Le MBA de Lyon invite ses visiteurs à donner 1 euro de plus pour restaurer un sarcophage égyptien

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Le musée des Beaux-arts de Lyon lance une opération de financement participatif auprès des visiteurs, pour restaurer l’extérieur du cercueil d’Isetenkheb, l’un des chefs d’oeuvres de sa collection. Les visiteurs sont invités à s’acquitter d’un euro supplémentaire au moment d’acheter leur billet d’entrée. L’objectif est de réunir près de 10.500 euros en l’espace de trois mois.

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Afin de rendre à nouveau visible les dessins et les lignes de hiéroglyphes tracés sur le revêtement extérieur du sarcophage d’Isetenkheb, le musée des Beaux-Arts de Lyon a donc décidé de restaurer le cercueil d’Isetenkheb, l’une des pièces maîtresses de sa collection, exposée depuis 1969 dans le département des antiquités, dont les visiteurs peuvent voir uniquement l’intérieur de la cuve et du couvercle.

La momie de cette dame égyptienne déposée dans ce cercueil est estimée au septième siècle avant Jésus-Christ et a précédemment appartenu au musée Guimet, dont une partie des collections a été transférée, en 1969, au musée des Beaux-Arts.

mba lyon 267_450_egypte-isetemkhebUne opération de financement, destinée au grand public, est donc lancée à partir du 1er février 2018. Mais le musée a choisi de ne pas faire appel au public en général via une plateforme de financement participatif mais de solliciter directement chaque visiteur grace à la pratique de l’abondement lors de l’achat du billet d’entrée.

“Il sera demandé aux visiteurs qui le désirent de faire un don d’un euro supplémentaire au moment d’acheter leur billet d’entrée” a expliqué à 20 minutes Lyon, Geneviève Galliano, conservatrice en chef en charge du département des antiquités.

10.450 euros à réunir

D’autres musées français (le CAPC de Bordeaux, le CMN, le musée Rodin à Paris, la Piscine à Roubaix ou le Château de Versailles) ont déjà testé avec succès cette formule de surbilletterie (qui peut également fonctionner en ligne) pour restaurer ou acquérir des œuvres.

“Nous ne souhaitions pas lancer une énième souscription auprès des mécènes qui sont régulièrement sollicités. Cette fois, nous voulions symboliquement que le public soit associé et s’approprie de cette manière les collections” explique la conservatrice.

L’objectif est de réunir en trois mois 10.450 euros. Avec 350 000 visiteurs en 2017, il suffirait que pendant trois mois, un visiteur du musée sur neuf accepte de payer son billet un euro de plus pour que l’opération soit bouclée. 

Restauration en direct

Autre originalité de la campagne de financement populaire. Les visiteurs pourront suivre les différentes étapes de la rénovation en temps réel, puisque la restauratrice, en charge de cette tâche, devrait installer son atelier dans l’une de salles du musée. Un eexpérience déjà proposée par le musée d’Orsay lors de la restauration de l’oeuvre de Courbet, “l’atelier du peintre”.

“Ce sarcophage, d’une qualité remarquable, montre qu’il a été réalisé pour préserver l’intégrité du corps de la défunte et pour l’entraîner vers une nouvelle vie” décrit Geneviève Galliano. Comme en témoignent les figures de Nout et d’Osiris, placées à l’intérieur du cercueil. “La première, qui brandit un soleil, lui assure la régénérescence et la présence du second est essentielle pour l’aider à triompher des multiples embûches dressées sur son cheminement vers le royaume des morts”.

Clin d’oeuvre: le cercueil d’Isetenkheb

Le musée espère que le cercueil, découvert près de Thèbes, pourra retrouver son aspect presque original d’ici l’été 2018.

Si cette première opération de financement populaire réussit, le musée compte bien renouveler l’expérience.

“Tous les trois mois, nous changerons de projet et solliciterons notre public afin qu’il soutienne d’autres opérations de restaurations ou d’acquisitions” annonce au journal le Progres la directrice du musée Sylvie Ramond.

D’autres opérations de financement participatif

Le musée des beaux-arts de Lyon avait déjà lancé le 1er décembre 2014 une souscription publique pour l’acquisition d’un tableau d’une valeur de 566.000 euros, oeuvre de Corneille de Lyon, portraitiste renommé de la Renaissance. Alors que plus de la moitié de la somme était réunie auprès d’un cercle de donateurs réguliers regroupés dans la Fondation du Cercle Poussin, les responsables du musée avait demandé 250.000 euros au grand public, pour finaliser l’achat, et «resserrer le lien avec les Lyonnais», selon les mots de Sylvie Ramond, directrice du musée. Opération réussie: plus de 1.300 lyonnais ont répondu à l’appel, souscrivant pour 300 000 €.

Homme au béret noir tenant une paire de gants, vers 1530. © Photo : MBA Lyon / Alain Basset
Corneille “Homme au béret noir tenant une paire de gants”, vers 1530. © Photo : MBA Lyon / Alain Basset

En 2012, 80.000 euros avaient été récoltés auprès de 1.536 donateurs pour finaliser l’achat d’une toile d’Ingres d’une valeur de 750.000 euros.

“On est obligés de diversifier les sources de plus en plus”, expliquait en 2014 Isabelle Duflos, chargée du mécénat pour le musée. “La hausse régulière des prix du marché de l’art est impossible à suivre pour une structure municipale”.

En 2016, Le musée des Beaux-Arts de Lyon a également acquis un tableau de Nicolas Poussin pour 3,75 millions d’euros, «La Mort de Chioné», une des rares oeuvres de jeunesse de l’artiste. En 2008, la collection de peinture française du XVIIe siècle s’était déjà enrichie d’une première toile de l’artiste, «La Fuite en Egypte», oeuvre de fin de carrière. Acheté à une galerie londonienne, le second tableau a pu être acheté grâce au Club des mécènes du musée Saint-Pierre, qui regroupe de grandes entreprises de la région (2,75 millions), l’État (600.000 euros), la ville de Lyon (300.000 euros) et la région Auvergne-Rhône-Alpes (100.000 euros).

Depuis 2008, 2 toiles de poussins, l’oeuvre de Corneille, le tableau d’Ingres, deux œuvres de Fragonard, trois de Pierre Soulages, et une d’Étienne Martin ont ainsi été acquises par le musée grâce au mécénat d’entreprises ou de particuliers.

SOURCES: MBA Lyon, Le Progrès, 20 Minutes Lyon

Date de première publication: 16/01/2018

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