Les fonds iconographiques et photographiques des musées de la ville de Paris bientôt en accès libre

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Le 15 novembre 2018, le Conseil de Paris a pris une importante décision, passée jusqu’à présent inaperçue et révélée par le blog de Wikimedia France. La Parisienne de Photographie n’est plus en charge de la diffusion des fonds photographiques de la Ville. “Le libre accès aux images des collections des 14 musées de la ville de Paris devient la règle !” s’enthousiasme la plateforme. Comme l’annonce la délibération: “L’open content a pour vocation de devenir la règle générale pour les collections publiques parisiennes”.

Depuis 2005, la société Parisienne de Photographie (SPL) bénéficiait d’une délégation de service public afin de mettre en valeur les fonds photographiques de la ville de Paris. Par mise en valeur, il s’agissait surtout de vente de photographies.

Par délibération des 20, 21 et 22 novembre 2017, le Conseil de Paris a décidé la reprise en régie de la mission de conservation du fonds Roger Viollet, permettant à la Ville de porter un projet autour de la mutualisation des fonds photographiques patrimoniaux, et la prolongation d’une année du contrat de DSP pour mener les missions restantes (numérisation, commercialisation et diffusion des fonds) et
rechercher un nouveau modèle économique.

Ce projet s’insère dans la stratégie plus large de la Ville de Paris sur l’accès au patrimoine graphique qui est de garantir et promouvoir l’accès du plus grand nombre aux collections photographiques et iconographiques de la collectivité.

Cette décision est motivée selon la Ville de Paris par “la réforme du statut de Paris et de la fusion au 1er janvier 2019 de la commune et du département” qui doit amener la SPL à évoluer et par “un contexte de dégradation du marché de l’édition. Etant donné la taille de l’agence et son positionnement, la société SPL se trouve dans une impasse financière du fait de la baisse structurelle des ventes des droits de
reproduction des fonds dont elle a la charge”. On évoque plus de 950 000 euros de pertes constatées.

Comme l’indique le texte de la délibération: “Cette stratégie, qui vise à renforcer les missions de service public, consiste à :
– accroître de façon significative la couverture numérique des collections graphiques publiques de la Ville, sur la base d’un programme pluriannuel de numérisation concerté entre les établissements municipaux détenteurs et coordonné par l’Atelier de Restauration et de Conservation des Photographies ;
– publier ces collections en ligne en haute définition, sur la base d’une licence d’open content analogue à celle de Paris Musées, sur les sites existants à court terme et sur un portail patrimonial dédié à moyen terme.

L’open content a pour vocation de devenir la règle générale pour les collections publiques parisiennes.”

Une bonne nouvelle pour la libre diffusion de la connaissance

Dans son article, Wikimédia France se réjouit que “la ville de Paris reconnaisse que la vente des droits de reproduction des fonds patrimoniaux est une impasse financière  et qu’enfin une véritable diffusion des collections de la Ville puisse se faire”.

Concrètement, explique Wikimedia :

. les fonds Roger-Viollet et France Soir restent exploités commercialement dans le cadre d’une concession de service public,

. les reproductions des collections de la ville de Paris (musées, bibliothèques patrimoniales et autres institutions culturelles municipales) seront publiées en haute définition et sous licence libre.

“Cela permettra notamment d’illustrer Wikipédia. Jusqu’à présent, les wikimédiens devaient aller dans les musées de la ville de Paris pour photographier les œuvres afin d’illustrer les articles de Wikipédia. Ce temps passé par les bénévoles à dupliquer ce qui a déjà été fait, et souvent en meilleure qualité, pourra être consacré à des tâches plus utiles de valorisation des collections publiques et de diffusion des connaissances”.

Photos des collections du Musée Carnavalet
Capture d’écran de Wikipedia après une “sortie photo” au Musée Carnavalet le 6 avril 2014

Wikimédia profite de cette décision de la Ville de Paris pour inciter le “Ministère de la Culture à prendre ses responsabilités en adaptant les missions de l’agence photographique de la Réunion des musées nationaux – Grand Palais (Rmn-GP)  aux nouvelles pratiques nées de l’ère du partage numérique et de saisir les nouvelles opportunités pour la diplomatie culturelle française”.

Dans la foulée de l’article publié par le blog de Wikimedia France,  Didier Rykner, animateur de la Tribune de l’Art a écrit sur son site le 9 décembre 2018: Ce n’est pas souvent que nous félicitons la Ville de Paris. Mais tout arrive, et cet article prouve que nous ne nous ne traitons que du patrimoine et des musées et que la politique politicienne ne nous concerne pas. Bravo donc à la Mairie qui a fait voter le 15 novembre dernier le passage en open content des photographies des œuvres appartenant aux collections de la Ville de Paris”.

Et d’ajouter “Ces photographies seront à terme (le plus vite possible on l’espère) mises en ligne en haute définition sous licence libre, ce qui permettra leur diffusion et leur utilisation gratuite, notamment au profit des éditeurs de livre d’histoire de l’art et des chercheurs”

Hippolyte Flandrin (1809-1864) Les Vertus Théologales, vers 1848 Huile sur panneau – 21,1 x 56,2 cm Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Didier Rykner rappelle dans son article que “le Président de la République avait initié une consultation des grands musées en réunissant leur directeurs le 14 mars dernier (voir l’article), et que ce dossier avait été abordé (ainsi que plusieurs autres essentiels, comme la garantie d’État pour les prêts aux expositions). Emmanuel Macron avait alors indiqué qu’il attendait des résultats rapides et qu’une nouvelle réunion devait avoir lieu au mois de juin. Une nouvelle réunion et des résultats que l’on attend encore…”.

SOURCES: Wikimedia France, La Tribune de l’Art

Photos: Wikimedia France, La Tribune de l’Art

Date de première publication: 9/12/2018

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