Rendre le patrimoine plus vivant ? Le studio BK digital art company a pris ce pari au sens littéral: son projet Golem x Apollo réunit la beauté des statues grecques et la vie qui animait le Golem de la tradition juive. Gr ce à des projections vidéos, les visages des statues s’animent et vous fixent… Arnaud Pottier, créateur du projet, nous l’explique en détails et lance également un appel aux musées.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?
J’ai 29 ans et je suis directeur artistique de la socieÌteÌ BK digital art company que j’ai cofondeÌ avec Etienne Guiol et Olivier Bonhomme. BK digital art est une socieÌteÌ qui reÌalise du contenu visuel en lien avec les nouvelles technologies.
Nous créons essentiellement des contenus videÌo pour de l’eÌveÌnementiel et pour de la sceÌ€ne, comme des OpeÌras, et nous utilisons principalement la technique du video mapping comme moyen de diffusion. Le video mapping c’est ce qu’on voit sur les projections monumentales sur baÌ‚timents.
Nous avons notamment reÌaliseÌ cette anneÌe Lyon Terre aux lumieÌ€res qui eÌtait l’installation preÌsenteÌe sur la place des terreaux pour le 8 deÌcembre, la feÌ‚te des lumieÌ€res de Lyon, une des vitrines mondiale de cette technique.
L’ideÌe de monter cette socieÌteÌ avec mes deux associeÌs Etienne Guiol et Olivier Bonhomme venait de notre envie de pouvoir deÌvelopper nos projets plus personnels. Nous reÌalisons donc eÌgalement des installations artistiques graÌ‚ce aÌ€ notre structure.
Mon parcours en terme d’eÌtudes, c’est une premieÌ€re anneÌe aÌ€ l’eÌcole preÌparatoire des Beaux Arts de Lyon, un passage aÌ€ l’eÌcole Presqu’iÌ‚le de Lyon dans la communication visuelle et enfin – et surtout – des eÌtudes aÌ€ l’eÌcole Emile Cohl ouÌ€ j’ai eu une formation artistique classique avec l’eÌtude du dessin, de la sculpture ou encore de l’animation traditionnel et de la 3D.
Au delaÌ€ de mes eÌtudes j’ai toujours eÌteÌ autodidacte ce qui m’a servi pour faire un peu de programmation, bidouiller des ordinateurs, de la videÌo, de la photo ou encore aÌ€ utiliser des logiciels de vjng ou de mapping deÌ€s ses balbutiements.
Pouvez-vous nous preÌsenter le projet GOLEM X APPOLO, sa genèse, ses débuts ?
Le projet Golem, en cours de développement, est un projet de sculpture augmenteÌe. Ce projet consiste aÌ€ utiliser des bustes d’oeuvres classique qui ont essayé de mimer une certaine reÌaliteÌ du vivant au travers de la sculpture. Nous projetons sur celle-ci des flux videÌos qui vont donner l’illusion de la vie à la sculpture par l’utilisation de captation videÌo, de 3D et d’animation 2D.
Mon travail agit comme une surcouche en essayant de creÌer une sorte d’update moderne de l’oeuvre.
Ce qui est inteÌressant au niveau des ces installations c’est que geÌneÌralement au contact de ces oeuvres les gens ressentent de la fascination et de la reÌpulsion face au modeÌ€le et c’est ce sentiment que j’essaie de transmettre. C’est ce que Freud aÌ€ appeleÌ l’inquieÌtante eÌtrangeteÌ ou qu’on peut retrouver dans la theÌorie plus scientifique de la valleÌe deÌrangeante.
C’est ce sentiment qui preÌvaut lorsque qu’on instille de l’humain dans du non-humain, lorsque que notre cerveau a discerneÌ le vrai du faux organique.
Je deÌveloppe cette ideÌe depuis mes eÌtudes ouÌ€ je travaillais sur des installations autour du theÌ€me de la meÌduse et du miroir psychologique. J’avais alors commenceÌ aÌ€ projeter des visages capteÌs en videÌo sur d’autres visages reÌels ou encore sur des mannequins. L’anneÌe dernieÌ€re nous avons deÌcideÌ collectivement de mettre en avant ce projet au sein de notre studio et d’aller plus loin à la fois dans ce concept de l’inquieÌtante eÌtrangeteÌ mais eÌgalement au niveau technique.
Ne craignez-vous pas de « deÌnaturer » l’oeuvre en lui rendant vie ?
La question peut se poser et elle est leÌgitime. La videÌo agit comme une surcouche sur une œuvre qui a sa propre renommeÌe. Personnellement, je conçois mes installations comme des expeÌriences nouvelles. Lorsque j’ai une ideÌe j’essaye de focaliser mon énergie sur le positif et sur mon propos. Utiliser un objet, une œuvre et la reÌadapter ou la reÌinterpreÌter dans un nouveau lieu, avec une nouvelle technique ou une nouvelle technologie est quelque chose qui s’est toujours fait dans l’histoire de l’art. C’est comme dans une bonne reprise musicale… il faut que cela apporte autant aÌ€ l’original qu’aÌ€ celui qui la reÌinterpreÌ€te. Une symbiose doit se creÌer. Je pense que c’est le cas dans mes tests, le modeÌ€le rentre en fusion avec la videÌo que j’applique.
Les gens ont aujourd’hui un certain deÌsinteÌreÌ‚t pour la sculpture compareÌ au deÌbut du XXeÌme ou du XIXeÌme siècle. Hormis ceux qui ont fait des eÌtudes artistiques, beaucoup de gens ne connaissent que treÌ€s peu les grands classiques. Si je peux redonner un peu d’inteÌreÌ‚t pour des œuvres de notre patrimoine culturel j’en serais treÌ€s heureux.
Golem x apollo reste eÌgalement une eÌtape de travail en eÌvolution autour de la sculpture. Je pense que ces recherches impliquent eÌgalement de nouveaux champs d’application comme les recherches autour de polychromie perdue de certaines sculptures antique mais peut eÌgalement s’appliquer aÌ€ de la sculpture plus contemporaine lors de collaboration.
Comment avez-vous choisi la statue du prototype ? Est-ce aÌ€ cause de criteÌ€res techniques, et le projet peut il s’appliquer aÌ€ toute autre statue ?
Le choix du Apollon du BelveÌdeÌ€re s’est fait de par sa renommeÌe et son histoire particulieÌ€re dans l’histoire de l’art occidentale. C’est « la » sculpture classique par excellence (avec le David, la pieta ou encore le Laocoon). Mais c’est avant tout un choix de modèle, une figure solaire, l’eÌ‚tre de lumieÌ€re absolue. J’utilise le medium videÌo qui est eÌgalement une utilisation particulieÌ€re de la lumieÌ€re. C’est un choix penseÌ dans sa coheÌrence artistique.
Le buste fut un choix technique particulier pour cette installation. Nous sommes actuellement en train de fabriquer d’autre installations pouvant s’adapter aÌ€ des sculptures en pied et nous explorons eÌgalement la projection aÌ€ 360 °.
Comment pensez-vous que les museÌes pourraient utiliser ce projet ? Le voyez-vous comme une performance ou une installation museÌographique permanente ?
Golem x Apollo est une eÌtape comme je le disais preÌceÌdemment. Le projet Golem peut aussi bien eÌ‚tre une performance qu’une installation museÌographique pour des œuvres preÌexistantes. Il n’y a pas vraiment de limites. Nous explorons avant tout des pistes.
Le projet s’oriente eÌgalement sur des sculptures videÌos aÌ€ part entieÌ€re. Je travaille actuellement sur une nouvelle seÌrie d’œuvre s’appelant « VaniteÌ » mêlant photo, videÌo, sculpture et numeÌrique avec l’artiste Vincent Bousserez. Il s’agira d’une seÌrie d’œuvres multiformes totalement « Home made ».
Avez-vous des projets de reÌalisation avec des museÌes ?
Oui, je suis en preÌparation d’une installation sur plusieurs œuvres au cœur du museÌe des Beaux arts de Lyon dans le cadre d’une nocturne organiseÌ en juin 2015 avec nos partenaires « Dolus & Dolus » qui organisent notamment le « Mirage festival », un eÌveÌnement deÌdieÌ aux arts numeÌriques.
Avez-vous un reÌ‚ve ? un museÌe, une statue aÌ€ laquelle vous aimeriez redonner vie ?
Les grands museÌes comme le Louvre ou le MET sont bien sà»r des institutions qui font reÌ‚ver et des viviers d’œuvres incroyables.
Quels sont les moyens neÌcessaires pour reÌaliser et installer cette projection ?
Pour reÌaliser les installations, surtout beaucoup de temps et d’eÌnergie positive, une eÌquipe avec des gens motiveÌs. L’aspect financement est important mais cela fait partie d’un tout dans l’eÌquilibre artistique de notre studio de creÌation.
L’avez-vous deÌjaÌ€ preÌsenteÌ aÌ€ Paris ?
J’ai preÌsenteÌ cette installation aÌ€ la « Maison du RhoÌ‚ne » aÌ€ Paris lors de l’exposition collective « Convergence » qui s’est deÌrouleÌ en octobre 2014 et qui preÌsenteÌ la creÌation numeÌrique Lyonnaise. Mais depuis le contenu videÌo aÌ€ eÌvolueÌ.
Les installations sont aujourd’hui aÌ€ disposition pour eÌ‚tre exposeÌes.
APPEL A EXPERIMENTATION AUPRES DES MUSEES ET INSTITUTIONS PATRIMONIALES
Le Clic France s’associe à BK France pour proposer une nouvelle expérimentation de Golam dans un musée ou une institution culturelle de Paris Ile de France. Si vous êtes intéressé, contactez nous pour plus d’information experience@club-innovation-culture.fr.
Interview réalisée par mail le 27/03/2015
. Après le robot, la Tate mise sur l’expérience sonore et immersive pour son IK Prize 2015
. Pendant la Nuit Blanche du 28 février 2015, l’art numérique a envahi le métro de Montréal
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.