La start up française Iconem numérise en 3D et publie sur le web les modélisations des sites archéologiques syriens menacés

Partager :
Temps de lecture : 4 min

Après les initiatives anglaises et américaines, la France se porte à son tour au secours du patrimoine syrien avec le projet mené par la start up française Iconem et la Direction Générale des Antiquités et des Musées syrienne (DGAM), soutenu par Microsoft. Mise en ligne le 14 mars 2016, la base de données «Syrian Heritage» permet de visiter vituellement les célèbres temples de Palmyre et des centaines d’autres trésors détruits par Daesh.

Relevé 3D de la mosquée des Omeyyades (8e siècle), à Damas, en Syrie (c) Iconem
Relevé 3D de la mosquée des Omeyyades (8e siècle), à Damas, en Syrie (c) Iconem

Les célèbres temples de Bêl et Baalshamin à Palmyre, la citadelle de Damas, datant du 11e siècle, la mosquée des Omeyyades à Damas (8e siècle), le Krak des Chevaliers, immense château fort croisé au nord de Damas, le Palais Azem (ancien palais du gouverneur ottoman), ou le site phénicien d’Ougarit, d’où provient la plus ancienne écriture alphabétique au monde, tous ces sites archéologiques syriens  menacés depuis le début du conflit en 2011 mais pas encore détruits vont donc pouvoir être visités en ligne sur la base de de données « Syrian Heritage ». S’ajoutent à ces monuments les collections de grands musées syriens, dont celui de Lattaquié.

“Eviter une perte irréparable pour l’humanité”

“Cette solution offre aux sites archéologiques un véritable espoir de renaissance, et permettra quoi qu’il arrive d’en conserver la mémoire. L’opération que la DGAM a menée avec Iconem va permettre d’éviter une perte irréparable pour l’humanité. Nous avons un seul patrimoine, une seule mémoire, nous devons les sauver, faute de quoi nous serons condamnés par nos enfants et nos petits-enfants”, explique Maamoun Abdulkarim, directeur des antiquités syriennes, dans un communiqué.

Présentation vidéo du projet:

Tous ces trésors menacés par Daesh ont été reconstruits en 3D par la startup française Iconem. 

Créé en 2013, Iconem avait déjà scanné des sites archéologiques en Afghanistan (Mes Aynak) ou numérisé la cité antique de Pompéi mais également des sites en Irak, à Oman, au Pakistan et à Haïti.

Présentation vidéod’Iconem:

Iconem’s protocol from Iconem on Vimeo.

Des monument-men Franco-syriens

Alors que des centaines de sites syriens ont déjà été détruits ou pillés depuis le début du conflit en 2011, dont les célèbres temples de Bêl et Baalshamin à Palmyre, dynamités par Daech, l’architecte-archéologue et le pilote d’avion français n’ont pas voulu rester sans agir pour sauver ce qu’il restait à sauver.

Du 6 au 16 décembre 2015, les deux fondateurs d’Iconem, Yves Ubelmann et Philippe Barthélémy, ont commencé leur travail de mémoire avec la cité d’Ougarit (lieu d’invention de l’alphabet), le théâtre romain de Jableh, la mosquée des Omeyyades, des maisons damascènes… Ils se sont également rendus à Damas pour apporter matériel et formation à une quinzaine d’archéologues syriens. L’objectif de ces monument-men Franco-syrien est de survoler les sites avec des drones équipés d’appareils photos et d’utiliser au mieux la photogrammétrie, un procédé informatique qui utilise des milliers de clichés pour créer un double virtuel des monuments ou des ruines avec une précision pouvant descendre en dessous du millimètre.

Pour ce projet, Iconem a bénéficié d’un partenariat avec Microsoft, l’Inria et l’École normale supérieure.

“Devant les destructions, nous avons décidé d’agir en fournissant à la Direction générale des antiquités et des musées syrienne les moyens de sauvegarder la mémoire des sites en péril par la numérisation en 3D. Syrian Heritage est destinée au grand public pour qu’il puisse continuer à visiter, au moins virtuellement, les sites majeurs syriens, mais aussi aux archéologues concernés” ont déclaré les 2 fondateurs d’Iconem.

Relevé tridimensionnel du théâtre antique de Jableh (3e siècle) en Syrie (c) Iconem /  DGAM
Relevé tridimensionnel du théâtre antique de Jableh (3e siècle) en Syrie (c) Iconem / DGAM

L’intégralité de la collection disponible fin mai 2016.

Le résultat de ce travail d’autant plus impressionnant dans un contexte de guerre va être publié progressivement sur les sites d’Iconem et de la Direction Générale des Antiquités et des Musées syrienne (DGAM). Certaines des oeuvres numérisées peuvent être également consultées en 3D sur la plateforme sketchfab.

Une expérience unique de reconstitution patrimoniale qui offre des visites virtuelles interactives, des vidéos en images de synthèse et de la documentation à usage scientifique.

«Syrian Heritage» propose déjà de découvrir trois sites : la mosquée Umayyad, le site d’Ugarit et le théâtre de Jableh. L’intégralité de la collection (et ses 11 sites) sera disponible fin mai 2016.

Umayyad Mosque from Iconem on Vimeo.

Ugarit from Iconem on Vimeo.

Jableh Theatre from Iconem on Vimeo.

Bientôt une réplique grandeur nature de Palmyre

Plusieurs autres projets de modélisation 3D des sites syriens sont en cours. Parmi eux, celui de l’Institut pour l’archéologie numérique, créé par les universités d’Oxford (Royaume-Uni) et Harvard (États-Unis). Comme raconté par le site du Clic France début 2016, cet institut distribue à des partenaires sur place (personnels des musées, membres d’ONG, bénévoles, etc.) 5 000 caméras 3D low-cost afin de photographier des sites antiques. Objectif: récupérer un million d’images 3D (“The Million Images Database Project) d’ici fin 2016, et les transférer dans une base de données en ligne. La même équipe exposera aussi en avril à Londres et à New York une réplique grandeur nature d’une arche de Palmyre détruite par Daech et reconstituée avec une imprimante 3D.

Article du CLIC France:  Détruite par Daech, l’arche de Palmyre sera bientôt reconstruite en 3D taille réelle et exposée à Londres et NY

SOURCES: iconem.com, lepoint.fr, lexpress.fr

Date de première publication: 15/03/2016

Clic-separateur(A LIRE SUR LE SITE DU CLIC) (3)

Détruite par Daech, l’arche de Palmyre sera bientôt reconstruite en 3D taille réelle et exposée à Londres et NY

.Des archéologues prévoient d’inonder le Moyen Orient d’appareils photos numériques pour « sauver » les trésors menacés par l’Etat islamique

Casablanca souhaite se doter d’un musée virtuel basé sur le crowdsourcing et d’une application de visite

Le futur centre d’interprétation de Vorgium (Carhaix) s’associe au musée archéologique virtuel d’Ercolano (Herculanum)

David Huguet (Synd. Mixte de l’Espace de Restitution de la Grotte Chauvet): « Les supports numériques sont intuitifs et peuvent évoluer rapidement »

banner clic avril 2024

Laisser un commentaire