David Alexander (RBC Museum of Victoria / Canada): “nous allons créer davantage de passerelles entre les visiteurs et les experts du musée”

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Temps de lecture : 8 min

Pour ouvrir notre nouvelle série d’interviews sur le numérique dans les musées du Monde, David Alexander, Directeur des relations avec le public et les médias, au Royal British Columbia Museum (RBCM) de Victoria explique la stratégie de son musée en matière de communication et de médiation numérique. Il partage ses expériences et se dit intéressé par des coopérations avec la France.

Quelles sont vos missions en tant que Responsable des relations avec les publics et les médias au Royal British Columbia Museum (RBCM) de Victoria, et plus particulièrement en ce qui concerne les nouvelles technologies ?

Je supervise la communication digitale, institutionnelle, éditoriale et les relations avec les médias. Les nouvelles technologies forment une des composantes importantes de mon département, mais aussi dans la stratégie de communication du musée.

Nous nous occupons à la fois du site web institutionnel du Royal BC Museum et de celui des archives de Colombie Britannique, avec un nouveau site qui sera lancé en avril 2013. Nous communiquons et créons du contenu pour un public présent sur les réseaux sociaux, nous avons également plusieurs expositions virtuelles et avons lancé deux applications pour smartphone en 2012.

Quand avez-vous rejoint le RBCM ? Quel était votre parcours auparavant ?

J’ai rejoint le Royal BC Museum en 2010. Précédemment, j’étais Directeur général d’une entreprise technologique qui travaillait auprès de clients culturels ou gouvernementaux sur le développement de logiciels et de projets web à grande échelle.

Comment sont organisées les nouvelles technologies au RBCM ? Combien de personnes y travaillent ?

Je supervise le département ainsi que notre stratégie numérique et j’ai également coordonné le développement de notre dernière exposition virtuelle et application mobile. Un autre membre permanent de l’équipe, spécialiste en web et contenus, gère le site internet et les réseaux sociaux. Un second membre est développeur web, il travaille actuellement sur un nouveau projet de site internet.

Vous avez un site internet, sur lequel nous pouvons trouver différents contenus scientifiques, grâce à une fonction de recherche en ligne au sein vos collections, ainsi que du contenu éducatif. Quelle direction générale souhaitez-vous donner à ce site internet ? Avez-vous une cible de public prioritaire ?

Nous sommes en train de revoir notre site web et notre objectif est de le rendre plus accessible aux visiteurs. Nous avons un nouveau programme éducatif qui sera lancé durant l’été 2013 et qui va prendre de l’importance sur le site. Ces nouveaux services éducatifs s’adresseront aux adultes mais également aux enfants et famille. Nous finissons également un projet lancé il y a un cinq ans pour rendre toutes nos collections disponibles en ligne. Notre site web actuel est vraiment fait pour un public varié : visiteurs, chercheurs, écoles ainsi que tous nos partenaires.

Vous avez également un blog, au sein duquel s’exprime différents professionnels du musée sur leurs activités. Ce blog sera t-il également amené à évoluer ?

Pour notre nouveau site web, nous allons créer davantage de passerelles entre les visiteurs et les commissaires et experts du musée. Il s’agit d’un projet pilote (titre temporaire : « Curious Magazine ») destiné à être le premier de son genre, disponible en ligne et sur appareil mobile. “Curious magazine” sera une collection de contenus rédigés par le personnel du musée, présentée sous la forme d’un blog en ligne, mais aussi directement envoyée sur les smartphones des visiteurs. Cette plateforme sera également un moyen de faciliter la communication entre les internautes et le personnel du musée et pourra éventuellement générer des revenus (ventes directes, partenariats, publicité…). Enfin, elle aidera le personnel du musée à développer de nouvelles compétences web et permettra au Royal BC Museum d’être à la pointe de la communauté muséale. Nous serons parmi les premiers musées au monde à développer ce type de plateforme. Un des blogs experts du musée.

 Y a-t-il des audioguides ou applications mobiles disponibles au RBCM ?  

Depuis octobre 2012, nous avons une application qui utilise la technologie « Wifarer », qui fait office de GPS personnel, permettant au visiteur de se déplacer et de se repérer dans le musée. Les visiteurs peuvent choisir d’utiliser la carte dans « Wifarer » ou d’avoir accès à des textes, des images ou des vidéos additionnelles. Ils peuvent télécharger « Wifarer » via un code QR sur des panneaux présents dans notre hall. Le but de « Wifarer » était de nous permettre d’ajouter du contenu à l’expérience muséale sans impacter l’espace physique.

Avez-vous par ailleurs un audioguide plus traditionnel ?

Non, nous n’avons pas d’audioguide traditionnel pour nos collections. Nous avons eu des audioguides dédiés à une exposition itinérante, il faisait partie intégrante de cette exposition et coûtait 5$.

Avant « Wifarer », vous aviez crée l’application mobile pour l’exposition « Aliens among us ». Pouvez-vous présenter cette première application ? Pensez-vous développer de nouvelles applications à l’avenir?

  

L’application « Aliens among us » fut développée dans un contexte plus vaste que l’exposition en elle même et a été pensé comme un outil permettant au public de s’impliquer pleinement. Ce projet comprenait une exposition itinérante, acheminée dans neuf communautés à travers la Colombie Britannique ainsi qu’une exposition en ligne développée en partenariat avec le VMC (Virtual Museum of Canada = Musée virtuel du Canada), à l’initiative du Département du Patrimoine Canadien (Department fo Canadian Heritage).

Cette application (pour iOs) et le site web contenaient des informations sur les espèces les plus connues d’insectes invasifs et permettaient aux utilisateurs de poster et traquer les insectes à travers une interface Google Map. L’application iPhone/iPad constituait l’étape suivante, servant d’interface avec l’exposition virtuelle et permettant à l’utilisateur de se servir des informations et de poster la vue d’un insecte où il a du réseau téléphonique.

Quel est le modèle économique de ces 2 applications ?

Les deux applications (Alien among us, Wifarer) sont gratuites. Ce sont des outils de communication et de médiation. Wifarer a été développée pour Android et iPhone.

Dans le futur, nous continuerons à développer des applications pour smartphone, essentiellement car il y a une attente forte de nos visiteurs sur les plateformes mobiles.

Quelle est votre stratégie en matière de réseaux sociaux ? Comment êtes vous organisé ? 

Les réseaux sociaux forment une part importante de notre stratégie de communication. Je créé la stratégie générale et notre spécialiste Web et contenus la rend opérationnelle.

Le musée a un compte Viméo ; quel est le rôle de cette chaine et pourquoi avez-vous choisi cette plateforme ? Qui  produit les contenus et quel est approximativement le volume de production par an ? Ces vidéos sont-elles diffusées sur les médias sociaux et pouvons nous aussi le retrouver dans le musée ?

Nous avons choisi Vimeo, il y a quelques années, car il offrait beaucoup plus d’options et de contrôle que Youtube. Les vidéos sont créées en interne par les équipes du musée. Nous avons conduit un projet pilote, quelques années plus tôt, appelé RBCM TV, dans lequel nous avons formé nos commissaires à la production vidéo. Nous avons ensuite acheté quelques caméras et les avons encouragé à réaliser de petites vidéos. De nombreuses vidéos sont partagées sur les réseaux sociaux et certaines peuvent être intégrées à nos expositions.

Le RBCM est sur Facebook, Twitter, mais aussi sur Pinterest, pourquoi avez-vous fait ces choix en terme de présence sociale ?

C’est important que nous soyons là où sont nos visiteurs. Nous avons senti qu’il était important de toucher également le public via Pinterest, vu le rôle croissant de la photographie sur la communication et la relation sociale.

Sur votre page Facebook, il y a un module de recommandations, où les « fans » du musée peuvent laisser un message au sujet de leur expérience de visite et la recommander à la communauté. Est-ce important pour vous de laisser les visiteurs s’exprimer à travers les réseaux sociaux et pourquoi ?

Oui, tout a fait. Tout d’abord, nous voulons entendre ce que nos visiteurs expérimentent que ce soit bien ou mauvais. Nous avons beaucoup de bons commentaires, mais nous avons aussi pu résoudre quelques plaintes à travers Facebook. Ensuite, si les visiteurs apprécient leur visite au musée et veulent le recommander à leurs amis, nous y sommes très favorables. Rien ne vaut la technique du bouche à oreille…

Avez-vous déjà crée des concours sur les réseaux sociaux ou des événements dans le musée pour inviter vos membres sur les réseaux sociaux ?

Oui, l’année dernière, nous avons mis en place un concours de photos où les fans pouvaient voter par Facebook, en lien avec une exposition de photographie animalière. Les jeunes étaient invités à envoyer leurs propres photos et le public sur les réseaux sociaux pouvaient voter pour celles qu’ils appréciaient le plus. Nous avons également offerts des cadeaux sur les réseaux sociaux à travers des concours, en partenariat avec la Greater Victoria Public Library.

Y a-t-il du wifi gratuit au RBCM ? Est-ce important pour vous que les visiteurs aient accès à internet au sein du musée et pourquoi ?

Nous avons mis en place un wifi gratuit essentiellement pour que les utilisateurs de l’application « Wifarer », n’utilisent pas leur forfait personnel. Nous sommes également en discussion pour ouvrir plus largement le wifi à tous nos visiteurs. Pour l’instant, les utilisateurs ne peuvent accéder à travers notre wifi qu’à notre site web, Wifarer, Facebook et Twitter. C’est important que nos visiteurs aient accès au wifi, mais étant un ancien bâtiment en pierre, nous avons quelques difficultés pour offrir cet accès.

Travaillez-vous avec le département des actions éducatives sur des outils numériques ?

Nous le faisons dès que nous avons un contenu éducatif, comme c’est le cas avec de nombreuses expositions virtuelles. Notre département éducatif s’est récemment agrandi, donc je m’attends à ce qu’il joue un rôle plus important à l’avenir sur le développement de nos outils numériques.

Quel est le budget de votre département pour les projets et événements numériques ?

Nous avons un tout petit budget pour le département et nous devons nous reposer sur les partenariats et le mécénat pour faire avancer nos projets. Nous ne sommes pas à court d’idées, mais trouver l’argent est un important défi.

Comment faites-vous pour trouver cet argent  ? Avez-vous des mécènes ou partenaires particuliers pour les projets technologiques ?

Nous avons reçu de l’argent d’un fond d’innovation pour le développement de « Aliens among us » et nous avons fait un partenariat avec une entreprise technologique local pour Wifarer. Cette entreprise travaille généralement avec des aéroports, des centres commerciaux mais ils étaient intéressés à l’idée de se diversifier et d’aller vers les musées ; ils nous ont utilisés comme projet test.

Y a t-il des projets ou institutions qui vous intéressent et vous inspirent dans le domaine du numérique culturel ?

Oui, il y a le musée de Londres et leurs applications en réalité augmenté qui sont plutôt intéressantes. Le musée de Vancouver est en train de lancer une application cette année concernant les panneaux néons de Vancouver, également avec de la réalité augmenté. J’aimerais bien utilisr nos archives pour un projet similaire. J’ai également toujours été très impressionné par le travail de la Powerhouse Museum de Sidney.

Avez-vous déjà utilisé les tables tactiles  ?

Nous avons travaillé avec des tablettes tactiles interactives l’an dernier pour l’antenne du musée qui se trouve à Vancouver. Il s’agissait d’écrans portables qui étaient entre autres utilisés pour l’adhésion de nouveaux membres. Nous ne travaillons pas sur de nouveaux projets incluant de tables tactiles.

Seriez-vous intéressez par un partenariat avec une institution française pour réaliser ce type de projets ?

Absolument ! D’autant plus que la plupart de nos expositions virtuelles sont aussi disponibles en français… même si j’aimerais que la plupart de nos produits soient accessibles en plus de langues…

Interview réalisée par mail, par Clelia Dehon, entre le 25 janvier et le 7 février 2013

LE MUSEE ET LE NUMERIQUE:

Site web

Moteur de recherche collections

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SUR LE WEB:

. “Indoor Location Comes To The Royal BC Museum” (Forbes, 14/10/2012)

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