Alors que la loi interdit à de nombreux musées nationaux du Royaume-Uni, notamment le V&A et le British Museum, de restituer de manière permanente des objets de leurs collections, les accords de prêt à long terme sont devenus un moyen populaire pour apaiser les revendications et conflits diplomatiques entourant les objets contestés.

Dans ce contexte, le British Museum et le V&A ont conclu un accord inédit prévoyant le prêt d’objets rares, pour une période de trois ans avec possibilité de prolongation. 

L’accord de prêt n’a pas été conclu avec le gouvernement ghanéen, mais avec Otumfo Osei Tutu II, l’actuel roi Asante, appelé Asantehene. Bien que le Ghana soit une nation démocratique, la royauté Asante exerce une influence considérable sur les affaires culturelles du pays.

Au total, 17 objets de la collection V&A et 15 objets du British Museum doivent être prêtés au Musée du palais de Manhyia, situé dans le complexe du palais de l’Asantehene à Kumasi, au Ghana, dans le cadre d’accords distincts de trois ans.

Le conservateur de l’Afrique, de l’Océanie et des Amériques au British Museum, le Dr Lissant Bolton, a déclaré : “Nous avons le privilège d’avoir construit un partenariat culturel de longue date avec le Manhyia Palace Museum, en travaillant ensemble au cours des cinq dernières décennies. Cette relation est d’une grande importance pour nous”.

Le directeur du V&A, le Dr Tristram Hunt, a ajouté : “Dans le cadre de notre engagement à partager des collections avec un passé colonial, nous sommes ravis de voir ces objets exposés au public, au Ghana, dans le cadre des célébrations du jubilé d’argent d’Asantehene Otumfuo Osei Tutu II. Nous remercions l’Asantehene pour son leadership et espérons poursuivre notre collaboration”.

Reportage de la BBC: 

  • 150e anniversaire de la guerre anglo-Asante de 1873-1874

Les collections feront partie d’une exposition prévue pour célébrer le jubilé d’argent 2024 de Sa Majesté Royale, l’Asantehene, Osei Tutu II, et pour commémorer le 150e anniversaire de la guerre anglo-Asante de 1873-1874.

Ce sera la première fois que certains de ces objets seront présentés au Ghana depuis 150 ans. Tristram Hunt, directeur du V&A, a décrit les insignes de la cour comme l’équivalent de “nos joyaux de la couronne”.

Le Manhyia Palace Museum a sélectionné 15 objets de la collection d’objets du Royaume d’Asante du British Museum, considérée comme la plus grande collection de ce type au Royaume-Uni.

  • Origines diverses

Nana Oforiatta Ayim, conseillère spéciale du ministre ghanéen de la Culture, a déclaré à la BBC que “la signification culturelle des objets transcendait leur valeur matérielle”. Ce ne sont pas seulement des objets, ils ont aussi une importance spirituelle. Ils font partie de l’âme de la nation. Ce sont des morceaux de nous-mêmes qui reviennent”.

La plupart des objets prêtés ont été pillés à Kumasi lors des guerres anglo-asante du 19e siècle. Certains des objets faisaient également partie d’une indemnité britannique obtenue de force auprès de l’Asantehene, tandis que de nombreux autres objets ont été vendus aux enchères puis dispersés parmi les musées et les collectionneurs privés.

Les objets prêtés par le V&A comprennent ainsi les 13 pièces d’insignes royaux Asante pillées par l’armée britannique lors du raid et de la destruction du palais royal, qui ont ensuite été acquises par le musée lors d’une vente aux enchères en 1874.

Deux autres objets d’ornement en or achetés par le V&A moins d’une décennie après le raid se rendent également à Kumasi : une bague en or offerte par un collectionneur en 1921 et un ornement en or en forme d’aigle offert par une famille militaire en 1936. .

  • Une restitution qui ne dit pas son nom ? 

“Il ne me semble pas que tous nos musées s’effondreront si nous construisons ce genre de partenariats et d’échanges”, a ajouté le directeur de V&A, Tristram Hunt, à la BBC, ajoutant que l’accord n’est “pas une restitution par la porte dérobée” ou un accord permanent. Mais la conseillère spéciale du ministre ghanéen de la Culture considère que “c’est un premier pas”.

Une source haut placée du British Museum a déclaré au Telegraph qu’il espérait que l’accord avec le Ghana pourrait inspirer un arrangement similaire sur les marbres du Parthénon, un groupe de sculptures réclamé par la Grèce depuis plusieurs siècles.

SOURCES: British Museum, V&A (CP), presse

PHOTOS: British Museum, V&A

Date de première publication: 26/01/2024