Dans certaines œuvres d’art du XVIIe siècle, la suggestion de l’odeur est si forte que l’on peut presque s’imaginer dans la scène. Vivriez-vous une peinture différemment si vous pouviez littéralement sentir l’œuvre en la regardant? La nouvelle exposition du Mauritshuis “Smell the art: Fleeting – Scents in Color” est “un voyage de découverte” qui incitera les visiteurs à découvrir l’art sous un nouvel angle. Via les différents diffuseurs de parfum positionnés dans les salles, ils peuvent sentir une armoire à linge propre, de l’ambre gris, de la myrrhe mais également les canaux nauséabonds du 17ème siècle. En complément de la visite réelle augmentée, le musée propose également une expérience virtuelle, avec une partie de ces odeurs recrées.
Cette exposition sera accessible dès la réouverture du musée jusqu’au 29 août 2021.
Une exposition augmentée par les odeurs
Dans l’exposition “Fleeting – Scents in Color”, le visiteur est invité à plonger dans le 17e siècle.
Face aux nombreuses œuvres d’art “où les couleurs jaillissent de la surface et le réalisme du coup de pinceau suggère parfois l’odeur associée”, le public ne mobilise pas seulement ses yeux mais également son nez.
Grâce à des distributeurs à parfum (adaptés aux contraintes covid), les visiteurs peuvent découvrir diverses odeurs représentées dans l’art, à la fois odorantes et nauséabondes, par un simple mouvement du pied.
“Même si le parfum est le sujet de l’exposition et qu’il y aura toutes sortes d’odeurs à apprécier, ce sont avant tout les œuvres d’art qui portent l’histoire” précise le musée.
Par cette expérience unique à cette échelle, l’exposition explore ainsi la représentation de l’odeur dans l’art du XVIIe siècle, les senteurs du passé, le rôle du parfum dans les histoires, la suggestion de parfum dans les œuvres d’art, ainsi que la perception sensorielle.
“Vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemblait un canal d’Amsterdam il y a 400 ans ? Cela aurait été assez sombre: des excréments, des déchets et toutes sortes de saletés ont été jetés dans l’eau. La même eau dans laquelle les ménagères plus pauvres faisaient alors leur lessive. L’hygiène personnelle et générale était loin d’être ce qu’elles sont aujourd’hui. Les gens étaient convaincus que les odeurs nauséabondes pouvaient nuire à leur santé. Heureusement, il y avait toutes sortes de trucs pour masquer les odeurs et les situations désagréables. Les femmes riches portaient un diffuseur de parfum sur une chaîne, puis un accessoire de mode coûteux. En plus d’avoir une belle apparence, cela leur permettait également de se protéger contre les odeurs dangereuses” raconte le musée sur son site.
- 8 parfums recréés
International Flavors & Fragrances – IFF, a créé les 8 parfums diffusés dans l’exposition.
Parmi elles, des odeurs de fleurs (appelant les natures mortes) ou de linge propre.
La société a même recréé une fragrance qui se rapproche de l’odeur de l’intérieur du bâtiment, que John Maurits (fondateur du musée), a décoré avec du bois qu’il a rapporté du Brésil. Les visiteurs d’aujourd’hui ressentiront une odeur perdue, car un incendie du XVIIIe siècle a détruit l’intérieur d’origine.
Le Mauritshuis a également travaillé avec l’entreprise pour créer une nouvelle visite distincte basée sur les odeurs de la collection permanente, spécialement conçue pour les visiteurs malvoyants.
- Les thèmes de l’exposition
À quoi ressemblait le monde (éphémère) des senteurs du XVIIe siècle ? Que pouvait-on sentir en quittant la maison ? Quelle était la relation entre l’odorat, la santé et l’hygiène personnelle ? Entre le parfum et la religion ? Quels arômes sont venues des terres lointaines ?
L’exposition considère la représentation du parfum dans l’art à la fois sous l’angle de l’histoire de l’art et dans une perspective historique plus générale.
Près de 50 peintures, dessins, imprimés et objets en disent plus sur des thèmes tels que le parfum, la santé et l’hygiène.
L’exposition revient également sur les légendes de l’époque. Au 17ème siècle, on croyait ainsi que les odeurs putrides et nauséabondes étaient nocives pour la santé et devraient être supprimées avec d’autres parfums répulsifs de maladies.
L’exposition évoque également le rôle du parfum dans la religion. Il y joue un rôle dans toutes sortes de rituels catholiques, et le divin peut parfois se révéler au moyen de la fumée parfumée. Mais pendant la Réforme, le protestantisme s’est dispensé de la reconnaissance sensorielle de la foi.
Un autre thème est le parfum à l’intérieur et à l’extérieur. Différentes œuvres offrent un aperçu de l’odorat du XVIIe siècle, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la maison. L’exposition explore également le thème des nouveaux arômes de contrées lointaines. Grâce au commerce extérieur en expansion, les nouveaux goûts et odeurs d’autres parties du monde étaient de plus en plus à portée de main et sont devenues très populaires.
Mais “le citoyen néerlandais moyen n’avait aucune idée du côté le plus sombre de ce commerce: l’exploitation, l’oppression et la violence précédaient souvent le moment où ils entraient dans la boutique pour acheter ces nouveaux délices” explique le musée.
En plus du linge frais et propre dans un intérieur de Pieter de Hooch et des parfums d’été et d’hiver dans des pomandres en argent du XVIIe siècle, les visiteurs pourront “sentir” la puanteur des canaux d’Amsterdam dans une vue sur la ville de Jan van der Heyden.
- Une boîte de parfum inédite pour permettre l’expérience de la maison
En prolongement ou en remplacement de la visite réelle de l’exposition, le musée propose également de vivre cette expérience unique à domicile en recevant le coffret parfumé de l’exposition qui sera bientôt disponible via la boutique en ligne.
Le coffret parfum sera associé à la visite numérique de l’exposition mise en ligne prochainement.
Le musée a récemment expédié des boites avec des diffuseurs de parfum capturant deux des huit fragrances de l’exposition aux journalistes. Mais la « boîte de parfum » destinée au public offrira avec quatre des parfums créés pour l’exposition et pourra être expédiée dans le monde entier. Chaque boite, incluant une invitation à la visite numérique, sera vendue 25 €.
“Je ne pense pas qu’un musée ait déjà proposé de sentir quelque chose à la maison”, a déclaré Ariane van Suchtelen, la commissaire de l’exposition, à Artnet News. “Nous devons voir comment cela fonctionne. Cette boîte est encore une expérience. Nous serons extrêmement heureux si nous atteignons le seuil de rentabilité. S’ils sont populaires, nous pouvons bien sûr en commander plus”.
1 500 boîtes ont déjà été commandées par le Mauritshuis. Les personnes souhaitant être informées de la disponibilité du coffret et de l’expérience en ligne peuvent s’inscrire sur le site du musée.
En attendant l’ouverture de l’exposition physique et numérique, le musée propose déjà une visite guidée en vidéo.
Dans la vidéo d’1 min 15, le concept de l’exposition est expliqué plus en profondeur et le rôle du parfum dans les œuvres d’art du XVIIe siècle est exploré.
Cette vidéo introductive est complétée par d’autres vidéos diffusées sur YouTube, présentant plus en détail les thématiques de l’exposition.
L’exposition bénéficie du soutien et du mécénat de la Loterie Nationale et de la société de production parfums IFF.
Présentation détaillée de l’exposition, de ses thèmes et des œuvres exposées sur le site du musée
Exposition “Sentez l’art: Éphémère – Parfums en couleur”
Dès la réouverture du Mauritshuis – 29 août 2021
SOURCES: Mauritshuis (CP et site web), artnews.net
PHOTOS: Mauritshuis
Date de première publication: 22/03/2021
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