Guilaine Legeay (Louvre-Lens): “nous continuons à placer le numérique comme un outil incontournable au service de nos missions”

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Temps de lecture : 7 min

Depuis 4 ans, au Louvre-Lens, le numérique a été conçu comme un outil au service de la médiation. C’est un moyen de faciliter la mise en relation des œuvres avec les visiteurs et d’offrir de nouvelles expériences, plus interactives. Il ouvre également des perspectives pour lutter contre l’exclusion culturelle et participe à la sensibilisation des publics comme à la diffusion des savoirs. 

GL1Le numérique est présent de manière permanente au Louvre-Lens, à travers le guide multimédia proposé pour accompagner la découverte de la Galerie du temps et des expositions temporaires, la bulle immersive du Centre de ressources, ainsi que les tables digitales et les installations multimédia situées près des réserves, dans l’espace des coulisses. Le numérique se fait également événementiel à l’occasion d’expositions temporaires, et même nomade pour accompagner des projets hors les murs, ou certains projets de recherche scientifique.

18 expositions temporaires, 3 168 œuvres exposées, près de 15 000 activités de médiation proposées au public individuel, plus de 370 événements à la Scène et au Centre de ressources : en 5 ans, le musée du Louvre-Lens a développé une offre culturelle dont la qualité et la diversité ont permis d’attirer 2,8 millions de visiteurs.

A l’occasion du 5ème anniversaire du musée, et au lendemain d’une journée spéciale “numérique et innovation”, Guilaine Legeay, chargée de conception multimédia du Louvre-Lens, répond aux questions du CLIC France.

A propos du Guide multimédia

Guide multimédia du Louvre Lens (c) Orange
Guide multimédia du Louvre Lens (c) Orange
  • Lors de son ouverture, le Louvre Lens a proposé un guide multimédia gratuit et particulièrement innovant. En 5 ans, comment cet outil a-t-il évolué ?

Le guide multimédia conçu avec Orange et la société On Situ est un outil qui rencontre toujours un grand succès auprès de nos visiteurs. Après 5 années de bon service, nous travaillons à la toute nouvelle version de cet outil d’aide à la visite. Il prendra la forme d’une application mobile téléchargeable sur les stores mais aussi utilisable via un parc de matériel proposé à nos visiteurs in situ. Cette nouvelle application sera prête pour la fin de l’année 2018.

Proposé à présent au prix de 2 euros pour accompagner les expositions temporaires et de 3 euros pour la Galerie du temps (dont l’entrée est toujours gratuite), il est plébiscité par plus d’un visiteur sur 10, avec plus de 44 000 prises par an. Nous avons continué à enrichir ses contenus, en enregistrant avec de nombreux spécialistes de nouveaux commentaires, afin d’accompagner au mieux les expositions temporaires mais aussi les arrivées successives de nouvelles œuvres dans la Galerie du temps.

A propos du dispositif gestuelle 3D

  • Avec votre partenaire technologique Orange, vous avez également développé ensemble un lieu d’expérience immersive 3D au centre de ressources. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ? 

Le dispositif « Gestuelle 3D » développé avec les équipes des Oranges Labs propose à nos visiteurs de découvrir en 3D une dizaine d’œuvres égyptiennes des collections du musée du Louvre. Grâce à une Kinect, la découverte va jusqu’à la manipulation de ces œuvres par les visiteurs eux-même. De façon très douce, ils peuvent ainsi avoir un rapport tactile virtuel avec ces objets anciens et aller jusqu’à découvrir ce que l’on ne voit pas habituellement : le dessous ou l’intérieur d’une œuvre.

  • Avez-vous enrichi l’offre de contenus ?

Nous n’avons pas enrichi le contenu qui était déjà très riche, mais avons plutôt proposé un autre usage de ce dispositif, par le biais d’ateliers autour du métier de régisseur conçu en s’appuyant sur ce dispositif.

A propos des robots

louvre lens robot uby

  • Le Louvre-Lens teste depuis plus de 2 ans le robot comme outil de médiation et de visite à distance. Comment ces expériences sont elles nées ?  

L’intérêt du Louvre-Lens pour les robots existe depuis plusieurs années. Pour amorcer une première réflexion, nous avions accueilli au printemps 2016 un étudiant de Polytech Lille et son prototype de robot pour effectuer des premiers tests de visite à distance. Si cette première expérience avait été assez qualitative notamment lors de tests avec l’Hôpital de Lens, de nombreuses problématiques techniques devaient encore être réglées. (Lire l’article du CLIC France: Le Louvre-Lens et Polytech Lille installent un robot pour visiter une exposition depuis l’hôpital)

  • En juillet 2017, vous avez testé avec Orange une autre technologie de visite à distance, via le robot Uby. Quel bilan en avez-vous tiré ? 

Mais c’est grâce à notre partenariat avec la fondation Orange et leur robot Uby parfaitement fiable que depuis le printemps 2017 nous proposons des visites du musée pour nos publics empêchés.

C’est ainsi que nous avons effectué les premières visites avec des écoles trop éloignées pour permettre dans un premier temps une visite du musée. Ainsi nos premiers tests ont concerné en juin des classes d’écoles primaires notamment celle de Fourmies (59). Pour l’anniversaire du musée, ce sont des collèges de Boulogne sur Mer et de Jeumont situés dans la région Hauts-de-France, mais à 1h30 du musée qui vont découvrir en avant-première la nouvelle Galerie du temps. (Lire l’article du CLIC France: Guidés par le robot UBY, des élèves d’écoles découvrent le Louvre-Lens depuis leurs classes)

  • Allez-vous pérenniser l’expérimentation ? si oui, sous quelle forme ? 

La technologie permettant la diffusion instantanée des flux vidéo et sons, les échanges entre le médiateur à Lens et les enfants sont de très grande qualité. Passées les premières minutes à apprendre à « piloter » le robot, les enfants accompagnent le médiateur dans la Galerie du temps, se laissant guider ou décidant par eux-mêmes d’aller vers telle ou telle œuvre. Nous parions aussi sur le fait que l’expérience Uby puisse donner envie aux enfants de venir au musée par la suite soit avec leur école soit avec leur famille, porté par cette première rencontre avec le musée.

Nous travaillons aussi très activement avec des structures d’accueil de personnes âgées. Pour un public qui ne peut plus ou très difficilement se déplacer, cet outil permet tout de même de vivre une expérience de visite. C’est ainsi que nous allons organiser début 2018, avec le service de gériatrie de l’hôpital Paul Doumer à Labruyere dans l’Oise une découverte de la Galerie du temps.

Comme l’a annoncé Marie Lavandier, directrice du musée du Louvre-Lens, Uby participe à notre mission de lutte contre l’exclusion culturelle. Il peut nous accompagner désormais dans nos opérations « Hors les murs », en transposant l’expérience de visite en milieu hospitalier et carcéral, et même dans des centres commerciaux.

A propos d’Ikonikat

Interface de l'application Ikonikat affichant le tableau Famille de paysans, de Louis Le Nain. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Jean-Gilles Berizzi/Julien Wylleman/Sarah Landel/Ikonikat
Interface de l’application Ikonikat affichant le tableau Famille de paysans, de Louis Le Nain.
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Jean-Gilles Berizzi/Julien Wylleman/Sarah Landel/Ikonikat
  • En mars 2017, à l’occasion de l’exposition « Le Mystère Le Nain », le musée du Louvre-Lens et le CNRS se sont associés pour mener un projet de recherche inédit par lequel 600 visiteurs munis d’une tablette ont indiqué ce qu’ils pensent pertinent de voir dans sept des œuvres exposées. Quels ont été les enseignements tirés des résultats de l’expérience Ikonikat ?

De mars à juin 2017, ce sont exactement 750 visiteurs du musée du Louvre-Lens âgés de 4 à 93 ans qui ont participé à cette étude de réception des œuvres par les publics. Mathias Blanc en charge de ce projet vient de nous transmettre les premiers résultats, après plusieurs semaines d’études de données très nombreuses. L’un des premiers apprentissages concerne la perception des œuvres qui varie notamment en fonction du genre et de l’âge des visiteurs, de leur formation et de la configuration sociale des visites. Les données récoltées mettent en avant aussi le rôle et l’impact de la muséographie sur la perception des œuvres. La notion de mystère portée par les commissaires au travers de la muséographie et de la médiation se référait précisément à la problématique de l’attribution des œuvres entre les 3 frères Le Nain.

Les données récoltées avec Ikonikat ont permis de voir que les visiteurs sont allés au-delà de ce mystère de l’attribution. Ils se sont ainsi particulièrement attachés à observer les arrière-plans des tableaux à la recherche d’un mystère lié au sujet. Cette attention n’a pas du tout été observée chez des visiteurs à qui l’on a fait faire la visite en sens inverse, c’est-à-dire ne profitant pas de la muséographie et de la médiation conçues par les commissaires. D’autres résultats ont été trouvés par Mathias Blanc. Nos échanges sont particulièrement nombreux notamment avec les équipes de la médiation qui voient dans cet outil l’occasion de toujours mieux connaitre nos publics et leur appréhension des œuvres d’art. (Lire l’article du CLIC France: Avec Ikonikat, le CNRS et le musée du Louvre-Lens s’associent pour étudier la perception des œuvres par les visiteurs d’une exposition)

  • Allez-vous prolonger l’expérience à l’occasion de votre anniversaire ?

Pour notre anniversaire, nous allons proposer à nos visiteurs de participer à deux séances avec Mathias Blanc afin d’échanger sur cette première expérience mais aussi pour proposer de la refaire sur un tableau nouvellement arrivé dans la Galerie du temps, Le Jeune Mendiant de Murillo. L’occasion d’être à la fois « cobaye » et chercheur, puisque Mathias Blanc débriefera directement les résultats avec les participants.

  • Allez-vous pérenniser l’expérience Ikonikat ? ? 

Notre collaboration va perdurer puisque nous avons commencé à travailler à la conception d’un Ikonikat autonome que nous pourrions placer de façon temporaire dans la Galerie du temps ou dans une exposition, afin de continuer à interroger nos publics. L’intérêt de cet outil et de la démarche nous pousse à prolonger avec beaucoup d’enthousiasme cette collaboration avec le CNRS.

  • Comment le numérique va t il être présent lors de l’anniversaire du musée ? 

Fêter les 5 ans du musée est pour nous l’occasion de remettre en lumière les nombreux projets numériques que nous avons déployés depuis l’ouverture. Mais c’est surtout l’occasion de réaffirmer la place du numérique comme outil au service de la médiation.  Avec les visites via le robot Uby avec la Fondation Orange, le projet Ikonikat avec le CNRS ou encore le culthurathon autour des Datas et du tourisme innovant que nous organisons pour notre anniversaire avec l’aide de la Louvre-Lens Vallée, nous continuons à placer le numérique comme un outil incontournable et riche de possibles au service des missions de notre musée. (Lire l’article du CLIC France: Le Louvre-lens célèbre son 5ème anniversaire avec 9 jours de fêtes et d’activités, notamment consacrées au numérique)

Interview recueillie par mail le 05/12/2017

Date de première publication: 07/12/2017

Le Louvre-Lens est membre du CLIC France

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