Le Musée d’Orsay a lancé la restauration – en public – du tableau monumental Un enterrement à Ornans de Gustave Courbet

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Le 5 mai 2025, le musée d’Orsay lance la restauration de Un enterrement à Ornans, œuvre monumentale exécutée par Gustave Courbet entre 1849 et 1850. Par son sujet novateur, ses dimensions hors normes et sa place centrale dans l’histoire de l’art, ce tableau constitue l’une des pièces majeures du musée. Un enterrement à Ornans n’a pas fait l’objet d’une intervention fondamentale depuis un demi-siècle. Aujourd’hui, du fait de son châssis déformé (occasionnant un relâchement de la toile et la fragilité de ses coutures) et de l’opacification de son vernis, compromettant la lecture de l’œuvre, le tableau nécessite d’être restauré. Cette opération d’envergure intervient dix ans après celle menée sur L’Atelier du peintre de Courbet. 

  • Une restauration en public

La restauration du tableau Un enterrement à Ornans a lieu au sein d’un espace clos spécialement aménagé à cet effet dans la salle 7, au rez-de-chaussée du musée, où le tableau est habituellement accroché.

Elle est menée par sept restaurateurs de l’atelier Arcanes.

La palissade qui isole le chantier de restauration a été dessinée par les architectes et le service graphique de l’Établissement. Elle a été entièrement réalisée par les ateliers de menuiserie, de plexiglas et de métallerie du musée. Elle permet aux restaurateurs de travailler tout en offrant au public d’observer leur travail au travers de baies vitrées. La palissade est également un support de médiation écrite et numérique.

Des visites commentées du chantier de restauration seront proposées gratuitement au public à partir du 5 juin 2025 chaque jeudi matin, à 9h45, 10h30 et 11h15.
La réservation est obligatoire sur le site du musée.

Cette restauration a été rendue possible grâce au financement de la Bank of America Charitable Foundation.

  • Les défis de conservation d’Un enterrement à Ornans

Un enterrement à Ornans n’avait pas été restauré depuis au moins un demi-siècle. Le musée d’Orsay et le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) ont mené plusieurs examens pour attester des dégâts du temps sur l’œuvre.

La technique picturale adoptée par Gustave Courbet est dense et expressive, caractérisée par des empâtements généreux, une matière épaisse et des applications parfois réalisées au couteau. Ce traitement vigoureux de la surface, combiné à des supports souvent de grand format, pose des défis spécifiques en matière de conservation. Les désordres observés sur ses œuvres sont fréquemment liés à la nature de la superposition des couches et à l’instabilité de certains liants, notamment dans les zones de forte concentration pigmentaire. Il en résulte des réseaux de craquelures actives, des soulèvements localisés et, dans certains cas, des pertes d’adhérence entre les différentes strates. Les grands formats, courants dans la production de l’artiste, accentuent ces phénomènes en raison de contraintes mécaniques supplémentaires, notamment lors des manipulations.

L’histoire matérielle de Un enterrement à Ornans est jalonnée de nombreuses expositions, de fréquents déplacements, démontages et remontages de l’œuvre depuis sa création – notamment à l’occasion de prêts à des expositions. Ceux-ci ont entraîné des modifications de son format et ont fragilisé la toile, en particulier à la jonction des lés cousus horizontalement. Le châssis à expansion, ajouté en 1884, est aujourd’hui déformé sous le poids de l’œuvre, affectant la tension du support. Le tableau n’a jamais été rentoilé. La toile présente également des coutures, des plis, des déformations et des déchirures, qui ont été réparées à différentes époques à l’aide de matériaux variés.

Le tableau est aujourd’hui recouvert de plusieurs couches de vernis anciens, parfois mal appliqués, jaunis et épaissis, qui empêchent d’appréhender les couleurs d’origine. Outre qu’ils ont altéré la lisibilité de la composition et affaibli les puissantes qualités esthétiques de l’œuvre, ces accumulations de matériaux non originaux empêchent également un refixage efficace de la couche picturale. Il paraît donc souhaitable de dégager autant que possible la surface de ces traces d’interventions anciennes, désormais altérées et désaccordées chromatiquement. Cela ne peut se faire que de façon progressive, après un examen attentif de la pertinence de chaque opération.

  • 10 ans après la restauration de L’Atelier du peintre

Ce n’est pas la première fois qu’une œuvre de Gustave Courbet est restaurée aux yeux du public au Musée d’Orsay. L’Atelier du peintre, un autre tableau emblématique de l’artiste, avait été soumis à une large opération de restauration en 2013, pendant trois ans et demi.

Par son sujet, sa place dans l’histoire de l’art et sa taille monumentaleL’Atelier du peintre de Gustave Courbet (1855) est l’une des œuvres majeures conservées par le musée d’Orsay. Fragilisé par une histoire matérielle complexe, ce chef-d’œuvre, entré dans les collections nationales avec l‘aide d’une souscription publique et de la Société des Amis du Louvre en 1920, avait besoin de cette restauration.

Celle-ci s’est également déroulée en public, dans un espace vitré qui isolait les restaurateurs tout en permettant aux visiteurs de suivre les interventions. Cet équipement avait bénéficié d’un mécénat de Saint-Gobain.

Cette restauration avait également fait l’objet d’un financement populaire via une campagne de crowdfunding sur la plateforme Ulule. La collecte a contribué à financer la seconde phase de la restauration : le support (revers) de l’œuvre. L’opération extrêmement délicate a mobilisé plus de 10 personnes.

Plus de 1 335 personnes avaient « choisi de devenir acteurs de la restauration de L’Atelier du peintre. En 80 jours, le 19 décembre 2024, cette mobilisation a permis de réunir 155 374 €, pour un objectif de 30 000 €. A date, cette opération était l’une des plus grandes campagnes jamais menées en France par un musée sur un site dédié au financement participatif.

Par ailleurs, un dispositif de réalité augmentée et un système de médiation accessible avaient été mis en place face à l’enceinte vitrée, « permettant à chacun de vivre une expérience poétique et immersive ». Cette installation inédite en France est possible grâce aux mécénats d’Orange et de la Fondation du patrimoine.

SOURCE: Musée d’Orsay 

PHOTOS : © Musée d’Orsay / Sophie Crépy

PHOTO du carrousel: Gustave Courbet, Un enterrement à Ornans, entre 1849 et 1850
Musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / RMN

Date de première publication: 15/05/2025

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