S Toussaint (Musée Arles Antique) : “Les captations 3D ont été rapidement envisagées pour des raisons scientifiques et de diffusion”

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Temps de lecture : 7 min

En 2012, le Ministère de la Culture et de la Communication lance un appel à projet dans le cadre du plan national de numérisation. À cette occasion, le Musée départemental Arles Antique (MDAA) a entamé un travail afin de numériser en 3D une partie des oeuvres. Le but est d’aider à la diffusion des oeuvres, mais également de faire connaître certaines de ces oeuvres, encore jamais exposées. Le 3Décembre 2017, le musée organise une journée afin d’accompagner le début de la diffusion de la collection sur la plateforme Sketchfab, mais également pour faire découvrir les nouveaux dispositifs numériques au public. 

Soizic Toussaint, responsable de collections du MDAA, à l’origine de cette initiative, répond aux questions du CLIC, explique le projet et présente les autres initiatives numériques du musée. 

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Soizic Toussaint dans les salles du musée

. Comment est né ce projet de numérisation? Qui en est à l’origine ?

L’idée de lancer un projet de numérisation a germé au sein du service Conservation du musée départemental Arles antique (MDAA) en 2012, à l’occasion de l’appel à projet du ministère de la Culture et de la Communication dans le cadre du plan national de numérisation. Au-delà des campagnes photographiques qui devenaient nécessaires pour renouveler le fonds iconographique du musée, l’opportunité de faire des captations en 3D a été rapidement envisagée pour des raisons à la fois conservatoires, scientifiques et de diffusion.

. Comment avez-vous choisi IMA Solutions et Digiscan3D ?

Tout simplement, un appel d’offre a été lancé pour recruter des prestataires, et ce groupement a été retenu pour le lot dédié à la numérisation 3D.

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. Pourquoi avoir choisi la plateforme Sketchfab?

L’outil est gratuit et relativement facile d’utilisation, il ne demande que peu de pré-requis de notre part, l’intégration des modèles dans la plateforme étant prévue dans la post-production assurée par Digiscan3D et IMA Solutions. De plus, nous avons eu l’occasion de consulter d’autres publications Sketchfab de musées, notamment celui de Saint-Raymond à Toulouse, et nous avons trouvé le résultat esthétique et intéressant.

. Quels sont les objectifs du projet ?

Tout d’abord diffuser les collections, offrir les œuvres majeures du musée à la manipulation virtuelle, pouvoir retourner un sarcophage d’un simple mouvement de souris… mais aussi présenter des œuvres moins connues, notamment certaines stockées en réserves. Le projet Sketchfab est également pour nous l’occasion d’apporter du contenu sur les œuvres et cela sous un format différent : des détails, des anecdotes, des interprétations. Si la notice proposée reste proche d’un cartel d’exposition, les points d’intérêts nous demandent de développer un nouveau langage et de penser l’objet différemment.

. Comment le projet a-t- il été financé?

Le musée a bénéficié d’une subvention du ministère de la Culture au tout début du projet (2012) et depuis, l’intégralité du financement est supporté par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, dont le musée départemental Arles antique est un service. La planification trisannuelle des projets de fonds du service nous a permis d’absorber les coûts en interne, qu’il s’agisse des numérisations, du versement sur Sketchfab, ou de la mise à disposition d’une documentaliste-rédactrice pour adapter le contenu scientifique à l’outil.

. Quel a été le budget global depuis 2012 ?

L’investissement en numérisation depuis le début des opérations s’élève à 132 000 €, toutes interventions comprises.

. Combien de temps a duré le développement ? 

Le chantier de numérisation a démarré il y a 3 ans mais l’idée de Sketchfab est apparue en juillet 2017. Nous avons plus d’une cinquantaine de modèles qui sont versés sur la plateforme et pour lesquels la rédaction, développée en parallèle, est presque achevée.

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. Allez-vous continuer à enrichir votre offre de contenus sur Sketchfab ? si oui avec quels objectifs en nombre d’œuvres versées ?

Oui, évidemment. Nous ouvrons notre page sur la plateforme le 3 décembre 2017 avec une sélection d’œuvres, puis, petit à petit, la cinquantaine de numérisations déjà effectuées sera dévoilée. Nous continuerons encore en 2018 les captations pour au moins quinze nouveaux objets, qui seront également mis en ligne au fil de l’année.

. Les numérisations 3D seront-elles également intégrées dans votre site web ?

Les fonctionnalités d’intégration offertes par Sketchfab seront bien sûr utilisées sur le site du musée et aussi sur les réseaux sociaux de notre établissement.

. Les numérisations 3D seront-elles utilisées au sein du musée comme outil de médiation ? si oui, de quelle manière ?

Le service médiation pourra se servir des numérisations lors de visites ou d’ateliers, sur un support comme la tablette tactile. Les 3D de sculptures seront particulièrement utilisées, notamment notre statue de Neptune, dont l’arrière est très intéressant du point de vue symbolique. Le principe des collections en trois dimensions sera également l’occasion de déplacer les œuvres hors les murs. En effet, les médiatrices du MDAA travaillent régulièrement avec des publics empêchés et pourront bénéficier d’un outil complémentaire. Enfin, une visite spéciale dédiée au numérique en regard de l’archéologie est dans les cartons et pourrait voir le jour…

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. Comment ce projet s’inscrit-il dans la stratégie numérique du Musée départemental Arles antique ?

L’objectif principal du projet Sketchfab étant la valorisation des collections, il s’inscrit pleinement dans la stratégie numérique développée par le MDAA. Bien que les espaces de présentation permanents n’accueillent que très peu d’écrans (une bulle vidéo et une application tactile présentant la vitrine dédiée aux monnaies), le numérique fait pourtant l’objet d’études et d’expérimentation à la fois sur les pratiques des publics et du musée, via la programmation d’évènementiels, et sur les outils.

Les prototypes développés depuis Muséomix sont testés lors de grands évènements nationaux comme la Nuit des musées, où les nouvelles technologies s’invitent au contact des œuvres. Les projets de médiation du musée nourrissent un laboratoire d’innovations qui tente de répondre aux différents publics et à leurs attentes en matière de numérique.

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. Quels sont les outils imaginés lors du muséomix qui sont encore utilisés par le musée ?

Deux projets issus de Muséomix sont en phase de développement voire de test. Antik en kit est le plus abouti, il sera à nouveau présenté lors de la journée du 3 décembre. Dépôt Ware, qui est en cours de finalisation, est une mallette pédagogique contenant des multimédias et des objets restitués (parfois grâce à la technologie 3D) pour permettre de comprendre toute la chaine archéologique, de la découverte de l’objet jusqu’à sa valorisation au musée. D’autres outils imaginés pendant la manifestation Muséomix sont encore dans les cartons mais il n’est pas exclu de les en sortir un jour.

. Pouvez-vous nous présenter le déroulement de la journée du 3Décembre?

Tout au long de la journée, les espaces de collections seront occupés par les différentes étapes de notre projet de numérisation, de la captation opérée devant le public par Digiscan3D et IMA solutions à la consultation de la plateforme Sketchfab, qui sera officiellement ouverte ce jour-là. Nous accueillerons la Ferme 3D, qui réalisera des impressions tridimensionnelles du matin jusqu’au soir, et nous présenterons également les implications scientifiques de la 3D dans notre musée : restaurations, interprétations, restitutions… le tout en interaction avec les professionnels invités et les médiatrices du musée. Nous en profiterons également pour faire tester des projets numériques développés au sein du musée comme l’application sur tablette Arkeofil et le dispositif de médiation Antik en kit. Et le 3 décembre, le musée est gratuit !

.  Pouvez-vous nous présenter plus en détail l’application sur tablette Arkeofil ?

Arkéofil est une application famille qui offre de découvrir quatre sections du musée à travers quatre objets archéologiques, sur tablette tactile. Grâce à un principe de frise, un dessin continu ponctué de jeux ou d’activités permet d’en apprendre un peu plus sur l’objet et de faire interagir parents et enfants à partir de 7 ans. Antik en kit est un prototype de Muséomix (édition 2014) dont le dispositif en cours de finalisation. Grâce à des mini-maquettes des monuments de spectacle à replacer sur un plan, cet outil permet de restituer la construction de la ville romaine par la diffusion d’informations en images et en sons. Cette maquette a récemment été utilisée, en version augmentée, pour des visites auprès d’un public de non-voyants.

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. Quelles sont vos projets pour l’avenir? 

Nous envisageons de continuer les numérisations 3D, et ainsi de compléter la plateforme Sketchfab, mais surtout de la faire vivre via les réseaux sociaux du musée. En effet, le projet est désormais transversal et il impacte les différents services du musée, de la conservation à la communication en passant par le service archéologique ou le département des publics, car cela peut également être utilisé comme un outil de médiation.

En parallèle, nous continuerons à mettre l’accent sur les campagnes photographiques pour densifier notre fonds iconographique et répondre aux nombreuses demandes d’illustrations qui sont faites tous les jours auprès de la photothèque.

D’ailleurs, à ce sujet, le MDAA envisage de lancer des pistes de réflexion sur l’Open data et la diffusion des images de ses collections.

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Le musée en quelques chiffres

. Année de création / d’ouverture : 1995

. Dernières rénovation : ouverture d’une extension de 800 m² en 2013

. Dernier PSC : version 2018 en cours de rédaction

. Surface ouverte au public : 3 510 m2

. Nombre de visiteurs en 2016 : 164 000

. Nombre de visites du site web en 2016 : 80 000

. Nombre d’œuvres dans la collection : 24 600

. Nombre d’œuvres exposées : 1 750

. Nombre d’œuvres disponibles sur le site web : pas encore d’œuvres disponibles sur le site web, mais une cinquantaine d’ici la fin de l’année sur le Sketchfab.

. Effectif de l’équipe : 54.

Interview recueillie par mail le 16/11/2017

Date de première publication: 17/11/2017

IMA Solutions est membre associé du CLIC France 

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