Avec Fujifilm, le musée Van Gogh d’Amsterdam commercialise et exporte les œuvres du maître hollandais en 3D

Partager :
Temps de lecture : 5 min

Depuis quelques mois, le musée Van Gogh d’Amsterdam s’est associé avec la société Fujifilm pour créer des répliques hi-tech du maître hollandais. Les versions 3D de ces chefs d’œuvres ont été récemment présentées à Hong Kong. Avant une prochaine commercialisation.

Les affiches traditionnelles accrochées aux murs des chambres d’étudiants représentant ‘Les Tournesols’ ou encore un des nombreux autoportraits de Van Gogh sont peut-être en danger. Le musée Van Gogh d’Amsterdam développe des reproductions en 3D de haute qualité de certains de ses plus célèbres tableaux, avec ce qui est décrit comme la technique de reproduction la plus avancée de l’histoire de la photographie.

Une innovation technologique aux résultats bluffants. Les conservateurs du musée ont ainsi déclaré que les répliques en 3D de l’œuvre de Van Gogh étaient « quasiment impossibles à distinguer des originaux ».

«Il s’agit véritablement de la prochaine génération de reproduction, car elle va dans la 3ème dimension. Si vous n’êtes pas un expert, ils sont assez indiscernables des originaux. Bien sûr, si vous êtes un connaisseur et que vous regardez de plus près, vous pouvez voir la différence» a déclaré Axel Rüger, le directeur du musée.

Fujifilm et la Reliefographie

“Almond Blossom” (c) Harbour City Hong Kong

Les répliques, appelées Relievo (Reliefs), sont créées par le musée en partenariat avec Fujifilm avec lequel il a conclu un contrat exclusif de trois ans. La technologie connue sous le nom de Refliefographie est si complexe qu’il aura fallu plus de sept ans pour la mettre au point. Seulement trois Reliefs par jour peuvent être faits. La Reliefographie combine un balayage 3D de la peinture et une impression haute résolution. La reproduction ‘ultra précise’ s’étend même au châssis et au dos de la peinture.

Chaque Relief est numéroté et approuvé par un conservateur de musée. Il s’agira d’éditions limitées de 260 exemplaires par œuvre. Pour s’assurer qu’aucune réplique ne se fasse passer pour un original, chaque Relief est marqué d’un sceau incassable.

La technique de numérisation 3D a jusqu’à présent reproduit ‘Almond Blossom’ 1890, ‘Les Tournesols’ 1889, ‘The Harvest’ 1888, ‘Champ de blé sous l’orage’ 1890, et ‘Le boulevard de Clichy’ 1887. D’autres œuvres provenant du catalogue du catalogue de Van Gogh sont prévues.

La technologie au service de la préservation et de la conservation de l’art devient ainsi le nouveau créneau de Fujifilm.

Axel Rüger, directeur du Musée Van Gogh a expliqué: «Compte tenu de l’évolution actuelle de l’impression 3D, la création d’une reproduction en trois dimensions est une nouvelle étape logique passionnante, mais, surtout, par le biais de reliefs, la disponibilité et l’accessibilité des œuvres d’art peuvent être améliorées, ce qui donne au musée Van Gogh l’occasion de réaliser sa mission d’inspirer un public aussi large que possible “.

Richard Tackx, Fujifilm Belgique & EMEA a déclaré: «Chez Fujifilm, nous sommes très heureux de collaborer avec le Musée Van Gogh sur ce projet fascinant Le résultat de nos efforts conjoints est une reproduction de très haute qualité et nous espérons que le public va réagir très positivement à ce produit unique “.

Quant à Van Gogh, ses pensées furent peut-être prémonitoires: “Je ne peux pas changer le fait que mes toiles ne se vendent pas. Mais le temps viendra où les gens se rendront compte qu’ils valent plus que la valeur des peintures utilisées pour les peindre.”

Avec ce projet, le musée espère donc accroître l’accès à ces images en présentant les œuvres dans des endroits plus accessibles au public tout en conservant l’original dans des conditions optimales. Des reproductions Reliefs sont ainsi actuellement utilisés pour l’exposition «Van Gogh au travail» (au Musée Van Gogh d’Amsterdam jusqu’au 12 Janvier 2014), Ces reproductions seront également utilisées à des fins éducatives : dans les écoles et pour les malvoyants. La possibilité de diffuser les reproductions dans les écoles et d’imaginer des versions pour les aveugles et les malvoyants est en cours d’élaboration. Mais le Musée imagine surtout des finalités commerciales.

La prochaine génération de reproduction disponible pour 34 000 euros

Le projet du musée et de Fujifilm est de commercialiser chaque reproduction au prix de £ 22 000, soit 34 000 euros, une révolution dans le secteur des boutiques de musée.

(c) China Daily

Interrogé pour savoir si ceux qui pouvaient se permettre de payer 34 000 euros ne préféreraient pas une peinture originale, même par un autre artiste que Van Gogh, Rüger a déclaré qu’il s’agissait de «marchés distincts».

La série a été lancée à Hong Kong cet été (du 16 juillet au 4 août) dans un centre commercial haut de gamme, Harbour City. Les fans des oeuvres de Van Gogh pouvaient acheter ces répliques pour environ HK $ 200.000 (25.780 US $ / 19 000 euros) chacun.

Ce lancement s’inscrit dans le cadre d’un projet pilote qui est principalement destiné à tester le produit sur le marché, et notamment sur les marchés de l’Asie, avec des métropoles de la région, comme Hong Kong, Singapour, Tokyo et Pékin. (Voir l’article sur l’exposition de Hong Kong dans China Daily)

«Il y avait un énorme intérêt là-bas. Des gens ont acheté sur place. Pour quelqu’un qui s’intéresse à Van Gogh, c’est le plus proche qu’il est possible d’obtenir par rapport à l’original. Et il y a une certaine fascination à ce sujet» estime Rüger.

Le musée Van Gogh s’attend à lever des fonds importants grâce à ces ventes. Les recettes iront dans le budget des rénovations prévues ainsi que dans la préservation de la collection (200 peintures, dessins et lettres).

«Il est vraiment fascinant de lancer un produit ambitieux et commercial de ce genre pour un musée. La situation financière est telle que nous devons tous réfléchir à de nouveaux produits, de nouveaux flux de revenus, de nouvelles idées pour accroître notre chiffre d’affaires et pour sécuriser nos finances» commente Axel Rüger. «Et le travail de Van Gogh se prête particulièrement bien à ce processus en 3D, car les images sont riches en structure de surface».

D’autres musées s’intéresseraient de près au potentiel commercial de la 3D.

Avec la reproduction des peintures et après la modélisation des espaces et des œuvres sculpturales, la technologie 3D est en passe de révolutionner à nouveau le musée, la préservation des œuvres, leur relation avec le public et le monde des produits dérivés culturels.

Reportage vidéo sur Al Jazeera English (31/08/2013)

Informations fournies par le Van Gogh Museum et Fujifilm 

Date de première publication: 13/09/2013

banner clic sitem 2024 V1

Laisser un commentaire