Le British Museum propose un “pélerinage numérique” autour d’une stèle bouddhiste indienne sculptée il y a 2 000 ans

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Dans le cadre de sa saison Asie du Sud, le British Museum propose une nouveau dispositif numérique associant une sculpture vivante d’Amaravati aux smartphones et au wifi. Ce “pèlerinage virtuel” offre une nouvelle manière d’explorer ce sanctuaire bouddhiste indien et de raconter l’histoire d’une femme qui a donné une sculpture au sanctuaire bouddhiste indien il y a 2 000 ans.

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Avec ce nouveau dispositif numérique, une dalle de calcaire sculptée il y a près de 2.000 ans pour un grand temple bouddhiste en Inde se met à vivre.

Un des deux côtés de la stèle du Sanctuaire d'Amaravati, évoquant symboliquement la présence du Bouddha comme un trône vide, un arbre Bodhi et une paire d'empreintes de pas, c. 50 av. J.-C.
Un des deux côtés de la stèle du Sanctuaire d’Amaravati, évoquant symboliquement la présence du Bouddha comme un trône vide, un arbre Bodhi et une paire d’empreintes de pas, c. 50 av. J.-C.

Par une simple touche sur un écran de smartphone, la femme projetée sur le mur de la galerie passe du noir et blanc à la couleur, et avance pour expliquer comment elle a commandé la belle sculpture pour honorer Bouddha et gagner la grâce pour elle-même et sa famille.

Son nom n’a pas survécu, mais elle était une disciple du moine Vathisara au grand sanctuaire d’Amaravati. Comme l’explique l’inscription récemment traduite, en 250 avant JC, elle a payé pour créer la sculpture. Son cadeau est la seule image survivante du sanctuaire lui-même, alors même qu’à son apogée, le sanctuaire bouddhiste était l’un des plus importants d’Inde mais également du monde. La structure en dôme du sanctuaire, ou stupa, contenait une relique – peut-être d’un important enseignant spirituel, ou du Bouddha lui-même, qui est mort quelque temps entre 490 et 400 avant JC.

Fondé au deuxième siècle av. J.-C., ce sanctuaire comprenait une façade de 120 mètres de long, bâtie sur une montagne de pierre. Le Grand Sanctuaire d’Amaravati a prospéré pendant près de 1 000 ans, et avait établi des liens importants dans tout le Sud et l’Asie du Sud, le Sri Lanka et le monde méditerranéen, mais est tombé en ruines. Au 18ème siècle, il est devenu une carrière de pierres pour les bâtiments de la région de l’Andhra Pradesh. Au 19ème siècle, il a été largement excavé, et les sculptures survivantes ont été exfiltrées. Le musée britannique conserve plus de 120 sculptures du site, la plus grande collection en dehors de l’Inde. sous le nom d'”Elliot Marbles”, en hommage à Sir Walter Elliot, qui a entrepris leurs fouilles dans les années 1840, et a apporté les sculptures au musée de Londres en 1880.

L’interprétation numérique était doublement nécessaire car ses motifs et inscriptions sont de taille réduite et la sculpture possède une double face.

Imma Ramos, conservatrice des collections sud-asiatiques du musée, explique que “les deux côtés de la pierre montrent un développement fascinant au cours des siècles dans la représentation du Bouddha, d’un être dont le pouvoir et l’autorité ne peuvent être manifestés que par une absence symbolique, à une véritable figure humaine représentée au cœur du tombeau.”

Associer scultpture et smartphone

Le nouveau dispositif numérique et gratuit, développé en partenariat avec le Creative Lab de Google, à Sydney, utilise la technologie des smartphones et le réseau wifi du musée pour interpréter l’histoire de la sculpture et du sanctuaire.

Daniel Pett, expert du musée pour l’interprétation numérique de l’archéologie, a déclaré que “l’exposition est la première déployée dans un musée qui propose un affichage interactif contrôlé par un smartphone, via un lien wifi dédié déployé dans la galerie plutôt qu’une application téléchargée. La plupart des téléphones peuvent ainsi instantanément accéder à des informations supplémentaires sur la sculpture et animer les figures sur les murs”.

Comme l’explique le musée, la technologie évité l’anxiété que de nombreux visiteurs ont exprimé au sujet du coût d’utilisation des applications à l’étranger. Et le musée met à disposition plusieurs terminaux mobiles pour les visiteurs sans téléphones ou avec des modèles inadaptés.

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Storrytelling numérique

L’expérience proposée par le British Museum est à la fois exposition, installation numérique et outil de médiation.

Elle permet aux visiteurs de découvrir de nombreux détails de la sculpture, expliqués par le site Web du musée britannique.

. la double face de la sculpture en pierre. Un côté présentant le dôme sculpté du sanctuaire avec des symboles et des histoires bouddhistes, avec le Bouddha lui-même debout à la porte. L’autre côté du relief montre un trône vide, un arbre Bodhi et une paire d’empreintes de pas, ce qui implique peut-être que le Bouddha s’est libéré du monde mortel et a atteint l’illumination.

Détail montrant une image du Grand Sanctuaire lui-même et du Bouddha en forme corporelle, c. 250 av. (c) British Museum
Détail montrant une image du Grand Sanctuaire lui-même et du Bouddha en forme corporelle, c. 250 av. JC

. Le donateur de la sculpture est dessiné avec trois “compagnons” donateurs du sanctuaire: un parfumeur du premier siècle avant J.-C., appelé Hamgha, qui a donné un pilier sculpté; un moine bouddhiste du 1er siècle baptisé Budhi, et sa soeur Budha (une nonne) qui ont fait don d’un «siège de lion» (probablement un soutien pour une statue de lion ), et une femme du 2ème siècle appelée Kumala qui a donné une partie de la rampe minutieusement sculptée qui a encerclé le sanctuaire. Ces quatre personnages ont été “ressuscités” par des acteurs projetés sur les murs de la galerie. À l’aide du dispositif mobile, les visiteurs ont la possibilité d’interagir avec ces personnages et explorer le sanctuaire plus en détail.

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Cette approche créative de la narration met aisni en évidence l’importance des inscriptions anciennes, qui sont essentielles pour comprendre le poids historique et social des sites tels que le Grand Sanctuaire. Comme l’explique le musée, “ouvrir les murs de la galerie permet une exploration expérimentale de ces lieux et objets. En réimaginant les donateurs qui ont rendu possible le site d’Amaravati, cette exposition explique le fonctionnement du boudhisme, financé par ses pélerins, dans l’Inde ancienne”.

La stèle peut également être découverte et explorer dans ses moindres détails grace à sa version 3D disponible sur la chaîne du British Museum sur la plateforme Sketchfab.

L’exposition, choisie par Conde Nast Traveler comme l’une des 21 expositions londoniennes à voir cette saison, a été financée par le groupe de presse Japonais Asahi Shimbun, qui est également le mécène du British Museum pour le réaménagement de la nouvelle galerie indienne qui portera son nom et qui ouvrira en novembre 2017.

Le “pèlerinage virtuel”, réinterprétant la sculpture et réimaginant le Grand Sanctuaire d’Amaravati en Inde, est une exposition gratuite, proposée du 10 août au 8 octobre 2017. La dalle sculptée sera exposée en permanence dans la nouvelle galerie indienne Asahi Shimbun à partir de novembre 2017.

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