Rachetée par 2 fonds français, Culturespaces annonce l’implantation prochaine de centres d’art immersif à New York, Amsterdam, Hambourg et Bruxelles

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Culturespaces, société exploitant les musées Jacquemart André, l’Hôtel de Caumont et les Carrières, Bassins et Atelier des Lumières, va être vendue par Engie à deux fonds hexagonaux, IDI et Chevrillon. A l’occasion de ce changement de propriétaire, la société fondée par Bruno Monnier, qui en reste actionnaire et dirigeant, annonce l’implantation de nouveaux espaces immersifs à New York, Amsterdam, Hambourg et Bruxelles. 

La société Culturespaces a été fondée par Bruno Monnier en 1990 afin d’exploiter des musées et sites patrimoniaux pour le compte d’institutions ou de collectivités locales. Elle a d’abord été choisie par l’Institut de France pour gérer le musée Jacquemart-André puis ses monuments de la Côte d’Azur, les villas Kérylos et Ephrussi de Rothschild, avant de faire entrer dans son escarcelle le musée de l’Automobile à Mulhouse, le musée Maillol à Paris, l’hôtel de Caumont à Aix-en-Provence ou les arènes d’Orange. Entre temps Culturespaces a perdu la gestion de certains lieux tels que la Villa Kérylos (2015), le musée de l’Automobile à Mulhouse (2021), le musée Maillol (2021) ou les monuments antiques de Nîmes, marché remporté en juillet 2021 par EDEIS. Cette réduction rapide du périmètre des lieux traditionnels a été largement compensée par le développement de l’exploitation des lieux d’art immersif.

  • Diversification rapide et réussie dans l’immersion

S’appuyant sur le succès des Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence, dont la concession a été reprise à ses créateurs en 2012, Culturespaces en a décliné le concept en quelques années.

A Paris, l’Atelier des Lumières, ouvert en avril 2018, a dépassé le million de visiteurs la première année. A Bordeaux, les Bassins des Lumières, installés dans l’ancienne base sous-marine allemande, ont vu leur fréquentation dépasser le cap du million de visiteurs en 2 ans malgré la pandémie, avec 476 000 entrées en 2020 et 567 000 en 2021. Hors de France, deux lieux ont déjà ouvert, sous licence, en Corée du Sud en 2018 et à Dubai en septembre 2021. Mais le groupe n’en a pas publié les résultats.

En 2021, entre 1.5 et 2 millions de personnes auraient visité les Carrières, l’Atelier et les Bassins de Lumière. 

Aujourd’hui, les centres d’art immersifs constitueraient les deux tiers de la fréquentation et du chiffre d’affaires de Culturespaces.

  • Une activité rentable 

Les expositions immersives de Culturespace attirent un nouveau public, 30 % des visiteurs n’ont jamais mis les pieds dans un musée.

Les centres d’art numérique ont créé une véritable disruption. Ils sont appelés à se développer car c’est un modèle vertueux, qui permet l’accessibilité à la culture d’une catégorie sociale qui ne va pas au musée”. Bruno Monnier.

Et ce public vient en masse. 1,3 million de personnes ont ainsi vécu l’expérience « Van Gogh. La Nuit étoilée » en 2019. Soit presque la fréquentation record de l’exposition de la collection Chtchoukine, un an plus tôt, à la Fondation Louis Vuitton. Et avec un investissement bien moindre, une exposition numérique coûte environ 500 000 euros contre 1 million d’euros pour l’exposition actuelle du musée Jacquemart André, consacrée à Botticelli.

  • Potentiel et crédibilité

Le potentiel de développement de cette activité mais également sa plus forte rentabilité ont certainement attiré les deux nouveaux actionnaires qui vont racheter à Engie ses 86.14% du capital.

Après reconstitution du capital, IDI et Chevrillon auront chacune 45 % des parts et Bruno Monnier, qui devrait rester président-directeur général, détiendra 10 % du capital contre 13,86 % précédemment. Les discussions avec Engie ont commencé il y a presque 2 ans. L’opération, annoncée le 16 janvier 2022, suite à la signature du contrat d’acquisition, devrait être conclue au printemps 2022.

IDI, créé il y a plus de 50 ans, est un acteur important du capital investissement et annonce un actif net de 600 millions d’euros. Son PDG, Christian Langlois-Meurinne, collectionneur réputé, a été pendant près d’une décennie à la tête de la Société des amis du musée d’Art moderne de Paris. Chevrillon, créé en 1992 par Cyrille Chevrillon, annonce quelque 500 millions d’euros d’actif net.

Marco de Alfaro, associé chez IDI, a expliqué au Quotidien de l’Art: “Si l’investissement dans la digitalisation nous intéresse de près, il n’est pas question pour nous d’abandonner l’autre activité de Culturespaces, dans les musées traditionnels, qui apporte une crédibilité complémentaire : l’une n’exclut pas l’autre. L’objectif est d’accélérer l’ouverture de nouveaux centres en propre dans les pays que l’on maîtrise bien et sous forme de licence dans les autres, comme c’est le cas actuellement en Corée su Sud. Nous tablons sur une dizaine d’ouvertures dans les 5 ans.”

  • 8 nouveaux centres d’art immersif d’ici fin 2023

Culturespaces et ses nouveaux actionnaires annoncent d’ores et déjà l’accélération de leur développement international. 

La société prévoit 3 ouvertures en 2022. Un centre d’art immersif s’installera à Amsterdam, la Fabrique des Lumières, en avril, dans une ancienne usine de gaz au bord d’un canal) et à Séoul, en mai, sous forme de franchise puis en juin, à New York, le Hall des Lumières, comme cela était déjà annoncé (ARTICLE CLIC: Culturespaces: après les Baux de Provence, Paris, Jeju et Bordeaux, un espace immersif « Hall of Lumières » bientôt à New York ?).

Et des projets sont dans les tuyaux pour l’année 2023.

“Nous aurons un troisième centre en Corée et un autre au Japon. Et je peux vous annoncer pour 2023 une ouverture à Bruxelles et deux en Allemagne, l’une dans un complexe industriel de la Ruhr, l’autre dans le port de Hambourg” annonce Bruno Monnier.

La société ne prévoit pas de nouvelles implantations en France mais se dit “à l’affût d’opportunités en Espagne, Italie, aux États-Unis, à Los Angeles et Chicago notamment”.

A l’heure actuelle, Culturespaces n’envisage pas de proposer à ses visiteurs la réalité virtuelle, car “dans les centres d’art immersifs, les gens viennent souvent à plusieurs. L’expérience est de l’ordre de la communion émotionnelle”.

  • Quelles perspectives financières ? 

Cette expansion internationale nécessite de lourds investissements (11 millions d’euros pour l’Atelier des Lumières à Paris, 14 millions pour le Bassin des Lumières à Bordeaux ou 18 millions pour le futur Hall des Lumières à New York, sur plus de 2000 m2, dans l’ancienne Emigrants Savings Bank, un bâtiment classé de Tribeca, au bout du pont de Brooklyn) et donc une situation financière stable et saine.

Après une année 2020 difficile, Culturespaces annonce avoir rétabli la barre. “Nous avons bouclé l’année 2021 à l’équilibre, précise Bruno Monnier, après une perte de 14 millions d’euros en 2020 et un bénéfice de 4 millions d’euros en 2019. Le chiffre d’affaires, qui était tombé à 27,4 millions d’euros en 2020, après 69,7 millions en 2019, est remonté à 48 millions d’euros. Nous avons la chance de ne pas dépendre du tourisme international et avons retrouvé notre fréquentation journalière de 2019″.

A Paris, 80 % des visiteurs de l’Atelier des Lumières viennent de la région parisienne, et, à Bordeaux, 90 % sont du Sud-Ouest.

  • Les expositions immersives dans les lieux Culturespaces en 2022

. « Cézanne, lumières de Provence » du 18 février 2022 au 2 janvier 2023 à l’Atelier des Lumières, Paris

. « Kandinsky, l’odyssée de l’abstrait » du 18 février 2022 au 2 janvier 2023 à l’Atelier des Lumières, Paris

. « Venise, la Sérénissime » du 11 février 2022 au 2 janvier 2023 aux Bassins de Lumières, Bordeaux, et du 4 mars 2022 au 2 janvier 2023 aux Carrières des Lumières, Baux-de-Provence

« Yves Klein, l’infini bleu » du 4 mars 2022 au 2 janvier 2023 aux Carrières des Lumières, Baux-de-Provence

« Sorolla, promenades en bord de mer » du 11 février 2022 au 2 janvier 2023 aux Bassins de Lumières, Bordeaux

« Gustav Klimt, d’or et de couleurs » à la Fabrique des Lumières à Amsterdam dès avril 2022 et au Hall des Lumières à New York dès juin 2022

« Hundertwasser, sur les pas de la Sécession viennoise » à la Fabrique des Lumières à Amsterdam dès avril 2022 et au Hall des Lumières à New York dès juin 2022.

Avec une santé retrouvée et l’appui de ses nouveaux actionnaires, Culturespaces devrait donc pouvoir poursuivre son expansion mondiale dans l’art immersif. La société, qui s’est imposée comme l’un des acteurs mondiaux majeurs de cette nouvelle forme d’expérience artistique, porra ainsi lutter contre ses principaux concurrents, les japonais TeamLab ou l’américain Superblue.

SOURCES: presse, lequotidiendelart.com, lemonde.fr

PHOTOS: Culturespaces

Date de première publication: 24/01/2022

Culturespaces est membre du CLIC France

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