Le développeur du jeu Pokemon Go s’est associé à des musées et à d’autres institutions pour finaliser la dernière version de Lightship, sa plate-forme de réalité augmentée (RA) qu’ il souhaite opposer au concept de Metaverse. La société Niantic Labs souhaite ainsi apporter aux développeurs et aux utilisateurs du monde entier une solution technologique capitalisant sur le succès de Pokemon Go et permettant de combiner réalité augmentée et monde virtuel. En impliquant dès maintenant le Science Museum de Londres et les palais royaux historiques britanniques, la plateforme Lightship espère devenir le partenaire privilégié du monde des musées et du patrimoine.
Le 22 novembre 2021, en plus des 2 musées, Niantic Labs a annoncé s’être également associé à une société de développement basée à Londres, Preloaded, et à d’autres développeurs de studios, tels que Nexus Studios, Curiosity et Designium, mais également à d’autres acteurs de la culture, tels que l’artiste JR, le nouvel acteur de l’art immersif, Superblue, le festival de Coachella, le label Warner Music Group et le studio cinéma Universal Pictures, entre autres.
- Une boite à outils améliorant l’expérience de RA
En novembre 2021, Niantic Labs a sorti une première version de son kit de développement pour la réalité augmentée. Lightship ARDK comprend plusieurs des outils qui ont déjà été utilisés dans la production de certains des jeux vidéo de Niantic, en particulier Pokemon Go et Pikmin Bloom.
L’objectif est que ces outils permettent aux développeurs de logiciels et de contenus de créer plus facilement des expériences innovantes. Trois fonctionnalités, rendues populaires par Niantic Labs, sont particulièrement mises en avant: la cartographie en temps réel, les options de partage multijoueur dans les jeux AR et la possibilité pour les objets AR d’interagir de manière réaliste avec des situations et des paramètres du monde réel.
- Une plateforme “ouverte” anti Metaverse
Le PDG de Niantic Labs, John Hanke, a expliqué “qu’en transformant notre relation avec la technologie, il deviendrait possible de mieux mélanger les mondes physique et virtuel. Cela nécessitera les idées et les perspectives de nombreuses personnes. C’est pourquoi je suis ravi d’ouvrir la technologie qui alimente nos propres jeux aux développeurs, aux créateurs et aux marques mondiales”.
En lançant cette plateforme ouverte et en initiant une dynamique collective, John Hanke pense que son projet permettra de “repousser plus rapidement les limites de ce qui est faisable avec la réalité augmentée”.
En revanche, le développeur de Pokemon Go s’est déjà prononcé contre l’idée du métaverse, tel qu’il est présenté par Facebook. Son fondateur et PDG John Hanke affirmant même, en août 2021, qu’il s’agissait d’un « cauchemar dystopique ».
“Chez Niantic Labs, nous pensons que les humains sont les plus heureux lorsque leur monde virtuel les conduit à un monde physique”, avait déclaré John Hanke sur le blog de l’entreprise. “Contrairement à un métavers de science-fiction, un métavers du monde réel utilisera la technologie pour améliorer notre expérience du monde tel que nous le connaissons depuis des milliers d’années.”
- 300 millions de dollars d’investissements
Lors de la même prise de parole, Niantic Labs a également révélé avoir levé environ 225 millions de livres sterling (300 millions de dollars US) auprès de l’investisseur Coatue pour financer ses futurs développements logiciels et production. Cette prise de participation port la valeur de l’entreprise à environ 6,73 milliards de livres sterling (9 milliards de dollars US).
“Niantic Labs construit une plate-forme pour la RA basée sur une carte 3D du monde qui, selon nous, jouera un rôle essentiel dans la prochaine transition informatique”, a déclaré Matt Mazzeo, associé général chez Coatue. “Nous sommes ravis de nous associer à Niantic, car nous voyons cette infrastructure prendre en charge un métaverse pour le monde réel et aider à alimenter la prochaine évolution d’Internet”.
Niantic Labs a également annoncé Niantic Ventures, un fonds de 20 millions de dollars pour aider à identifier et à financer les leaders de la Réalité Augmentée de demain.
- Quel intérêt pour les musées ?
La société Niantic Labs estime que sa plateforme technologique peut aider à faire entrer rapidement les musées et lieux de patrimoine dans le nouveau monde.
Le Science Museum de Londres a vu l’opportunité de rendre la science plus engageante et interactive grâce à la plate-forme et de pouvoir toucher un public beaucoup plus vaste hors de ses murs.
“On espère qu’en utilisant l’application Lightship, le groupe du musée sera dans une bien meilleure position pour connecter les gens aux exemples scientifiques qui peuvent être autour d’eux en ce moment sans qu’ils le sachent. Ce que l’AR peut faire, c’est le leur révéler” estime un représentant de Niantic.
De son côté, l’institution Historic Royal Palaces, qui gère une partie du domaine de la couronne britannique, souhaite d’abord utiliser la plate-forme logicielle Lightship pour transformer ses monuments et les rendre plus attractifs. Ils imaginent déjà d’augmenter les douves autour de la tour de Londres en une expérience artistique. HRP s’est associée au studio Preloaded (qui a déjà travaillé pour le V&A, la Tate et BBC Arts) pour proposer une expérience florale en réalité augmentée qui sera proposé dès l’été 2022 aux visiteurs de la Tour de Londres et à ceux qui la regardent de manière virtuelle.
Dans un communiqué, Niantic Labs a déclaré que cela “apportera de la beauté et de la fantaisie ainsi qu’un sens historique dans l’imaginaire collectif du public. Cela aidera également une institution historique à atteindre un tout nouveau public”.
- Startup interne de Google
Niantic Labs est une startup interne de Google, fondée en 2010 par John Hanke, le créateur de Google Earth. La première application développée par Niantic labs en 2012, Field Trip, était une application mobile pour signaler des points d’intérêts à proximité de l’utilisateur. En 2012, le studio sortait Ingress, son premier jeu en « réalité alternée » mêlant le monde réel et un monde virtuel. En 2015, l’entreprise devient indépendante, à la suite de la réorganisation de Google pour créer son conglomérat Alphabet. The Pokémon Company, Nintendo et Google entrent au capital de Niantic, pour un montant de 20 millions de dollars. Un partenariat qui mènera à la sortie du jeu phénomène planétaire Pokémon Go en juillet 2016.
Le 12 juillet 2016, Pokémon Go est devenue le jeu mobile le plus actif de son époque avec 21 millions de joueurs actifs, devant le phénomène Candy Crush. Il enregistrait plus de 250 millions de téléchargements au 3ème trimestre 2016. Malgré son ancienneté, le volume de joueurs actifs dans Pokémon Go reste impressionnant. En janvier 2021, plus de 827 000 joueurs actifs quotidiens étaient répertoriés rien qu’aux Etats-Unis (uniquement sur iPhone, source Statista). Et son chiffre d’affaires a atteint 1.92 milliards de dollars en 2020. Pokémon Go est ainsi le 5ème jeu Free To play mondial en termes de chiffre d’affaires, derrière « Free Fire » ($2.13 Milliards), « Roblox » ($2.29 Mds), et deux jeux édité par le chinois Tencent Games : « PeaceKeeper Elite » ($2.32 Mds) et « Honour of kings » ($2.45 Mds).
- Ed Sheran sur POkemon Go
Pour maintenir l’engagement et le recrutement de nouveaux utilisateurs, Niantic Labs propose régulièrement des évènements originaux. Dans le secteur de la mode d’abord.
Ainsi en 2020, à l’occasion de la Fashion Week Paris 2020, la marque de maroquinerie française Longchamp avait ainsi lancé une collaboration dans le jeu et en boutique. Avec des sacs décorés des personnages du jeu comme Pikachu, et des vêtements et accessoires virtuels Longchamp pour les avatars des joueurs dans Pokémon Go.
Pokemon Go est plus récemment entré sur scène quand en novembre 2021, le chanteur Ed Sheeran a partagé des chansons de son dernier album avec la communauté Pokémon Go. Un concert préenregistré était même accessible pour les joueurs entre le 22 et le 30 novembre 2021. Et Carapuce, le Pokémon préféré d’Ed Sheeran, est maintenant mis en avant dans le jeu aux côtés du chanteur.
En attendant de pouvoir utiliser la plateforme Lightship, depuis 2016, des institutions muséales (Moma, Murakami Museum, Whitney Museum, Philadelphia Museum of Art, Museum of London et même le Musée du Quai Branly) ont déjà proposé des expériences en réalité augmentée sur Pokémon Go.
Mais d’autres n’ont pas apprécié une telle association. Le United States Holocaust Memorial Museum de Washington a ainsi demandé à Niantic Labs de retirer les Pokéstops du musée lorsque le personnel s’est rendu compte que certains utilisateurs seraient tentés d’y jouer au jeu. (ARTICLES CLIC: Le musée d’Auschwitz juge « blessantes et dangereuses » des vidéos postées par les fans de TikTok et Pokémon Go et patrimoine, une association parfois controversée)
SOURCE: Niantic Labs (CP et site web), presse
PHOTOS: Niantic Labs
Date de première publication: 29/11/2021
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