Pour sa première exposition, la Seine Musicale de Boulogne Billancourt rend hommage à Maria Callas en présentant du 16 septembre au 14 décembre 2017 l’exposition Maria by Callas. Organisée à l’occasion de l’anniversaire du décès de la diva, il y a 40 ans, l’exposition propose au public de (re)découvrir l’histoire et la carrière de la légendaire cantatrice grâce à un parcours sensible et intime de 800 m² rythmé par de nombreuses archives inédites. Cette exposition est l’une des composantes du projet Callas de Tom Wolf, le commissaire de l’exposition, complétée par un film, trois livres et une collection d’enregistrements. Un dispositif 360° permettant de (re)mettre en lumière Maria Callas.
Dans l’interview ci dessous, Tom Wolf raconte la genèse et les coulisses de cette initiative.
Mercredi 18 octobre 2017, 11h00, visite CLIC France de l’exposition « Maria by Callas » à la Seine Musicale.
Les membres du CLIC France sont invités à une visite privée de l’exposition Maria Callas et une présentation-démonstration de son dispositif de médiation numérique et d’audioguide sonore très innovant. ils seront guidés par un représentant de la Seine Musicale (Conseil départemental des Hauts de Seine) et de la société Trafik.
(Visite réservée aux membres du club. Inscription obligatoire avant le 17/10/17 à 15.00 par mail ateliers@club-innovation-culture.fr)
Le projet Callas
Le commissaire de l’exposition Tom Wolf propose le projet multiforme Callas permettant de révéler la femme derrière la légende, de réunir “Maria” et “Callas”, “la Voix du siècle” et la “femme fragile et travailleuse acharnée”. Ce qui devait être un documentaire réunissant des témoins ayant connus la diva s’est transformé en un film, une exposition, trois livres et une collection d’enregistrements.
“Quand je rencontrais les témoins pour les filmer, la plupart ouvraient leurs tiroirs et sortaient des photos personnelles, des lettres de Maria, des films Super 8 pris lors d’une après-midi entre amis, des enregistrements…” explique Tom Wolf dans l’interview ci dessous.
Réunis par Tom Volf, commissaire de l’exposition et auteur du plus grand ouvrage éponyme jamais publié sur la Diva “assoluta”, photographies, films privés en Super 8, enregistrements privés de ses concerts, lettres intimes, images rares d’interviews et des coulisses de ses performances mais aussi costumes de scène et objets iconiques offrent un nouveau regard sur la vie de celle qui réforma l’interprétation vocale et défraya la chronique mondaine.
Instants de vie privée filmés par Grace Kelly ou Franco Zeffirelli lors de vacances sur le bateau d’Aristote Onassis, dans les années 60 ; de nombreuses photos retraçant l’enfance de celle que l’on appelait encore Maria Anna Sophia Cecilia Kalogeropoulos, de ses débuts sur scène à la fin des années 30 à sa tournée d’adieux de 1973-1974, de ses vacances et de ses années « jet-set », des extraits de lettres, et des mémoires inachevées, rédigées entre 1949 et 1976 ; sont autant de documents qui invitent le visiteur à une expérience multi-dimensionnelle et multi-sensorielle dans les souvenirs de la diva.
Tous ces projets ont donné naissance au Fonds de dotation Maria Callas, première institution officielle soutenue par les proches de Maria Callas, dans le but de protéger et promouvoir son héritage artistique et archives personnelles. Il a été crée à l’initiative de Tom Volf et de Georges Prêtre.
Une exposition immersive
Comme l’explique Patrick Devedjian, Président du Département des Hauts-de-Seine: “A défaut d’entendre la Diva se produire dans l’auditorium de La Seine Musicale, le visiteur muni d’un casque deviendra spectateur d’une exposition dont le parcours est à la fois audiovisuel, immersif et même interactif”.
Guidé par la voix parlée de la cantatrice, le visiteur chemine en sa compagnie, des interviews inédites constituant le fil rouge du parcours, également marquée par une très forte imprégnation de la musique, grace à de nombreux enregistrements live, inédits pour certains et de nombreuses séquences d’archives audiovisuelles.
Ces contenus sonores sont diffusés de 2 manières:
. des douchettes sonores directionnelles
. un boitier infra-rouge permet de synchroniser les contenus sonores avec les images diffusées sur des écrans ou les cartels et de les diffuser en très haute qualité sur un casque individuel Senheiser mis à disposition à l’entrée de l’exposition.
Une qualité d’écoute optimale parcourt l’exposition, notamment dans une salle immersive projetant des images à 180° et offrant une diffusion sonore à 360°, permettant ainsi d’écouter Maria Callas comme si elle était encore là.
Ces outils ont été développés et déployés par la société Trafik, par ailleurs en charge de la création graphique de l’exposition.
Les nombreux dispositifs innovants permettent ainsi de restituer la virtuosité, la technique vocale et l’émotion procurée par la voix de Maria Callas.
Patrick Devedjian s’enthousiasme: “Avec cette exposition, la première saison de La Seine Musicale donne le ton : la “volonté de partager avec le public des témoignages encore inédits sur la vie de Maria Callas, proposer des dispositifs innovants pour une expérience de visite aussi inoubliable qu’émouvante, être au plus près des œuvres et des artistes. La Seine Musicale traduit ainsi tout le projet de la vallée de culture des Hauts-de-Seine et en devient l’emblème”.
L’exposition a été produite par la Seine Musicale et le département des Hauts de Seine. Son président se dit convaincu que “le projet sera un bon investissement car l’exposition est appelée à tourner en France et dans le Monde”.
Reportage sur l’exposition (TV5 Monde):
Autour de l’exposition
En complément de l’exposition, le projet Maria by Callas se décline également à travers :
. Un film
Le film “Maria by Callas, in her own words” a été présenté au Festival de Cannes le mercredi 17 mai 2017. Ce documentaire de 90 minutes est réalisé par Tom Volf, produit par Petit Dragon, Elephant Doc, Volf Productions et distribué dans le monde par MK2 (Italie, Grande Bretagne, Japon, Allemagne, Corée, Chine…). Pour la première fois, 40 ans après sa mort, la chanteuse d’opéra la plus célèbre du monde raconte sa propre histoire, avec ses propres mots. De nombreuses images exclusives et inédites, des films Super 8 personnels, des enregistrements live inédits, des lettres intimes composent ce film en couleur, porté par la voix de Fanny Ardant dans la version française et d’Isabella Rossellini dans la version anglaise. Un film événement et grand public !
Haut et Court distribution : sortie le 13 décembre 2017
. Trois livres
Maria by Callas aux Éditions Assouline
Tom Volf a voyagé dans le monde entier et a rencontré les amis proches de Maria Callas qui lui ont ouvert leurs collections. Il a découvert un grand nombre de photos inédites, la plupart venant des albums de Maria elle-même. Nadia Stancioff, sa meilleure amie, et Georges Prêtre, son chef d’orchestre préféré, ont accepté pour la première fois de participer à l’édition d’un ouvrage sur l’artiste. Ce livre unique offre une nouvelle perspective, plus intime de Maria elle-même.
260 pages, 150 illustrations Éditions Assouline, sortie internationale le 29 mai 2017
Callas Confidential aux Éditions de la martinière
La Callas, femme fragile et artiste acharnée de travail, perfectionniste. Ce livre apporte un éclairage nouveau sur la légende grâce à une iconographie totalement inédite et à son approche « en immersion » : les photos, qu’elles proviennent des albums personnels de Callas ou d’archives peu connues, n’ont jamais été montrées. S’y ajoutent des extraits inédits de sa correspondance privée et d’émouvants carnets dans lesquels la cantatrice assemblait et collait les coupures de presse la concernant. Ce livre donne à voir l’envers du décor, qu’il soit public ou privé et, en s’appuyant sur des interviews oubliées, il nous fait aussi entendre la voix de Maria Callas qui évoque sa vie, son art, ses amours, les scandales qui ont jalonné son parcours.
Éditions de La Martinière : le 5 octobre 2017
Lettres et mémoires inachevés aux Éditions Fayard
En 1957, Maria Callas entreprit d’écrire sa vie, d’évoquer son enfance, sa jeunesse, ses années d’apprentissage et le début de sa carrière, avant de laisser ce manuscrit inachevé. En préparant la grande exposition que La Seine Musicale accueillera sur l’île Seguin, Tom Volf a découvert ces pages demeurées inédites, et a réuni dans le même temps plus de 400 lettres de La Callas, de 1946 à sa mort, jamais encore rendues publiques. On y trouvera des lettres à son conjoint Giovanni Baptista Meneghini, montrant une femme amoureuse qui ne se soucie que du bien-être de son mari. L’ensemble des lettres à sa professeure de chant Elvira de Hidalgo, révélant Maria avant qu’elle ne devienne La Callas, une jeune artiste ambitieuse passant d’audition en audition pour décrocher son premier rôle à l’opéra ; cette correspondance prouve qu’elle était prête à de nombreux sacrifices personnels afin de réussir sa carrière. Et enfin l’unique lettre d’amour écrite par Maria Callas à Aristote Onassis, quelques mois avant leur séparation.
Éditions Fayard, parution en septembre 2017
. 1 Coffret CD/DVD
Maria Callas, live Warner
Maria Callas comme vous ne l’avez jamais entendue ! Pour la première fois, les plus grands rôles sur scène de la légende de l’opéra, restaurés en HD d’après de nouvelles sources. Stupéfiant de vérité et d’engagement. À l’occasion du 40e anniversaire de sa disparition à Paris, Warner Classics présente un luxueux coffret de 42 CD live — et 3 Blu-Ray — comprenant 20 opéras captés sur scène, dont 12 jamais enregistrés en studio. Maria Callas live saisit le coeur même de l’art de LA Callas qui éclate sur les plus grandes scènes du monde, celui d’une tragédienne prenant tous les risques et suscitant une fièvre scénique inouïe, installant ainsi sa légende qui deviendra universelle. Après une véritable traque des meilleures sources sonores, et grâce à une remasterisation qui fait appel aux techniques de pointe, l’auditeur peut entendre ces incarnations avec une clarté nouvelle, qui rend à la plupart de ces enregistrements restaurés une présence et une authenticité retrouvées. Dans le cas des meilleures sources, on peut entendre la voix dans toute sa splendeur et tout son potentiel dramatique, comme si on assistait au spectacle vivant. Un livret richement documenté et illustré accompagne le coffret.
Également disponible, une anthologie en 3 CD : Maria Callas, la passion de la scène Coffret 3 CD
La Seine Musicale
La Seine Musicale, “phare de la politique culturelle du Département des Hauts-de-Seine”, rassemble sur la pointe aval de l’île Seguin un auditorium de 1 150 places principalement pour la musique classique, une salle de 4 000 à 6 000 places appelée la Grande Seine, un pôle de répétition et d’enregistrement, des lieux de réception destinés aux entreprises, des commerces et un jardin sur le toit de plus de 7 200 m².
Ouverte en avril 2017, La Seine Musicale “offre au Département des Hauts-de-Seine un écrin pour mettre en oeuvre une culture musicale exigeante à la portée de tous les publics”. Elle accueille l’ensemble en résidence Insula orchestra, orchestre sur instruments d’époque dirigé par Laurence Equilbey, la Maîtrise des Hauts-de-Seine, choeur d’enfants de l’Opéra national de Paris, dirigée par Gaël Darchen et l’Académie musicale portée par Philippe Jaroussky. Ces équipes artistiques proposent tout au long de l’année des actions d’éducation artistique et culturelle.
6 questions à… TOM WOLF – commissaire de l’exposition “Maria by Callas”
. Tom Volf, comment avez- vous découvert Callas ?
Il y a 4 ans, je ne savais pas qui était Maria Callas. Je l’ai découverte sur YouTube, par hasard. J’étais à New York et je venais d’assister à une représentation de Maria Stuarda de Donizetti. Je ne connaissais rien à l’art lyrique et surtout pas Donizetti mais cette représentation m’avait donné envie d’en entendre d’avantage. En rentrant, au 52e étage dans ma colocation où mon voisin écoutait du reggae à faire trembler les murs, j’ai cherché d’autres interprétations de Donizetti sur la toile. Callas est sortie. Le choc a été si violent que j’ai passé la nuit à écouter tout son répertoire. Il me fallait partir à la recherche de cette femme. J’ai tout lu et très vite j’ai cherché à rencontrer les gens qui l’avaient connue. Pour leur redonner la parole et remettre la Callas au centre du récit de sa vie, dont la légende est truffée de contre-vérités. Elle a laissé l’image d’une diva capricieuse, piquant des crises, refusant de chanter. C’est ridicule. Elle a fait des crises par perfectionnisme, parce qu’elle était avec des gens qui n’étaient pas au niveau de son degré de professionnalisme. La recherche a consisté en un véritable jeu de piste qui a demandé beaucoup d’efforts et un peu d’aide du destin. Et les portes qui semblaient closes sur leurs secrets se sont peu à peu ouvertes. J’ai même retrouvé le journal intime de Callas et en Grèce quelques-unes de ses lettres à Onassis…
. En quoi consiste votre projet Callas ?
Au début, je voulais faire un documentaire où les derniers témoins raconteraient leur Maria Callas, 40 ans après sa mort. La difficulté était à peu près insurmontable. Elle a rencontré beaucoup de monde mais peu de gens l’ont bien connue. J’en ai finalement interviewé une trentaine, plus que je n’en avais recensé. Des noms connus et moins connus : Nadia Stancioff, attachée de presse de Pasolini devenue son amie sur le tournage de Médée, Franco Zeffirelli encore assistant de Visconti lorsque celui-ci mettait en scène Maria, Georges Prêtre son chef d’orchestre préféré qui l’a si souvent dirigée, Robert Sutherland, le pianiste qui a accompagné sa dernière tournée et puis bien sûr, et avant tout, Ferruccio et Bruna. J’ai du mal à les désigner comme son majordome et sa femme de chambre. Maria les considérait comme sa famille. Ils portaient son souvenir. Ils sont restés 25 ans auprès d’elle, ne se sont pas mariés, n’ont pas eu d’enfant et parlaient encore d’elle en l’appelant “madame”.
. Vous êtes parti sur un documentaire laissant la parole aux derniers témoins et vous aboutissez à des livres, un coffret de disques, un film, une expo à La Seine musicale qui ouvre le 16 septembre, 40 ans jour pour jour après la mort de Callas. Dans ces projets, Maria raconte Callas. Que s’est-il passé ?
Quand je rencontrais les témoins pour les filmer, la plupart ouvraient leurs tiroirs et sortaient des photos personnelles, des lettres de Maria, des films Super 8 pris lors d’une après-midi entre amis, des enregistrements… J’ai regardé tout cela après un an et demi et je me suis rendu compte que je détenais une véritable mine. En effet, lors de ma révélation Callas à New-York, j’avais cherché des documents où elle se racontait elle-même. Ils sont d’une extrême rareté. J’ai donc pensé qu’il était possible de monter un projet où Maria raconte Callas ou bien où Callas raconte Maria, en direct. Et tous les témoins que j’avais filmés m’ont encouragé : Maria aurait adoré cela.
Une foule de nouveaux documents m’ont été remis, pour l’essentiel inédits, ainsi que des indications pour retrouver des émissions perdues. Dès lors, j’ai travaillé comme on cherche la justesse en musique: j’ai tout lu, tout vu, rencontré quelques personnes, musicologues et biographes, puis je m’en suis éloigné. Au lieu de construire une image influencée par ces diverses sources, j’ai cherché un point de vue authentique en me référant uniquement à ce qu’elle a pu dire. J’ai construit une image de l’intérieur. Ferruccio et Bruna, jusqu’à sa disparition le 31 juillet dernier, ont accepté de me servir de guides.
. Quel est le principe de l’exposition ?
Ce n’est pas du tout une exposition classique, mais radicalement innovante et présentant Maria Callas avec une grande modernité grâce à l’utilisation de technologies audiovisuelles mettant l’image et le son au centre de l’expérience du visiteur. Comme si Maria Callas était véritablement présente et accompagnait le visiteur du début à la fin. C’est-à-dire que c’est la voix parlée de Maria qui guide le visiteur. Le parcours est totalement audiovisuel et immersif avec des possibilités d’interaction. La voix parlée s’entend dans les salles mais la musique s’écoute au casque. On se promène dans l’exposition avec un casque et une télécommande infrarouge pour pointer sur les différents contenus audio. Il y a une foison de documents inédits où elle se raconte, et tous ses enregistrements live. Maria Callas n’écoutait guère ses enregistrements studio mais les pirates qu’elle adorait recevoir. Elle considérait qu’elle atteignait sur scène l’absolu de son art et ne se sentait pas à l’aise en studio. Les enregistrements disponibles à l’exposition la montrent dans son plein potentiel scénique et vocal. Ils proviennent d’enregistrements pirates ou de bandes magnétiques retravaillées en Italie.
. Quels sont selon vous les moments à ne pas rater ?
La salle 360 est une vraie expérience. Et quelques Super 8 inédits comme Maria dans Butterfly ou Maria en croisière avec Aristote Onassis.
. Vous sortez aussi un film avant Noël sur ce même thème Maria By Callas. Quelle est la différence entre ces deux projets ?
Les deux sont totalement complémentaires. Il n’y a à peu près aucun contenu qui se trouve à la fois dans le film et dans l’exposition. Pour celle-ci, on chemine, et on met ses pas dans ceux de Callas. Pour le film, on s’assied et c’est un moment qu’on passe avec elle où elle nous raconte son histoire.
SOURCES: La Seine Musicale, Pierre Laporte Communication
Mise en ligne: 15/09/2017
Le Département des Hauts de Seine et la Seine Musicale sont membres du CLIC France.
. Avec son nouveau jeu éducatif, le Royal Opera House continue de voir son avenir en 3D
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.