La start-up suisse Artmyn lève 3.6 millions d’euros pour déployer ses scanners d’œuvres d’art en Europe et en Amérique

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Temps de lecture : 8 min

ARTMYN, la startup suisse, qui “révolutionne la façon dont l’art est vécu, promu et authentifié”, a levé 4 millions de CHF (environ 3.6 M€) lors d’un tour de financement mené par la marketplace d’arts Invaluable, avec la participation de plusieurs investisseurs privés. Artmyn a récemment numérisé en 5D des oeuvres de Picasso, Léonard de Vinci ou Soulages. La société souhaite déployer ses scanners dans les salles de ventes, mais pourquoi pas aussi dans les musées ? 

Le 30 octobre 2019, Artmyn, la startup art tech suisse, annonce avoir levé 4 millions de francs suisses auprès de ses actionnaires historiques et d’Invaluable, le principal agrégateur mondial de ventes aux enchères en ligne. Grâce à cette opération, elle va pouvoir déployer ses scanners uniques dans les maisons de vente partenaires d’Invaluable, en Europe et en Amérique, d’ici la fin de l’année. L’Asie devrait bénéficier de cette technologie dans un deuxième temps.

L’entreprise annonce également qu’en plus de leurs capacités actuelles de captation, ses scanners seront désormais équipés de l’infrarouge, un mode de visualisation qui permet de révéler les sous-couches des tableaux.

“Jusqu’à aujourd’hui, l’analyse infrarouge était réservée aux œuvres rares, et sur demande seulement. Désormais, grâce à Artmyn, ce type de captation est automatisé, sans coût supplémentaire et rendu totalement inoffensif pour la matière. Avec le volume d’oeuvres numérisées, nous nous attendons à de nombreuses découvertes, qu’il s’agisse de dessins préparatoires, d’oeuvres cachées, de signatures ou de dates invisibles à l’oeil nu. En ajoutant ce mode de visualisation aux ultraviolets qui permettent déjà d’identifier des restaurations et repeints, ainsi qu’aux autres prismes lumineux qui équipent nos scanners, nous permettons une avancée majeure en matière d’expertise et d’authentification”, a déclaré Alexandre Catsicas, co-fondateur et CEO d’Artmyn“Grâce à l’automatisation des opérations de scanning nous pouvons offrir des tarifs adaptés aux besoins des maisons de vente aux enchères, ce qui rend possible la numérisation de tableaux, documents, dessins et objets d’art de valeurs très variées, de quelques milliers à plusieurs millions d’euros”.

Artmyn et la 5D 

ARTMYN offre la possibilité de créer des “doubles” numériques de tableaux, photographies ou objets précieux :

Grâce à une technologie qui révolutionne la façon de visualiser les oeuvres d’art sur écran, ARTMYN transforme la commercialisation, l’expertise et la protection de l’art.

Chaque numérisation génère des images interactives que l’on peut manipuler «un peu comme si on tenait les originaux entre les mains», ainsi que des vidéos immersives qui offrent de nouvelles expériences aux amateurs d’art. La galeries des oeuvres déjà numérisées en 5D est disponible sur le site web de la société.

À partir de maintenant, toutes les œuvres scannées seront systématiquement visibles en ultra haute définition (plus d’1,5 milliards de pixels), sous rayons infrarouges, sous ultraviolets et en lumière visible.

Les fonds récoltés seront utilisés notamment pour le déploiement des scanners auprès des maisons de ventes aux enchères en Europe et aux Etats-Unis, grâce à des partenariats stratégiques avec les Ports Francs de Genève, Sotheby’s et le site de vente en ligne Invaluable Arts.

Au service des artistes et des musées

Mais la technologie d’ARTMYN est également utilisée dans d’autres contextes, tels que des musées. Et ce sont les plus grands artistes qui ont le plus souvent fait parler de la société.

. Picasso: exploration du «Buste de Mousquetaire» en très haute résolution au Musée Picasso d’Antibes (juillet 2019)

Durant l’été 2019, le Musée Picasso d’Antibes a proposé de se balader virtuellement dans le «Buste de Mousquetaire» peint par Picasso en 1968, grâce à un outil développé par ARTMYN.

(c) Qoqa / Edwin Allan

Ce tableau accroché exceptionnellement dans les Alpes Maritimes, a été prêté par ses propriétaires, 25 000 membres de la communauté suisse QoQa qui s’étaient cotisés pour en faire l’acquisition en décembre 2017.

“On a évidemment imaginé qu’en présentant aussi cette version numérisée de notre tableau on allait détourner l’attention de l’original” explique à la Tribune de Genève Fabio Monte, responsable opérationnel chez QoQa.

Mais le Conservateur en chef du magnifique Musée Picasso installé dans le château Grimaldi d’Antibes, Jean-Louis Andral y voit plutôt des avantages: “C’est une manière d’appréhender l’art qui correspond peut-être à l’esprit du temps. Le multimédia qui forme ce projet, c’est un atout ludique. Les mômes vont adorer lui mettre la tête en bas à ce mousquetaire. Et après tout, juste à côté d’ici, il y a le technopôle de Sophia-Antipolis.”

Le «Buste de mousquetaire», qui appartenait à la succession Picasso, n’avait jamais été exposé publiquement avant que QoQa ne le propose au Mamco (Musée d’art moderne et contemporain) de Genève, où il a été accroché d’avril 2018 à janvier 2019 selon la volonté de ses multiples propriétaires.

. Léonard de Vinci, le tableau « Vierge au fuseau » dans tous ses détails dans un documentaire diffusé par ARTE

Produites par Artmyn, les images hautes résolution de la “Vierge au fuseau”, tableau présenté à l’exposition Léonard de Vinci du Louvre, ont été intégrées dans un documentaire diffusé par ARTE, “Léonard de Vinci : le chef-d’oeuvre redécouvert”.

Bande-annonce du documentaire:

Synopsis du documentaire: “Au fil d’une enquête conviant historiens de l’art et restaurateurs, ce documentaire captivant se penche sur une “Vierge au fuseau” dont la paternité pourrait être attribuée à Léonard de Vinci. Original ou copie ? Huile sur bois, La Vierge au fuseau est un tableau de petit format sur lequel la Vierge, drapée de bleu, tient contre son sein l’enfant Jésus, le regard élevé vers la croix que forme l’extrémité d’un fuseau. Le tableau, dont il existe plusieurs versions, notamment une exposée en Écosse, est-il de la main de Léonard de Vinci ? …  Passant La Vierge au fuseau au tamis de l’histoire, de la science et des historiens de l’art, cette enquête captivante livre les clés de ce qui pourrait être une nouvelle œuvre attribuée au génial artiste toscan.

. Numérisation des oeuvres de la Collection des musées de Lausanne

Les 3 musées de Lausanne (mcb-a, mudac et Musée de l’Elysée) réunis au sein du nouveau pôle muséale Plateforme 10 on confié à Artmyn la numérisation en 5D d’une partie des oeuvres de leurs collections. Les 3 institutions peuvent ainsi “présenter la diversité de leurs collections respectives sous un angle innovant”. Ce projet pionnier, initié grâce au fonds de soutien Engagement Migros, vise à tester et développer de nouvelles solutions de numérisation et de présentation interactive accompagné de programmes de médiation.

Les premières oeuvres numérisées par la start-up Artmyn sont présentées en ligne et peuvent être explorées de manière interactive sur le site web de Plateforme 10.

Parmi les oeuvres à explorer: Henri Matisse – “Nature morte au couteau noir” – 1896;  Pierre Bonnard – “Beau temps orageux” – 1910; Maurice Denis “Moscou” – 1909; René Burri – “Le cyclope” – 1972.

. Pierre Soulages

La technologie a été également salué par Pierre Soulages, plus célèbre peintre français vivant :

“La technologie d’ARTMYN est la première à avoir réussi à restituer à l’écran mes Outrenoirs”.

Le soutien des maisons de ventes aux enchères 

Artmyn a d’abord déployé sa technologie auprès des galeries ou des salles de ventes aux enchères. Comme l’explique la société : “Jusqu’à aujourd’hui, les amateurs qui découvraient les oeuvres depuis leur écran – et ils sont de plus en plus nombreux – devaient en effet s’appuyer sur des images 2D pour se forger une opinion. Difficile dans ces conditions de percevoir la réalité de la matière, les reliefs, la texture et toute la gamme des émotions générées par la technique et le geste de l’artiste. Quant à l’état de conservation, ils ne pouvaient généralement s’appuyer que sur le seul avis de la maison de vente”.

“Artmyn offre à nos clients un service unique pour sublimer les oeuvres d’art proposées à la vente et ainsi attirer de nouveaux acheteurs. Cette technologie va aider à créer le marché de l’art du 21ème siècle” déclare Romain Monteaux-Sarmiento, directeur de la communication et du marketing de la maison de ventes aux enchères Tajan à Paris.

Parmi les autres applications développées par les ingénieurs de l’entreprise suisse pour les acteurs du marché de l’art, on trouve des e-Catalogues qui remplacent les traditionnels «catalogues papiers » en offrant des vidéos et de nombreuses options de visualisation, ou des rapports de condition digitaux interactifs qui décrivent de façon précise et didactique dans quel état se trouve une oeuvre.

Dans le domaine de la sécurité, Artmyn a également créé des outils disruptifs : chaque numérisation capte « l’ADN » de l’oeuvre et génère une empreinte digitale numérique qui rend l’original impossible à falsifier. Elle en facilite également la recherche et l’identification en cas de disparition. Quant à ADDA, il s’agit d’un algorithme qui vérifie l’évolution de l’état de conservation d’une œuvre à différents moments, notamment après une expédition, un entreposage ou une restauration.

“Cette technologie me fournit des outils d’expertise inégalés et un moyen très précis de déterminer l’état d’une œuvre d’art avant et après un transport ou une exposition. C’est essentiel en cas de litige lié à l’assurance” souligne Pierre-Antoine Héritier, restaurateur d’art aux Ports francs de Genève.

En mai 2019, Artmyn a ouvert un centre de numérisation au sein des Ports Francs de Genève – un lieu réputé pour abriter l’une des plus grandes concentration d’oeuvres d‘art au monde – destiné aussi bien aux propriétaires privés, qu’aux galeristes, artistes, experts, fondations ou musées.

Rob Weisberg, CEO d’Invaluable, rejoindra le conseil d’administration d’Artmyn en tant qu’investisseur.

“Nous sommes ravis de conclure un partenariat exclusif et d’investir dans Artmyn car l’association entre leur technologie exceptionnelle et la plateforme Invaluable, place de marché regroupant les meilleures maisons de ventes aux enchères du monde, va révolutionner le marché de l’art. Qu’il s’agisse de trouver de nouveaux biens à vendre ou d’améliorer l’expérience des acheteurs potentiels, cette nouvelle technologie ajoute de la valeur à toutes les étapes du parcours d’une oeuvre dans une maison de vente. Cela permettra aux partenaires avec lesquelles nous travaillons, de traiter chaque œuvre d’art comme un chef-d’œuvre” Rob Weisberg, CEO d’Invaluable.

Fondée en 2016, à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, la société ARTMYN développe des outils technologiques de pointe qui révolutionnent la promotion et la sécurité des oeuvres, ainsi que l’expérience artistique depuis tous types d’écran. Grâce à sa nouvelle génération de scanners et d’algorithmes, la technologie Artmyn extrait les caractéristiques uniques d’une œuvre d’art, son « ADN », sous différentes sources de lumière, dont la lumière ultraviolette et infrarouge. Cette technologie exclusive génère des images et des films interactifs en 5D accessibles depuis tous les appareils mobiles, Créée par Alexandre Catsicas, Loic Baboulaz, Matthieu Rudelle et Julien Lalande, la société a récemment été rejointe par Grégoire Debuire, ancien commissaire-priseur de Christie’s, en charge plus spécialement du marché français

www.artmyn.com

La société Artmyn a présenté sa technologie durant des événements récents du CLIC France, notamment lors de la journée à la BNF du 27 septembre 2019.

SOURCE: ARTMYN

Photos: ARTMYN

Date de première publication: 5/11/2019

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