’utilisateurs de réseaux sociaux, dont 50% sur Facebook et 12% sur Twitter.

L’utilisation des smartphones et des tablettes numériques :

– 38% des Français possèdent des Smartphones (c’est-à-dire 57% des utilisateurs de téléphones mobiles) dont 45% sur Android, et passent environ cinq fois plus de temps sur les applications que sur le web.

– 3 millions de foyers possèdent une tablette (dont 54% de tablettes Apple), soit un foyer sur dix, ce qui équivaut à 8% de la population, et représente 4,4 millions de personnes.

Ces chiffres sont importants pour comprendre l’évolution des pratiques et s’adapter ainsi aux nouvelles demandes et aux nouvelles technologies qui se renouvellent sans cesse depuis ces 10 dernières années.

2) Les grandes tendances de la culture et du numérique (étude de juillet 2012) 

Quelques résultats de l’étude réalisée par le Credoc pour le Ministère de la Culture.

Aujourd’hui, les visiteurs de lieux patrimoniaux sont équipés d’internet. 35% des internautes français utilisent internet en lien avec la visite d’une exposition ou d’un monument. 16% des internautes ont déjà effectués une visite virtuelle. On comprend donc que cet outil est indispensable dans la communication et la fidélisation des visiteurs. Bien souvent, la visite virtuelle sert de préparation à la visite physique. Dans ces deux usages et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce sont les moins de 25 ans qui se servent d’internet pour rechercher les informations pratiques avant la visite. Les séniors ont plutôt tendance à faire des visites virtuelles. Ce phénomène est encourageant, selon Pierre-Yves Lochon, qui explique que depuis 2010, les plus de 60 ans commencent à s’approprier cet univers. Le développement de l’internet et du numérique culturel a donc encore de beaux jours devant lui.

3) Les 8 tendances de la culture et du numérique en 2012

Pierre-Yves Lochon expose 8 grandes tendances de la culture et du numérique 2012, en les agrémentant d’exemples d’outils et services numériques dans les lieux culturels en France et à travers le monde. Ces tendances s’articulent autour de 3 mots : Virtualité, Mobilité, Communauté.

1ère tendance : Développement d’applications mobiles et d’audioguides pour les jeunes publics et les familles comme le jeu de piste de Fontevraud ou le Louvre et Pompidou Kids (collection lancée par Gallimard).

– 2ème tendanceRôle croissant du jeu (serious game) dans la communication et la médiation, comme le jeu Tétris aux Champs Libres de Rennes, le jeu de rôle sur Ipad à la Corderie Royale ou le jeu sur mobile Murder at the Met.

3ème tendanceRôle accru de la photographie aussi bien dans la communication, qu’en tant qu’objet d’exposition. La pratique photographique s’étant fortement démocratisée, les visiteurs génèrent un contenu photographique qui est ensuite récupéré et exposé dans les musées. On peut citer le concours photo du Muséum de Toulouse L’eau et moi, InstaROM au Royal Ontario Museum sur le principe d’Instagram, où les photographies sont prises par le public, ou encore Pictify, consacrés aux photos amateurs et l’exposition Instagram au Columbus Museum of Art.

4ème tendanceCo-création de contenus avec le visiteur. On peut citer le Unadulterated MoMa, où les enfants commentent des œuvres et partagent ces commentaires subjectifs avec d’autres enfants (ainsi le ton est moins académique). Autre exemple, au Smithsonian Cooper-Hewitt Museum avec Object of the day où une photographie d’œuvre est commentée chaque jour par les internautes.

5ème tendanceCréativité du visiteur encouragé par le numérique, par exemple il peut Composer un décor de céramique au Musée de Sèvres.

6ème tendancePatrimoine reconstitué par les outils virtuels, comme l’Abbaye de Jumièges reconstituée en 3D sur l’Ipad, la réalisation des inventions de Léonard de Vinci à la Cité des Sciences, la reconstitution d’une grotte bouddhiste dans l’un des musées du Smithsonian avec l’emploi de lunettes 3D immersives ou la Tate Gallery of Lost Art sur internet.

7ème tendanceMusées sur grands et petits écrans, avec des lancements de chaînes tv ou internet comme Purescreen, Youtube et Moca LA, la production de web documentaires comme par exemple celle du Musée Guimet, ou de la cathédrale de Strasbourg. Des films d’exposition sont également réalisés comme Leonardo da Vinci à la National Gallery de Londres, et une série télévisée canadienne Museum’s secrets a vu le jour.

8ème tendanceMusée Hors les Murs, avec une visite à distance du Musée Rollin à but éducatif, où une médiatrice interagit avec une classe et son enseignant via un ordinateur et le web. On peut noter également l’initiative Le Musée fait le mur au Musée de Cherbourg avec l’installation dans la ville de QR Code et de facs-similés des œuvres du musée pendant sa fermeture, ou l’installation Red Line au Van Gogh Museum d’Amsterdam permet de visiter la ville à travers le regard de Van Gogh durant la rénovation du musée.

Le Coup de Cœur du Clic : Le nouveau site du Rijksmuseum d’Amsterdam et son espace créatif personnel Rijksstudio. Le musée a complètement revu le rôle et le positionnement de son site internet pour que le public s’approprie les œuvres qui sont misent en ligne dans une base de données. Les œuvres peuvent être téléchargées librement et transformer à l’infini. Cet outil de création va très loin dans la communication et le marketing mais peut-être moins dans le contenu scientifique. En trois mois, le site généré plus d’un millions de visiteurs (32 000 comptes ouverts, 100 000 images téléchargées).

10h30-12h / TABLE RONDE N°1: « Le numérique dans les établissements culturels : évolution des métiers et des organisations »

Modérateur : Adeline Desclaux, Musée des Beaux Arts, Bordeaux

En 20 ans, quelle fut l’impact du numérique sur les métiers et l’organisation des musées ? Les réponses de 4 experts. 

Vincent ROIRAND, PDG de Mazedia, société de développement de solutions numériques de médiation culturelle.

Philippe RIVIERE, chef du service web et multimédia à Paris Musées.

Marie-Laure HABERARD : Chargée des services innovants à la bibliothèque de Bordeaux.

Jean-Alain PIGERIAS : En charge de l’ingénierie des projets innovants à Cap Sciences (Centre régional de culture scientifique, technique et industriel installé sur les quais de Bordeaux).

  • Vincent ROIRAND, PDG de Mazedia :

Présentation power point

La présentation de Vincent Roirand s’oriente sur l’évolution de l’impact du multimédia des vingt dernières années, concernant les musées.

. 1998 : Le multimédia n’est qu’une médiation au sein du parcours muséographique, avec des bornes interactives dont le but est de délivrer un maximum d’information.

. 2005 : De grandes encyclopédies font leur apparition dans les grands musées mais le concept ne fonctionne pas très bien. On scinde donc les propos en plusieurs applications classées selon les thèmes. Il faut alors penser aussi à la mise en cohérence de ces applications, ce qui amène les muséographes à se faire accompagner dans leur démarche.

. 2009 : Certains dispositifs deviennent des scénographies à part entière. Créer l’évènement sert à pérenniser l’image et la réputation des musées en dehors des visites par le bouche à oreille. Ces tendances vont amener à revoir des métiers comme celui des muséographes, dont certains ont une formation dans le numérique, et d’autre non. Les musées commencent également à se faire accompagner par des sociétés d’assistance à maitrise d’ouvrage.

. 2013 : Depuis 2 ans, jusqu’en 2013,  la mobilité interactive est au cœur des soucis de coordination et de mise en cohérence entre l’aspect mobile et le multimédia. On garde les bornes physiques mais on introduit également le outils mobiles. On voit se dessiner un besoin d’une conception et réflexion globales.

. 2015/2016 : On souhaite effectuer un dialogue propre entre les différents médias et leur interaction avec le public, ce projet se nomme « transmedia », afin de mettre en commun les données collectées jusqu’alors.

On passe d’une phase où les métiers dialoguent à une phase où il doit y avoir une personne gérant tous cela pour maintenir une cohérence. Il faut donc une mutualisation de certains moyens et une montée en compétence des équipes dans le multimédia, d’où l’importance des nouvelles formations universitaires et dans les écoles.

  • Philipe RIVIERE, chef du service Web et Multimédia à Paris Musée

Présentation power point

Evolutions des métiers et des organisations

Philippe Rivière nous expose son parcours professionnel et son ressenti sur l’évolution des outils numériques dans l’univers culturel. Il a tout d’abord travaillé à Paris pour la Cité de l’Architecture et du Patrimoine où il fut nommé responsable du pôle « diffusion numérique » entre 2009 et 2013 et chargé de la « Direction des Systèmes d’information » entre 2011 et 2013. Le poste qu’il occupa en 2009 fut créé ex-nihilo afin de répondre à un besoin jusque là géré en externe par un prestataire privé. Il fut directement rattaché à la DSI (direction des systèmes d’information) et a contribué à apporter une certaine notoriété à l’établissement.

En 2013, Philippe Rivière a rejoint Paris Musées fraîchement créé, afin de mutualiser et fédérer quatorze établissements parisiens au niveau informatique et multimédia. Il s’agissait au départ d’une simple mission de préfiguration, mais le succès fut tel que cette démarche amena dès 2013 à la transformation de la mission en établissement public « Paris Musée ». Cet établissement intégra dès le départ un service web et multimédia au sein de la « direction des publics, de la communication, des partenariats et du multimédia ». Il réunit un chef de service web et multimédia, deux chargés de projet multimédia, un graphiste et un contrat aidé.

L’apparition de ces nouveaux postes au sein des établissements culturels témoigne, comme l’a souligné Philippe Rivière, du besoin croissant et désormais vital des outils informatiques et multimédia ainsi que du transfert des compétences des prestataires aux institutions. Pour répondre à cette demande, de nouvelles formations universitaires ont vu le jour comme des masters de « médiation numérique » ou de « médiation culturelle, patrimoine et numérique ».

  • Marie-Laure HABERARD, chargée des services innovant à la bibliothèque de Bordeaux

Présentation power point

Les services innovants en bibliothèques

Marie-Laure Haberard témoigne de son expérience dans la bibliothèque de Bordeaux en tant que chargée des services innovants. Ce poste fut créé à son arrivée afin de répondre aux nouvelles attentes du public et aux nouvelles pratiques dans les établissements culturels.

Des prérequis sont cependant nécessaires à la création de ce type de poste, comme l’a souligné Marie-Laure Haberard. Tout d’abord, il faut une volonté affirmée de la collectivité et de la structure concernée. Il est également nécessaire de créer un poste de titulaire pour concevoir et coordonner les services innovants et recevoir un soutient dynamique aux projets mis en place de la part de toute l’équipe de l’établissement. Enfin, il ne faut pas oublier les moyens financiers qui sont indispensables. XXX

C’est un poste qui se situe en définitive à la croisée des chemins : entre le numérique, la communication et la relation au public. Le titulaire répond à des missions ponctuelles, concrètes, à la réflexion sur les projets… Il occupe une place atypique au sein de la structure puisque la spécificité des bibliothèques est de ne pas avoir de département « médiation ». En réalité, il ne s’agit pas d’un poste à proprement parler, mais d’une fonction qui concerne toute la bibliothèque et transcende les différents services.

Selon Marie-Laure Habedard, il s’agit d’une fiche de poste évolutive puisqu’en 20 mois, 3 fiches de poste se sont succédées : une première en tant que bibliothécaire chargée des services innovants, une seconde comme chargée de mission « services innovants », responsable du service médiation au sein du pôle « relation » avec le public et enfin une troisième comme bibliothécaire chargée de mission service innovant et « community manager ».

Selon elle, la force de ce positionnement réside en quatre points :

. une relative liberté d’action pour un travail fluide,

. un circuit de validation plus rapide en adéquation avec un fonctionnement « projet » permettant un travail réactif.

. Une meilleure lisibilité du poste au sein de la structure pour une communication claire.

. Une meilleure visibilité pour les partenaires et interlocuteurs extérieurs.

Cependant, elle relève des obstacles qui restent encore à dépasser puisqu’il s’agit d’un poste marginalisé et étranger à un fonctionnement en équipe. Il est également parfois vécu comme une intrusion dans la vie des services et c’est un poste aux contenus difficiles à appréhender pour les équipes.

Projets innovants

Après ce large aperçu du poste qui est le sien, Marie-Laure Habedard présente des projets transversaux mis en place dans la bibliothèque bordelaise à l’intention des usagers, tel que la RFID, qui a eu un grand impact sur les usagers et qui a donné lieu à l’animation d’un groupe de travail et la formation des équipes. Elle présenta aussi quelques dispositifs mis en place comme la création de pages Facebook en lien avec le SIBN, la création d’un blog, B.Bi.Bo, et l’organisation de l’alimentation du portail. Ces dispositifs ont permis d’instaurer un autre rapport avec le public, de créer des jeux et de véhiculer du contenu. Les jeux concours, les jeux et les animations de quartiers comme celles qui furent menées à Saint-Michel à Bordeaux, ont également permis à de nouveaux publics plus défavorisés et laissés pour compte d’avoir envie de pousser les portes de leur bibliothèque de quartier en venant tout simplement à leur rencontre.

Elle souligne en conclusions qu’il s’agissait d’outils ludiques et désormais indispensables mais qu’ils ne constituaient cependant pas une fin en soi. Le numérique reste bien un outil, le véritable but est l’interaction avec les publics.

Il existe actuellement 2 postes équivalents en France dans les bibliothèques.

  • Mr PIGEARIAS, chargé de l’ingénierie des projets innovants à Cap Sciences

Présentation power point 

Partager autrement les ressources numériques

Cap Science, n’est pas un musée mais un lieu de renouvèlement permanent des expositions. Cap-science.num est le point de départ créé il y a quatre ou cinq ans pour une mutation vers le numérique afin de partager autrement les contenus et ressources.

Les trois âges du numériques ont été : la numérisation, la médiation et la relation numérique. Le challenge du numérique concerne tous les métiers. L’impact de la médiation numérique se traduit dans l’exposition, on a une façon différente de concevoir l’exposition elle-même et notamment en termes de contenu, des décors (mise en décors qui interagit avec le visiteur). Par ailleurs on va de plus en plus de la visite physique à la présence virtuelle. L’impact se fait également sur l’édition des productions : transfrontière et transmédia : écrire un scénario en fonction du support et du public visé. On essaie d’avoir une continuité dans la relation numérique pour le visiteur entre les solutions web-mobile et internet.

Le problème qui se pose maintenant, c’est qu’avant il était possible de faire une exposition généraliste maintenant c’est la personnalisation des contenus qui va être importante, une relation personnelle avec le visiteur. Le public devient co-réalisateur de l’exposition.

Cap Sciences a essayé de formaliser ça en terme de théorie sous la forme de triangle.

. Le premier consistait pour eux à se dire que leur vrai métier ce n’est pas l’exposition ni la production de contenu mais la médiation qui est le cœur du métier.

. Le deuxième triangle, c’est la programmation qui va impacter la médiation : une médiation qui se raccroche au projet d’un établissement. La médiation est également tendue par la production.

Dans les nouveaux métiers, il y a l’évaluation qui se fait trop souvent à postériori. L’évaluation est la valeur même de la médiation. On va pouvoir l’évaluer en termes d’impact sur le public.

Pour ce qui concerne le transmédia, il doit se faire avant, pendant et après l’exposition ce qui n’est pas toujours évident.

La scénographie n’est plus non plus conçue comme avant, il faut donner la main aux visiteurs de temps en temps. Mais cela passe aussi par la manière dont les appels d’offres sont lancés.

  • Impact de la mutation numérique dans l’exposition :

. De la conception aux décors

. Des contenus à l’interaction

. De la visite physique à la présence virtuelle

  • De nouveaux métiers au service des projets :

. Editer

. Valoriser

. Distribuer

  • 3 lignes d’entrées :

. Ligne éditoriale (axe production/médiation)

. Types d’interactions (axe médiation/publication)

. Types d’accès au public (axe production/publication)

  • 3 dimensions :

. Les machines

. Les contenus

. La scénographie

Jean-Alain Pigearias remarque que les contenus de formations ne sont pas adaptés aux besoins numériques et n’offrent pas de réponse concrète. Il souligne également un besoin de développer la 3D en termes d’investissement et de fonctionnement.

12h15 / Présentation des « Imaginaires du savoir »

Par Sébastien Cursan (Cap Ccience) et Emmanuel Cunchinabe (mairie de Bordeaux, Direction du Développement Economique)

Présentation power-point

Site internet

La Mairie de Bordeaux et Cap Sciences mettent en place, pour la deuxième année consécutive ” L’Atelier : Les imaginaires du savoir “.

Initié aux USA, le concept d’économie créative se met peu à peu en place à Bordeaux. L’économie créative est une nouvelle réalité fondée sur la conception, la création et la réalisation d’outils de médiation numérique au service des productions matérielles comme immatérielles, et qui rassemble différents secteurs d’activités culturelles et économiques. Cap Sciences s’est donné pour mission de catalyser le domaine de l’économie créative, de permettre aux acteurs régionaux de se réunir, créer des coopérations et collaboration et aussi de les faire participer à un atelier de travail sur une thématique chaque année.

Cette année, la thématique portera sur le transmédia et les jeunes ou comment impliquer les 15-25 ans dans la vie publique, thématique qui sera débattue le vendredi 23 mars 2012, avec notamment la possibilité de faire des ateliers.

“Le fablab, incubateur des pratiques culturelles de demain”

Le FabLab est crée dans les années 1990 à l’initiative du M.I.T.

Nicolas Barret explique en quoi cela consiste. Ce sont des laboratoires composé de machines-outils pilotées par ordinateur, pouvant fabriquer ou modifier rapidement et à la demande des biens de nature variée (livres, objets décoratifs, outils, etc.). Ce sont des outils de plus en plus privilégiés dans le monde des musées, notamment à Cap Science, qui fait appel à eux pour mettre en place des ateliers de médiation. Il s’agit d’outils de création de plus en plus accessibles, avec des imprimantes 3D qui deviennent moins chères.

Cap Science envisage également d’organiser une journée en partenariat avec Muséomix ; il s’agit de réunir des professionnels de musées, des acteurs de l’innovation et du monde numérique, des amateurs d’art et de sciences, et autres passionnés d’éducation et de culture, afin que cette communauté mixe ses points de vues et concrétise ses idées autours d’un modèle de musée.

Pour plus d’informations : http://economie-creative.net/

14h15 / IMAYANA

Par Bruno Plantier, directeur du Service Recherche et Développement d’Heritage Prod

Présentation power point

Découvrir Bordeaux au XVIIIe siècle, marcher dans ses rues, parcourir le port, entrer dans le grand théâtre … Impossible? La Réalité Augmentée nous démontre le contraire. Retour sur la présentation de cet outil aussi ludique que scientifique.

Aujourd’hui le fort potentiel de l’interactivité entre le public et l’objet de la visite n’est plus à prouver. La demande actuelle a permis la création et la réalisation d’un tel projet: regarder et littéralement vivre, par le prisme d’une tablette, la vie de Bordeaux il y a trois siècles.

Trois produits sont à la base de cet outil:

un scénario: le public n’est plus seulement spectateur, il devient, grâce à ce produit, le narrateur de sa propre visite. Il s’approprie l’objet afin de faire la visite à son propre rythme. Une immersion forte est proposée (se méfier du danger extérieur reste cependant une priorité absolue). Imayana propose un spectacle aussi riche visuellement qu’auditivement. Il est par exemple possible d’interagir avec des éléments virtuels qui immergent le visiteur dans une “histoire”. C’est ce que l’on peut appeler des points d’expérience scénarisés. Des personnages nous immergent et permettent cette confrontation presque “naturelle” avec le passé.

un contenu et une rigueur scientifique: le contenu est très juste historiquement. Un travail de recherche approfondi a été mené en amont du projet. Tout au long du parcours sont proposées au visiteur de véritables restitutions du Bordeaux d’autrefois: le château Trompette, le Grand Théâtre, les quais (activité portuaire). Des cartes actuelles permettent aussi de se resituer par rapport à la ville du XIIIe siècle.

l’apport des nouvelles technologies numériques actuelles (réalité augmentée, 3D temps réel, tablettes…). Un GPS est intégré à la tablette, qui permet de restituer le visiteur dans son milieu, mais permet d’assurer sa sécurité.

Depuis sa première diffusion, lors des Journées du Patrimoine 2012, ce produit connait un succès certain, tout public concerné. Il est possible de réserver les tablettes à l’Office de tourisme de Bordeaux. Les coûts d’une telle visite s’élèvent de 8,50€ à 12€ pour une moyenne de 1h30 à 2h30 de visite.

14h45 – 16h15 / TABLE RONDE N°2: « Numérique, culture et territoires : discussion et partage d’expériences »

Modérateur : Pierre-Yves LOCHON, Clic France

Intervenants :

. David JURIE, Animateur de l’architecture et du patrimoine de la ville de Bordeaux.

. Françoise AMRI, agence de Développement Touristique de l’Ardèche.

. Paul ANGLERAUD, directeur de l’agence de valorisation économique et culturelle du Limousin & Brice BOUCARD, chargé de mission GéoCulture.

. Florent FATIN, responsable de la communication à la Cité des Civilisations et du Vin à Bordeaux.

  • David JURIE, Animateur de l’architecture et du patrimoine de la ville de Bordeaux

Présentation power point 

David  Jurie débute la table ronde en présentant son projet de parcours dans la ville avec l’utilisation de QR codes. L’objectif est de mettre en place des projets pour sensibiliser tous les types de public au patrimoine et à l’architecture (Ndlr : la ville de Bordeaux a obtenu le label ville et pays d’art et d’histoire en 2009). Un certain nombre de parcours sont déjà aménagés sous format papier ou avec des médiateurs. En revanche, l’introduction de QR codes en 2012 nécessite une utilisation différente de cette matière. D’un point de vue méthodologique, la démarche a été de partir d’une liste exhaustive de monuments. Finalement, la démarche a été inverse, puisque par définition, il n’est pas possible de placer des QR codes sur des monuments historiques. Il s’agissait ainsi de faire un inventaire des supports pour savoir où il était possible de placer les QR codes.

David Jurie souligne que le texte qu’on peut y mettre est très court. Le seul intérêt est d’y intégrer de l’iconographie supplémentaire. On peut noter que le QR code le plus utilisé est celui du Pont de pierre. Ce projet est encore au stade expérimental, il est de ce fait difficile d’avoir assez de recul pour juger ce projet. Cependant, au vue des premiers résultats, Mr Jurie l’estime peu efficace et indique que le NFC (Near Field Communication) serait plus approprié malgré qu’il s’agisse d’un outil dont l’utilisation ne nous est pas encore assez familière.

Il expose ensuite son projet de Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP) –« Bordeaux patrimoine mondial ». Idéalement situé sur la place de la Bourse, cet espace de 450m2 sera consacré aux problématiques de l’aménagement du territoire. Conçu comme un hub patrimonial, le but est d’élaborer un parcours qui puisse renvoyer aux autres monuments et au territoire afin de faire le lien entre les différents établissements culturels de Bordeaux. L’expérience est voulue collective ; ce lieu sera destiné et adapté aussi bien au grand public qu’aux plus jeunes. Pour Mr Jurie, il est important de pouvoir y trouver une interactivité. En partant du principe que la tablette numérique isolait le visiteur, elle n’aura alors pas sa place dans cet espace où l’Office du Tourisme prévoit d’y emmener des groupes. La visite commencera donc dans un espace d’introduction qui renverra à une vision très subjective de la ville avec des supports audio qui permettront d’avoir des commentaires des personnalités plus ou moins connus de Bordeaux. Cet espace amènera dans l’espace d’exposition composé de plusieurs modules et abordera différents thèmes tels que : le fleuve, l’habitat et les grands chantiers, et l’actualité patrimoniale (chantiers de restauration, chantiers de fouille…). Un emplacement sera par ailleurs dédié aux ateliers pédagogiques autour du patrimoine et du numérique, et au développement de sujets relatifs à la ville de Bordeaux : Comment habiter une ville inscrite à l’UNESCO et Bordeaux. Cas d’école ! Cyprien Alfred-Duprat en partenariat avec les archives municipales et la Direction Régionale des Affaires Culturelles (projet des Master 2 ROMAP qui se concrétisera en 2014 !).

  • Françoise AMRI, agence de Développement Touristique de l’Ardèche

Présentation power point

Françoise Amri fait une présentation de la « visite innovante des sites touristiques et culturels ardéchois ». Françoise AMRI s’interroge sur la façon de valoriser le patrimoine de l’Ardèche et d’y faire adhérer les habitants. Elle répond à cela par la volonté de rendre l’Ardèche interactive grâce au NFC. Il s’agit d’une démarche unique en France car elle se fait à l’échelle d’un département. L’Ardèche était, avant tout, une destination reconnue pour un loisir de plein air, mais cela a en partie changé avec une formidable découverte : celle de la grotte Chauvet en décembre 1994. Un projet d’espace de restitution de la grotte Chauvet est alors mené (la grotte originale n’étant pas ouverte au public) avec un souci d’être le plus fidèle à l’authentique (calcul de l’hygrométrie, recherches des odeurs,…). L’essentiel était là de convaincre tous les habitants du territoire avant même les touristes.

C’est dans cette perspective que se développent les NFC sous forme de disque rose. Françoise AMRI  nous rappelle les temps fort : en octobre 2011 s’élabore le cahier des charges, en février 2012 le dossier est déposé au Ministère de la Culture et de la Communication, et en juillet 2012 les supports NFC sont posés dans les Offices du Tourisme. Les objectifs sont de diffuser plus largement l’offre culturelle et patrimoniale, de contribuer à l’aménagement numérique du territoire et de préparer le territoire à l’arrivée de l’espace de restitution de la grotte Chauvet-Pont-d ‘Arc.

5000 supports sont ainsi installés où le choix est d’avoir un double marqueur avec à la fois des tags NFC et le QR code. Françoise AMRI constate qu’ils sont loin d’avoir une utilisation efficace, mais ils continuent à développer cet outils avec 40 000 documents tagués (vidéos, photos,…) et tout est géré par une plateforme en ligne. Ils travaillent en open data depuis 2005 en constituant une base régionale qui alimente le processus. Actuellement, 600 objets cultuels et patrimoniaux sont disponibles dans la base. Avec les développements de ces outils multimédias, il est par ailleurs nécessaire de former des « animateurs numériques » du patrimoine. François AMRI conclu sa présentation en insistant sur le fait que le maître mot est « mutualisation » !

  • Paul ANGLERAUD, directeur de l’agence de valorisation économique et culturelle du Limousin & Brice BOUCARD, chargé de mission GéoCulture

Présentation power point

Paul ANGLERAUD accompagné de Brice BOUCARD, exposent ensuite les extensions de « GéoCulture – le Limousin vu par les artistes ». Le but est de proposer une représentation artistique du limousin, de géolocaliser des lieux qui ont servi de supports à la réalisation d’œuvres. GéoCulture permet d’accéder à des lieux via une carte. Il ne permet pas d’aller à la rencontre des œuvres car certaines ne sont pas dans le limousin, mais il permet de se rendre sur leurs lieux de création, à la rencontre de Monet par exemple. Ils cherchent  à proposer une autre carte du territoire, différente des lieux relativement connus, pour leurs qualités environnementales, ou du premier site de visite du limousin : Oradour-sur-Glane.

GéoCulture est également un lieu de médiation culturelle ainsi qu’un outil de démocratisation culturelle artistique.  En termes de résultats, le service à ouvert en 2010 avec 350 notices avec un budget annuel de 70 000 euros. Au départ, il s’agissait d’une initiative du Centre National du Livre, le contenu était donc très littéraire, ce n’est que par la suite que des œuvres d’art ont été ajoutées. Ce service commence à être connu dans le territoire régional, en 2012 sa fréquentation s’élève à 34 500 personnes.

Le contenu et l’organisation de l’interface du site web continuent d’évoluer. Initialement, la page d’accueil était une carte avec une trentaine d’œuvres, ce qui posait un certain nombre de problèmes de lisibilité.  Ce qui explique une refonte de l’interface en 2012 ; elle gagne en visibilité, fait des propositions aux internautes et fait place à plus d’artistes. Elle est pensée sur un modèle contributif, en s’appuyant sur une trentaine de structures culturelles et artistiques de la région (centres d’art, musées, bibliothèques, résidences d’artistes, associations…).

Il s’agit donc d’un projet complexe qui se réinvente chaque jour.

  • Florent FATIN, responsable de la communication à la Cité des Civilisations et du Vin à Bordeaux

Présentation power point (à venir)

Florent FATIN se penche sur la future Cité des Civilisations et du Vin à Bordeaux. Cet établissement est voulu comme le futur lieu emblématique de Bordeaux avec une architecture spectaculaire pensée par le cabinet d’architecture X-TU.  L’objectif à long terme serait de faire de cette Cité des Civilisations et du Vin un Guggenheim de Bilbao, de faire venir les gens pour la Cité et non plus uniquement pour la ville de Bordeaux en elle-même. Dans un bâtiment de 14 000 mètre carré et 55 mètre de haut, cet espace, géré par une fondation privée sera comme un musée avec un parcours permanent présentant un tour du monde des vignobles, l’histoire du vin, une expérience autour des cinq sens. Pour que le site soit viable, il faudrait 425 mille visiteurs par an, ce qui reviendrait à attirer un touriste sur trois qui vient à Bordeaux.

Florent FATIN travaille plus particulièrement sur le développement du « compagnon de visite » qui fonctionne avec des codes NFC pour accompagner le parcours du visiteur. Ce compagnon de visite sera proposé en différentes langues, il permettrait  de gérer l’accessibilité pour les personnes empêchées et adapté aux plus jeunes avec un mode enfant. Un partenariat avec Cap science est également envisagé pour créer un schéma numérique global.

Bilan de ce 2ème Forum sur le CLIC

Par Jessica Fèbres de Bideran, doctorante en Histoire de l’Art à l’université de Bordeaux 3 et animatrice du site web l’Age du virtuel.

Présentation power point

Aujourd’hui le public est de plus en plus large mais surtout beaucoup plus ambigu. Depuis quelques années, le vocabulaire a changé, on ne parle plus du public, mais bien des publics ; jeunes, adultes, jeunes seniors, personnes empêchés, etc. Ces changements entrainent inévitablement une adaptation du contenu (exemple : MoMa, où les commentaires des œuvres ont été réalisés par des enfants).

On observe également une importante «documentarisation» du patrimoine notamment avec l’essor des «musées virtuels». Ces phénomènes montrent combien il est important de repenser les formes de médiation. Pour exemple, l’étude du CREDOC montre déjà que 35% des adultes ont consulté et participé à une visite virtuelle via internet.

Jessica Fèbres de Bideran nous parle également d’ARTIGO, base de données mise en place par l’université de Munich, et alimenter par tous. Artigo possède environs 25 000 ressources. Il s’agit d’une mise à contribution des amateurs. Sous forme de jeu sont présentés cinq tableaux, à qui l’on attribue des mots-clés. Si l’un de ces mots-clés à déjà été soumis par un autre utilisateur, alors on gagne des points.

Actuellement il y a une véritable invasion du ludique dans le domaine de la culture et du patrimoine ; cette nouvelle tendance donne lieu à l’apparition d‘un nouveau vocabulaire : « édutainement » ou encore « museoetainement », gamification, qui mélange aspect loisir et éducation. Souvent ces aspects sont privilégiés pour le jeune public mais on constate finalement qu’ils attirent d’avantage un public tel que les « jeunes séniors ». L’aspect ludique gagne tous les âges, et la plupart des personnes sont attirées et se laisse prendre au jeu. Ces nouveaux support, tel que la réalité augmentée, notamment utilisé par British Museum en partenariat avec Samsung, ou encore Imayana dont nous avons parlé précédemment, ont de nombreux avantages comme nous l’avons vu au cours de cette journée. Cependant, ce type d’exploitation isole l’utilisateur de l’espace urbain.

Le problème qui se pose à l’issu de cette journée et face à cette arrivée du numérique est la mise en évidence d’un manque de recul et d’analyse ; il existe des retours d’étude d’un point de vue quantitatif, mais pas qualitatif. De plus, il ne faut pas oublier que certaines expériences numériques, virtuelles, sont parfois mal vécues par les utilisateurs qui perçoivent ces méthodes comme de l’assistanat. D’où l’importance d’apporter un plus et ne pas se limiter qu’au contenu.

Enfin, les usages sont en constante évolution, et la médiation est un domaine relativement complexe qu’il ne faut plus penser de manière unilatérale, mais bien avec des interrelations. Ces milieux culturels sont des lieux de rencontre et de partage, où les visiteurs sont les premiers impliqués.

Enjeux commun  pour tous les intervenants lors de la conférence et pour l’ensemble du monde culturel :

→ Besoins de formation pour médiateurs et besoin d’apprivoiser les techniques numériques.

→ Multiplication des secteurs intellectuels, commerce, marketing, universitaire…

Il convient donc de mener des études, notamment en collaborant avec les universitaires, pour obtenir des données qualitatives, mais pour cela il faut un partage des données, ce qui n’est pas fait, et peu envisageable pour le moment.

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