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Dans le cadre de l’exposition Molière, la BnF et ses partenaires créent un chatbot consacré à Dom Juan

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Temps de lecture : 4 min

La première exposition temporaire de la nouvelle BNF Richelieu “le jeu du vrai et du faux” est consacrée à Molière et le quadri centenaire de sa naissance. A cette occasion, l’institution, un artiste et l’Université Paris 8 se sont associés pour créer LITTE_BOT, un chatbot qui incarne le Dom Juan de Molière. Les visiteurs de l’exposition Molière, le jeu du vrai et du faux auront l’occasion de l’expérimenter à la sortie de leur visite, en accès libre dans le hall Roux-Spitz.

[EVENT CLIC] Le 28 septembre 2022, à 16.00, le CLIC France invite ses membres à visiter la nouvelle exposition Molière de la BNF (site Richelieu) et à découvrir / tester le chatbot libre, LITTE_BOT, qui sera présent dans l’exposition. En présence de l’artiste Rocio Berenguer.

L’évènement permettra de visiter l’exposition consacrée au quadricentenaire de Molière et de tester l’outil conversationnel.

Activité réservée à 25 membres. Inscription obligatoire. visite@club-innovation-culture.fr

Molière – 2018 – © Stéphane Lavoué et Christian Lacroix – Bibliothèque-musée de la Comédie-Française

L’exposition Molière, le jeu du vrai et du faux inaugure la galerie Mansart – galerie Pigott sur le site Richelieu entièrement rouvert au public.

Programmée pour le quadri-centenaire de la naissance de Molière, elle offre un parcours dans l’œuvre du dramaturge qui en souligne la portée universelle.

L’exposition réunit un ensemble exceptionnel d’œuvres d’art, de pièces d’archives, d’éditions originales, de costumes, de photographies, de maquettes de décors et de documents audiovisuels provenant principalement des collections de la BnF et de la Comédie-Française

“Les chatbots se banalisent dans notre quotidien. Peuvent-ils modifier l’approche des œuvres littéraires en procurant une expérience inédite des textes, ludique et stimulante, ou en facilitant leur accès à ceux qui ont du mal avec la lecture ?” C’est la question que se sont posée la dramaturge Rocio Berenguer, l’Université Paris 8 et la BnF.

LITTE_BOT est le résultat de ce projet de recherche-création mené dans le cadre de l’EUR ArTeC, conjuguant les apports artistiques et scientifiques. 

Une machine peut-elle incarner un personnage de théâtre ? Peut-on donner vie au Dom Juan de Molière ? L’intelligence artificielle peut-elle réaliser ce miracle ? En essayant d’y parvenir, les porteurs du projet ont aussi voulu la démystifier et en expliquer les rouages.

Un chatbot est le résultat de compromis et de stratégies pour donner l’illusion d’une conversation humaine. LITTE_BOT se veut un chatbot ouvert, c’est-à-dire capable de mener une conversation en toute autonomie, à l’inverse des chatbots fermés reposant sur une base de questions-réponses. 

Pour un chatbot littéraire, les défis ont été nombreux, et les compromis aussi.

L’idée est née de la rencontre entre Joël Huthwohl, directeur du département des Arts du spectacle de la BnF et l’artiste Rocio Berenguer, qui proposait de concevoir un chatbot littéraire.

Le quadricentenaire de Molière et l’exposition “Le jeu du vrai et du faux” étaient l’occasion idéale.

Ce choix a entraîné la nécessité de constituer une base de données uniquement composée de dialogues de théâtre, en français du XVIIème siècle. Cette base devait être assez importante pour entraîner les modèles d’apprentissage profond (Seq2Seq, puis GPT-2).

Au cours des discussions, il a été décidé de choisir un personnage de Molière. Ce sera Dom Juan : d’après Georges Forestier, conseiller scientifique du projet, ce personnage a l’obsession de la rencontre : quoi de mieux pour un chatbot engageant ?

Mais le texte de la pièce Dom Juan ou le Festin de Pierre n’était pas suffisant pour alimenter le chatbot. Il a fallu progressivement élargir le corpus, à tout le théâtre de Molière, puis au Dom Juan de trois auteurs contemporains — Rosimond, Dorimond et Villiers, puis encore à tout le théâtre classique (qu’un passionné, Paul Fièvre, a heureusement mis en ligne sous un format exploitable). 

LITTE_BOT un est projet réellement collaboratif.

Les enseignants-chercheurs Anna Pappa (Laboratoire LIASD) et Samuel Szoniecky (Laboratoire Paragraphe) de Paris 8 ont conceptualisé les choix technologiques, développé la base de données, y compris grâce à un générateur automatique, et modélisé le chatbot.

C’est le cabinet B12 Consulting qui a développé la version publique du chatbot présentée dans l’exposition.

Léopold Frey, ingénieur de l’équipe de Rocio Berenguer, a mis la dernière main pour assembler toutes les briques et lui donner une voix de synthèse.

Il faut aussi mettre en scène le chatbot, comme on dirigerait un acteur.

Crédits : Hugo Arcier et Rocio Berenguer.

C’est le travail de Rocio Berenguer. La base de données a été indexée avec des intentions, pour donner l’illusion d’une intelligence artificielle capable de séduction et de métaphysique.

Un chatbot fermé prend subrepticement la place du chatbot ouvert au cours de la conversation pour mener le visiteur à travers une séquence de séduction, de provocation et de fuite. Il laisse la place, pour finir, au chatbot ouvert, qui invite le visiteur à le réinterpréter pour le libérer de son destin tragique. 

Enfin, pour interagir avec le chatbot, Rocio Berenguer a habillé l’interface neutre du chatbot avec un visage animé et mouvant, conçu par Hugo Arcier.

Grâce à la technique du morphing, le visage de Dom Juan adopte peu à peu les traits du visiteur, tout comme son IA continue à s’entraîner avec chaque conversation.

L’artiste et constructeur Arthur Geslin a co-conçu et réalisé la cabine BOT°PHONE, où le visiteur peut s’installer confortablement pour téléphoner à Dom Juan. Possible résurgence des théâtrophones de la Belle Époque, il accueille en LITTE_BOT un nouveau Dom Juan et invite, comme Molière pourrait peut-être le faire, à questionner les engouements suscités par l’intelligence artificielle.

Le projet LITTE_BOT a reçu le soutien de l’Ecole de recherche universitaire ArTeC, au titre du Programme d’investissements d’avenir portant la référence ANR-17-EURE-0008, de l’Université Paris Lumières et de B12 Consulting. Il a été initié dans le cadre de Gallica Studio (dispositif aujourd’hui terminé) qui encourage les réutilisations de Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF et de ses partenaires. Le corpus Molière mis en forme par le Labex OBVIL (Sorbonne Université) a notamment été utilisé.

Exposition “MOLIÈRE, LE JEU DU VRAI ET DU FAUX”

Du  au 

BNF Richelieu – Galerie Mansart – galerie Pigott

SOURCE: BNF

PHOTOS: BNF

Date de première publication: 15/09/2022

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