Le jeudi 12 janvier 2017, le New Museum de New York et Rhizome ont lancé une exposition d’oeuvres d’art numériques en réalité virtuelle via une application mobile développée par la start-up EEVO. Première initiative du genre de la part d’un musée d’art, l’application crée un espace virtuel pour explorer 6 oeuvres numériques commandées poar le New Museum et réalisées par 6 artistes internationaux.
L’application gratuite pour terminaux Android ou iOS, compatible Oculus et Google Cardboard, est d’ores et déjà disponible en téléchargement dans le Google Play Store, et sera disponible dans l’App Store et sur la plateforme VR Oculus prochainement.
Les oeuvres proposées dans l’application, à son lancement, ont été conçues par les jeunes artistes numériques Peter Burr, Rachel Rossin, Jayson Musson, Jacolby Satterwhite, Jeremy Couillard, Jon Rafman mais également par l’artiste suisse Pipilotti Rist, qui proposait l’exposition immersive “Pixel Forest” au musée jusqu’à la mi-janvier 2017.
Les œuvres commandées dans le cadre de l’exposition application virtuelle “First Look: artists’VR” proposent des approches expérimentales de l’animation numérique dans la réalité virtuelle. Comme le décrit le musée, “ils comprennent notamment un “mémorial” aux victimes de la violence de la police (Musson); un scénario étrange de déconstruction des personnages du jeu vidéo (Rossin); une fantaisie étrange située dans une boîte de nuit industrielle (Satterwhite); un labyrinthe peuplé de figures en mutation (Burr, avec Porpentine); une simulation de la vie après la mort (Couillard); et une plongée troublante dans un monde alternatif en proie à des avatars, de nature à la fois banale et magique (Rafman)”.
D’un programme de commande à une application mobile
L’application est née de “First Look”, programme de commande d’oeuvres numériques et d’exposition co-piloté par le New Museum et sa filiale Rhizome. Fondé en 2012, le programme a déjà soutenu plus de trente-cinq œuvres à ce jour.
“First Look” qui avait jusque là soutenu le net-art, présente aujourd’hui une exposition basée sur la réalité virtuelle. Le musée d’art cherche ainsi à “élever la RV à une forme artistique artistique dont les possibilités doivent encore être testées et exploitées”.
“Nous avons très tôt souhaité soutenir les artistes engagés avec la réalité virtuelle comme médium artistique” explique Lauren Cornell, le conservateur du musée et directeur adjoint des initiatives technologiques, qui a animé une table ronde organisée conjointement avec la sortie de l’application. “Je dois dire que ces deux moments, l’émergence du web art dans les années 90 et l’utilisation de la VR maintenant, me rappellent les uns les autres, parce qu’il y a un enthousiasme et une curiosité semblables, et des visions d’artistes dépassant souvent ce que la technologie peut offrir. Tout cela pousser à aller de l’avant.”
Une année de gestation
Lauren Cornell et le directeur artistique Rhizome Michael Connor ont passé la dernière année à travailler avec EEVO, une start-up de développement VR qui permet aux créateurs de contenu de lancer leurs propres applications VR, en leur fournissant un moyen plus facile de distribuer leur contenu.
“Le défi de la VR est de pouvoir diffuser ces nouveaux contenus sur un téléphone mobile, un casque Oculus Rift, une Playstation, et d’autres terminaux différents. Une partie de ce que nous essayons de faire est donc de faciliter la distribution pour les créateurs de contenu qui peuvent ainsi se concentrer sur la création de ce nouveau type de contenu” a déclaré au site Artsy Alejandro Dinsmore, PDG de EEVO. “Les artistes peuvent télécharger leur travail sur YouTube, mais ceux qui veulent améliorer le contexte dans lequel leur travail est montré peuvent emprunter une plateforme plus qualitative et spécialisée”.
Alejandro Dinsmore estime que les artistes contemporains s’intéressent de plus en plus à la RV. “Il y a beaucoup de mouvements autour de l’ art, et beaucoup d’intérêt du côté des artistes. Mais il n’existe pas encore un lieu central dans lequel les amateurs d’art pourraient rechercher et découvrir ce type de contenu. Une des raisons pour laquelle nous nous sommes intéressés à travailler sur ce projet avec le New Museum est de pouvoir transformer le musée en un lieu où les artistes RV pourraient présenter leur travail et le publier directement dans l’application. C’est faisable. Mais cela n’existe pas encore”.
“Depuis sa naissance, l’art numérique dans sa version virtuelle n’a pas été disponible en dehors des galeries ou de biennale ponctuelle et n’étaient pas accessible à ceux qui ne possédaient pas l’équipement de visualisation coûteux. Mais le New Museum rend aujourd’hui ce travail largement accessible, tout en étant capable d’exprimer des idées quelque peu compliquées. Avec l’application, cette expérience peut être partagée à l’infini” estime Casey Hancock, directeur technique d’EEVO, qui a travaillé en étroite collaboration sur l’application au cours de l’année écoulée avec le président Matthew Griffiths.
Artists’ VR will be available on both iOS and Android, get your #GoogleCardboard ready! Today at 7PM. https://t.co/zdDOVFuMlW pic.twitter.com/SyHuX8Rrpb
— EEVO (@eevoVR) 12 janvier 2017
Le point de vue des artistes
Parmi les artistes impliqués dans ce projet figure la programmatrice et peintre Rachel Rossin, la première artiste virtuelle invitée en résidence dans l’incubateur du musée NEW INC, qui avait impressionné les visiteurs avec son interprétation du jeu Call of Duty.
“Bravo à l’institution pour cette première initiative de mettre la RV dans un espace de commande artistique” affirme Rachel Rossin. “En ce moment, il est si difficile de trouver de l’art numérique virtuel de qualité. L’application First Look: VR apporte un tout nouveau niveau d’accessibilité. J’avais déjà pu admirer le travail de réalité virtuelle artistique sur un Rift Oculus, dans un atelier, une galerie d’art, une foire d’art, et plus récemment, via une projection 360 degrés dans un dôme. Il est maintenant facilement d’y accéder par le biais du smartphone et d’un simple cardboard. C’est vraiment merveilleux de rendre cette forme d’art plus démocratique”.
L’idée d’un espace centralisé pour rassembler et permettre l’exploration facile des oeuvres numériques en RV est incontestablement dans l’air du temps. Au moment où la technologie se diffuse dans le secteur de l’art et de la création, des institutions (musées ou galeries) se lancent dans cette nouvelle forme de diffusion pour favoriser l’accessibilité à cette forme d’art.
Comme l’explique Lauren Cornell, le New Museum est “parmi les premiers à considérer son appareil mobile comme une plateforme non seulement pour améliorer l’expérience de visite de la galerie, mais plus largement pour proposer une nouvelle relation avec l’art”.
SOURCES: NEW Museum, Artsy
Date de première publication: 18/01/2017
. Une première exposition d’oeuvres numériques du musée virtuel Dimoda ouvre dans un musée américain
. Avec l’exposition immersive Björk Digital, l’artiste islandaise se dévoile aux 4 coins de la planète
. Le New Museum de NYC ouvre le NEWINC: incubateur pour l’art, la technologie et le design
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.