Le Grand Musée Égyptien (GEM) a enfin ouvert ses portes totalement et définitivement le samedi 1er novembre 2025. Son inauguration officielle est intervenue après une ouverture progressive en 2024, au cours de laquelle des visiteurs étaient accueillis dans certaines zones. Situé aux portes du Caire, à proximité des pyramides de Gizeh, cet immense complexe ambitionne d’être le plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation. Abritant plus de 50 000 objets illustrant la vie dans l’Égypte antique, le nouveau musée marque le début d’une nouvelle ère où le passé antique de l’Égypte rencontre les innovations les plus pointues. Grâce aux technologies immersives, à l’intelligence artificielle et à la réalité virtuelle, le GEM promet de transformer la manière dont les visiteurs découvrent et comprennent l’histoire de l’Égypte antique.
Le Grand Musée Egyptien s’étend sur environ 48 hectares, soit une superficie comparable à celle de la Cité du Vatican.
Le site inclut un colosse de 83 tonnes ayant appartenu à Ramsès II, vieux d’environ 3 200 ans, ainsi qu’une barque vieille de 4 500 ans ayant appartenu à Khéops, le pharaon connu pour avoir construit les pyramides.
- Une construction qui a duré 23 ans
La construction du musée a débuté en 2003, avec l’attribution du marché au cabinet irlandais Heneghan Peng Architects, mais a été interrompue pendant 5 ans en raison des troubles politiques consécutifs au soulèvement de 2011, puis au Covid-19. L’inauguration a été reportée à plusieurs reprises, la dernière fois en juillet en raison des conflits au Moyen-Orient.
Le budget du projet a également subi un large décalage, passant de 500 millions à 1 milliard de dollars (860 millions d’euros), financé en grande partie par des prêts au développement japonais.
- 50 000 objets présentés dans 24 000 mètres carrés d’espace d’exposition permanente
Le musée présente une façade triangulaire en verre imposante qui imite les pyramides voisines.
Le GEM propose 24 000 mètres carrés d’espace d’exposition permanente, un musée dédié aux enfants, des salles de conférence et des espaces pédagogiques, une zone commerciale et un important centre de conservation.
Les 12 galeries principales, ouvertes en 2024, présentent 50 000 objets allant de la préhistoire à l’époque romaine, classées par période et par thème.
De nombreux objets ont été transférés de l’ancien Musée égyptien, un bâtiment centenaire et surpeuplé situé place Tahrir au Caire mais également de muséesrégonaux. D’autres ont été récemment découverts dans d’anciennes nécropoles, comme la nécropole de Saqqara, un site de pyramides et de tombeaux situé à environ 22 kilomètres au sud du musée.
L’inauguration officielle de samedi a été marquée par l’ouverture de deux salles présentant 5 000 objets de la collection du roi Toutankhamon, exposés dans leur intégralité pour la première fois depuis la découverte du tombeau par Howard Carter en 1922. L’ancien musée égyptien manquait d’espace pour exposer tous les trésors du tombeau simultanément.
Hassan Allam , PDG de Hassan Allam Holding, qui gère le musée, a déclaré qu’ils prévoyaient un nombre de visiteurs quotidiens allant de 15 000 à 20 000, soit plus de 5 millions par an.
- Des objets antiques rencontrent la technologie moderne
Ahmed Ghoneim, le PDG du musée, a précisé que les salles sont équipées de toutes les technologies de pointe et proposent des présentations multimédias, notamment des expériences en réalité mixte et virtuelle, afin d’allier patrimoine et innovation du XXIe siècle.
Le voyage au cœur de l’histoire égyptienne commence bien avant que les visiteurs n’y pénètrent. Grâce à une application mobile, ils peuvent découvrir les détails des expositions, planifier leur visite et acheter leurs billets à l’avance.
Une fois sur place, le musée se transforme en un paysage numérique vivant et interactif : chaque salle offre « une expérience immersive qui allie des images à couper le souffle à une rigueur scientifique exemplaire. Au lieu de simplement contempler l’histoire, les visiteurs s’y plongent ».
- Visites personnalisées optimisées par l’IA
L’intelligence artificielle est au cœur de l’expérience des visiteurs. Grâce à l’application GEM ou aux tablettes mises à disposition sur place, le système basé sur l’IA identifie le profil du visiteur (chercheur, étudiant ou touriste) et conçoit un parcours personnalisé en fonction de ses centres d’intérêt.
Les passionnés d’architecture sont guidés vers des expositions mettant en lumière les techniques d’ingénierie et de construction antiques, tandis que les férus de mythologie parcourent des salles regorgeant de statues, d’artefacts et de reconstitutions 3D de légendes anciennes. « Chaque visiteur vit ainsi un voyage unique au cœur du patrimoine égyptien ».
- La réalité augmentée et la réalité virtuelle redonnent vie à l’histoire
Des expériences de réalité augmentée et virtuelle portent l’immersion « à un niveau inédit ». En pointant un appareil vers un objet, les visiteurs peuvent découvrir son apparence et son fonctionnement il y a des milliers d’années. lls peuvent ainsi assister à la construction des pyramides pierre par pierre ou admirer le trône de Toutankhamon restauré dans toute sa splendeur.
Dans certaines galeries, l’outil de médiation permet même d’explorer des tombeaux entiers de manière virtuelle, avec des commentaires multilingues, « offrant des perspectives auparavant réservées aux archéologues et aux historiens ».
- L’IA au service de la protection des trésors égyptiens
Au GEM, la technologie ne se limite pas à la narration : elle est aussi essentielle à la préservation et à la protection des objets.
Des capteurs déployés dans les salles, pilotés par l’IA surveillent en permanence la température, l’humidité et l’exposition à la lumière, garantissant ainsi la protection des artefacts fragiles.
Chaque pièce de la collection est cataloguée dans une base de données numérique exhaustive, qui consigne son état et son historique de conservation.
Des systèmes de surveillance avancés, également basés sur l’IA, assurent la préservation des artefacts et la sécurité des visiteurs, « établissant ainsi de nouvelles normes internationales en matière de gestion muséale ».
- Un espace pour apprendre et jouer
Le GEM valorise également l’éducation et la créativité. Dans des espaces d’apprentissage interactifs, les enfants peuvent utiliser des écrans tactiles pour construire des pyramides miniatures, concevoir des hiéroglyphes numériques ou même simuler des fouilles archéologiques.
« Ces expériences ludiques rendent l’histoire de l’Égypte accessible aux nouvelles générations tout en stimulant leur curiosité et leur imagination ».
- Un pont entre le passé et l’avenir
Alliant patrimoine antique et innovation moderne, le Grand Musée Égyptien se veut bien plus qu’une simple vitrine du passé : il souhaite être « un pont vers l’avenir ».
« Grâce à l’IA, la RA et la RV, il révolutionne la narration historique, garantissant ainsi que les merveilles de l’Égypte antique continuent d’inspirer l’admiration à l’ère numérique. En ouvrant ses portes, le musée n’invite pas seulement le monde à se tourner vers le passé ; il nous invite à vivre l’histoire comme jamais auparavant » explique le musée.
- Des cérémonies d’ouverture pharaoniques
L’inauguration officielle a eu lieu en présence de plus de 50 chefs d’état. Spectacle laser, orchestre symphonique, danseurs en tuniques inspirées des fresques antiques, sceptres et couronnes dorées, scènes spectaculaires de ballets et opéras animées par des dizaines d’artistes et de figurants en costumes, et enfin feu d’artifice géant: un spectacle pharaonique a marqué cette soirée d’ouverture du Grand musée égyptien au Caire.
L’ouverture au public du 3 novembre sera « marquée par des animations culturelles spéciales, célébrant le patrimoine intemporel de l’Égypte sur la scène mondiale ».
- Objectif : 5 millions de visiteurs par an
Le musée vise entre 15 000 et 20 000 visiteurs par jour, soit environ 5 millions par an.
Le gouvernement égyptien compte sur le nouveau musée pour relancer l’économie du pays par le tourisme. Au milieu des années 2010, l’Égypte n’attirait que quelques millions de touristes contre 15,7 millions de visiteurs en 2024. L’État a pour ambition d’augmenter ce chiffre à 30 millions en 2030.
SOURCES : presse
PHOTOS : GEM
PHOTO du carrousel : GEM