Une étude Médiamétrie révèle que les jeunes Français de 15-24 ans friands de jeux vidéo sont aussi ceux qui sortent le plus pour des activités culturelles (concerts, musées voire théâtre). En effet, si 62 % des 15 à 24 ans vont dans les musées, chez les gamers, cette proportion (pour la même tranche d’âge) est de 72 %. Pour les concerts, c’est 37 %, contre 44 % chez les gamers. Et pour le théâtre, c’est 32 %, contre 42 % chez les gamers.
Les 15-24 ans ne pensent donc pas qu’à leur smartphone. Cette génération championne du digital ne boude ni la télévision, ni la radio, ni le cinéma. La passion des jeunes pour les jeux vidéo ne les rend pas asociaux. Haro sur les idées reçues. Selon Jamila Yahia-Messaoud, qui a dirigé l’étude pour Médiamétrie, “on considère que les joueurs sont une population un peu plus curieuse, qui aura plus affinités avec les activités de divertissement”.
Il est à noter que cette étude ne tient pas compte uniquement des joueurs sur console qui sont accros à des titres comme GTA, Call of Duty ou encore Fallout. Ceux qui jouent à des jeux sur mobile (gratuits ou payants) comme Candy Crush Saga ou Angry Birds sont aussi pris en compte.
Les modes de consommation médias diffèrent d’une génération à une autre, surtout chez les 15-24 ans. Ils représentent près de 12% de la population et sont à l’avant-garde de l’utilisation des outils high tech. Et contrairement aux idées reçues, les jeunes ne sont pas obnubilés par leur smartphone et ne se détournent pas des médias chers à leurs aînés. Ni de leurs aînés eux-mêmes d’ailleurs. Leur goût pour les jeux vidéo ne les a pas transformés en asociaux, détaille une étude sur les 15-24 ans conduite par Strategir-WSA et Médiamétrie.
Les jeunes transmettent à leurs aînés leur maîtrise du digital
Les 15-24 ans ne se servent pas de leur smartphone, de leur ordinateur ou de leur tablette uniquement pour communiquer entre eux. Dans leur quasi-totalité, ils les utilisent aussi pour communiquer avec leurs parents ou leurs grands-parents. Leur motivation est notamment d’éviter de recevoir des appels (85% le disent) aussi bien que le plaisir de faire un clin d’oeil (71%), voire de s’amuser (54%). En côtoyant les jeunes à l’aise avec les technologies digitales, bon nombre de parents ou de grands-parents ont eu l’occasion de s’en apercevoir : ils aident volontiers leurs aînés à surmonter les difficultés face à la nouveauté et à la complexité parfois du numérique. 90% des jeunes apportent ainsi une aide digitale, à leur famille d’abord, mais à l’extérieur largement aussi. Ils sont huit sur dix à aider des adultes à découvrir ou à se servir d’un écran (ordinateur, smartphone, tablette, téléviseur), sept sur dix d’une application ou d’un logiciel. Leur culture digitale, les jeunes la transmettent en masse à leurs aînés. Il est vrai que les générations plus âgées ne manquent pas de les solliciter (trois jeunes sur quatre le disent). Fait certain : les jeunes ont bel et bien conscience des difficultés de leurs aînés (63% le confient), et un sur deux s’affiche heureux dans l’idée de les rendre plus autonomes.
“Dans le cadre du numérique, les échanges entre les aînés et les jeunes évoluent, conclut Jamila Yahia Messaoud. Cette évolution est liée au fait que les jeunes maîtrisent très bien le digital. Du coup cela leur permet d’avoir une relation d’égal à égal avec leurs ainés, un échange et aussi une complicité.”
Télévision : le live l’emporte, le replay gagne du terrain
Même s’ils y consacrent un peu moins de temps chaque jour, les jeunes sont fans de télévision. Ils sont fréquemment en contact avec ce média (6,3 contacts par jour et par personne). Et si la regarder en rattrapage suscite un véritable engouement de leur part, la télévision en live traditionnelle tient toujours le haut du pavé dans leurs habitudes. Huit sur dix (78%) s’y adonnent, en effet, au moins une fois par semaine. Et grâce aux ordinateurs, aux tablettes et aux smartphones, les écrans prolifèrent et la mobilité dope les opportunités d’accès aux programmes. Deux jeunes sur dix regardent ainsi la télé en live autrement que sur un téléviseur. L’attrait pour les petits écrans est clair : 16% regardent la télévision en live sur leur ordinateur, 8% sur leur tablette et 6% sur leur smartphone. En outre, la télévision de rattrapage, délinéarisée, a le vent en poupe. Les 15-24 ans sont même les champions du replay et le phénomène prend de l’ampleur. Désormais, un bon tiers (34%) y succombe au moins une fois par semaine. Sur ce plan le téléviseur est cette fois largement concurrencé par l’ensemble des écrans de tailles inférieures, plus pratiques, plus mobiles. La majeure partie des jeunes préfère utiliser son ordinateur, sa tablette ou son smartphone pour regarder des programmes TV. Les frontières sont ainsi sans cesse repoussées en faveur des adeptes de « la télé que je veux, où je veux, quand je veux ».
Le smartphone, l’outil multitâches indispensable
Les 15-24 ans sont les plus équipés en smartphones : 82% d’entre eux en possèdent un. Ils y sont très attachés et plébiscitent cet outil multitâches : 88% l’estiment indispensable. Ils s’en servent tout au long de la journée car l’élargissement de l’accès Internet et la multiplication des écrans a considérablement augmenté les opportunités d’utilisation. L’instrument permet d’accéder, faut-il le souligner, au service ou au programme qu’on veut, où on veut et quand on veut, même la nuit. Réseaux sociaux, messagerie, appels téléphoniques… Les possibilités de contacts avec sa tribu, ses amis et ses relations deviennent immenses, à quoi s’ajoutent les opportunités illimitées d’écouter ou de visionner ses programmes préférés car 86,7% des 15-24 ans sont mobinautes. Ils ne délaissent pratiquement pas leur smartphone de la journée. Depuis la sonnerie qui les réveille le matin jusqu’au sms ou bien au tweet qui vont les surprendre en pleine nuit, en passant par l’écoute de la musique, le visionnage de vidéos, de films ou de séries, les achats de produits ou de services, le smartphone est devenu presque vital. En l’espace de 24 heures, un jeune a une multitude de contacts avec son téléphone mobile. Particulièrement en fin de journée mais on observe aussi des montées de ferveur en pleine journée. A 10 heures, 28,2% sont connectés à leur mobile, 33,3% à midi et 36,8% à 19 heures. Jusqu’à 21 heures, on dénombre encore 30% qui utilisent leur mobile. Les jeunes se distinguent ainsi fortement du reste de la population.
Toutefois, les jeunes savent mettre des limites à leur usage, prendre du recul, plus qu’on l’imagine communément. Quand on leur demande quel est leur écran préféré, c’est leur ordinateur qui se hisse en tête car c’est un outil de travail, souvent mobile, doté d’une rapidité d’accès à Internet. Le téléviseur arrive au deuxième rang des préférences, en raison du confort de visionnage que procure la large taille de l’écran et la qualité de l’image. Le téléphone portable, lui, n’arrive qu’au 3ème rang des écrans préférés.
Les réseaux sociaux ne suffisent pas à assouvir les besoins de communiquer
Les 15-24 ans communiquent beaucoup entre eux grâce aux réseaux sociaux mais recourent également à d’autres modes. Près de neuf sur dix sont inscrits sur au moins un réseau social. Facebook, règne en maître avec 76% d’adeptes contre 33% pour Snapchat, 24% pour Twitter et 18% pour Instagram.
Le recours à ces réseaux est certes très largement motivé par un besoin de communication mais il s’explique avant tout par un besoin de consultation, voire de participation à une tribu ou un cercle. C’est ainsi que 46% des jeunes suivent des pages d’artistes et 30% des marques commerciales. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de relever à quel point les jeunes communiquent entre eux, que ce soit par sms (70% le font tous les jours), par le biais d’un site Internet (42%) ou par un appel téléphonique en utilisant leur mobile (37%).
Fans de jeux vidéo, vidéophiles mais pas monomaniaques
Les internautes de 15-24 ans se distinguent aussi des autres générations par leur forte propension à regarder des programmes vidéo sur la Toile. L’intensité de cette pratique étonne les parents et les grands-parents, les agace parfois. Au point d’imaginer que les jeunes se sont détournés d’autres activités. Certes, une large moitié d’entre eux (53%) regardent des vidéos chaque semaine. Le smartphone facilite cette consommation de mini-programmes attractifs et aux formats très courts.
Si les jeunes sont également et surtout plus accros aux jeux vidéo que leurs aînés (65% ont joué au cours du dernier mois), les 25-34 ans et les 35-49 ans les suivent de près (56% pour chacune de ces populations). La pratique ne devient minoritaire que chez les 50 ans et plus. Les jeunes amateurs de jeux vidéo ne constituent donc nullement une catégorie à part. Du reste, ils ne représentent que 20% de l’ensemble des gamers. Quant à ceux qui imaginent que les jeunes sont plus aisément des gros joueurs que leurs aînés, ils se trompent. La proportion de gros joueurs s’avère très modeste chez les 15-24 ans (13% seulement). Sur ce plan là encore les jeunes ne forment pas une catégorie à part. Chez les 25-34 ans, la proportion est du même ordre.
Les jeux vidéos ne coupent pas des autres activités culturelles plus sociales
L’attrait des jeunes pour les jeux vidéo ne les coupent pas forcément du monde extérieur, même s’il existe parmi eux une sous population «d’accros ». Certes, bien des parents voyant leurs enfants s’isoler pour s’adonner à leur passion craignent qu’ils deviennent asociaux, voire sont persuadés qu’ils le sont devenus. Cette idée reçue ne correspond pas à la réalité.
Dans leur ensemble, les jeunes gamers sont loin de rester rivés chez eux pour assouvir pareille passion: ils bougent et sortent volontiers de leur domicile. Les activités en ce sens sont multiples: ils partent en week-end en dehors de leur domicile (85%), ils fréquentent un musée ou vont voir une exposition au moins une fois dans l’année (72%), ils se distraient dans un parc d’attraction (51%), ils assistent à un concert de musique moderne (44%) ou vont au théâtre (42%).
D’une façon générale, s’adonner aux jeux vidéo ne freine pas la consommation des médias traditionnels chez les 15-24 ans. Ils regardent la télévision autant, voire un peu plus, que l’ensemble des jeunes de leur âge. Ils écoutent la radio autant ou presque que la moyenne et lisent la presse autant sinon plus.
Le cinéma, priorité des sorties culturelles
Les 15-24 ans sortent de leur domicile afin de changer de cadre au sens large et se retrouver entre eux. Leurs sorties? Le cinéma caracole largement en tête (88% y vont au moins une fois par an base 2014) ensuite, nettement en retrait cependant, les expositions (40% y vont au moins une fois par an), les concerts de musique moderne (34%) ou les scènes de théâtre (20%). Seul l’opéra est à la traîne (7%), question de génération et de budget ?
Les jeunes plébiscitent le 7ème Art parce qu’il leur permet, au fond, de s’évader du quotidien (90% le déclarent), de se détendre (89%), de partager leurs émotions (83%) en étant assuré d’un confort de visionnage (85%) et de trouver là un support idéal pour goûter les effets spéciaux. Le tout dans une ambiance de convivialité pour partager leur prédilection en faveur des films d’action, des comédies, des films américains, fantastiques et d’horreur.
Les jeunes demeurent le noyau dur des salles obscures. La multiplication des petits écrans mobiles et un plus large accès au cinéma à la demande n’a pas mis fin à ce phénomène. Ce qui a changé, c’est que leur engouement s’est légèrement assagi. Désormais les jeunes vont voir 6 films par an en moyenne, soit 3 films de moins que dix ans plus tôt. Bilan : contrairement à une idée reçue, la fréquentation des salles est stable chez les jeunes depuis dix ans: 6,4 millions de jeunes en 2014 contre 6,6 millions en 2005.
Les jeunes n’écoutent pas la radio que le soir
En dépit de leur attrait pour les images et le smartphone, les 15-24 ans n’ont pas abandonné la radio, les programmes étant souvent filmés pour Internet, question de visibilité et d’accessibilité. Chaque jour, les trois quarts d’entre eux écoutent une station de radio. Leur écoute est loin d’être limitée aux émissions de libre antenne programmées le soir. L’après-midi, entre 14 et 18 heures, un quart d’entre eux écoutent une musicale. Plus généralement leur écoute s’échelonne tout au long de la journée à tel point que le nombre de contacts s’élève à six en l’espace de 24 heures et que la courbe d’audience au fil de la journée des jeunes auditeurs est analogue celle de l’ensemble des auditeurs de 13 ans et plus, à un niveau un peu moindre bien sûr.
Ce qui distingue les jeunes auditeurs des autres, c’est leur préférence pour les radios musicales. 12,3% d’entre eux sont branchés sur au moins une musicale en semaine. Une musicale? Rien d’étonnant : leur première motivation d’écoute de ce média, c’est en effet la musique en live, 74% des 15-24 ans le déclarent. Les études qualitatives sont très claires : pour les jeunes, la radio est le média numéro 1 pour découvrir la musique, davantage que les clips télé, mieux encore que le bouche-à-oreille. Cela dit, ils sont curieux d’informations. Trois sur dix s’informent via les flashes des musicales (base 18-24 ans), 19% via les généralistes. Au global, compte tenu du fait que certains écoutent les deux genres de stations, 40% s’informent via la radio.
En conclusion, résument les auteurs de l’étude, les 15-24 ans s’avèrent curieux, butineurs, exigeants, rapides, volatiles, joueurs, émotifs, prescripteurs et généreux. Vont-ils continuer sur leur lancée quand ils seront plus âgés? Ou reviendront-ils à une consommation traditionnelle une fois rentrés dans la vie active et après avoir fondé un foyer?
Réponse de Jamila Yahia Messaoud, Directrice des Départements Télécom, Cinéma et Comportement Média de Médiamétrie : “Cette question reste entière. Nous allons continuer à suivre ces populations dans les prochaines années. Mais il est fort à parier que leurs comportements médias actuels auront une influence sur leurs pratiques à venir. Il existera probablement une cohabitation entre les différents modes de consommations médias.”
SOURCE: Strategir-WSA et Médiamétrie
Date de première publication: 25/11/2015
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