« Financer le numérique (culturel), le CLIC fait le point » (le Quotidien de l’Art)

Partager :
Temps de lecture : 3 min

Article paru le 10 avril 2010 dans le Quotidien de l’art.
par Sarah Hugounenq

Si aujourd’hui les musées se mettent  indéniablement au numérique, la question  du financement de ces équipements reste  en suspens. Une table-ronde s’est tenue  sur ce sujet lors des troisièmes rencontres  nationales du numérique, organisées par  le Club Innovations & Culture France  (Clic) mercredi 4 avril à  Paris.

« On  imagine historiquement le mécénat dans  un cadre patrimonial. Pourtant, une partie  non négligeable des mécènes s’intéresse aux  nouvelles technologies. Je ne sais pas si nous  pouvons dire que le mécénat numérique  est plus ou moins facile que le mécénat patrimonial. Il est plus porteur et en même  temps plus complexe, car les acteurs du  Web ne sont pas dans le milieu des musées  et ils ont souvent des réticences face à   l’aura du musée sur Internet », explique  Constance Lombard, responsable mécénat des entreprises  au musée du Louvre.

Cécile Renaud, de la direction du  développement culturel au musée du quai Branly, fait  également la différence entre mécénat numérique et  mécénat patrimonial.

Selon elle, « ce qui est particulier dans  le secteur du numérique, c’est que les entreprises viennent vers  nous. Le risque est alors de multiplier les « one shot ». Notre  but est pourtant de forger une politique globale pour fidéliser  le mécène ».

L’appropriation des nouvelles technologies par  le musée n’en étant qu’à  ses débuts, le colloque a mis  en avant l’absence de stratégie globale de financement  du numérique. Les musées invités incarnaient autant  d’exemples divergents en la matière. Le réseau INmédiats,  qui regroupe six centres régionaux de culture scientifique  pour le développement de services numériques innovants,  use d’un modèle peu diffusé : la mutualisation des  moyens. Pour financer la moitié de la facture (qui s’élève  à  31 millions d’euros) permettant de constituer ce réseau,  chaque centre a demandé une participation de ses mécènes  habituels. Pour la moitié restante, INmédiats a bénéficié  du programme de financement exceptionnel du Grand  Emprunt en septembre 2011.  Outre la mutualisation et le financement public, le  mécénat reste la principale source financière du numérique  pour les musées. Pour la refonte de son site Internet,  le musée du Louvre s’est naturellement tourné vers des  grandes entreprises technologiques pour alléger la note  globale, de 1,2 million d’euros. à€ sa grande surprise, il a  fait chou blanc.

« En réalité, les entreprises technologiques  n’attendent pas une démarche de mécénat mais plutôt des  propositions de partenariat », remarque Constance Lombard.

Au final, les mécènes de ce projet ont été ceux habituels des  beaux-arts, et déjà  présents dans d’autres types d’opérations,  comme la fabrique de papier Canson. De même, l’exemple  du financement à  100 % des nouveaux visioguides du  palais des beaux-arts de Lille par leur mécène historique, la  Caisse d’à‰pargne Nord France Europe, corrobore ce constat.  L’institution lilloise pourrait se tourner une nouvelle  fois vers la banque pour développer son application pour  tablettes.  Même si les dérives existent dans le mécénat  patrimonial concernant les contreparties, le risque semble  accru dans le domaine du numérique. Les limites du  rapprochement avec les entreprises technologiques ont  été abordées, notamment en évoquant l’exemple du  guide multimédia 3D du musée du Louvre développé  par Nintendo. La représentante du musée a déclaré qu’il  s’agissait « effectivement d’une prise de risque assez forte. Ce  choix audacieux est le prix à  payer pour tenir les ambitions du  Louvre ». De même, la question de l’obsolescence rapide des  outils numériques n’a été qu’à  peine évoquée. Au-delà  de la  création du dispositif, comment financer les mises à  jour, le  suivi des évolutions du contenu, la location des serveurs ?

Autant de questions qui resteront encore en suspens.

A lire : Le quotidien de l’art / numéro 126 / mardi 10 avril 2012

groupe linkedin clic

Laisser un commentaire