Nouveau film en salle: “Francofonia : le Louvre sous l’occupation” d’Alexandre Sokourov (sortie le 11 novembre 2015)

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Temps de lecture : 6 min

1940. Paris, ville occupée. Et si, dans le flot des bombardements, la guerre emportait La Vénus de Milo, La Joconde, Le Radeau de La Méduse ? Que deviendrait Paris sans son Louvre ? Deux hommes que tout semble opposer – Jacques Jaujard, directeur du Louvre, et le Comte Franz Wolff-Metternich, nommé à la tête de la commission allemande pour la protection des œuvres d’art en France – s’allient pour préserver les trésors du Musée. Au fil du récit de cette histoire méconnue et d’une méditation humaniste sur l’art, le pouvoir et la civilisation, Alexandre Sokourov nous livre “son” portrait du Louvre. Présent en sélection officielle de la Mostra de Venise, “Francofonia : le Louvre sous l’occupation” n’a pas remporté de prix mais à été salué par la critique. Vous pourrez vous faire votre propre jugement à partir du 11 novembre 2015, jour de sortie nationale en France de ce film coproduit par le Musée du Louvre.  

Pendant le tournage du film Francofonia
Pendant le tournage du film Francofonia

Réalisé en 2015 par Alexandre Sokourov

90 minutes

Date de sortie : 11 novembre 2015

Coproduction Idéale Audience, Zéro one production et N279 Entertainment, Arte France Cinéma et Musée du Louvre

Synopsis: 1940. Paris, ville occupée. Et si, dans le flot des bombardements, la guerre emportait La Vénus de Milo, La Joconde, Le Radeau de La Méduse ? Que deviendrait Paris sans son Louvre ? Francofonia, sous-titré Le Louvre sous l’occupation est un essai cinématographique (ou « récit-fiction sur un sujet historique » comme le définit son auteur) qui se concentre sur la relation de deux hommes autour du musée : le comte Franziskus Wolff Metternich et Jacques Jaujard. Le premier, issu de l’aristocratie allemande, sera nommé par le haut commandement de la Wehrmacht à la tête du « kunstschutz » (commission allemande pour la protection des œuvres d’art en France.) Le second, issu de la bourgeoisie protestante française, haut fonctionnaire de l’administration des Beaux-Arts, sera le directeur du Louvre pendant la période de l’occupation allemande. C’est lui qui organisa le déménagement et la mise en sureté des œuvres du Louvre en province avant que les Allemands ne réquisitionnent le musée. D’abord ennemis, Jacques Jaujard et Franz Wolff-Metternich ont ensuite uni leurs forces. Une “collaboration” qui visera la préservation des trésors du Louvre et de quelques-unes des nombreuses œuvres spoliées aux juifs. À travers l’histoire de ces deux hommes remarquables, Alexandre Sokourov explore les rapports de l’art et du pouvoir pendant la Seconde Guerre Mondiale et nous livre son portrait du Louvre.

Bande annonce de “Francofonia” du réalisateur russe Alexandre Sokurov

Fiche ImDB

Sur le net :

. Venise : “Francofonia” et “Desde allà”, favoris d’une 72e Mostra critiquée (FranceTVinfos, 11/09/2015)

francofonia film 1[“Francophonia” fait l’unanimité

À l’inverse, d’autres ont fait l’unanimité. Ainsi, “Francofonia”, mi-documentaire mi-fiction sur le musée du Louvre, a recueilli une moyenne de 4 sur 5 au baromètre quotidien des critiques présents au festival, rejoints par le public (3,7 sur 5). Pour le critique américain Emmanuel Levy, ancien de Variety et du Hollywood Reporter, le “travail de Sokurov est si original, si singulier, si iconique qu’il est vraiment difficile de le comparer à celui d’autres réalisateurs, passés ou présents”. Cependant, le fait que le réalisateur russe ait déjà remporté un Lion d’Or en 2012 pour “Faust” pourrait le desservir.]

. Mostra de Venise : l’amour de la culture européenne dans “Francofonia” (culturebox, 06/09/2015)

“Que serions-nous sans les musées ?”, s’interroge le réalisateur russe Alexandre Sokourov dans “Francofonia”, un hymne à la beauté dans lequel le Louvre est le symbole de la culture européenne. En compétition à la Mostra de Venise, “Francofonia” est un monologue de près d’une heure et demie de Sokourov, Lion d’Or en 2011 pour “Faust”.

[“Faire ce film a été une nécessité critique et catégorique absolue, parce que nous autres, êtres humains, n’avons pas seulement un besoin physiologique de nous reproduire mais également un devoir moral de vivre à travers l’art, et les musées en sont l’illustration”, déclare le réalisateur à l’AFP-TV. “Francofonia”, ce sont des récits sur l’histoire architecturale du Louvre, des travellings sur les oeuvres les plus marquantes : “Le radeau de La Méduse” de Géricault, “la Liberté guidant le peuple” de Delacroix, la “Victoire de Samothrace” mais aussi “la Joconde”, les taureaux ailés de Khorsabad ou le “Couronnement de Napoléon” de David… Mais ce sont aussi des dialogues entre l’auteur et Napoléon : “J’ai tout apporté ici, moi. Tout. Sinon pourquoi j’aurais fait la guerre, si ce n’est pour l’art ?”, s’exclame l’empereur, rappelant que c’est lui qui a décidé de faire du Louvre un musée national et qui l’a enrichi de ses prises de guerre en Egypte, en Italie..

L’objectif du film, explique le réalisateur, auteur de “L’arche russe” (2002), un plan séquence de 96 minutes tourné au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, était de “mettre en valeur une certaine tendance universelle qui tend à célébrer la culture française, même si elle est en déclin”. Cette culture française, et plus généralement européenne, a été “trahie”, estime-t-il, avant de lâcher: “Si on ne fait rien pour la défendre, elle n’existera bientôt plus”]

. Mostra de Venise : le bel éloge de la diversité (Liberation, 05/09/2015)

[La leçon d’histoire du jour

“Qu’est ce que la «francophilie»? L’attachement à une France actuelle, sans aucun doute paumée et bouffée de l’intérieur, ou bien, au contraire, l’amour d’une France éternelle, universelle et démocratique? Et cette même France, si parfaite, a-t-elle déjà existée ? Avec Francofonia, Alexandre Sokourov pose la question du rôle d’une culture, et des lieux où elle s’incarne. Ici, le Louvre. Dans ce film-essai, le cinéaste russe donne à voir des images d’une conversation Skype avec un capitaine de marine marchande, pris dans une tempête et qui porte à bord de son cargo un container d’oeuvres d’art. Faut-il les jeter à l’eau ? Qu’est ce que cela changerait si des sculptures ou peintures classiques tombaient à pic ? Sokourov entremêle ensuite plusieurs récits. Il y a celui de l’occupation nazie pendant la seconde guerre mondiale, et de la réaction du directeur du Louvre d’alors, Jacques Jaujard, face au comte Metternich,«Kunstschutz» (responsable du patrimoine artistique allemand) de 1940 à 1942. Autant par son décor muséal que par le tissage des fils narratifs, le film est comparable à l’Arche russe (2002) où Sokourov filmait l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, et ceux qui ont fait sa grandeur. Dans Francofonia viennent se greffer d’autres éléments : Napoléon qui a fait du Louvre l’espace de la grandeur nationale sous une forme proto-moderne et qui pose devant son propre portrait du génial David, ou une Marianne qui se balade entre les tableaux et crie «Liberté, égalité, fraternité»…

On est ici dans un cinéma lettré mais également très sentencieux, qui assène des grandes vérités sur l’art et la culture, sans beaucoup de recul sur soi-même ou de remises en question. Dans le parallèle qui s’esquisse entre le Louvre et l’Ermitage, la France et la Russie, Sokourov traite entités culturelles, oeuvres d’art, peuples et personnalités systématiquement sous un seul angle : celui de la «nation», et de l’appartenance à des ensembles qui seraient naturels. On n’est très certainement pas obligés d’adhérer à un tel discours. Car ici, de la rêverie offerte par peintures et sculptures, de la divagation intime dans le monde parallèle qu’est un musée, tout cela nous semble interdit.]

[Francofonia, un «récit-fiction», selon l’expression du grand cinéaste russe, sur le sujet historique des œuvres du Louvre sous l’Occupation. La confrontation entre Jacques Jaujard, interprété par Louis-Do de Lencquesaing, et ­Metternich (Benjamin Utzerath) est marquée à la fois par l’opposition du vaincu et du vainqueur, et par les affinités de deux hommes de même sensibilité profonde à l’art, qui se vouent ­également à la sauvegarde de la beauté. Comme Jaujard, Metternich a caché des œuvres d’art, en Rhénanie, pour les mettre à l’abri de la guerre et des pillages. «Ces deux hommes sont les deux ­faces de la même vie, de la même médaille…», entendra-t-on dans le film.]

mostra venise 2015

En compétition officielle à la 72ème Mostra de Venise

Figurant dans la sélection officielle du 72ème festival Mostra de Venise, Francofonia n’a pas remporté de Lion mais le film a en revanche reçu le Prix Best European Film in Competition Mostra Venise 2015 décerné par la FEDEORA (Federation of Film Critics of Europe and the Mediterranean) 

Avis du Jury: “Francofonia est un film complexe explorant le thème de la culture européenne avec une approche décalée et parfois provocatrice mais toujours avec une voix poétique”.

SOURCES: Musée du Louvre, Liberation, culturebox.fr, senscritique.com

Date de première publication: 13/09/2015

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