Un webdoc accompagne la réouverture de l’herbier national du MNHN

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L’Herbier du Muséum, plus grand échantillonnage de la flore planétaire, vient de faire l’objet d’un vaste programme de rénovation. Il s’est achevé le 27 novembre 2013 par l’ouverture au public d’une exposition permanente, la mise en ligne d’un webdoc en 40 épisodes, «Herbier 2 .0» et la sortie d’un beau livre, L’Herbier du Muséum.

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L’herbier du MNHN est unique par le nombre comme par la diversité des végétaux qui le composent: quelque huit millions de plantes, de champignons, d’algues, de lichens, rapportés des innombrables expéditions lancées durant des siècles à travers le monde. Il est hébergé à Paris, dans le bâtiment de la Galerie de botanique du Muséum national d’histoire naturelle.

Cet herbier trouve son origine en 1683 lorsque Joseph Pitton de Tournefort, botaniste du Jardin du Roi, puis Sébastien Vaillant, son élève et successeur, en font une véritable activité scientifique. Sous la Révolution, au moment de la création du Muséum, en 1793, leurs bibliothèques de milliers d’échantillons de la flore française constituent ainsi le fonds initial de l’«Herbier national». Cette bibliothèque de plantes s’enrichira ensuite de nouvelles collections glanées au cours des grandes expéditions du XIXe siècle.

On y trouve aujourd’hui des végétaux des cinq continents – pour la plupart, séchés et fixés sur des planches d’herbier – appartenant à tous les groupes, des mousses aux fougères, des plantes à fleurs aux algues. Au total, 8 millions de spécimens, dont environ 500 000 « types » référentiels pour la description des espèces au niveau mondial, complété par d’autres collections «historiques», comme celle de Jean-Jacques Rousseau… Au fil des années, l’herbier a fini par se retrouver à l’étroit !

«Conçu pour abriter six millions de spécimens, le bâtiment de la galerie de botanique, construit en 1935 avec le soutien financier de la Fondation Rockefeller, en contenait deux millions de plus en 2010 ! On doit ajouter à ce chiffre 1,4 million de végétaux provenant de dons ou de legs, qui n’avaient jamais pu être classés faute de temps et de personnel.», explique Pascale Jouanneau, directrice adjointe des collections du MNHN.

Quatre années de rénovation

MNHN herbier restaurationLe Muséum a donc du prendre la décision de lancer et financer, à hauteur de 26,2 millions d’euros, un grand programme de rénovation. Ce projet, lancé en 2008, visait à faire de la galerie de botanique une infrastructure moderne, au service de la recherche d’aujourd’hui.

Cinq années de travaux ont été nécessaires non seulement pour réaménager des locaux devenus vétustes, mais aussi pour reconditionner, numériser et ranger selon une classification moderne chaque spécimen de cet inventaire titanesque.

«Une opération d’une ampleur et d’une complexité inédites, toutes institutions chargées de la conservation des collections naturalistes confondues !», a précisé au Monde Thomas Grenon, le directeur général du Muséum.

La création d’un espace d’exposition n’est pas la seule transformation qu’a connue la Galerie de Botanique depuis ses débuts. Érigé de 1930 à 1935, son bâtiment, classé Monument historique, a bénéficié d’un important travail de rénovation et de modernisation. L’objectif : accueillir de manière optimale l’Herbier national, les laboratoires de recherche et les collections documentaires (périodiques, monographies, estampes…).

Numérisation de la collection

MNHN les herbonautes_captRéalisée dans le cadre d’un programme de recherches international séparé, la numérisation des 500 000 « types » n’a été, pour le moment, accomplie qu’à moitié. Par ailleurs, la banque de données des 5,5 millions d’images de végétaux, réalisée durant ces cinq années, est encore incomplète. Il faut encore y intégrer les informations inscrites sur les étiquettes et le MNHN compte bien y associer le public via «les herbonautes» , un projet de science participative ouvert tant aux amateurs qu’aux professionnels.

Comme l’explique Michel Guiraud, le directeur des collections du MNHN, “la remise en état de l’Herbier national ne serait que la première étape d’un long processus”. Seconde étape: au sein du projet d’investissement d’avenir « E-ReColnat », le Muséum coordonnera, à partir de janvier 2014, une entreprise encore plus ambitieuse visant à réunir sur une même plate-forme informatique l’ensemble des données des collections françaises d’histoire naturelle, et notamment les riches herbiers de Montpellier et de Clermont-Ferrand. Objectif: créer le plus grand herbier virtuel du monde.

Un nouveau parcours en 4 étapes

Après quatre ans de travaux, la Galerie de botanique du Muséum national d’histoire naturelle accueille désormais le public, au rez-de-chaussée. Au cœur d’un espace contemporain, la galerie offre une véritable plongée dans le monde des herbiers et de la botanique. 

Quatre espaces jalonneront dorénavant le parcours de l’exposition :
. Espace 1 : Immersion dans le monde des herbiers et de la botanique.
. Espace 2 : Le grand hall où le visiteur pourra admirer toute une gamme d’échantillons des collections de botanique. L’objet phare de cette plateforme est une énorme tranche de séquoia (diamètre 2,70 m), joyau des collections. Cette plateforme remarquable sera l’occasion d’expliquer au public toute la valeur scientifique et patrimoniale des collections de l’Herbier national.
. Espace 3 : Du terrain à l’herbier… Dans cet espace, le visiteur prendra connaissance du travail effectué par les botanistes sur le terrain : pourquoi collecter des plantes dans le monde entier ? Comment les collecter ? Et ensuite comment les préparer, avant de les expédier aux laboratoires de la rue Buffon ?
. Espace 4 : La grande galerie de Botanique… de 70 mètres de longueur. Elle comprendra trois espaces muséographiques : la vitrine des graines ; les dix grandes fenêtres : chacune d’elles évoquera un thème particulier de la botanique et de son histoire dont les serres et collections vivantes ; la grande vitrine où le visiteur y retrouvera, entre autres, le lien entre plantes, chimie et molécules, les plantes alimentaires, l’illustration botanique…

Un webfeuilleton en 40 épisodes

mnhn herbier extrait webdoc

Pour accompagner cette réouverture au public, le MNHN, la société de production audiovisuelle Ex Nihilo et l’agence de presse scientifique Look At Science se sont associés pour produire le webdoc, «Herbier 2 .0», réalisé par Anne France Sion et Vincent Gaullier. Il a été mis en ligne le 29 novembre 2013.

A l’annonce du gigantesque chantier de rénovation de ce “coffre fort” naturel, les deux réalisateurs y ont vu une occasion inespérée de raconter le quotidien de l’Herbier national. Ils en ont ainsi suivi la métamorphose et tente de raconter la démesure de cette entreprise. Le webdoc s’appuie largement sur le travail de l’équipe de Look at Sciences, une agence de presse spécialisée dans les sciences, qui a suivi pendant 4 ans la métamorphose de l’HerbierHerbier 2.0 se déroule sur 4 ans et en 40 chroniques composées de films photo (réalisées par Carlos Muñoz) et de films vidéo (réalisés par Anne France Sion et Vincent Gaullier). Des petites histoires humaines qui sont autant de fenêtres ouvertes sur les collections botaniques normalement fermées au public et autant d’occasions de montrer le travail des scientifiques qui ont continué leurs recherches, sur le site, pendant les travaux. Le webdoc souligne également l’importance de l’enjeu que représentent la numérisation et la mise en ligne de tous les échantillons. Ce qui fera de l’Herbier de Paris le plus grand herbier virtuel au monde.

Présentation du webdoc Herbier 2.0 sur Vimeo

La réouverture s’accompagne également de la sortie d’un beau livre de Cécile Aupic, Denis Lamy et Odile Poncy, L’Herbier du Muséum, paru aux éditions Artlys/Muséum national d’histoire naturelle (160 pages, 25 euros).

Sources: MNHN, Le Monde, paris-ile-de-france.france3.fr

Date de première publication: 29/11/2013

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