Le jeudi 16 mars 2017, durant le Sommet sur les arts à l’ère numérique, le Conseil des arts du Canada (CAC) a annoncé la mise en place d’un nouveau fonds numérique de 88,5 millions $ (61.2 millions d’Euros) pour 2017-2021.
Dans son discours en forme de manifeste, Simon Brault, directeur et chef de la direction du CAC a saisi l’occasion pour rappeler les grands objectifs de l’institution fédérale qu’il dirige .
Comme cela est expliqué sur son site web: “le Conseil des arts du Canada, fondé en 1957, est l’organisme de soutien aux arts du Canada. Nous soutenons l’excellence artistique en offrant aux artistes et aux organismes artistiques canadiens une vaste gamme de subventions, de services, de prix et de paiements et nous en faisons la promotion.” Le Conseil des arts investit annuellement plus de 150 Millions de $ canadiens. Le CAC gère notamment La Banque d’art du Conseil des arts qui “offre aux Canadiennes et aux Canadiens un accès public unique à l’art visuel contemporain d’ici par l’entremise de ses trois programmes : location d’œuvres, prêts aux musées et projets de rayonnement. Sa collection englobe plus de 17 000 œuvres réalisées par quelque 3 000 artistes d’ici, notamment des artistes issus des communautés autochtones ou d’horizons culturels variés. La collection est accessible à tous par l’intermédiaire du site Internet banquedart.ca“.
“Le contexte incertain et insondable dans lequel le secteur des arts évolue aujourd’hui” a conduit Simon Brault à revenir sur l’importance de soutenir la création artistique malgré les défis à venir et a annoncé que le nouveau Fonds numérique viendra soutenir des projets de moins de 10 000 $ et d’autres plus imposants jusqu’à 500 000 $.
“Depuis plusieurs mois, nous réfléchissons aux contours du fonds numérique que nous nous sommes engagés à créer. Depuis plusieurs mois, nous échafaudons des hypothèses; rencontrons des geeks et des artistes technophiles ou non ici et à l’international” a expliqué le directeur du CAC.
Un sommet Pancandien
Le jeudi 16 et vendredi 17 mars 2017, le sommet pancanadien a réuni à L’Arsenal de Montréal près de 300 participants, “afin de trouver des réponses aux changements et aux bouleversements provoqués par les technologies numériques dans le secteur des arts”.
“Nous devons tenter de mieux comprendre les effets créés par l’effondrement continu des modèles de distribution, de consommation et de fréquentation que nous tenons encore, et à tort, pour acquis”, a précisé M. Brault.
Le directeur du Conseil des arts du Canada a expliqué que les dérives des technologies – par le biais des algorithmes dorénavant omniprésents dans le paysage numérique – pouvaient mener à une “certaine aliénation”, n’hésitant pas à accuser les plateformes numériques de distribution de “sonner le glas de la méritocratie et de la diversité”.
Selon M. Brault, ce que le milieu culturel doit retenir de la crise des médias et de la dérive technologique, c’est la “stérilité de s’embarquer dans une compétition technologique. Il faut [plutôt] susciter l’engagement du public, dans cet acte de communication et de partage que sont ultimement les arts et la pratique artistique”.
“Un fonds stratégique souple”
Avec 88 millions en quatre ans (62 millions d’euros) investis dans ce fonds, le Conseil des arts du Canada (CAC) veut montrer la voie dans l’ère numérique. Le CAC mise sur un Fonds stratégique souple, plutôt qu’un programme, dont l’utilité sera réévaluée dans deux ans. “En 2021, annonce M. Brault, le Fonds numérique représentera environ 10 % des investissements du Conseil. C’est un gros montant, mais ce n’est pas déraisonnable”.
Ce fonds “doit miser sur les arts et les artistes avant tout”.
“Dans le monde, explique Simon Brault au journal La Presse, les politiques numériques ont voulu régler des problèmes industriels ou post-industriels et, à la fin, on a cherché à aider les créateurs. Nous, on commence par ça. On veut des initiatives concrètes qui peuvent avoir un impact sur un secteur plutôt que de donner un avantage à tel orchestre ou tel musée”.
En présence des dirigeants des conseils des arts des provinces canadiennes et de représentants du monde des arts, Simon Brault a souligné que “l’art est la preuve que la technologie ne suffit pas” et a précisé “dans la Silicon Valley, ils ont des informations sur les préférences culturelles de plus de 2 milliards d’êtres humains et ici, on ne s’échange même pas les listes d’abonnés entre opéras et orchestres. Chez nous, on ne connaît pas les gens qui aiment les arts, alors que technologiquement, on a la capacité de le faire. Il faut penser autrement et investir dans ce sens-là”.
Le Fonds numérique n’encouragera pas les initiatives individuelles, mais les projets qui profitent à plusieurs artistes, organismes ou à un secteur.
“On les force à se parler, déclare Simon Brault. Les gens sont habitués à travailler en silos. On veut amener un changement de paradigme. On pense avoir une masse critique de ressources pour le réaliser. Par exemple, une maison d’édition, poursuit-il, pourra soumettre une initiative qui touche l’ensemble du secteur de l’édition si elle reste très proche de la question de l’art. Au Conseil des arts, notre mandat n’est pas de régler les problèmes de l’industrie, mais de s’assurer que la littérature a un avenir. Au Québec, il y a de petites maisons indépendantes qui ont déjà de nouvelles façons de travailler”.
Trois axes de soutien
La directrice du Fonds, Sylvie Gilbert, a expliqué que le CAC veut aider le secteur des arts à profiter du numérique tout en restant pertinent. Les trois axes du Fonds “seront la littératie et l’intelligence numérique, l’accessibilité et l’engagement citoyen et la transformation des organismes”.
Pour juger les projets, le Fonds s’appuiera sur “des comités d’experts, même internationaux, qui sont vraiment dans le numérique. Ils vont pouvoir mesurer l’impact des initiatives” précise Simon Brault.
Dans deux ans, le Conseil souhaite réévaluer l’utilité de ce Fonds stratégique, et décidera s’il faut l’augmenter, notamment.
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