DOSSIER/ Tour d’Europe des dispositifs culturels visant à l’intégration des réfugiés (17/05/2018)

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Temps de lecture : 9 min

Les musées allemands et français accueillant les réfugiés dans leurs salles, un musée sous-marin en hommage aux réfugiés, le Palais-Royal et l’exposition sur l’exil d’artistes réfugiés, une nouvelle exposition d’Europeana, un orchestre constitué par des personnes réfugiées.. dans ce dossier, le CLIC France propose un tour d’horizon des différents dispositifs européens mis en œuvre pour faciliter l’intégration des personnes réfugiées.

  • Les musées allemands ouvrent leurs portes aux réfugiés

Durant l’été 2017, les musées allemands ont décidé d’organiser des visites régulières, destinées aux réfugiés du Moyen-Orient, des salles renfermant des trésors de leur pays d’origine.

C’est par exemple le cas du Pergamon Museum de Berlin qui a acceuilli des Syriens et des Irakiens, pour des visites des extraordinaires pièces rapportées d’Asie mineure par les archéologues allemands à la fin du XIXème siècle.

Des réfugiés comme guides

En plus d’encourager les réfugiés à venir (re)découvrir leur patrimoine culturel et archéologique, la Fondation du patrimoine culturel prussien a eu l’idée d’engager des guides eux-mêmes réfugiés.

Ce programme d’intégration, baptisé « Multaka », a permis de former des réfugiés à devenir guides .

Mohamed al-Subeeh, un syrien de 64 ans, a fui son pays en guerre pour arriver en Allemagne après 23 jours de traversée en Méditerranée sur un zodiac de fortune. Restaurateur d’art dans son pays d’origine, il guide maintenant en arabe des groupes de réfugiés dans les couloirs du musée Bode à Berlin.

J’adorais mon travail en Syrie. Être guide ici, c’est comme si je récupérais un peu de mon ancienne vie“, explique Mohamed al-Subeeh.

Pour Hermann Parzinger, président de la Fondation du patrimoine culturel prussien, ce programme d’intégration est essentiel car il permet également aux réfugiés de découvrir l’art chrétien et ainsi mieux comprendre la société dans laquelle ils vivent désormais.

(Sources : L’Express, France Info)

  • Musées et associations françaises ensemble pour mieux accueillir les réfugiés

Plusieurs associations françaises oeuvrent à l’intégration des réfugiés dans la vie culturelle française. Dispensant des cours de français, offrant des visites de musées, ou encore mettant en relation des personnes souhaitant aider les réfugiés avec ces derniers, ces associations se sont donné pour mission d’aider les personnes réfugiées dans leur nouvelle vie, notamment par le biais de la vie culturelle.

© Facebook/associationTicketEntree

L’association Ticket d’entrée et les visites des musées français

L’association Ticket d’entrée offre la possibilité à des réfugiés de découvrir la culture française à travers des visites des musées parisiens. Co-créée en juin 2014 par Sophie Migairou, cette association accompagne des groupes de réfugiés en apprentissage du français dans la découverte de la culture de leur pays d’accueil.

©Facebook/associationTicketEntree

Chaque jour, des cours de français sont dispensés à la Chapelle auprès de 150 réfugiés. S’ils le souhaitent, ces derniers peuvent également participer à des sorties culturelles au Louvre, au Musée d’Orsay ou encore au centre Pompidou. Il s’agit de faciliter l’intégration de ces derniers en les initiant à la culture française. L’association Ticket d’Entrée a reçu le prix de la proximité de la Fondation Feuilhade.

(Source: Franceinter)

L’association Singa et le musée d’Orsay

Depuis 2012, l’association Singa , créée par Alice Barbe et Hamze Ghalebi, veille à l’intégration des personnes réfugiées et à la mise en relation de ces dernières avec des citoyens soucieux de les aider.

L’association est aujourd’hui présente dans 12 villes de France et à l’étranger et regroupe une communauté de 25 000 personnes dont 3 000 réfugiés.

En 2017, l’établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie et SINGA France se sont associés pour favoriser l’insertion des personnes réfugiées dans la société française par le biais de la culture. (Lire l’article du CLIC France: Les musée d’Orsay / Orangerie et Singa s’associent pour lancer l’opération « Mahatta. Paroles d’ailleurs, oeuvres d’ici »).

Ainsi, d’octobre 2017 à juin 2018, tous les troisièmes jeudis du mois, des visites d’expositions et des collections permanentes de ces deux musées sont organisées pour les réfugiés.

Ce projet, baptisé “Mahatta, Paroles d’ailleurs, oeuvres d’ici”, fait écho au programme “Multaka” conduit depuis 2016 par les musées berlinois en faveur des personnes réfugiées.

Par ailleurs, les bénévoles de l’association et les réfugiés disposent d’un accès privilégié à des formations proposées par l’établissement. En février 2018, plusieurs journées d’initiation aux techniques de la médiation ont donc été organisées pour permettre aux participants du projet de devenir de véritables professionnels de la médiation culturelle. Des emplois saisonniers sont également proposés par l’établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie aux bénéficiaires de l’association.

©Helloasso

De la même manière, l’association Join hands offre la possibilité à des réfugiés de participer gratuitement à des activités sportives et culturelles dans un but d’intégration sociale.

  • En Espagne, un musée sous-marin en hommage aux réfugiés

L’artiste britannique Jason deCaires Taylor a eu l’idée folle de créer le premier musée européen sous-marin, en hommage aux réfugiés ayant trouvé la mort en tentant de traverser la Méditerranée.

Plus de 1 000 personnes ont trouvé la mort au large des côtes canariennes, c’est la raison pour laquelle l’artiste a choisi les profondeurs de la petite île de Lanzarote pour installer son musée sous-marin.

A 12 mètres sous l’eau, 300 sculptures grandeur nature, inspirées par les habitants de l’île dont certains sont rescapés de naufrage, sont appréciables pour les plus téméraires.

(Source: Arte)

  • Le Palais-Royal accueille une exposition sur l’exil d’artistes réfugiés

Lundi 29 février 2018, la ministre de la culture, Françoise Nyssen inaugurait « Les Vitrines de l’Atelier des artistes en exil », une exposition sur l’exil réalisée par des artistes réfugiés.

« Certains y verront les traits d’un geste militant. Mais ce devrait être un geste ordinaire. Cela doit rester un geste ordinaire », assure la ministre de la Culture.

15 artistes ont été invités à occuper les vitrines donnant sur les jardins du Palais-Royal, jusqu’au 30 mars 2018.

Ces artistes ont été sélectionnées par le biais de “L’Atelier des artistes en exil”, nouveau lieu associatif et éphémère de 1 000 m2 porté par Judith Depaule et Ariel Cypel. Inauguré le 22 septembre 2017 à Paris, dans le 18ème arrondissement, ce lieu de vie offre un espace de travail à des artistes récemment arrivés en France. Des journées porte ouverte de l’atelier sont prévues en mars 2018.

La sélection des artistes exposés rue de Valois a été faite, parmi les artistes en résidence à L’Atelier, en fonction de leur engagement politique dans leur œuvre et ce qu’ils ont à dire sur l’exil.

Dans un endroit si symbolique, il y a un message à faire entendre sur les raisons de l’exil ou sur l’exil lui même », explique Judith Depaule.

Parmi les artistes présents, on retrouve l’afghane Kubra Khademi qui avait défilé en 2015 dans les rues de Kaboul en portant une massive armure en métal aux attributs féminins pour dénoncer le statut bafoué des femmes. Une performance féministe qui lui avait valu d’être condamnée à mort.

Le sculpteur Carlos Lutangu, qui a fui la République démocratique du Congo par la Libye et la Méditerranée, fait également partie des artistes exposants. Il a crée un masque, baptisé « Penseur » autoportrait inspiré par ceux de sa tribu d’origine, les kongo .

« L’arrivée dans un nouveau pays, dans une nouvelle culture, pose beaucoup de questions. Qu’allais-je devenir ? Cette tête entre mes mains, ce sont mes angoisses, mes inquiétudes pour ma famille restée au pays. » Explique l’artiste.

(Source: Le Monde)

  • « Visages et Parcours de l’immigration », un festival itinérant sur le thème de l’immigration

En mars et avril 2018, l’association SOS Méditerranée, avec le soutien de la Fondation Abbé Pierre, présente « Visages et Parcours de la migration », cycle de films, témoignages et débats, qui se déplace dans trois villes françaises en mars et avril 2018.

Les villes de Bordeaux, Paris et Nantes accueilleront à tour de rôle le mini festival et projetteront quatre films, tous liés à une étape de la migration : la traversée de la mer Méditerranée, l’arrivée en Italie ou encore l’accueil en France.

Le festival a pour mission de sensibiliser le public français aux réalités individuelles derrière l’immigration, ainsi qu’aux actions citoyennes mises en place pour aider les réfugiés.

SOS Méditerranée, née au printemps 2015, est une association civile européenne de sauvetage en mer. Elle compte aujourd’hui plus de 200 bénévoles à travers toute la France. Tout au long de l’année, ces derniers se mobilisent pour organiser des évènements au cours desquels ils sensibilisent les français à la tragédie des naufrages à répétition en mer Méditerranée.

(Source : Sosmeditérranée)

  • HOPE pour l’insertion professionnelle des réfugiés dans le domaine de la culture

En mai 2017, le gouvernement a lancé un partenariat public privé baptisé HOPE (Hébergement Orientation Parcours pour l’Emploi), pour accompagner l’insertion dans l’emploi de mille réfugiés, tous secteurs économiques confondus.

11 lieux d’exception participant au programme

Plusieurs lieux culturels d’Ile-de-France (Théâtre National de la Colline, Opéra de Paris, Comédie-Française, Théâtre de l’Odéon, Théâtre de Chaillot, Philharmonie de Paris, Grande Halle de la Villette, MC 93, Théâtre Mogador, Théâtre Le Comédia et Institut du Monde Arabe) se sont portés volontaires pour participer au programme.

©Twitter/FrancoiseNyssen

Le 22 février 2018, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen a salué à l’Opéra Bastille l’engagement de ces onze établissements culturels dans ce programme d’insertion en faveur des réfugiés.

Ce programme HOPE est très important. Nous avons vraiment souhaité d’entrée de jeu l’accompagner, parce que c’est évident que c’est par la culture que nous pourrons reprendre confiance, par la culture aussi que nous accueillons“, a souligné la ministre de la Culture.

  • Un expert de l’Afrique du Nord sollicité pour une mission sur les artistes migrants

Le 22 janvier 2018, Benjamin Stora, historien spécialiste des questions de l’Afrique du Nord, a été sollicité par la Ministre de la Culture. Sa mission est de faire des propositions pour un meilleur accueil des artistes migrants et pour faire évoluer les regards portés par notre société sur les populations migrantes.

Depuis 2014, l’historien est Président du conseil d’orientation du musée de l’Histoire de l’immigration.

Françoise Nyssen, ministre de la Culture, souhaite que cette mission aboutisse à des propositions opérationnelles répondant à trois objectifs majeurs :

. Développer l’accès des migrants aux arts et à la culture, au travers notamment d’actions menées par les opérateurs nationaux ;

. Donner la possibilité, par le développement de travaux déjà initiés, aux artistes et professionnels du secteur culturel migrants de poursuivre leur activité sur le territoire français ;

. Contribuer à l’évolution des regards portés par notre société sur les populations migrantes, par le biais de projets artistiques accessibles au plus grand nombre.

Ces propositions opérationnelles seront remises à la ministre de la Culture par Benjamin Stora avant l’été 2018, pour une mise en œuvre au second semestre et un premier bilan des opérations réalisées d’ici la fin de l’année.

(Sources: Ministère de la Culture, Afpa, CultureBox, Le Monde, Le Figaro)

  • Europeana collecte les souvenirs européens sur les migrations

Le 15 mars 2018, la Europeana a lancé une nouvelle collecte thématique sur le thème des migrations européennes.

Comme l’explique la plateforme: “Le fait de partager votre propre histoire de migration personnelle peut nous aider à raconter une très grande histoire – l’histoire de l’Europe et des gens qui y vivent. Nous vous invitons à partager votre histoire – à travers des objets comme des images, des lettres, des cartes postales ou des recettes”.

Une famille de 10 enfants va émigrer , Jacq Stevens, 1955, Gooi en Vecht Historisch, Pays-Bas, CC BY-SA

La collecte se fait en ligne sur un nouvel espace dédié de la plateforme, Europeana Migration.

Lorsque les objets ont fait l’objet de l’enregistrement et de la numérisation, ils rejoignent la collection Europeana Migration.

“Votre histoire fait partie de l’histoire migratoire riche et partagée de l’Europe, et maintenant elle peut être enregistrée pour l’avenir, et mise gratuitement à la disposition de quiconque pour la découvrir, l’utiliser pour l’éducation, la recherche, l’inspiration et le plaisir” explique Europeana.

(Source: Europeana)

  • “Orpheus XXI: Pour la vie et la dignité”, le projet musical et humain d’un orchestre constitué par des migrants

Le chef d’orchestre Jordi Savall porte depuis avril 2016 un projet d’orchestre constitué par des personnes réfugiées. Marqué par la visite des camps de réfugiés de Calais, le célèbre gambiste décide de réagir avec ce qu’il maîtrise le mieux: la musique. “Orpheus XXI, musique pour la vie et la dignité”  réunit des musiciens venus de Syrie, de Biélorussie, du Soudan, d’Afghanistan, d’Arménie ou encore de Chine, ayant trouvé refuge en Europe.

” J’apprends tous les jours. Justement, c’est pour ça aussi que je fais de la musique avec ces musiciens orientaux parce qu’ils ont un savoir qui est très différent du savoir que nous tirons de notre expérience musicale. Et c’est un savoir d’une richesse et d’une variété qui est surprenante” témoigne Jordi Savall.

En plus de favoriser l’intégration des réfugiés en les réunissant autour de leur passion commune qu’est la musique, l’orchestre de Jordi Savalla aussi pour mission de donner des cours à des jeunes dans des conservatoires, écoles et centres d’accueil pour migrants.

(Source: CultureBox)

Date de première publication: 30/03/2018

. Les musée d’Orsay / Orangerie et Singa s’associent pour lancer l’opération « Mahatta. Paroles d’ailleurs, oeuvres d’ici »

. Le Ministère de la Culture dévoile les lauréats de la première édition du prix « Osez le Musée »

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