Le musée de Bretagne partage 170 000 objets et documents numérisés de ses collections sur sa nouvelle plateforme

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Le 16 septembre 2017, à l’occasion des Journées du Patrimoine le musée de Bretagne, aux Champs Libres à Rennes, a lancé sa nouvelle plateforme afin de mettre à la disposition du public ses collections.  Cette nouveauté numérique donne l’opportunité aux internautes de découvrir les richesses de l’institution, soit près de 170 000 objets et documents numérisés au moment de son lancement.

Dans une interview au CLIC France, Céline Chanas, la conservateur en chef du patrimoine et directrice du musée de Bretagne, nous présente la plateforme à la veille de son lancement ainsi que les nouvelles orientations de l’institution en matière d’innovation et de numérique.

Corsage de Ploaré – CC0 – Collections du musée de Bretagne et de l’Écomusée du Pays de Rennes, cliché Pierre Tressos

La mise en valeur du musée de Bretagne grâce à la numérisation des collections

La mise en ligne de la plateforme constitue la première étape du chantier de numérisation du musée de Bretagne. En effet chaque année, 70 000 nouveaux objets sur les 600 000 que comptent ses collections. Cette volonté s’inscrit de manière générale dans la politique globale de la collectivité en faveur du numérique et prend place dans l’axe “Développer les usages innovants et participatifs” de le nouveau projet scientifique et culturel. Le musée de Bretagne veut se positionner, à l’image de la Bibliothèque comme un lieu de partage de connaissances à des fins essentiellement scientifiques, culturelles, historiques et documentaires.

A termes le musée souhaite renouveler sa base de données métiers, l’inventaire et le récolement de la collections d’art graphiques estimé à plus de 200 000 documents en trois ans et leur numérisation, ainsi qu’un plan de numérisation des négatifs photographiques. Il s’adosse aussi à un travail juridique important et une révision complète de la logique de diffusion des collections et l’adoption de licences creative commons.

Ce portail a deux objectifs :

la diffusion la plus large possible de ses collections : le musée souhaite privilégié l’échange et le partage de connaissances au plus grand nombre. Disponible sur tablette et smartphone, il facilite le partage des images sur les réseaux sociaux ainsi que le téléchargement des contenus sous deux formats : JPG pour les images : poids moyen 3 Mo et PDF pour les fiches descriptives.
la nouvelle relation au public visant au partage des «communs» et à leur réappropriation : le musée a souhaité se servir des possibilités qu’offre le domaine public afin de valoriser les collections. De cette manière le public pourra ainsi se réapproprier toutes ces images pour des réutilisations créatives à imaginer : création d’objets à partir des images « remixées » des collections, réalisation de gifs animés, géoréférencement, etc.

Les conditions d’utilisation des contenus mis à disposition

En réflexion depuis près de trois ans, ce chantier complexe a fait l’objet de choix, entérinés par les élus par une délibération du conseil métropolitain du 22 juin 2017. 

Extrait de la délibération :

“Cette opération est une des orientations majeures du projet scientifique et culturel du Musée de Bretagne approuvé par délibération n° C 15.253 du 18 juin 2015, qui vise une plus grande accessibilité des collections et des ressources du musée, tout en prenant le virage des nouveaux usages du numérique, et s’inscrit dans le cadre du projet de territoire de Rennes Métropole et notamment son orientation n° 5 visant à favoriser les liens sociaux, les échanges citoyens, le partage de la culture avec le plus grand nombre et l’accès aux pratiques culturelles et sportives.

Ce projet s’inscrit aussi dans la philosophie du partage des communs et de leur réappropriation. Il vise à créer un nouveau musée virtuel, qui contribuera au rayonnement de l’institution comme à celui des Champs Libres, au-delà de ses murs.

Environ 150 000 objets et documents numérisés sont prévus pour être mis en ligne lors de cette première phase de lancement. Le téléchargement des contenus sera possible sous deux formats au minimum :
. JPG pour les images : poids moyen 3 Mo
. PDF pour les fiches descriptives.

La philosophie générale du projet est celle d’un changement radical de posture, innovant dans le domaine des musées français : celle de l’ouverture dans le respect de la législation (droit d’auteur, respect de la vie privée et droit à l’image notamment).

Fileuse (Morbihan) – Négatif sur verre – Jeanne-Marie Barbey (1876-1960), début 20ème siècle – CC BY SA - Collections du musée de Bretagne et de l'Écomusée du Pays de Rennes
Fileuse (Morbihan) – Négatif sur verre – Jeanne-Marie Barbey (1876-1960), début 20ème siècle – CC BY SA – Collections du musée de Bretagne et de l’Écomusée du Pays de Rennes

Dans un souci de diffusion large et ouverte, le musée de Bretagne s’engage à ouvrir ses données en suivant des principes communs en termes de licences. Tandis que pour une partie des collections, la marque du domaine public sera appliquée, le choix se portera pour le reste des fonds sur des licences de type Creative Commons (CC), impliquant que, sur ces images spécifiquement, le musée détient des droits.

La mise à disposition d’œuvres sous domaine public ou sous licences ne vient pas se substituer aux lois et règlements en vigueur. Le droit moral de l’auteur, imprescriptible, et de fait la paternité et l’intégrité de l’oeuvre, doivent être respectés.

La répartition sera ainsi la suivante :

. Marque du domaine public : cette marque permet de signaler qu’une oeuvre relève du domaine public et de certifier son statut juridique. Elle concernera notamment les photographies produites en interne de documents en 2D tombés dans le domaine public.

. La CC0 permet initialement aux titulaires de droits d’un objet ou d’une oeuvre d’y renoncer en le versant volontairement dans le domaine public de façon anticipée. En l’utilisant, une institution culturelle indique qu’elle n’applique pas de nouveau copyright sur l’oeuvre (et donc pas de copyfraud) et qu’elle renonce à utiliser tout autre droit issu de terrains juridiques annexes. Elle certifie donc d’un fichier numérique qu’il est librement réutilisable sans entrave et que l’organisation qui le place sous cette licence s’engage à renoncer à ses droits annexes. Cet outil permet aux titulaires de droits d’auteur de renoncer au maximum à leurs droits dans la limite des lois applicables, afin de placer l’oeuvre au plus près du domaine public. Cet outil sera notamment utilisé pour les photographies d’objets 3D tombés dans le domaine public produites en interne avec l’autorisation des auteurs.

. CC-BY-SA (“Attribution, partage dans les mêmes conditions”) : pourra concerner les reportages photographiques réalisés par l’agent public

. CC BY ND (« Attribution + Pas de modification ») : le titulaire des droits autorise toute utilisation de l’œuvre originale, y compris à des fins commerciales, mais n’autorise pas la création d’œuvres dérivées.

. CC-BY-NC-ND (« Attribution / Pas d’utilisation commerciale /Pas de modification », non compatible avec l’Open Data) : Cette licence implique que toute réutilisation est possible à l’exception de l’usage commercial, et que la création d’oeuvres dérivées n’est pas autorisée. Elle concernera notamment les oeuvres orphelines (une oeuvre est considérée comme orpheline quand elle n’est pas encore tombée dans le domaine public et si aucun des titulaires de droits n’a été identifié ou localisé bien qu’une recherche diligente ait été effectuée et enregistrée de manière conforme)

. © Tous droits réservés : sera utilisé pour les images dont le musée ne détient qu’une autorisation de mise en ligne. Cette mention rappelle que l’image est soumise aux droits d’auteur.

. Pour les données à venir produites dans le cadre des activités du musée (photographies, créations graphiques, vidéos…), le musée de Bretagne invitera les producteurs et/ou prestataires à céder leurs droits à la collectivité et/ou à attribuer les licences les plus ouvertes possibles du type CC BY SA (Attribution/Partage dans les mêmes conditions). Ce choix, qui doit rester une option pour le producteur et/ou prestataire, sera fixé dans le cadre d’un contrat de cession.

. D’autres types de licences pourraient donc être amenées à être utilisées selon les cas, toujours dans le corpus des licences de type Creative Commons.

Chantier de numérisation du musée de Bretagne, société Manzara, 2017 – CC BY SA – Cliché Alain Amet / Musée de Bretagne
Chantier de numérisation du musée de Bretagne, société Manzara, 2017 – CC BY SA – Cliché Alain Amet / Musée de Bretagne

Lancement et implication du public lors des Journées du Patrimoine

La nouvelle plateforme du musée de Bretagne est lancée les 16 et 17 septembre, lors des Journées européennes du patrimoine. A cette occasion l’institution a décidé de mettre en place des ateliers en complément des collections numérisées de la Bibliothèque :

. Jouons avec les collections ! Bornes tactiles, ateliers de détournement d’objets et création de badges, atelier gif avec le photographe Yann Peucat,
. WikiRennes/ Wikipedia : contribuer et apporter ses connaissances sur l’histoire de Rennes
. OpenStreetMap : créer collectivement une carte numérique du parcours permanent du musée
. Crowdsourcing : découvrir et participer à l’indexation collaborative des collections à travers des petits quizz.

La démarche d’ouverture des archives de la ville de Rennes intervient quelques jours après une initiative similaire des villes de Toulouse et de Marseille. Nouveau signe que les collectivités locales veulent plus que jamais s’engager sur la route de l’Open Access. 

Pour accéder au portail : cliquer ici

SOURCE: Musée de Bretagne

Date de première publication: 18/09/2017

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