“Des archéologues de Harvard et d’Oxford vont inonder la région d’appareils photo 3D afin de faire un recensement numérique de tous les objets menacés”, explique ainsi le quotidien britannique.

Le projet, dont le coût est estimé à 2 millions de livres, soit 2,7 millions d’euros, a été imaginé par le centre d’archéologie numérique d’Oxford (Institut d’archéologie numérique, IDA), qui, grâce à ses partenaires au Moyen-Orient, espère récolter 20 millions de photographies d’antiquités (accompagnées de leurs informations et données GPS) d’ici 2017 et ainsi remporter “la course contre les bulldozers et les masses de Daech”. Dès 2016, le projet vise à capturer un million d’images de qualité haute définition des objets et monuments en périll, dans les zones couvrant la Syrie, l’Irak, le Liban, la Turquie, l’Iran et le Yémen.

“En plaçant la mémoire de notre passé dans le domaine numérique, il se situera à jamais hors de portée des vandales et des terroristes”, a déclaré le directeur de l’IDA, Roger Michel au journal The Times.

Des centaines d’appareils photo 3D seront distribués d’ici fin septembre en Irak, puis le système sera développé au Liban, en Iran, au Yémen, en Afghanistan et dans l’est de la Turquie. L’université d’Oxford a réussi à fabriquer ces appareils à bas coût, chacun valant seulement 27 euros.

“Nous avons créé une version fortement modifiée d’une caméra 3D qui permettra aux utilisateurs inexpérimentés de produire des scans de qualité HD”, expliquent les initiateurs du projet. “L’appareil a la possibilité de télécharger automatiquement ces images sur des serveurs de base de données où ils pourront être utilisés pour l’étude et, si nécessaire, la réplication 3D. Il est de notre intention de déployer jusqu’à 5 000 de ces caméras 3D à faible coût dans les zones de conflit à travers le monde d’ici la fin de 2015.”

Prototype de l’appareil photo numérique 3D conçu par l’IDA

Les trésors détruits réimprimés en 3D

L’objectif est de photographier les objets anciens sous plusieurs angles afin de créer un fichier numérique. Ce dernier sera mis à la disposition de tous, et notamment des forces de l’ordre, pour qu’elles puissent traquer les trafiquants internationaux. De plus, “si les trésors photographiés sont détruits par Daech, les universitaires pourront utiliser la technologie de l’impression 3D afin de les reconstruire dans un style identique aux antiquités originales”, indique The Times.

Les archéologues de Harvard et d’Oxford rejoignent l’UNESCO et le projet de base de données épigraphiques de l’Institut de l’Université de New York pour l’étude de l’Ancien Monde pour lancer le projet de base de données “Million Images”.

La mise en place de ce plan a été accéléré alors que l’organisation Etat islamique multiplie les destructions systématiques de trésors archéologiques, notamment dans la cité antique de Palmyre. Le  Temple de Baalshamin, vieux de plus de 2 000 ans,  et et la ville de Nimroud ont ainsi déjà disparu.

La destruction de Palmyre prouvée par les photos satellites (c) ONU

“C’est une course contre le temps” a expliqué Roger Michel lors d’une émission de BBC Radio 4. “Nous avons du bouleverser notre calendrier en raison des destructions récentes.”

Cette initiative rejoint la plateforme MOSUL 3D (project Mosul) créées par deux étudiants. Leur objectif: restaurer virtuellement les vestiges détruits au musée de Mossoul et les mettre à disposition du monde sous la forme d’un musée virtuel.