Roei Amit (RMN-GP): “Dans l’exposition Monet à Hong Kong, le numérique cherche à atteindre un nouveau public malgré le nombre limité d’œuvres”

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Temps de lecture : 5 min

Organisée dans le cadre du French May 2016, l’exposition « Claude Monet : The Spirit of Place » s’est ouverte le 3 mai 2016 au Hong Kong Heritage Museum. Jusqu’au 11 juillet 2016, cet événement proposera aux visiteurs de découvrir 17 chef-d’oeuvres de Monet sélectionnés par Bruno Girveau, Commissaire de l’exposition et Directeur du musée des Beaux-arts de Lille. Les oeuvres exposées sont prolongées et contextualisées par des dispositifs numériques, et notamment un bassin interactif, que nous présentent Roei Amit, directeur du numérique à la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais.

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A partir de 17 tableaux, choisis parmi les paysages les plus emblématiques du peintre conservés dans les collections publiques françaises, l’exposition retracera la carrière du peintre à travers l’expérience du paysage, qui le conduit de la simple représentation d’un lieu au principe de la série et à l’art moderne.

L’exposition est divisée en quatre sections: Normandie et Bretagne, Paris et l’Île de France, Londres et Venise et Giverny. Chaque section est enrichie de dispositifs audiovisuels et multimédia qui présent des images des paysages peint, à l’époque de Monet et de nos jours. Les informations délivrées apportent des éclaircissements sur la vie de l’artiste, la nature révolutionnaire du mouvement Impressionniste et l’importance de l’eau, du ciel, de la terre et de la lumière dans les oeuvres de Monet.

Soutenue par le consulat de France à Hong Kong, l’exposition a été organisée conjointement par la Réunion des Musées nationaux – Grand Palais et le Hong Kong Heritage Museum.

Bande-annonce de l’exposition

Dans une interview au CLIC France, Roei Amit, directeur-adjoint an charge du numérique, à la Direction des publics et du numérique de la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais, présente l’écosystème numérique de l’exposition.

rsz_photo_roei_amit_rmn1_3 (2)L’exposition « Monet, l’esprit des lieux » s’est ouvert cette semaine à Hong Kong, pourriez vous nous le présenter ?

Dans le cadre du festival French May, la RMN-GP s’est associée au National Héritage Museum de Hong-Kong pour produire la première exposition hongkongaise dédiée à Monet, et ce après la réussite de l’exposition autour des chefs d’œuvres des musées français en 2014.

Le fil conducteur de cette exposition, voulu par son commissaire Bruno Girveau, est le regard que porte Monet sur les différents lieux qui ont donné un cadre à ses inspirations : Paris, l’Île-de-France, Londres, Venise et bien sûr la Normandie et Giverny. Des œuvres représentatives de chaque lieu rythment le parcours et donnent à voir le geste impressionniste et notamment l’importance de la lumière et de l’eau.   

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Quelles sont les nouvelles articulations et les places qui prennent le numérique ?

La nécessité d’introduire l’œuvre de Monet, son contexte et ses enjeux à des publics plus lointains, ainsi que le nombre plutôt modeste des œuvres – dix-sept, nous a obligé à réfléchir à des dispositifs qui accompagnent et entourent les œuvres tout en les magnifiant. Une scénographie astucieuse conçue par Nicolas Groux et Sylvain Roca permet de créer une attention singulière portée aux œuvres originales tout en enrichissant le parcours et amplifiant les œuvres avec des éléments multimédia et médiation numérique.

Quels sont les principaux éléments du dispositif numérique in situ ?

Plusieurs types de projections jalonnent la visite. C’est Claude Monet en personne, dans la seule archive connue filmé par Sacha Guitry, qui accueille les visiteurs à l’entrée, puis on accède à une grande salle circulaire au milieu de laquelle une vidéo introductive de 3 minutes sur la vie de Monet est projetée sur une sphère de 2 mètres de diamètre, s’adressant au public qui l’entoure avec un montage subtile qui fait circuler les points de vues. Déployées dans la salle tout autour 4 « fenêtres » filmées donnent à voir les lieux de Monet en leur temps jusqu’à nos jours. Ces vidéos se projettent sur des écrans semi transparents et traversants, et sont visibles des deux côtés – à la salle d’introduction et à chaque section de l’exposition qui est dédiée à l’un de ces lieux.   

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Durant le parcours, deux moments plus pédagogiques sont proposés en contournant des murs courbes pour découvrir sur un double écran des vidéos explicatives en chinois et traduites en anglais, l’une consacrée à l’histoire du mouvement impressionniste et l’autre à l’importance et à la place occupées par la lumière et l’eau.  

Le parcours se termine par une grande salle obscure avec un bassin de 40m2 où est projetée sur le sol une reproduction minutieuse des nymphéas. Le public peut le contempler avec une bande-son d’ambiance mais également interagir : à l’aide de six iPadPro, ce dernier est invité à créer des nymphéas avec des formes et des couleurs issues des tableaux de Monet et à les planter au sein du bassin numérique qui se déploie à leurs pieds. Le résultat, à la fois très poétique et pédagogique, termine le parcours avec une expérience sensible et sensorielle complète. Tous ces éléments ont été conçus et réalisés par l’agence Réciproque qui a également produit l’application de l’exposition en plusieurs langues, notamment en chinois.

Vidéo Jardin d’eau interactif (c) Reciproque

Que propose l’application mobile ?

Pour accompagner la visite, nous avons créé une application iOS et Android avec des explications et des vidéos ainsi qu’un atelier numérique pour fabriquer des photos « impressionnistes » dans la lignée de nos applications, La fabrique cubiste ou l’Atelier Picasso qui ont connu un grand succès. Le musée a développé dans un espace voisin de l’exposition une galerie pédagogique s’adressant aux jeunes publics, dans un environnement reproduisant Giverny, où le public peut se prendre en photo dans un décor de jardins ou bien entrer dans la cuisine de Monet et voir se projeter sur les assiettes les plats traditionnels et les recettes de la région notamment, cela à côté d’activités pédagogiques plus traditionnelles comme des coloriages.  

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Une telle expérience pourrait-elle être renouvelée ?

Les retours sont très positifs, et cela donne des idées ; il s’agit déjà d’une expérience renouvelée et enrichie que nous proposons après la réussite de 2014. L’articulation poussée du numérique dans le parcours de l’exposition répond à la fois au besoin d’accompagnement du public et enrichir sa visite, d’en toucher un nouveau, notamment lointain, et de répondre de manière innovante à la raréfaction des œuvres. Par ailleurs, ce terrain d’expérimentation pourrait inspirer également la manière dont on conçoit nos expositions pour nos publics plus proches.

Ce projet et notamment sa partie immersive pourrait être reconfiguré pour d’autres expositions ou musées en lien avec les thématiques.

Propos recueillis par mail le 11/05/2016

Photos: RMN-GP

Source: RMN-GP / Le French May

Date de première publication: 13/05/2016

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