[Centenaire de Verdun] J.Dumont et N.Czubak (Mémorial de Verdun): “Le nouveau Musée fait la part belle au numérique, et nous lançons un MOOC”

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L’inauguration du Mémorial de Verdun, renouvelé et agrandi après trois années de travaux pour un budget global de 12,5 millions d’euros, aura lieu le 20 février 2016. Une renaissance également numérique: le parcours scénographique est doté de nouveaux outils de médiation. Uu MOOC sur la plus célèbre des batailles de la première Guerre Mondiale sera lancé en parallèle de la réouverture. A la veille de celle-ci, le CLIC France a pu poser quelques questions à l’équipe pédagogique du Mémorial, Jérôme Dumont et Nicolas Czubak

MISE A JOUR DU 25/02/2016: Les inscriptions au MOOC sont ouvertes. Lien

Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?

section_intervenant_page_fun - CopieNous sommes Jérôme Dumont (enseignant d’Histoire-Géographie en lycée) et Nicolas Czubak (enseignant d’histoire-géographie en collège).

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Aujourd’hui, le rectorat de l’académie de Nancy-Metz nous met à la disposition du Mémorial pour exercer notre mission en complément de notre service dans des établissements lorrains. Nous appartenons de ce fait tous deux au Service éducatif du Mémorial, créé dans les années 1970.

Pouvez-vous présenter le Mémorial de Verdun et sa transformation récente ?

Au cœur des collines de Verdun encore ravagées par les millions d’obus qui ont causé la mort de plus de 300 000 personnes et fait 400 000 blessés en moins d’un an, le Mémorial de Verdun retrace l’histoire de la plus célèbre bataille de la Première Guerre mondiale.

Maurice Genevoix, 1966. Coll. Mémorial de Verdun.
Maurice Genevoix, 1966. Coll. Mémorial de Verdun.

Créé en 1967, sous l’égide de l’académicien et ancien combattant Maurice Genevoix, il compte parmi les principaux musées européens de la Grande Guerre. Pour celui qui cherche à ressentir, comprendre et transmettre ce qu’a été Verdun, le Mémorial fait figure de passage obligé.

Mais après plus de quatre décennies d’existence, une modernisation du bâtiment était nécessaire pour réparer les affres du temps et refondre la muséographie afin de créer un lien nouveau avec les jeunes générations. Il n’y a désormais plus de survivant pour se souvenir de ce qu’a été la bataille de Verdun. Tout en respectant l’esprit de l’œuvre de Maurice Genevoix, il est donc apparu crucial que le Mémorial adapte son message afin d’apporter les éléments d’interprétation de cette bataille franco-allemande aux plus jeunes.

Le Mémorial a donc fermé ses portes en septembre 2013 pour entamer des travaux d’agrandissement et de rénovation.

Le centre d’interprétation de la bataille a été complètement intégré dans le projet du nouveau Mémorial, tout comme le projet de « forêt d’exception » voulu par l’Office national des Forêts en face du Mémorial. Un seul projet fédérateur a remplacé les trois projets auparavant distincts.

C’est totalement renouvelé et agrandi que le Mémorial rouvrira en février 2016 pour le Centenaire de la bataille. La nouvelle scénographie, qui mêle pédagogie et émotion, plongera alors les visiteurs au cœur de la Grande Guerre et du champ de bataille franco-allemand.

1.Mémorial de Verdun © Jean-Marie Mangeot

Le Mémorial lance le 23 février 2016 un MOOC sur la bataille de Verdun; comment est née l’idée de ce MOOC ?

Au printemps 2015, l’équipe du Service Educatif du Mémorial, en lien avec la direction du Mémorial, a défini le programme pédagogique. Avec le nouveau Musée, qui fait la part belle aux nouvelles technologies, nous avons voulu innover en lançant un MOOC sur la Bataille de Verdun. Le Directeur du Mémorial, Thierry Hubscher, nous a tout de suite soutenu, ainsi que toutes les institutions vers lesquelles nous nous sommes tournés.

Quels seront les contenus du MOOC ? Comment accompagnera-t-il la réouverture du Mémorial  ?

Les inscriptions s’ouvriront le 23 février 2016. Les cours débuteront le 29 avril 2016 pour finir le 31 mai 2016. 

Le MOOC s’adresse aux curieux et aux passionnés, afin de répondre à leurs questions à l’occasion du Centenaire de la bataille: Quel était l’objectif poursuivi par l’état-major allemand lorsqu’il décide de passer à l’offensive ? Pourquoi un tel acharnement dans la lutte ? Quelles étaient les conditions de vie sur le champ de bataille ? Pourquoi la bataille de Verdun symbolise-t-elle tant l’horreur des combats de la Première Guerre mondiale ? Pourquoi a-t-elle une place si particulière dans l’Histoire franco-allemande ?

Au fil des semaines, nous proposerons d’aborder ces diverses thématiques avec des historiens et des spécialistes au travers de photographies, de cartes, de vidéos, d’archives filmées, ainsi que de nombreux textes explicatifs.

Ouvert à tous les publics, ce MOOC s’adresse en particulier aux scolaires de 3ème et de 1ère qui étudient la Bataille de Verdun mais également aux enseignants, parents d’élèves et autres passionnés de cette période de l’Histoire.

L’intérêt d’un MOOC, c’est que chacun peut avancer à son rythme: l’érudit peut passer directement aux évaluations alors que la personne qui a besoin de plus de temps pourra s’attarder sur les ressources, les forums, les liens pour approfondir le sujet…

La modération sera assurée par notre équipe. Nous envisageons de former des étudiants de l’Université de lorraine pour répondre aux questions si nous sommes débordés. Nous avons une réunion lundi avec l’Université de lorraine qui posséde l’expertise d’un MOOC, et nous va évoquer cette problématique

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 Quelles sont vos attentes en terme de nombre d’inscrits ?

Nous n’avons pas assez de recul pour le savoir mais 1 000 inscrits serait déjà une réussite.

 Qu’est-ce qui vous a mené à choisir la plateforme FUN pour héberger ce MOOC ?

Nous avons commencé par passer en revue les plateformes proposant déjà des MOOC. Nous pensions par exemple à Solerni, la plateforme d’Orange.

Mais FUN avait l’avantage de dépendre du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Le recteur d’académie et les inspecteurs pédagogiques, nos partenaires, nous ont poussé à choisir une solution institutionnelle. De plus, leur proposition était moins coûteuse.

Quelle a été l’aide fournie par les acteurs publics ?

L’Etat a participé au financement général du Mémorial.

En revanche, FUN nous a demandé d’établir un partenariat avec une Université. Nous nous sommes tournés naturellement vers l’Université de Lorraine, avec qui nous avions déjà eu des partenariats pédagogiques.

L’Université de Lorraine présentait à nos yeux plusieurs avantages. Tout d’abord, elle avait déjà mené un MOOC dans le domaine de la médecine, “De l’atome à l’humain : à la racine des mots scientifiques”. Ses équipes possédaient donc une expertise que nous n’avions pas.

De plus, l’Université possède des moyens de production nécessaires au MOOC: deux studios d’enregistrement et une équipe audiovisuelle qui s’est rendue sur les sites de mémoire de la bataille et a fait plusieurs prises de vue.

Nous avons donc signé avec l’Université une convention de 25 000€, ce qui est peu vu le travail réalisé. Nous avons produit le MOOC en 9 mois au lieu d’un an, ce qui est court comme délai.

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Envisagez-vous de futurs projets pour la communauté des inscrits à ce MOOC ?

Nous délivrerons un diplôme pour tous ceux qui seront allé jusqu’à l’évaluation finale. Le document, sous forme numérique, sera signé par le Mémorial de Verdun. De plus, le MOOC sera rejoué en octobre 2016. 

Quel a été le coût – en heures de travail et en budget – du développement de ce MOOC ?

Nous n’avons pas compté nos heures de travail car il s’agit d’une convention entre le Mémorial et l’Université de Lorraine. La convention que nous avons signé avec eux était d’un montant de 25 000 euros.

Le Pays de Verdun fait depuis 2014 l’objet de son 4ème programme LEADER qui va s’échelonner sur six années avec un angle résolument numérique. Le MOOC entre dans tous les critères de ce programme, nous bénéficierons donc de cette aide européenne. La fusion des régions a néanmoins ralenti le processus d’attribution des fonds.

Quels sont les outils numériques in situ intégrés par le Mémorial dans sa scénographie (bornes interactives, écrans, maquette animée…) ?

Toute la muséographie a été pensée avec le souci de la recherche de méditation, avec de multiples supports numériques (vidéo, son…..).

Dès le début du parcours, le visiteur est invité à situer la bataille de Verdun dans le temps, l’espace et l’histoire puis à mettre ses pas dans ceux d’un soldat qui part vers les premières lignes. Ainsi, il découvre au sol une carte en 3D du champ de bataille, d’Avocourt à Damloup, en passant par la Côte 304, le Mort-Homme, et les hauts lieux de la rive droite. Il peut y lire l’histoire de la bataille grâce à une projection verticale.

Le visiteur se retrouve ensuite face à la représentation du champ de bataille de 1916 qui reste au cœur du parcours du Mémorial. Enchâssé dans une cage de verre, un écran brisé se déploie sur 100 m2 grâce à 9 projecteurs. Un spectacle audiovisuel inédit évoque alors la violence de la bataille, avec les convulsions d’une terre assaillie par le feu des obus. Il mêle images d’archives et expressions artistiques des combattants.

Champ de bataille - crédits Jean-Marie Mangeot

Sur une vaste maquette blanche figurant le relief de la région de Verdun, s’animent les cartes historiques de la bataille. Une vision chrono-géographique inédite et spectaculaire des 300 jours de Verdun grâce au video mapping.

Le dernier étage, baigné de lumière, s’ouvre sur l’environnement du Mémorial. Les visiteurs peuvent accéder aux terrasses et découvrir le panorama. Des bornes multimédia racontent l’histoire du champ de bataille. Elles présentent des images aériennes contemporaines qui révèlent les traces de la guerre, aujourd’hui cachées par la forêt, grâce à un relevé radar (LIDAR).

Borne interactive du centre d'interprétation de la bataille - crédits Jean-Marie Mangeot

Quelle interactivité proposent-ils ?

Le plan relief permet de faire défiler les étapes de la bataille.

Les bornes multimédia de la terrasse proposent une reconstitution du champ de bataille grâce au LIDAR. Le visiteur peut zoomer, se déplacer en vue aérienne au dessus du champ de bataille dont la topographie a été reconstituée.

Le mémorial est pour l’instant présent sur Facebook, Twitter et Google +: avez-vous de futurs projets autour des réseaux sociaux ?

Nous lançons sur notre compte Twitter une série de témoignages franco-allemands de la bataille. Du 21 février au 19 décembre 2016, jour après jour, cent ans après les faits, chaque témoignage de 140 caractères fera revivre la bataille à nos contemporains.

Nous avons un partenariat avec l’Est Républicain qui va relayer ces témoignages sur leurs réseaux sociaux mais aussi dans leurs pages locales de l’édition papier.

FireShot Screen Capture #086 - 'Mémorial de Verdun (@MemorialVerdun) I Twitter' - twitter_com_MemorialVerdun
Quels sont vos futurs projets numériques ? 

Nous envisageons de réaliser une application numérique pour le 2ème semestre 2016 ou début 2017. Nous sommes à la recherche de mécènes pour la financer. L’objectif est s’adapter aux jeunes publics (notamment les primaires avec des tablettes numériques) puis ensuite de développer une application grand public avec un esprit plus thématique, de la réalité virtuelle ou de la réalité augmentée, afin de permettre aux plus jeunes d’être actifs dans leur visite.

Interview réalisée par mail le 17/02/2016

Photos: Jean-Marie Mangeot

Date de première publication: 19/02/2016

Mise à jour le 25/02/2016

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