Avec le « Jour des Écrivains » le musée d’Orsay propose une séance de lecture géante au milieu des oeuvres

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Temps de lecture : 7 min

Après le succès du « Jour des Peintres » en 2024, le musée d’Orsay propose un nouvel événement exceptionnel, cette fois dédié aux écrivains. Le jeudi 18 septembre 2025 de 17h à 21h30, une trentaine d’écrivains contemporains liront, au milieu des œuvres, quelques pages spécialement choisies de leurs textes, en résonance avec le musée et ses collections.

À travers sa programmation comme ses collections, le musée d’Orsay entretient depuis sa création des liens étroits avec le monde littéraire. Combien d’écrivains, à des époques où peinture, sculpture et littérature dialoguaient intensément, ont nourri leur imagination en contemplant les chefs-d’œuvre aujourd’hui exposés au musée ?

Comme l’écrivait l’ancien Président du musée, Sylvain Amic : « En 2024, avec la première édition du « Jour des Peintres » initié par Thomas Lévy Lasne et Nicolas Gausserand, le musée d’Orsay avait autant surpris que séduit le public en donnant à voir d’un seul coup d’un seul un véritable panorama de la scène picturale française. Aussi inédite que joyeuse, cette rencontre instaurait une proximité rare et précieuse entre artistes contemporains et visiteurs, et révélait la relation fusionnelle que les peintres de notre temps entretiennent avec la modernité, celle que le Musée d’Orsay donne à voir depuis bientôt 40 ans. Cette réussite saluée par tous nous incite à prolonger l’expérience, toujours dans cette dynamique faite de rencontres humaines, et à explorer d’autre champs. » (ARTICLE CLIC : Le jour des peintres: Orsay invite 80 peintres contemporains de la scène française à  rencontrer les visiteurs)

  • Associer art et littérature 

En conviant au cœur du musée ceux qui écrivent et en y faisant entendre leur voix, cet événement est aussi l’occasion de célébrer la lecture par un autre biais : celui, magnifiquement inspirant, de l’art.

Le public est invité à écouter, à dialoguer et à partager, le temps d’une soirée exceptionnelle, avec les écrivaines et écrivains qui font la littérature d’aujourd’hui.

  • Lectures et rencontres avec les auteurs

Les lectures seront suivies d’une rencontre avec les auteurs, permettant aux visiteurs d’échanger et de faire dédicacer leurs livres.

Les 32 auteurs participants sont Christine Angot, Pierre Assouline, Nathalie Azoulai, Bertrand Belin, Anne Berest, Claire Berest, Enki Bilal, Arnaud Cathrine, Sarah Chiche, Philippe Claudel, Charles Dantzig, David Foenkinos, Dan Franck, Adrien Goetz, Patrick Grainville, Yannick Haenel, Lola Lafon, Marie-Hélène Lafon, Camille Laurens, Maria Larrea, Diane Mazloum, Véronique Olmi, Christophe Ono-dit-Biot, Véronique Ovaldé, Sylvain Prudhomme, Atiq Rahimi, Éric Reinhardt, Jean-Marie Rouart, Jean-Christophe Rufin, Jean-Philippe Toussaint, Éric Vuillard et Alice Zeniter.

  • Des lectures au milieu des oeuvres

Au cours de la soirée, chaque écrivain propose deux lectures d’un texte, extrait de l’un de ses livres ou inédit, en lien avec le musée d’Orsay : la vie du musée, d’un artiste exposé ou encore d’une œuvre de la collection.

Ces lectures se tiennent dans les galeries du rez-de-chaussée du musée : (salle 3 – Le nu académique. Bouguereau, Cabanel, Salle 6 – Courbet et le réalisme, Salle 11 – Les débuts de Cézanne, Salle 18 – Bazille, Monet, Renoir : les années 1860).

À l’issue de chaque lecture, les auteurs retrouvent le public dans un espace convivial, organisé autour de tables, situé au centre et au fond de la nef du musée. Ce moment privilégié permet au public d’échanger avec les écrivains et de faire dédicacer leurs livres, disponibles à la vente sur place.

Sylvain Amic ajoutait : « À Orsay, nous croyons profondément à ces dialogues autour de notre bien commun, les collections. Parce que les discours sur les œuvres sont pluriels, parce que les sens sont multiples, nous pensons le musée comme un lieu où les savoirs s’échangent, où la connaissance se construit en empruntant des voies diverses, et parfois des chemins de traverse. Laisser pour une journée la place au écrivains, ce n’est pas nous dépouiller de notre expertise : c’est se mettre à l’écoute d’autres sensibilités et ouvrir d’autres portes. »

Alors que la Ministre de la Culture et la Ministre de l’Education nationale ont lancé en juillet 2025 les États généraux de la lecture pour la jeunesse, le musée d’Orsay s’associe à cet effort collectif.

« Le Jour des Écrivains » deviendra un rendez-vous régulier, « ouvert, joyeux, participatif » comme le qualifiait l’ancien président du musée.

  • 3 questions à … Christophe Ono-dit-Biot, commissaire du « Jour des Ecrivains »

. Comment est née l’idée du Jour des écrivains ? Quel est l’objectif de cette rencontre au cœur du musée ?

Sylvain Amic, le Président du musée d’Orsay, dont je voudrais saluer la mémoire, l’enthousiasme, la belle énergie, et la conception qu’il avait du musée comme un lieu vivant, transdisciplinaire, ouvert à de nouveaux publics, souhaitait (de la même manière qu’il avait ouvert le musée aux peintres contemporains l’an dernier), l’ouvrir le temps d’une soirée aux écrivains contemporains. Il s’agissait pour lui aussi d’une célébration de la lecture. Il m’a proposé de porter ce projet, et j’ai évidemment accepté. La lecture est une cause qui m’est chère, la lecture de textes, performés en public, me passionne, et j’ai un lien particulier au musée d’Orsay. A l’Orangerie, j’ai eu l’an dernier la chance de dire un de mes textes devant les Nymphéas, accompagné par le musicien Thomas de Pourquery. Quant au musée d’Orsay, il est largement mis en scène dans mon roman Plonger, où figurent d’ailleurs plusieurs de ses œuvres. Je pense souvent très souvent, avec une certaine envie à ce xixe siècle dans lequel s’ancre le musée par ses collections. Une époque où les écrivains et les peintres, les sculpteurs, les photographes, déjà, se fréquentaient énergiquement. Une époque, aussi, où les écrivains ont défendu par leurs mots – si l’on pense aux impressionnistes – de grands artistes encore pas très bien compris par leurs contemporains ! Pensons à Baudelaire, qui mit sa plume au service de Delacroix ou de Manet dont il ressentait la modernité. Le temps de cette belle soirée, dédiée à Sylvain Amic, nous allons recréer ce lien entre les artistes et les écrivains, qui sont, du reste, aussi des artistes !

. 32 écrivains sont invités à lire au milieu des œuvres : comment les avez-vous choisis ? A-t-il été difficile de les convaincre ?

Il s’agit d’auteurs (et ils ont accepté très vite de relever le défi) dans les œuvres desquels se manifeste spontanément une attention particulière à l’expression artistique.

Qu’il s’agisse de l’évocation d’un artiste, d’une œuvre, de la création en acte, ou de cet espace particulier, très inspirant, qu’est un musée. Car le principe de cette soirée est que les textes qui seront lus sont tirés d’un de leurs textes publiés. Ce sont eux qui ont choisi cet extrait, et l’idée est qu’il fasse écho, d’une manière ou d’une autre, à ce musée unique qu’est le musée d’Orsay. Écho au sens propre et pas seulement figuré, dans la mesure où ces textes seront dits dans l’espace du musée, au milieu des œuvres, et par l’écrivain lui-même.

. Quel dialogue avez-vous cherché à établir entre la littérature contemporaine et le musée, et en quoi ce dispositif renouvelle-t-il le rapport du visiteur à l’art et à la lecture ?

La création artistique (plastique) est-elle un sujet fréquent chez les auteurs d’aujourd’hui ? La figure de l’écrivain est très présente chez les auteurs d’aujourd’hui mais le thème de la création plastique l’est assez peu, en réalité. Notamment par rapport à d’autres époques, le xixe siècle que j’évoquais, ou celle du surréalisme.

Pour vous répondre sur le « dialogue », ce que nous voulions, avec Sylvain Amic et les équipes du musée d’Orsay (et je les remercie d’avoir rendu cela possible), c’est que la parole, le souffle des écrivains et des écrivaines puissent non seulement résonner dans les salles, mais que cette parole, ce souffle, circule au milieu des œuvres, et entre les auteurs puisque ceux-ci se relaieront dans chacune des quatre salles choisies, sans interruption, de 17h à 21h. Ce sera, en cela, une véritable performance : littéraire, artistique, physique, vivante.

Il ne faut pas oublier que le musée d’Orsay est une gare. Il y a un génie des lieux très particulier à ce musée, lié au mouvement, à une énergie qui circule. Ce dispositif contribuera à faire entendre que la littérature, c’est de la vie concentrée en mots, comme l’art est de la vie concentrée dans une toile, un bloc de marbre, un fragment de pellicule… etc… Et qu’il suffit d’un rien, une étincelle d’énergie, pour la libérer. Et réveiller ce génie des lieux.

Souleymane Diamanka au musée de l’Orangerie 01/24 credit © Delphine Migueres
  • Lecture et musique également au musée de l’Orangerie

Depuis 2022, chaque mois, le musée de l’Orangerie propose L’Echo des Nymphéas, une rencontre inédite entre littérature, musique et peinture autour des Nymphéas.

L’imaginaire et les mots des écrivains se mêlent aux sons et notes des musiciens le temps d’un concert-lecture inédit. Une balade singulière et éphémère au bord du bassin monumental de Claude Monet.

Plusieurs auteurs invités au Jour des Écrivains, signalés par l’astérisque *, participent également au cycle L’Écho des Nymphéas, qui se déploie sur la saison 2025 et 2026.

Programmation 2025/26 : Rim Battal & Lola Malique, violoncelle (13/10/25): Yannick Haenel* et Aurélie Saraf, harpe (17/11/25): Anne Berest* (15/12/25); Hervé Le Tellier et Antoine Sahler, piano, trompette, accordéon (12/01/26); Maylis de Kerangal et Cascadeur, clavier (23/02/26); Marie-Hélène Lafon* et Maëva Le Berre, violoncelle (30/03/26); Olivier Cadiot et Dominique Mahut, percussions (27/04/26): Emmanuel Guibert et Philippe Mouratoglou, guitare (18/05/26): Léonie Pernet et Gael Rakotondrabe, piano (22/06/26). A 19H00 & 20H30.

  • Le musée d’Orsay publie L’écho des Nymphéas

Le musée d’Orsay publie « L’écho des Nymphéas », nouvel ouvrage en coédition avec les Éditions de La Martinière, le 26 septembre 2025.

Claude Monet consacre les dernières années de sa vie à peindre plus de 250 toiles de son bassin des nymphéas à Giverny. Quelques mois après sa mort, et conformément à son souhait, huit panneaux monumentaux sont exposés au musée de l’Orangerie de manière permanente. En écho aux Nymphéas, ce livre propose une promenade en mots et en peinture dans les pas du maître.

Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité du cycle de L’Écho des Nymphéas : le rendez-vous littéraire et musical organisé par le musée de l’Orangerie.

Afin de retranscrire ce dialogue inédit, l’œuvre unique et fascinante de Claude Monet est accompagnée dans ce livre de citations issues des auteurs ayant participé aux deux premières saisons du cycle, d’extraits de textes littéraires, de correspondances, de poèmes, ou encore d’articles publiés au début du xxe siècle.

Auteure : Claire Bernardi, conservatrice générale du patrimoine et directrice du musée de l’Orangerie depuis 2021. Format : 160 pages – 170 × 240 mm. Éditeur : Coédition musée d’Orsay / Éditions de La Martinière. Prix : 25 €.

Informations pratiques sur Le Jour des Ecrivains

Jeudi 18 septembre 2025 de 17h à 21h30.

Inclus dans le billet d’entrée au musée
Gratuit pour les moins de 26 ans

Commissariat : Christophe Ono-dit-Biot. Programmation : Antonine Fulla, directrice de la programmation culturelle et des auditoriums, musée d’Orsay.

www.musee-orsay.fr/fr/magazine/les-ecrivains-au-musee-dorsay

SOURCE : Musée d’Orsay (CP)

PHOTO : Musée d’Orsay

Date de première publication :17/09/2025

Le Musée d’Orsay est membre du CLIC

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