Entre patrimoine et innovation, la Cité de l’Espace et l’Envol des Pionniers sont le reflet de l’histoire et de l’écosystème spatial de Toulouse. Ces deux lieux culturels, exploités par une société d’économie mixte pour le compte de Toulouse Métropole, sont actuellement fermés pour cause de pandémie. Dans ce contexte difficile, la Semeccel redouble d’activités en ligne et hors les murs et a maintenu ses investissements pour offrir de nouvelles expériences à ses visiteurs au moment de la réouverture. Dans cette interview exclusive au Clic France, Christophe Chaffardon, Directeur Education, Science et Culture, Semeccel, dresse un bilan de la période covid-19 et dévoile certains de ses projets.
- Pouvez-vous présenter la Semeccel ?
La Semeccel est la société d’économie mixte (SEM) qui exploite, pour le compte de Toulouse Métropole, deux sites culturels à Toulouse.
La Cité de l’espace, ouverte en 1997, est dédiée à la découverte de l’espace et de l’astronomie.
L’Envol des Pionniers, inauguré à la fin de l’année 2018, raconte les débuts de l’aéronautique toulousaine, à travers l’épopée de l’Aéropostale, dans les lieux même où cette aventure s’est déroulée. (Article Clic France: 100 ans après le premier vol de l’aéropostale, le nouveau site culturel de Toulouse « L’Envol des Pionniers » a ouvert au public)
- La SEM en quelques chiffres
Le budget annuel de la SEMECCEL se situe autour de 17 M€ pour l’année 2019, et les recettes propres permettent un autofinancement aux environs de 65% des dépenses, le reste relevant d’une subvention financière annuelle de Toulouse Métropole.
L’effectif de la SEMECCEL est d’environ 125 permanents, y compris boutique et restaurant, qui sont internalisés. Cet effectif varie bien sûr en fonction des saisons, avec des compléments CDD sur les périodes estivales, par exemple.
Avant COVID (!), la fréquentation annuelle de la Cité de l’espace atteignait 407 000 visiteurs (chiffres 2019), avec une croissance forte et régulière observée depuis 8 ans. L’Envol des Pionniers, ouvert fin décembre 2018, a accueilli 35 000 visiteurs en 2019.
- Pouvez-vous nous présenter votre département et votre périmètre d’actions au sein de la Semeccel ?
Historiquement, deux directions œuvraient au sein de la SEMECCEL pour développer une offre à destination du public : une Direction des Expositions (pour les expositions, permanentes, temporaires, itinérantes), et une Direction Education et Médiation Scientifique (dédiée à la médiation sur site et hors les murs, à l’éducation, aux événements). D’une certaine manière, la première concevait le « foncier » de l’offre, en développant des ensembles muséologiques permettant aux visiteurs de s’immerger dans des lieux, et d’interagir avec des dispositifs de découverte et d’apprentissage. La seconde permettait d’insuffler de la vie dans cet ensemble foncier, par le biais de rencontres humaines : ateliers, animations participatives, rencontres, événements, visites, démonstrations…
Vouées aux mêmes objectifs finaux, ces deux Directions voyaient leurs actions parallèles converger de plus en plus vers une ligne commune… A l’occasion d’un départ à la retraite, ces deux directions ont été fusionnées pour former une seule et même « Direction Education, Sciences et Culture », rassemblant tous les acteurs du développement de l’offre, et que j’ai le plaisir d’animer.
Elle est composée de quatre entités : Expositions et Patrimoine (intégrant l’accessibilité), Education et Médiation (intégrant des enseignants chargés de mission), Spectacles et Evénements (intégrant la programmation des salles de Planétarium et IMAX®) et une dernière dédiée au développement de l’offre de L’Envol des Pionniers.
- Quelles sont les fonctions mutualisées entre les deux lieux ?
Les différentes Directions de la SEMECCEL sont mutualisées sur les deux sites, que ce soient pour les fonctions supports (RH, administratif et finances, informatique…), les métiers commerciaux (marketing, ventes, réservation…), de la communication, de l’exploitation ou du développement de l’offre (expositions, éducation, événementiel…).
Cependant, dans le cas de la Direction de l’exploitation, certains collaborateurs sont entièrement dédiés à L’Envol des Pionniers, et d’autres (la majorité) à la Cité de l’espace, compte tenu de la spécificité des contenus.
Au sein de la Direction Education, Sciences et Culture, que j’anime, une collaboratrice a également la responsabilité spécifique du développement de l’offre de l’Envol des Pionniers.
- Comme tous les lieux culturels français, vos deux lieux sont fermés après une première fermeture au printemps 2020. Durant ce second confinement, avez-vous tiré les leçons du premier confinement en proposant de nouvelles offres numériques / hors les murs ?
L’expérience du premier confinement, au cours duquel nous avons produit de nombreuses activités en ligne (conférences, événements, comme pour le 30ème anniversaire du télescope Hubble le 24 avril 2020 par exemple, fiches d’activités de confinement, avec la collection « Astronaute chez soi »…), nous a permis d’organiser de manière plus efficace de nouvelles activités.
https://twitter.com/CiteEspace/status/1374299885932064773
Notre choix s’est notamment porté vers des actions hors les murs scolaires, en permettant à nos animateurs scientifiques d’intervenir directement dans les classes avec des animations adaptées.
- Le confinement a accéléré la numérisation des institutions culturelles. Est ce votre cas ?
En effet, cette période nous a permis d’accélérer des initiatives numériques que nous ne proposions pas jusqu’alors, en particulier des visites ou « Eductours » en ligne, à destination de publics cibles (enseignants, acteurs du tourisme…).
Les conférences, tables rondes et séances de cinéma en ligne se sont aussi multipliées depuis le deuxième confinement, pour nos deux sites.
- Allez vous pérenniser certaines de ces nouvelles activités numériques, même après la réouverture ?
C’est LA question ! Je crois en effet que certains événements, notamment les rencontres, tables rondes et autres conférences animées ne pourront pas faire l’impasse d’une diffusion en ligne, podcastée, streamée…
Pour cela, nous avons décidé d’équiper nos salles de conférences d’un dispositif simplifié de captation, qui permettra de filmer tout ce qui pourra se passer dans ces salles, sans intervention technique complexe, afin d’en permettre un usage en ligne.
- Cela veut il dire que vous allez internaliser de nouveaux savoir faire afin de produire de nouveaux contenus avec les équipes ?
Tout à fait. Pour cela, mon équipe travaille de plus en plus étroitement avec la Direction Marketing Communication Ventes, qui gère la politique digitale.
Cette nouvelle offre se construit ensemble, et concerne les activités événementielles, mais aussi celles liées à la médiation, l’éducation, les expositions…
- La science participative et les activités éducatives à domicile ont explosé en 2020, et même avant. Qu’avez vous proposé en la matière ?
La plupart des projets éducatifs que nous menons avec les classes se concluent par une journée de restitution, à la Cité de l’espace ou à L’Envol des Pionniers, qui peut réunir jusqu’à 500 élèves.
Ne pouvant organiser ces journées en raison du confinement, nous les avons convertis en journée en ligne, proposant des activités à réaliser par les élèves chez eux, et en impliquant parfois les parents (cas du 1er confinement !). c’était le cas par exemple du Défi Robots Martiens, devenu « Défi robots martiens chez soi » https://www.cite-espace.com/evenements-scolaires/defi-robots-martiens-chez-soi/
De la même manière, l’initiative « Astronaute chez soi » que nous avons décidé quelques jours à peine après le début du premier confinement, a permis de mettre en ligne 20 activités simples pour mieux comprendre les contraintes de la vie d’un astronaute dans l’espace.
Postées en ligne deux fois par semaine, ces activités ont reçu un très bon écho de la part du public et des médias (cf Lemonde.fr). https://www.cite-espace.com/astronaute-chez-soi/
- Pendant les confinements, vous n’avez pas lancé de visites virtuelles 360°. Pourquoi ?
Une des grandes identités de la Cité de l’espace, et de L’Envol des Pionniers, repose sur la médiation humaine que nous proposons au public, qu’elles soient sous la forme d’activités expérimentales (Cité de l’espace) ou de rencontres avec des comédiens (L’Envol des Pionniers).
Avec le confinement, notre réflexe a été prioritairement d’imaginer un moyen de maintenir cette médiation sous une autre forme : par le biais d’activité en ligne, ou par des actions hors les murs.
Au détriment, de fait, d’une offre de visite virtuelle qui pouvait paraître désincarnée. Mais ce type de visites est dans nos tablettes pour le futur.
- Avez vous proposé des visites du lieu en format vidéo ? en direct ou en différé ?
Oui, des visites animées, guidées, nous ont paru intéressantes à proposer en ligne, à destination de groupes constitués, gratuites, ou par l’intermédiaire d’initiatives extérieures.
Nous avons ainsi récemment organisé une découverte en ligne de l’exposition temporaire « Antoine de Saint-Exupéry, un Petit Prince parmi les Hommes » à L’Envol des Pionniers, accompagnée d’une présentation des offres scolaires associées, pour les enseignants souhaitant planifier une visite dans le futur.
https://youtu.be/Y5D6yQh97BE
Autre exemple : au cours du premier confinement, nous avons proposé une visite animée (et en anglais) de la Cité de l’espace dans le cadre d’un cycle de visites de musées français organisé au niveau international par Tiqets.
Ces 2 visites vidéos étaient gratuites.
- Faute de pouvoir accueillir des groupes scolaires, avez vous proposé de nouvelles offres (numériques ou hors les murs) à destination des écoles ?
Dès l’annonce du confinement de novembre 2020, nous avons décidé de proposer aux classes des activités hors les murs, pour la Cité de l’espace et pour L’Envol des Pionniers.
Des scénarios spécifiques d’activités ont mis en place, par exemple « Class’tronautes » pour les cycles 3, ou « Ateliers robots martiens » pour les cycle 2 de l’école primaire.
https://twitter.com/CiteEspace/status/1331562321274171394
Munis de malles renfermant des matériels expérimentaux, nos animateurs scientifiques partent ainsi à la rencontre des élèves, directement dans leurs écoles, pour une journée d’animation.
Ces interventions sont facturées 800 € la journée, tous frais compris. Il est à noter que cette offre a intéressé des enseignants qui ne seraient pas forcément venus à la Cité de l’espace, même ouverte : désireux de proposer des activités expérimentales à leurs élèves, en lien direct avec les programmes scolaires (l’apprentissage au codage et à la robotique, par exemple, pour le cycle 2), ils ont privilégié cette approche plus simple à organiser.
Nous étudions à l’heure actuelle la faisabilité d’une poursuite de ces actions dans le futur.
- Avez vous lancé d’autres offres payantes numériques (visites virtuelles, ateliers, conférences) à destination du grand public pour monétiser vos activités et contenus numériques ?
Nous avons souhaité prioritairement maintenir un lien avec notre public, par l’intermédiaire notamment du suivi des actualités spatiales (pour la Cité de l’espace), et en développant une offre culturelle en ligne (pour L’Envol des Pionniers), tout en continuant à investir pour préparer la ré-ouverture.
- En 2020, comment a progressé l’audience de votre site web et de vos réseaux sociaux ?
Nous avons plus de 3 000 000 de pages vues par an en moyenne sur le site web de la Cité de l’espace… En 2020, nous avons observé une baisse de 58%, en relation avec la fermeture de la Cité de l’espace.
Le suivi et le traitement de l’actualité spatiale a permis néanmoins de « booster » le trafic tout au long de cette année particulière. Par exemple un article expliquant comment suivre un passage ISS dans le ciel a permis générer plus de 7000 visiteurs sur une journée.
- En 2020, quels ont été les contenus / formats qui ont généré le plus d’audience et d’engagements sur vos réseaux sociaux ?
Le programme #astronautechezsoi a été intéressant à observer. Il nous a permis de générer du trafic web (page n°1 du site internet visitée pendant les 2 mois de publication des 20 missions du programme), de gagner 7 600 impressions Twitter par jour sur les 2 mois, d’atteindre plus de 50 000 vue sur les 90 stories réalisées, et d’acquérir de nouveaux fans Facebook.
Ces bons résultats nous confortent dans l’idée de continuer à proposer, pour la Cité de l’espace, des activités digitales qui soient fidèles à l’identité de médiation du site : expérimentales, liées à l’actualité, simples à comprendre pour le plus grand nombre…
- En 2020, vous avez largement “surfé” sur les évènements (mars, Pesquet). C’est important pour un lieu comme le votre, qu’il soit ouvert ou fermé ?
La Cité de l’espace a pour vocation de permettre au grand public de découvrir et de mieux comprendre les activités spatiales d’hier, d’aujourd’hui, et de demain. Ces activités sont en plein essor à l’heure actuelle, avec beaucoup d’innovations d’un point de vue technologique, de découvertes d’un point de vue scientifique, et d’évolutions sur le plan géopolitique. L’actualité est riche d’espace, et les médias s’en font l’écho, en parallèle des efforts de communication de plus en plus importants réalisés par les agences spatiales.
Depuis plusieurs années, nous proposons au public d’éclairer au mieux cette actualité, par l’intermédiaire d’expositions, de médiations et d’événements associant la communauté spatiale, particulièrement représentée à Toulouse (qui est la capitale européenne de l’espace avec la présence de toute la chaine de valeur de la filière et près de 14 000 personnes impliquées dans le secteur spatial !).
L’année 2021 est très dense en événements spatiaux importants : atterrissage (réussi) du rover Perseverance le 18 février 2021, décollage de Thomas Pesquet le 22 avril pour 6 mois de mission « Alpha » à bord de la Station Spatiale Internationale, atterrissage d’un rover chinois sur Mars pour mai-juin, décollage du télescope spatial géant James Webb Space Telescope fin octobre, à bord de la fusée Ariane 5…
Que nous soyons ouverts ou fermés, nous continuons notre mission d’interprétation de l’actualité spatiale pour le public, en nous appuyant sur nos dispositifs et ressources, par le biais d’actions en ligne ou de sollicitations médias.
- Pour la thématique de mars, vous avez lancé 2 partenariats avec Radio France, une nuit sur France Infos et des podcast ? quel bilan tirez vous de cette stratégie de coproduction et de partenariat avec ces médias ? Une stratégie de coopération que vous allez poursuivre ?
Notre mission d’interprétation de l’actualité spatiale, que nous effectuons de manière rigoureuse, en utilisant des dispositifs destinés à un public le plus large possible, attire forcément l’attention des médias, qui viennent nous voir afin d’illustrer leurs sujets.
Nous avons ainsi développé des partenariats importants, par exemple avec France Info, sur des événements ou des expositions. Un plateau France Info (« Les informés ») a ainsi été entièrement délocalisé à la Cité de l’espace le 18 février de 21h à minuit pour suivre l’atterrissage en direct du robot Perseverance, à côté de la maquette motorisée que nous avons réalisée du rover, à l’échelle 1, dans un décor martien. Experts et scientifiques ont pu se succéder au micro, en compagnie de notre journaliste spatial, Olivier Sanguy, qui a participé aux échanges.
Dans ce contexte de partenariat, des podcasts ont également été réalisés par nos soins avec Radio France, sur la thématique de l’exploration martienne. Les 7 premiers épisodes de cette série ont occupé les 7 premières places des podcasts France info, toutes thématiques confondues !
Fidèle à notre mission, nous poursuivrons dans l’avenir ces collaborations, qui demandent réactivité et rigueur, mais qui servent un objectif commun que nous partageons avec les médias : permettre au plus grand nombre de mieux comprendre l’espace et l’astronomie, ou de découvrir l’aventure de l’Aéropostale, si inspirante pour relever les défis aéronautiques d’aujourd’hui…
- Dans cette période d’incertitude avez vous du revoir à la baisse vos investissements en matière d’activités in situ ?
La période est incertaine, c’est le moins que l’on puisse dire. La bonne santé financière de la SEMECCEL permet néanmoins de résister.
Si certains investissements ont été reportés, nous avons fait le choix de maintenir les plus importants, qui sont structurants pour les sites : ceux qui s’inscrivent, pour la Cité de l’espace par exemple, dans la logique du suivi des actualités spatiales.
Concernant L’Envol des Pionniers, les investissements prévus pour finaliser l’offre d’ouverture ont été également maintenus. Il nous parait fondamental de pouvoir retrouver notre public (le plus vite possible !) avec une offre renouvelée, actualisée, qui permette de nouvelles découvertes.
- Que réservez vous à vos visiteurs réels pour la réouverture ?
Côté Cité de l’espace, nous créons un nouvel espace au cœur des expositions, « La Carré de l’actu », qui permettra de traiter des sujets d’actualités de manière interactive.
Le premier sujet sera consacré au « Suivi Mission Alpha » : les visiteurs pourront accéder à une salle de contrôle permettant de suivre au plus près la nouvelle mission de Thomas Pesquet : planning, expériences embarquées, témoignages… Ces contenus seront actualisés tout au long de la mission, avec l’aide de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) et du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) !
Une animation pour mieux comprendre comment les astronautes sont sélectionnés sera également proposée dans une de nos salles d’animation, pour illustrer la nouvelle sélection des astronautes de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), en cours cette année… Tests psychologiques, jeux collaboratifs, et défis seront au programme !
Au cours de l’année 2021, nous allons également ouvrir un « Terrain martien », dans les Jardins, semblable à ceux présents dans les agences spatiales du monde entier, pour tester les robots.
Cet équipement de 213 places plongera les visiteurs sur Mars, avec enrochements et sol martien, et permettra de découvrir les prouesses des rovers par l’intermédiaire d’animations scientifiques étonnantes.
Nous avons réalisé pour cela une maquette entièrement robotisée de Perseverance, grandeur nature, et une autre semblable du rover chinois de la mission Tianwen. Un drone martien sera également de la partie !
Ce type d’animation permet de s’adresser à un grand nombre de visiteurs, en extérieur, ce qui permet de garantir l’offre sur les périodes de forte fréquentation.
Parallèlement, avant la réouverture, nous apportons un soin particulier à garantir le confort de nos futurs visiteurs, notamment à l’extérieur, en développant assises et ombrages.
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Présentation détaillée des “nouveautés martiennes” de la Cité de l’Espace en 2021.
- Préparez-vous des nouveautés pour L’Envol des Pionniers ?
Côté L’Envol des Pionniers, l’exposition « Antoine de Saint-Exupéry, un Petit Prince parmi les Hommes » va pouvoir reprendre son activité. Elle n’a pu être présentée que dix jours au cours de vacances de Toussaint 12020, avec un début très prometteur en terme de fréquentation.
L’expo relate les différentes facettes de la vie d’Antoine de Saint-Exupéry, qui est véritablement devenu pilote suite à son embauche aux Lignes Latécoère à Toulouse, en 1926, qui deviendront quelques mois plus tard la fameuse Aéropostale. Cette période d’aventures et d’exploits a été déterminante dans la genèse de ses premières œuvres littéraires.
Nous aurons aussi le plaisir de proposer à nouveau notre expérience « Volez à bord du Bréguet », un vol à bord d’une carlingue de Bréguet XIV reproduite sur vérins, reproduisant fidèlement les aléas d’un Toulouse-Barcelone des années 20, passage des Pyrénées compris…
- A L’Envol des Pionniers, poursuivez vous votre médiation humaine avec des comédiens ? Quel bilan avez vous tiré de cette expérience incarnée ?
L’Envol des Pionniers raconte l’épopée des Lignes Latécoère et de l’Aéropostale, sur les lieux mêmes où Pierre-Georges Latécoère a construit son usine d’avions en 1917, dans le quartier de Montaudran, donnant naissance à l’aéronautique toulousaine. La réhabilitation des anciens magasins de l’usine en lieu de mémoire a permis de conserver l’architecture industrielle de l’époque, avec ses piliers de briques, ses sheds, sa lumière.
Comme si les anciens mécaniciens, pilotes, chef d’exploitation et entoileuses (les seules femmes admises à l’époque dans l’usine, pour entoiler les ailes) étaient toujours là… C’est l’idée de départ de la médiation incarnée que nous avons mise en place.
Des comédiens costumés comme à l’époque (nous avons travaillé avec des costumières pour reproduire fidèlement les combinaisons, vestes de cuir et autres blouses…) viennent spontanément à la rencontre des visiteurs, surpris de voir ces intrus pénétrer dans leur environnement de travail. Les prenant pour des mécanos égarés, ou pour de nouveaux pilotes fraîchement recrutés, ils vont leur distiller quelques anecdotes de leur quotidien, permettant aux visiteurs de rentrer petit à petit dans leur époque, leur histoire, leur métier, leur aventure.
Ces « rencontres », sans rendez-vous et comprises dans le billet d’entrée, sont proposées tous les jours, spontanément. Elles rencontrent un vrai succès auprès du public, surpris d’abord, puis embarqué en quelques minutes dans la France de Poincaré et les stages « cambouis » des mécanos de Latécoère…
- A la réouverture allez vous modifier réduire vos outils de médiation in situ pour des raisons sanitaires ?
L’expérience de la réouverture de juin 2020 nous a montré que nous pouvions conserver la grande majorité de nos médiations, en adaptant la circulation des flux et les jauges, même à l’intérieur.
La Cité de l’espace dispose également de 4 hectares de Jardins extérieurs, qui sont autant de lieux de découverte et d’animations, avec de nombreuses maquettes et équipements proposés : c’est un réel avantage également pour permettre une bonne répartition des flux.
Concernant les stylets interactifs, que nous distribuions à chaque « tribu » pour faciliter l’usage des écrans interactifs, nous sommes en cours d’analyse pour renouveler le dispositif.
- Avez vous des projets en matière de VR, réalité augmentée ou mixte ?
Nous suivons depuis longtemps les expériences de VR et AR mises en place dans les différentes musées et centres de sciences dans le monde.
La Cité de l’espace a d’ailleurs dès 2011 participé à des projets innovants d’usage du numérique dans les musées, avec notamment le projet européen « CHESS », pour lequel nous avions collaboré avec l’Acropolis Museum d’Athènes. L’espace est une thématique plébiscitée par les expériences VR notamment.
A l’heure actuelle, nous travaillons étroitement avec des labos de recherche en planétologie et astrophysique, qui développent des VR en images réelles véritablement bluffantes : sur la Lune, sur Mars…
En terme d’usage, la question qui se pose pour nous est lié au flux souvent faible permis par ces dispositifs : il faut pouvoir trouver un mode d’exploitation satisfaisant sur site pour éviter les files d’attentes et les insatisfactions.
Nous sommes en train d’y travailler, côté Cité de l’espace, mais aussi à L’Envol des Pionniers, ou un mode d’accompagnement digital pourrait nous aider à raconter l’histoire des pionniers de l’aéropostale, de manière complémentaire aux rencontres avec nos comédiens.
SOURCE: Clic France
PHOTOS: Semeccel
Date de première publication: 26/03/2021
La Semeccel est membre du Clic France
Interview recueillie par mail entre le 18 et le 25/03/2021
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