Covid-19 / Quand le confinement inspire les artistes et les incite à partager leurs créations ! (26/04/2020)

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Temps de lecture : 11 min

La création ne s’interrompt pas en temps de confinement, bien au contraire ! Malgré -ou à cause- de cet événement exceptionnel vécu par l’humanité, les artistes même confinés produisent, imaginent et partagent. Qu’ils soient célèbres ou inconnus, les créateurs racontent leur vie, ou la partagent en ligne, conçoivent des oeuvres, pour les diffuser quasi instantanément au plus grand nombre ou les offrir pour la bonne cause. D’autres artistes préfèrent réinterpréter les oeuvres célèbres du patrimoine mondial de l’art. Tour du monde non exhaustif de ces créateurs et créations en temps de confinement.

Image du carousel: une des 10 nouvelles oeuvres de David Hockney crées sur iPad

  • Chris Morin-Eitner transforme Paris en jungle tropicale

On a vu des canards se balader en famille sur la place de la concorde ou les oiseaux redoubler de ferveur pour s’égosiller au coucher du soleil. A Paris comme ailleurs dans le monde, la nature reprend ses droits. Et l’artiste Chris Morin-Eitner va plus loin, en imaginant même Paris transformée en jungle !

Chris Morin-Eitner. “Paris #4 Make Our Planet Great Again”, 2017, Tirage argentique monté sous Diasec Dimensions : 120 x 180 cm Photo: Galerie Landau Paris

“Il était une fois demain”, est une série de photographies numériques, réalisées de 211 à 2019, permettant d’imaginer la capitale après l’extinction de l’être humain. Après un événement non précisé, seuls les animaux et la végétation subsistent et prennent possession des lieux.

Le Louvre, Le Moulin-Rouge, Le Sacré Cœur, Le Centre Pompidou, La Tour Eiffel, Les Champs-Elysées … les monuments phares de Paris subsistent, mais au milieu d’une jungle tropicale.

Chris Morin-Eitner  “Paris, Pompidou Savanes”, 2011. Tirage argentique monté sous Diasec. Dimensions : 120 x 180 cm Photo: Galerie Landau Paris

Les créations de Chris Morin-Eitner sont actuellement présentées sur le site web de la Galerie W Landau. L’artiste y présente également ses visions de jungle urbaine appliquées à d’autres grandes villes du Monde.

Reprenant le même concept de la ville transformée, le 22 avril, l’artiste Français a publié sur sa page facebook un court métrage de 7 minutes: “La formule universelle de la Paix. Masque, Voile, Décroissance, Ecologie. 2020”, en hommage aux “Paradis perdus” de Christophe.

(Source: Galerie W Landau, 22/04/2020)

  • Damien Hirst réalise un arc-en-ciel de papillons pour soutenir les soignants britanniques

Le 20 avril 2020, l’artiste britannique a révélé sur son site web une nouvelle oeuvre “Butterfly Rainbow” créé spécialement pour soutenir les soignants dans leur lutte contre le Covid-19. Chacun est invité à l’imprimer et à l’accrocher à sa fenêtre.

Damien Hirst, Butterfly Rainbow, 2020 © Damien Hirst and Science Ltd. Tous droits réservés, DACS 2020

L’affiche Butterfly Rainbow de Damien Hirst est téléchargeable gratuitement sur ce lien.

Damien Hirst a déclaré: “Je voulais faire quelque chose pour rendre hommage au merveilleux travail que fait le personnel du NHS dans les hôpitaux du pays. L’arc-en-ciel est un signe d’espoir et je pense qu’il est génial que les parents et les enfants créent leur propre version et les placent dans les fenêtres de leurs maisons.”

Une édition limitée de l’œuvre est également en cours de production et sera vendue avec tous les bénéfices versés au NHS. De plus amples détails seront annoncés sur le compte Instagram de Damien Hirst.

(Lire l’article du CLIC France: Covid-19 / Quand les artistes, les galeries et les maisons de vente se portent au chevet des soignants et des victimes du confinement)

Sur son compte instagram, l’artiste a publié plusieurs vidéos racontant sa vie de confiné.

(Source: Damien Hirst, 20/04/2020)

  • Des messages d’artistes diffusés sur les écrans publicitaires de NYC pour remercier les soignants et les « travailleurs essentiels »

Depuis le 17 avril 2020, à New York, près de 1 800 panneaux d’affichage et écrans numériques des cinq arrondissements ont commencé à afficher des messages artistique, de gratitude, de fierté et de solidarité avec les « travailleurs essentiels ». Le fruit d’une coopération entre les artistes et le musée des affiches de NYC.

Le projet publicitaire part de l’emblématique Times Square de New York et irrigue les cinq arrondissements par le biais de 1 774 espaces d’affichage numérique attribués au projet.

Cette vaste campagne est le résultat d’un partenariat entre le musée des affiches de New York (New York City museum Poster House) et Times Square Arts, le programme d’art public de la Times Square Alliance.

(Lire l’article du CLIC France: Des messages d’artistes diffusés sur les écrans publicitaires de NYC pour remercier les soignants et les « travailleurs essentiels »)

(Source: Poster House, 20/04/2020)

  • Pendant le confinement, les rats se sont installés dans la salle de bain de Banksy

Lui aussi confiné, le street-artiste a transformé sa salle de bain en terrain de jeu pour les rats.

Le 15 avril, le street-artiste le plus célèbre et le plus mystérieux de la planète a posté sur son compte instagram aux plus de 8 millions d’abonnés 5 photos qui ressemblent à une bande dessinée.

Au pochoir sur les murs de la salle de bain, on voit les rats déplacer le miroir, rouler du papier toilette sur le sol, faire gicler du dentifrice et du savon, et d’autres actes malveillants. Un rat particulièrement turbulent, peint sur le couvercle des toilettes, est capturé en train de salir la cuvette.

 

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. . My wife hates it when I work from home.

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Ce post permet à Bansky de prouver qu’il continu à créer, toujours avec autant d’humour et de poésie, mais dans son appartement.

Banksy, “My wife hates it when I work from home” (2020) (via Instagram)

L’artiste a intitulé cette œuvre clin d’œil, “My wife hates it when I work from home” (Mon épouse déteste quand je travaille à la maison). Une surprise pour ses fans qui ne le savaient pas marié.

Le post Instagram a généré plus de deux millions de likes et des centaines de commentaires ravis avec cependant un commentaire d’un fan un peu déçu: “Vous êtes l’un des artistes les plus célèbres du monde … et C’EST VOTRE PETITE SALLE DE BAIN merdique ????”.

(Source: Bansky, 15/04/2020)

  • Confiné en Normandie, David Hockney dessine le printemps avec un iPad 

Le célèbre peintre anglais peint et dessine l’arrivée du printemps sur son iPad alors qu’il est confiné en Normandie, avec son chien Ruby. Agé de 83 ans, l’artiste peint … des œuvres numériques !

 

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“Why are my iPad drawings seen as a respite from the news? Well, they are obviously made by the hand depicting the renewal that is the spring in this part of the world.” #DavidHockney spoke with @BBCnews from his home in #Normandy to share his latest works. Swipe up in our story for the full article.⁠⠀ -⁠⠀ “I intend to carry on with my work, which I now see as very important,” he wrote to me. “We have lost touch with nature rather foolishly as we are a part of it, not outside it. This will in time be over and then what? What have we learned? I am 83 years old, I will die. The cause of death is birth. The only real things in life are food and love in that order, just like our little dog Ruby. I really believe this and the source of art is love. I love life.”⁠⠀ -⁠⠀ IMAGE: Jean-Pierre Gonçalves de Lima, © David Hockney⁠⠀ #cantcancelspring

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Et il raconte son expérience du confinement (dans le petit village d’à peine 200 habitants de Beuvron-en-Auge – Calvados) dans une lettre ouverte adressée, à Ruth Mackenzie, directrice artistique du Théâtre du Châtelet et ami du peintre, mais également à ses amis français.

“Je dessine sur mon iPad, un medium plus rapide que la peinture”, explique le peintre. “J’y avais déjà eu recours voilà 10 ans, dans l’East Yorkshire, quand cette tablette était sortie. Avant cela, j’utilisais sur mon iPhone une application, Brushes, que je trouvais d’excellente qualité. Mais les prétendues améliorations apportées en 2015 la rendirent trop sophistiquée, et donc tout simplement inutilisable !

Le 1er avril, l’artiste britannique avait partagé avec BBC News 10 de ses dernières œuvres. “J’ai continué à dessiner les arbres d’hiver qui ont fini par fleurir. C’est l’étape dans laquelle nous sommes en ce moment. Pendant ce temps, le virus est devenu fou, et beaucoup de gens ont dit que mes dessins leur donnaient un instant de répit face à ce qui se passait”, explique l’artiste.


Parmi ces nouvelles oeuvres, une a été baptisée d’un titre particulièrement symbolique : “Do remember they can’t cancel the Spring” (Souviens-toi qu’ils ne peuvent annuler le printemps). L’oeuvre inclut des fleurs, des arbres et des étendues d’herbes vertes quasi phosphorescentes, représentées avec le style pop, coloré et naïf qui a fait son succès.

David Hockney, Do remember they can’t cancel the spring, 2020 ©David Hockney

“Pourquoi mes dessins sont-ils ressentis comme un répit dans ce tourbillon de nouvelles effrayantes ?” s’interroge le peintre. “Ils témoignent du cycle de la vie qui recommence ici avec le début du printemps. Je vais m’attacher à poursuivre ce travail maintenant que j’en ai mesuré l’importance. Ma vie me va, j’ai quelque chose à faire : peindre.”

Ce n’est pas la première fois que David Hockney utilise un iPad pour réaliser ses dessins. L’artiste, féru d’innovations technologiques a même assisté à une présentation de l’iPad par Steve Jobs, alors PDG d’Apple, au Contemporary Arts Center de San Francisco. En janvier 2012, lors de sa grande exposition à la Royal Academy de Londres, David Hockney avait déjà présenté plusieurs de ses œuvres réalisées sur iPad.

Installé dans la campagne normande depuis l’hiver 2019, David Hockney continue donc à peindre ses paysages poétiques et bucoliques, tout en étant connecté et en restant très actuel.

(Sources: BBC, France Culture, Radio France, 16/04/2020)

  • Des milliers d’apprentis artistes du monde entier se réunissent pour suivre un cours de dessin en ligne 

Le 20 mars 2020, l’artiste britannique Stuart Semple a ouvert son studio et embauché un modèle vivant, Debbie, pour son premier cours de dessin en ligne gratuit, et en direct sur Facebook.

“Rejoignez-moi en direct pour deux heures de dessin de vie. Beaucoup d’entre nous sont isolés à la maison – j’ai donc pensé que ce serait bien d’offrir une chance de se réunir de manière créative. Je serai ici pour animer un cours de vie avec un modèle vivant rien que pour vous. Notez qu’en raison des règles Facebook, le modèle ne pas entièrement nus. Nous faisons normalement des cours de vie dans nos studios, mais comme ils sont fermés pour des raisons de sécurité, cela nous donne l’opportunité d’ouvrir le cours à tout le monde en ligne! Charlotte sera ma fidèle associée, prête à intervenir et à vous donner des commentaires et des retours en temps réel sur votre travail si vous en avez besoin! Rendez-vous ce vendredi amour Stuart x”

Plus de 3 000 “artistes” du monde entier ont assisté à cette séance. Les élèves d’écoles d’art qui étaient fermées ont participé et des amateurs individuels d’Asie ont réglé leur réveil pour participé au cours au milieu de la nuit.

Pendant le cours de 2 heures, la communauté en ligne a réalisé une série de dessins et a échangé des conseils avec d’autres artistes confirmés et débutants. Simultanément, les artistes ont pu partager leur travail entre eux et avec le monde via Instagram, en utilisant le hashtag #SempleLifeClassLive.

 

 

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#semplelifeclasslive

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La première classe est toujours disponible sur la page Facebook de l’artiste, de sorte que tous les artistes qui souhaitent s’inspirer du modèle avec les conseils de Stuart peuvent à tout moment la suivre. Et après le succès de la première séance, l’artiste a de nouveau invité sa communauté.

Stuart Semple est bien connu pour son travail autour de la démocratie et de l’inclusion, et s’est rendu célèbre pour avoir animé des ateliers très décalés à la Tate modern. Travaillant à travers la peinture, la sculpture, les événements et en ligne, les œuvres de Semple ont été exposées dans de nombreuses expositions individuelles et collectives, foires et biennales et dans des institutions telles que The Barbican, ICA London, Goss Michael Foundation, Denver Art Museum et The Whitworth. Il a créé des projets publics à grande échelle pour des villes comme Melbourne, Dublin, Londres, Moscou, Manchester et Denver.

(Sources: Stuart Semple, presse, 29/03/2020)

  • Les chefs d’oeuvres de la Renaissance revisitées à la sauce Covid-19

Depuis longtemps, l’artiste visuelle Sabine Pigalle s’inscrit “dans la mouvance d’une nouvelle génération de créateurs qui naviguent aux frontières troubles de la réalité et de la fiction”. Sur son compte Instagram, elle visite l’histoire de l’art, de la Renaissance au surréalisme. Pendant le confinement, elle publie chaque jour une œuvre revisitée à la sauce Covid-19.


Elle ajoute ainsi un masque aux portraits de de Vinci, Magritte ou Vermeer ou transforme les écailles du pangolin en armure médiévale.

En temps de confinement, “les œuvres transversales” de Sabine Pigalle “hybrident plus que jamais peintures et photographies, art ancien et art contemporain, figuration et abstraction”.

(Sources: sabinepigalle.fr, presse)

  • Le premier musée d’art sur le Covid-19 expose des œuvres du monde entier sur Instagram

Depuis le 19 mars 2020, The Covid Art Museum présente en ligne des travaux artistiques exclusivement sur le thème du confinement et du virus. Créé par des artistes de Barcelone, le compte instagram veut devenir « la mémoire créative d’un moment unique dans l’histoire de l’humanité ».

Chaque post du compte The Covid Art Museum est une création inédite proposée par un peintre, un  illustrateur, un sculpteur, un photographe, un animateur, qu’il soit amateur ou professionnel.

(Lire article du CLIC France: Covid-19 / Le premier musée d’art sur le Covid-19 expose des œuvres du monde entier sur Instagram)

(Source: Covid Art Museum, 19/03/2020)

SOURCES: artistes, presse

PHOTOS: artistes, galeries

Date de première publication: 05/04/2020

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