Crowdfunding, guide multimédia, table multitouch, gifs animés, art numérique … le MUDO Musée de l’Oise, fermé pendant 2 ans, s’est emparé du numérique sous toutes ses formes pour ré ouvrir ses portes. Objectif: conjuguer art et innovation pour se hisser au niveau des plus grands.
Après deux ans d’une rénovation architecturale et muséographique de grande ampleur, le MUDO-Musée de l’Oise a réouvert les portes du palais Renaissance le 25 janvier 2015.
Avec ce projet ambitieux, de près de 10 millions, porté par le Département de l’Oise avec le concours financier de la Région Picardie et de l’Etat, le MUDO-Musée de l’Oise propose aujourd’hui une expérience de visite renouvelée grâce à une rénovation associant valorisation patrimoniale du palais épiscopal et aménagement contemporain, une médiation intégrant fortement la dimension numérique et une programmation basée également sur les nouvelles technologies.
1841 – 2015: 174 années de la vie d’un musée
En 1841, l’historien Louis Graves et la Société académique de l’Oise crée un musée “afin que les objets curieux et intéressants pour l’art et l’histoire de ce pays soient sauvés de la destruction et conservés à la science”. En 1908, n’ayant pu réaliser le transfert des œuvres dans un lieu adapté, la Ville de Beauvais et la Société académique de l’Oise offrent l’ensemble de la collection au Conseil général de l’Oise. Dès 1909, le département fait l’acquisition d’un vaste bâtiment situé au nord de la cathédrale pour le musée. Après les deux guerres, en 1960, les collections rejoignent les combles de l’ancien palais épiscopal alors occupé par l’administration judiciaire. Des travaux d’aménagement sont entrepris en 1974 et le nouveau musée, considérablement enrichi, ouvre ses portes au public en 1981.
Une rénovation ambitieuse
Depuis lors, situé au pied de la cathédrale de Beauvais, le MUDO-Musée de l’Oise est installé dans l’ancien palais des évêques-comtes de Beauvais, édifié au XIIe siècle par Henri de France, frère du roi. Des problèmes structurels dans le logis épiscopal obligent le musée à fermer le palais Renaissance en 1997, le châtelet d’entrée et les espaces d’exposition temporaires restant ouverts au public. Dans les années 2000, plusieurs études sont lancées pour rénover le lieu tout en prenant en compte la complexité du site classé monument historique. C’est en 2011, grâce à l’engagement du Département de l’Oise que la rénovation du musée est enfin programmée. De 2012 à 2014, tous les corps de métiers se sont mobilisés pour rénover le 1er étage du palais Renaissance et sa majestueuse façade XVIe siècle. Afin de favoriser l’accessibilité du bâtiment, un ascenseur a été installé pour desservir les trois étages du palais et faciliter ainsi l’accès à la spectaculaire salle sous-charpente de 14 mètres de haut, au dernier étage, dès janvier 2015.
La rénovation en images:
La rénovation en quelques chiffres:
Maitrise d’ouvrage: Conseil général de l’Oise
Maîtrises d’œuvre-Monument historique : Etienne Poncelet, architecte en chef
Muséographie : Cabinet AUM
Coût de la rénovation : 9,44 millions d’euros TTC dont 53% par le Département de l’Oise, 39,2% par la Région Picardie et 7,8% par la DRAC
Parcours et muséographie repensés
La muséographie confiée au cabinet AUM est placée “sous le signe de la neutralité et de la modularité des espaces”, permettant de mettre en valeur l’ensemble de la collection, des peintures du XIXe à l’œuvre contemporaine de Charles Sandison.
Au cœur du palais Renaissance rénové, le nouveau parcours XIXe invite le visiteur au voyage à travers une sélection d’œuvres de Camille Corot, Alfred Sisley, Paul Huet et Prosper Marilhat pour ne citer qu’eux, dédiés au paysage, des forêts françaises aux lacs italiens, des confins de l’Orient au frimas danois. Le musée a ensuite choisi de mettre en valeur les peintures décoratives d’Alexis Joseph Mazerolle et Pierre-Victor Galland notamment, ainsi que de magnifiques céramiques de Jules-Claude Ziegler.
Présentée dans l’ancienne salle des assises, l’impressionnante toile inachevée de Thomas Couture, L’Enrôlement des volontaires de 1792, rénovée grâce au mécénat participatif, déploie désormais ses 45 m2 aux côtés de nombreuses études préparatoires. Le parcours se termine sous le regard de la Vierge de Jean-Auguste Dominique Ingres, d’une sélection d’esquisses peintes et de modèles sculptés exprimant le renouveau de l’art religieux de ce siècle fécond.
Pour stimuler le regard et susciter le questionnement du visiteur, le dialogue inter-siècles (les paysages danois en vis-à-vis de l’œuvre vidéo de l’artiste contemporain Ange Leccia) vient ponctuer la présentation thématique de la collection (le XIXe siècle, du Premier Empire à la Troisième République, le paysage, l’âge d’or du décor et les arts décoratifs, le renouveau de l’art religieux ).
Le MUDO-Musée de l’Oise en chiffres:
Près de 30.000 objets dans les collections dont 950 peintures, 990 sculptures, 5.320 céramiques, 11.790 pièces archéologiques, 3.895 dessins, 2.490 estampes, 7.000 livres, 40 périodiques, 25.000 visiteurs en 2013 et 30 agents.
Une programmation de réouverture intégrant le numérique
Au dernier étage du palais, portant une vision contemporaine sur l’histoire et les collections du musée, l’artiste Charles Sandison (Grand palais, Musée d’Orsay…) crée l’événement avec sa nouvelle œuvre numérique, Axis Mundi, installée dans un spectaculaire espace sous charpente du musée, de 15 mètres de hauteur.
Proposée du 25 janvier au 28 juin 2015, Axis Mundi, 2014 est une installation composée de 16 ordinateurs et 16 vidéoprojecteurs en réseau. Trois ans après sa dernière installation numérique en France, l’artiste nous livre une création exceptionnelle dans l’impressionnant espace sous-charpente du musée.
“L’oeuvre de commande porte un regard inédit sur cet espace emblématique, réinventant l’arbre universel unissant ciel et terre, passé inédit sur cet espace emblématique, réinventant l’arbre universel unissant ciel et terre, passé et présent. Pour le MUDO-Musée de l’Oise, Charles Sandison a sélectionné un matériel lexical spécifique pour nourrir sa projection : l’inventaire des œuvres du musée et de nombreux autres écrits sur le palais comme Les Fortunes et adversitez de Jehan Régnier (1526). Ces univers, ces mots naviguant sur la charpente, viennent hypnotiser le visiteur dès qu’il franchit le seuil de la porte en le faisant basculer dans un autre monde avec pour seul repère, cette cathédrale de lumière. Charles Sandison utilise le mot comme générateur de lien entre le spectateur-lecteur et son œuvre, entre son œuvre et l’espace qu’il investit”.
Un autre artiste, Ange Leccia, porte un regard contemporain sur les collections. Pionnier de l’art vidéo, Ange Leccia a reçu une commande pour l’ouverture du nouveau MUDO-Musée de l’Oise. Comme l’explique le musée: “il s’est nourri des collections pour concevoir une vidéo explorant les possibilités de la lumière et du mouvement dans une œuvre d’une grande sensibilité picturale. Sa fascination pour les œuvres et le palais qui les abrite a été initiée en 2013 dans une exposition où il avait créé un saisissant dialogue entre certaines pièces majeures du musées et ses propres œuvres. Proposant une relation organique aux œuvres, il leur donne vie et marque ainsi la renaissance du musée”.
Une médiation s’appuyant fortement sur les nouvelles technologies
En matière de médiation, le numérique se retrouve également au cœur du musée. Des outils numériques innovants ont ainsi été mis au service de tous les publics. Un choix délibéré pour mieux accueillir les visiteurs et enrichir l’expérience mais également une décision logique car le musée s’inscrit dans un plan numérique départemental qui favorise l’acquisition d’oeuvres numériques et le déploiement d’outils de médiation multimédia.
Comme l’explique le musée: “l’innovation technologique réside dans la qualité des contenus et des services pour faire de l’expérience de visite, une découverte moderne des collections. Le numérique inscrit le MUDO-Musée de l’Oise dans son temps et son environnement social. Tout en privilégiant le rapport à l’œuvre, la médiation numérique enrichit et aiguise le regard. Elle favorise la compréhension et le questionnement des objets et rend la découverte du musée active et vivante”.
La stratégie numérique du MUDO-Musée de l’Oise a été définie avec l’aide du laboratoire Erasme, du départrement du Rhône. La mise en œuvre des outils a été confiée à la société nantaise Mazédia (membre associé du Clic France).
Pour ses nouveaux outils d’aide à la visite, le MUDO-Musée de l’Oise a choisi de développer des applications pour smartphones. Les mobiles bénéficient également du système de géolocalisation iBeacon, qui permet de diffuser du contenu multimédia spécifique à chaque salle. 8 bornes BLE ont été installés dans le musée, une par salle, permettant de localiser le visiteur durant son parcours.
Deux parcours de visite accompagnent les adultes et les enfants (8-12 ans) dans la découverte des collections permanentes. Comme la décrit la société Mazedia sur son blog: “l’application possède deux parcours. Un jeu de piste pour enfants, qui sont invités à reconnaître des détails des oeuvres présentées et peuvent gagner des points au cours de leur visite et un parcours adulte, conventionnel, accompagnant la visite de commentaires mettant en perspective les oeuvres et leur auteur”. Des Gifs animés ont été conçus à partir des toiles les plus célèbres de la collection et intégrés dans les outils de visite.
Tout comme l’entrée au musée, les guides multimédias adultes et enfants sur iPod Touch sont distribués gratuitement. Leurs contenus seront également téléchargeables début mars 2015 sous la forme d’applications, disponibles sur les plateformes App Store et Google Play.
Le continuum de visite
Cette dématérialisation des contenus d’aide à la visite favorisera ainsi la continuité de l’expérience de visite.
Comme l’explique le musée: “le lien du musée avec son public se prolonge ainsi en amont et en aval de la visite in situ”.
Les visiteurs sont également invités à interagir sur une table tactile placée en milieu de parcours. De manière didactique, ludique et intuitive, trois applications apportent un autre éclairage sur les œuvres exposées. “La table multitouch comprend, pour l’essentiel, un programme inscrivant les oeuvres dans une chronologie en apportant des informations complémentaires aux cartels disposés dans les salles et aux commentaires du vidéoguide” explique Mazedia.
Par leur interface innovante, la table tactile et le système de visioguidage proposent un véritable parcours de visite sur mesure. Les œuvres déjà vues sur mobile seront prochainement reconnues par la table qui suggèrera alors au visiteur de découvrir d’autres objets en rapport. Un dispositif ainsi décrit par Mazedia, “en s’approchant, le guide mobile détecte la proximité de la table grâce à une balise Ibeacon géolocalisant le smartphone. Le programme du mobile et celui de la table échangent alors des informations et le visiteur est invité sur son smartphone à personnaliser le contenu de la table. Une puce de couleur lui est alors affectée et les oeuvres qu’il a déjà vue sont marquées pour faciliter l’approfondissement.”
Comme le résume le musée: “le dialogue permanent entre les outils numériques élargit le périmètre de la médiation. Il offre une opportunité immense d’étendre le territoire du musée et de répondre aux nouvelles attentes de ses publics”.
Opération de financement populaire pour la rénovation d’une oeuvre
En amont (voire en teasing) de l’ouverture du musée, le département de l’Oise s’est associé à la société Culture Time (membre associé du Clic France) pour mettre en place une opération de crowdfunding. Un appel au financement populaire qui a réussi. Du 15 septembre au 31 octobre 2014, 14 806€ ont ainsi été collectés pour restaurer l’œuvre du peintre Thomas Couture, L’Enrôlement des volontaires de 1792. Ce projet innovant a atteint ses objectifs: 14 806€ collectés, soit 148% de l’objectif de 10.000€, 156 mécènes (dont 3 entreprises), une grande variété de dons de 10 à 1000€. Le coût total de la restauration était de 80 000€, dont 46 000€ pris en charge par le Conseil général de l’Oise et 24 000€ par le ministère de la Culture (DRAC-Picardie).
Comme l’explique le musée, “le nombre élevé de donateurs (156 mécènes) témoigne de la mobilisation des Isariens pour la restauration d’un des chefs-d’œuvre du musée. Sensible à la préservation du patrimoine, le public a répondu présent autour d’un projet fédérateur”.
Présentation de l’appel à financement populaire par l’Administratrice du Mudo-Musée de l’Oise:
En participant à l’opération, chaque mécène a bénéficié de contreparties variées (visite privée en avant-première, rencontre avec les conservateurs et les restaurateurs). Le MUDO-Musée de l’Oise a été le premier musée en Picardie à mener un projet de mécénat participatif. Une expérience réussie qui pourrait se reproduire. Avec près de 30.000 œuvres, le musée a annoncé qu’il “pensait déjà à sa prochaine opération”. Signalons la réalisation par une jeune start up Helium Films d’un film racontant l’aventure de la restauration picturale de la toile de 45 M2 (2 fois l’Atelier du peintre d’Orsay) et qui mentionne le nom de tous le mécènes participatifs au générique de fin.
Making off de la restauration de L’Enrôlement des volontaires de 1792:
Après deux ans de fermeture, le Mudo-Musée de l’Oise a rouvert ses portes en faisant un grand coup numérique. Une démarche et un pari audacieux qui conduisent France 3 à poser récemment la question “le MUDO peut-il égaler les musées parisiens ?“.
MUDO-Musée de l’Oise
1 rue du musée 60000 BEAUVAIS
Ouverture Tous les jours sauf le mardi et certains jours fériés, de 11h à 18h
Le musée est situé au pied de la cathédrale dans le centre-ville de Beauvais.
ENTREE LIBRE et guides multimédias gratuits
SOURCES: Mudo, Département de l’Oise, Mazedia, Culture Time
Date de première publication: 04/02/2015
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