Le 12 juin 2019, l’Université d’Oxford a ouvert l’exposition d’art “Unsecured Futures” qui présente les oeuvres d’Ai-Da, la première artiste robotique humanoïde au monde. Capable de dessiner de simples croquis, Ai-Da a tout de même besoin de l’aide des humains pour des oeuvres plus élaborées.
Peintures, sculptures, vidéos, performances… l’exposition multimédia proposée à l’université d’Oxford présente des oeuvres de différentes natures, toutes réalisées par un robot artiste, Ai-Da, le premier robot humanoïde capable de représenter ce qu’il voit – à sa façon.
Ai-Da est présentée par son créateur comme “l’une des artistes les plus exaltantes de notre époque”.
“Elle est totalement algorithmique… totalement créative”, a expliqué à la presse son concepteur, le marchand d’art Aidan Meller tandis que l’artiste-robot, vêtue d’une blouse de peintre et coiffée d’une perruque brune, réalisait en direct son portrait. Quarante-cinq minutes plus tard, le visage du marchand d’art inventeur apparaît sur la toile.
Aidan Meller a déclaré à CNET : “Nous ne voulions pas suivre la voie simpliste. Nous avons réalisé que si nous faisions cela, les gens diraient simplement que c’est une imprimante coûteuse. Non, il s’agit d’un algorithme d’intelligence artificielle, il est entièrement créatif – nous ne savons pas quel en sera le résultat.”
Aidan Meller a commencé à rêver d’Ai-Da il y a huit ans et l’a baptisée d’après la pionnière anglaise de la science informatique, la mathématicienne du XIXème siècle, Ada Lovelace.
La conception de ce projet a débuté en 2017 et s’est achevée en avril 2019, avec l’aide d’Engineered art, une entreprise en robotique de Cornouailles qui fabrique les robots de la série Westworld, et des chercheurs des universités d’Oxford et de Leeds.
Ai-Da regarde et créé
Ai-Da utilise un bras et un crayon robotisés pour dessiner ce qu’elle voit grâce à des caméras dans les yeux. Des algorithmes d’intelligence artificielle créés par des scientifiques de l’Université d’Oxford aident ensuite à produire des coordonnées permettant à son bras de créer de l’art.
L’exposition personnelle d’Ana-Da, ‘Unsecured Futures’, présente une sélection d’œuvres d’art d’Ai-Daet notamment huit esquisses, 20 peintures, quatre sculptures et deux œuvres vidéo, y compris une œuvre faisant référence à “Cut Piece” de Yoko Ono.
“Ai-Da est une persona, un avatar, elle est fiction, elle est réelle. Elle est dotée d’incroyables technologies et de compétences pour produire des oeuvres remarquables, innovantes” s’enthousiasme Aidan Meller.
D’autres croquis d’Ai-Da ornent les murs de la galerie d’art tenue par Aidan Meller. Il y a aussi des tableaux colorés et des sculptures mais ces oeuvres ont été réalisées par des humains à partir des esquisses d’Ai-Da. En effet, Ai-Da ne peut, pour le moment, tenir avec son bras robotique que certains types d’outils, comme les crayons à papier, mais pas les pinceaux.
Art et IA
L’exposition interroge notre relation avec la technologie et le monde naturel en montrant en quoi l’IA peut être à la fois progressive et perturbatrice au sein de la société. Elle explore les frontières entre l’intelligence artificielle, la technologie et la vie organique, à mesure que les nouvelles technologies se développent rapidement.
“Nous attendons avec impatience la conversation entre Ai-Da et le public“, a ajouté Lucy Seal, chercheuse et commissaire de l’exposition. “Les discussions qu’elle va inspirer seront une indication de son potentiel artistique et de son succès“.
Discret sur le coût total du projet, Aidan Meller a indiqué que la vente des oeuvres d’Ai-Da avait déjà permis son financement. L’intégralité des oeuvres a déjà été cédée pour un million de livres (1,13 million d’euros).
Ai-da ne fait pas l’unanimité
Aidan Meller dit s’intéresser au potentiel créatif de l’intelligence artificielle qui ouvrirait de nouvelles perspectives plutôt que de remplacer les artistes.
Et la démarche lancée par Meller suscite déjà des critiques. Le site Artnet est particulièrement virulent, notamment à propos de la vitesse de production du robot, capable d’achever une nouvelle œuvre toutes les 45 minutes, ce qui pourrait se révéler particulièrement lucratif pour les marchands d’art. Naomi Rea conclut que cette utilisation du robot est en fait un “fantasme misogyne et capitaliste”.
Reportage sur Ai-Da (AFP-TV):
De l’art contemporain d’un nouveau genre ?
Mais qui est le vrai auteur des “oeuvres” d’Ai-Da ? Le concepteur de l’algorithme, le robot, le peintre qui suit les instructions de la machine pour la toile finale ?
“La personne qui conçoit le code pour le robot lui apprend l’art, dans un sens, analyse Shaqib Shah, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies et la culture. Mais l’intelligence artificielle apprend en général par beaucoup d’autres sources de données, par exemple des images. Je pense que l’intelligence artificielle peut créer de l’art, mais le stade où elle peut créer des œuvres d’art plus complexes est encore loin.“
Les artistes humains ne sont pas donc encore remplacés par les robots et l’IA.
Même si ces œuvres d’art signées par des logiciels, ou des robots, commencent à se faire remarquer sur le marché de l’art. En décembre 2018, la maison de vente Christie’s a vendu pour la première fois une œuvre signée par une intelligence artificielle, pour un montant de 400 000 livres.
L’exposition personnelle d’Ana-Da, ‘Unsecured Futures’, se déroule du 12 juin au 6 juillet 2019 à la Barn Gallery du St John’s College, à l’Université d’Oxford.
SOURCES: Ana-Da, Cnet, franceculture.fr, lavenir.net, tdg.ch
Photos: Ana-Da
Date de première publication: 19/06/2019
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