Alors qu’il est interdit aux visiteurs de photographier les chefs d’oeuvres de la Chapelle Sixtine, trois beaux livres, rassemblant des clichés d’une qualité inédite des fresques de l’intérieur du célèbre palais pontifical, sont coproduits et bientôt mis en vente par les musées du Vatican et un éditeur Italien.
Le chef-d’œuvre de la Renaissance, connu notamment pour sa voûte peinte par Michel-Ange, se dévoile donc dans ses plus infimes détails grâce à un travail photographique inédit, ont annoncé les musées du Vatican, le 25 février 2017.
Les photographes mandatés par un éditeur ont pu bénéficier des dernières avancées en matière de photographie mais également de lumière pour réaliser un travail de qualité jamais atteinte.
Au total, 220 détails de la voûte de 520 m2 et de la fresque du Jugement dernier de Michel-Ange, mais aussi des peintures des murs latéraux signés Pérugin ou Botticelli, deux autres grands noms du quattrocento italien, sont reproduits en format réel.
Ils sont présentés avec des photographies offrant des vues d’ensemble pour les replacer dans leur contexte.
De très grand format (43 X 61 cm), les pages peuvent se déplier sur 1m20.
Les photographies reproduites dans les trois livres ont vu le jour grâce à une technologie numérique innovante, commandée par ordinateur et des lampes LED spéciales permettant de reproduire une lumière diurne.
Les 3 ouvrages de 870 pages “reproduisent en outre parfaitement les couleurs utilisées par les grands maîtres de la chapelle Sixtine”, précise la maison d’édition d’art italienne Scripta Maneant.
La dernière campagne photographique exhaustive des fresques du XVe siècle remontait à vingt ans. Les fresques avaient alors été nettoyées pour la première fois depuis des siècles. Depuis, le lieu a connu une petite révolution en 2014 avec un nouveau système d’éclairage de 7.000 lampes LED, qui ont remis en valeur les 276 couleurs des anges, démons, apôtres et prophètes.
5 ans de travail pour un livre vendu 12 000 euros
Les trois ouvrages de grand luxe, qui pèsent chacun 9 kilogrammes, tirés à 1.999 exemplaires, sont destinés aux grandes bibliothèques de la planète. Le coffret sera vendu 12 000 euros. La date de parution des trois albums n’a pas encore été fixée.
Les ouvrages ont fait l’objet d’une co-production entre le musée du Vatican et l’éditeur italien spécialiste des beaux livres d’art.
“Le projet s’est étalé sur cinq ans”, a précisé Gianni Grandi, responsable du graphisme de l’ouvrage, en dévoilant le 24 février les ouvrages in situ dans la chapelle Sixtine. “Les photographies permettent de comprendre le travail de Michel-Ange, par exemple son utilisation des stries ou du pointillisme”, a-t-il ajouté.
“Nous avons utilisé un logiciel spécial de post-production pour obtenir la profondeur, l’intensité, la chaleur et les nuances de couleurs avec une précision de 99,9 pour cent”, a expliqué Giorgio Armaroli, directeur de Scripta Maneant.
“Dans le futur, cette campagne de photographie nous permettra de connaître l’état de chaque centimètre de la chapelle tel qu’il était aujourd’hui, en 2017”, a expliqué Antonio Paolucci, ancien chef des musées du Vatican, à l’agence Reuters.
Durant 65 nuits, entre 19 heures et 2 heures du matin, lorsque la chapelle est fermée, 270 000 photos de la chapelle Sixtine et de ses chefs d’oeuvres ont été prises. Les photographes ont dû s’installer sur un échafaudage de 10 mètres de hauteur et utiliser un objectif télescopique spécial pour prendre leurs images. Les clichés, 30 téraoctets d’informations, sont désormais stockés dans un des serveurs du Vatican.
Gros plan sur la chapelle Sixtine dévoilée via des photographies à la fine pointe de la technologie https://t.co/BFStYV4EA2 #AFP pic.twitter.com/eg0PJwccSO
— Catherine Marciano (@clmarciano) 25 février 2017
Une visite virtuelle plus accessible
Ceux qui ne pourront acheter ou consulter ces ouvrages hors norme, peuvent toujours opter pour la visite réelle de la célèbre chapelle où les cardinaux élisent les papes, aux côtés des 20.000 personnes qui l’arpentent chaque jour.
Ils peuvent également choisir le virtuel et une visite en ligne proposée depuis 2010.
7 ans après sa mise en ligne, cette expérience web reste d’une qualité incroyable.
Elle offre la possibilité de découvrir la salle rectangulaire de 40 m de long, 13 m de large et 21 m de haut, sa voûte en berceau, les 12 fenêtres cintrées qui l’éclairent et le sol est couvert de marbre polychrome.
La fonctionnalité zoom permet d’explorer dans ses moindres détails les fresques de Michel-Ange. Celles sur les murs représentant des scènes mises en regard de la vie de Moïse (paroi gauche, face à l’autel) et du Christ (paroi droite) et celles du plafond de la chapelle Sixtine qui représentent les douze apôtres dans les pendentifs, des motifs ornementaux et neuf histoires centrales représentant les épisodes de la Genèse. Le maître de la Renaissance a terminé le plafond en 1512 et peint le panneau massif “Jugement Dernier” derrière l’autel entre 1535 et 1541.
Près de 500 ans après sa réalisation, la visite virtuelle donne donc un accès unique à cette œuvre monumentale qui fit scandale, en partie à cause du fait que les 400 et quelques personnages qui y figurent sont nus, y compris le Christ lui-même.
Paul IV songea un moment à faire effacer le chef d’oeuvre mais finalement se contenta de faire voiler pudiquement certains personnages par Daniele da Volterra, qui y gagna le surnom de Braghettone (culottier). Au 17e siècle, Clément XII fera à nouveau recouvrir d’autres personnages. La longue restauration de l’oeuvre, effectuée de 1981 à 1992, n’a pas restitué l’oeuvre originale mais en a dévoilé les couleurs étonnantes, imaginées par celui que l’on surnomma le « terrible souverain de l’ombre ».
SOURCES: Musées du Vatican, Scripta Maneant, Reuters
Date de première publication: 09/03/2017
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