La Fondation Glenat ouvre son cabinet Rembrandt au couvent Sainte-Cécile de Grenoble

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à€ l’occasion de la commémoration des 350 ans de la mort de Rembrandt,  le 18 avril 2019, un nouveau lieu muséal consacré au maà®tre de l’ ge d’or hollandais a ouvert ses portes au couvent Sainte-Cécile de Grenoble. La première exposition présente des portraits, autoportraits, scènes bibliques, scènes de genre, et estampes  issus de la collection de gravures de Rembrandt acquise par le fonds Glénat pour le patrimoine et la création,  l’une des plus belles collections privées au monde de gravures de Rembrandt.  Une exploration interactive des oeuvres est également proposée par l’artiste grenobloise Pauline de Chalendar.  

Le Fonds Glénat pour le patrimoine et la création a été créé en février 2013 pour « mener toute mission d’intérêt  général à  caractère culturel, principalement au sein du couvent Sainte-Cécile, en programmant des événements  culturels et publics dans cet écrin patrimonial du XVIIe siècle ainsi que des actions de transmission gr ce aux activités pédagogiques et de médiation, menées notamment auprès des jeunes publics ».

L’ouverture du cabinet Rembrandt, exposition permanente de la collection de gravures du Fonds Glénat en avril 2019  puis l’exposition temporaire « Montagne, de l’autre côté du tableau » à  partir de novembre 2019 marqueront l’année en cours. Une année importante pour la maison Glénat qui fête ses 50 ans.

« En 2019, 350 ans après sa mort, on aimerait toujours rencontrer Rembrandt. Il a vécu tant de gloire et de malheurs à  la fois : proche des grandes familles riches dont il peignait les portraits, et du peuple dont ses gravures montraient la pauvreté. Heureux dans son extraordinaire bibliothèque, achetant à  de folles enchères les gravures et les tableaux de ses maà®tres, au point que son endettement le conduisit à  la banqueroute.  Cet art de la gravure, qui nécessite tant d’élégance du trait sans possible repentir, le rendit plus célèbre que la peinture car ses eaux-fortes, souvent reproduites à  des dizaines d’exemplaires, étaient diffusées dans toute l’Europe. (…) Bien avant les images d’à‰pinal, ces gravures sont le reflet de la vie quotidienne, de la morale et de la religion, de la famille et des amis, des paysages de la Hollande. Et elles racontent des histoires -souvent avec beaucoup d’humour dans les scènes en arrière-plan- comme la bande dessinée.  C’est pour cela que le Fonds Glénat en a acquis et complété une collection, pour montrer au public que Rembrandt le rebelle faisait le même métier que les dessinateurs de BD, qui le suivirent au  XXe  siècle. De Rembrandt à  la bande dessinée, on aime toujours raconter et lire des histoires » se réjouit Jacques Glenat, fondateur du groupe.

Titeuf à  l’entrée du Couvent Sainte-Cécile – © L. Edelson

Un couvent à  la mode !

Dans le quartier des antiquaires, au cœur de Grenoble, l’ancien  Couvent Sainte-Cécile  est devenu le dernier lieu arty.

Le couvent fondé en 1624 a été occupé par  les sœurs  dans une grande austérité, elles y étaient recluses et coupées du monde jusqu’à  leur départ en 1791. Puis occupé pendant longtemps par l’armée, il est devenu une salle de cinéma à  l’entre-deux-guerres, un dancing après-guerre, un thé tre dans les années 70.

Bibliothèque Glénat – Couvent Sainte-Cécile – © L. Edelson

Aujourd’hui, une sculpture de  Titeuf  accueille le public au-dessus du portail et un pan de mur de la chapelle est devenue une immense et  belle bibliothèque  regroupant les ouvrages Glénat.  Les vitraux  sont signés Joost Swarte, auteur de bande dessinée et designer néerlandais.

Le cloà®tre  a été restauré et  le jardin  se compose d’une partie de plantes médicinales, d’un potager €¦ En bas de  l’escalier monumental  en bois, «  une bibliothèque   » semble bruler  ? C’est  l’Autodafé à  la bibliothèque, une œuvre de Samuel Rousseau.

Depuis une douzaine d’années,  les éditions Glénat, surtout connues pour la bande dessinée, y ont installé leur siège social et une grande partie de leurs équipes. La  Fondation et le Fonds Glénat pour le patrimoine et la création a dédié le parloir à  un  cabinet Rembrandt  et le pourtour du cloà®tre à  des  expositions temporaires  mettant souvent en dialogue la bande-dessinée et la peinture.

Rembrandt aux yeux hagards de Rembrandt – © D.Guillaudin pour le Fonds Glénat

La Collection Rembrandt du Fonds Glenat

La collection de gravures de Rembrandt du Fonds Glénat compte pour  l’instant un peu plus de 70 œuvres. Une moitié a été sélectionnée pour  cette exposition, l’autre sera présentée ultérieurement dans cet espace.

Portraits et auto-portraits, scènes de genre (vie quotidienne), scènes religieuses et historiques, le fonds permet de présenter une grande variété d’œuvres, tant dans les sujets que dans la maà®trise de la technique par l’artiste.  L’ensemble offre un tableau nuancé de l’œuvre du maà®tre. La présence  d’estampes de différentes périodes, depuis sa jeunesse jusqu’à  sa  maturité, permet de suivre son évolution en tant qu’aquafortiste, tandis que des portraits et autoportraits, des têtes d’étude, des épisodes  bibliques et des scènes de genre révèlent la diversité de son talent.

Jaco Rutgers,  spécialiste néerlandais de Rembrandt et commissaire de l’exposition du cabinet Rembrandt décrit ainsi la collection de gravures  du Fonds Glénat. « La collection d’eaux-fortes de Rembrandt du Fonds  Glénat forme un très bel ensemble d’une grande variété  d’œuvres anciennes et tardives, d’estampes célèbres  et moins connues et de nombreuses raretés, telles que  des contre-épreuves. Ensemble, ils donnent une très  bonne idée du développement de Rembrandt en tant  qu’artiste et des nombreux sujets qu’il a abordés ».

« Rembrandt était célèbre pour ses peintures mais il était aussi passionné de gravure. Il rachetait celles de ses confrères et s’était ruiné pour ça. Ses gravures racontent des histoires courtes comme un auteur de BD » explique Jacques Glénat.

La collection dispose d’une des plus ancienne estampe connue (1630) et de la dernière que Rembrandt ait réalisée en 1665, quatre ans avant sa mort.

Le Denier de César de Rembrandt – Cabinet Rembrantd du Fond Glénat – © D.Guillaudin pour le Fonds Glénat

Le fonds de soixante-dix gravures et eaux fortes réalisées par  Rembrandt Harmenszoon van Rijn  a été en grande partie acquis auprès du collectionneur Neil Kaplan et a vocation à  être enrichi.

Au total, Rembrandt aura réalisé 290 estampes jusqu’à  sa mort, en 1669.

D’octobre 2017 à  janvier 2018, le Fonds Glénat pour le Patrimoine et la Création avait déjà   exposé au couvent Sainte-Cécile, en avant-première de leur installation définitive, la collection complète de 68 gravures originales de Rembrandt.

Le nouveau cabinet Rembrandt

Le cabinet permanent dédié à  Rembrandt a été envisagé « comme un lieu  accueillant et chaleureux qui incarne l’artiste mais aussi  les valeurs de partage, de transmission et d’innovation  du fonds Glénat pour le patrimoine et la création » explique la Fondation.

Il est  installé dans le parloir des nonnes du couvent SainteCécile. Les grilles du XVIIe siècle marquent la frontière  entre la vie cloà®trée des nonnes et la liberté du visiteur  extérieur. Les familles, généreuses donatrices de la  vie du couvent, étaient conviées à  venir visiter leurs  parentes dans le cadre strict du parloir.

« €‰Il fallait un écrin pour présenter ces œuvres. Les sombres parloirs du couvent Sainte-Cécile à  Grenoble, o๠les familles venaient quelquefois chuchoter avec leurs filles ou proches parents, conviennent bien aux conditions de conservation sans lumière de ces fragiles petits papiers que Rembrandt faisait venir en Hollande, du Rhin supérieur, parfois du Japon, avant de les imprimer avec ses plaques de cuivre €‰ », explique  Jacques Glénat  qui célèbre cette année les 50 ans de sa maison.

L’univers religieux fait écho à  l’éducation religieuse de  Rembrandt et à  nombre d’œuvres présentées.

La scénographie a été confiée à  Maxime Belzunce et  Vincent Hauzanneau du Studio Silence à  Grenoble,
sous la maà®trise d’œuvre de Jacques Scrittori, architecte « et complice » du groupe Glénat depuis de nombreuses années. « C’est lui qui a inventé le couvent  Sainte-Cécile dans sa version actuelle ».

La visite du cabinet est propice à  l’expérience.  Pour des raisons de conservation, les œuvres sont présentées loin de toute lumière naturelle, dans la pénombre des anciens parloirs du couvent. Le visiteur évolue donc avec  sa loupe  dans une semi-obscurité.

(c) France 3

L’exposition d’ouverture

Pour des raisons de conservation des œuvres  sur papier, les œuvres du Fonds Glénat seront  présentées par rotation de deux saisons.

Jaco Rutgers explique comment il a construit ces deux expositions  au sein de la collection. « Dans les deux présentations, j’ai essayé de donner un  aperçu équilibré des nombreux sujets de l’œuvre de  Rembrandt, ainsi qu’une sélection de ses œuvres les  plus emblématiques, montrant des estampes de toutes  les périodes de son travail ».

Les trente-six premières estampes sélectionnées, parfois à  peine plus grandes qu’un timbre poste, ont été exposées chronologiquement pour souligner l’évolution de la technique d’aquafortiste du maà®tre néerlandais.

Accrochage au Cabinet Rembrandt du Fond Glénat – © L. Edelson

L’exposition est organisée en 4 thématiques:

  • Portraits  : Rembrandt a fait beaucoup d’autoportraits et de portraits, étudiant les expressions faciales, les attitudes, les costumes, les chapeaux €¦ Chaque personnage est différent.
  • Nus  : Rare en Hollande à  l’époque, les femmes commencent à  poser nues contre rémunération à  partir des années 1650.
  • Scènes religieuses et mythologiques  : Au début de sa carrière, Rembrandt a peint beaucoup de peintures d’histoire. Pour la gravure, il travaille sur la quantité d’encre pour obtenir des noirs profonds.
  • Scène de genre  : Rembrandt aime représenter un événement violent, l’intimité, la captation d’un moment révélateur, les réactions.

Parmi  les œuvres exposées pour l’ouverture du cabinet figurent un grand nombre de gravures emblématiques, comme Rembrandt aux yeux hagards, du début de sa carrière;  le portrait de Jan Antonides Van der Linden, sa toute dernière eauforte; le spectaculaire Triomphe de Mardochée; l’énigmatique Savant
dans son cabinet, dit aussi Le Docteur Faustus et la sensuelle Femme  nue allongée, dite aussi La Négresse couchée.  Ces œuvres ont été rarement vues par le grand public.

Une exploration numérique des oeuvres et de la créativité de Rembrandt

Un dispositif numérique a également été mis en place sous le nom de  Rembrandt Exploration digitale, pour permettre aux visiteurs de plonger dans l’intimité du processus de création de l’artiste.

L’artiste grenobloise Pauline de Chalendar propose une plongée  dans cinq œuvres de Rembrandt,  choisies pour leur richesse sémantique, technique, et leur diversité :  Portrait aux yeux hagards  (1630),  La mère de Rembrandt en coiffure orientale  (1631),  Le triomphe de Mardochée  (1641),  Jésus-Christ prêchant, dit aussi  La Petite Tombe  (1652), et  Mendiants recevant l’aumône à  la porte d’une maison  (1648).

Sur des écrans tactiles, le visiteur peut ainsi s’immerger dans les gravures, découvrir le travail de l’artiste et avoir accès à  des détails et des motifs, donnant un nouveau regard sur le travail de Rembrandt.

« La création d’une interface  numérique innovante et interactive permet au visiteur  de suivre l’interprétation sensible de la dessinatrice  pour mieux s’immerger dans l’œuvre de référence. Les  lignes du dessin réagissent en fonction de la navigation  tactile du visiteur. Ainsi, celui-ci découvre des détails  et motifs déclenchant un nouveau regard sur l’œuvre  gravé de Rembrandt » explique la Fondation Glenat.

Pauline de Chalendar a construit son travail gr ce à  la  technologie de la Slate d’ISKN (startup grenobloise
issue du CEA) permettant de numériser en temps réel  des dessins effectués sur papier. L’interface tactile
pour tablette est enrichie en contenus historiques et  techniques par Laurence Huault-Nesme, directrice du
musée Hébert (Département de l’Isère), et développée  par l’entreprise SIP Conseil, spécialisée dans la réalisation de dispositifs interactifs pour les musées. Cette  recherche est menée dans le cadre d’une résidence à   l’Atelier Arts Sciences.

Un autre écran tactile permet de faire sa propre «  œuvre   ». Le visiteur peut ainsi découvrir toutes les étapes du travail du graveur  :

  • La pose du vernis sur la plaque de cuivre
  • Le dessin à  la pointe sur le vernis mou
  • Le bain d’acide nitrique «  eau forte   »
  • L’essuyage de la plaque
  • L’encrage de la plaque
  • L’essuyage de l’encre
  • L’impression de l’estampe à  la presse.

Issue des écoles d’art d’à‰pinal, de Nancy et du Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains, Pauline de Chalendar est  une artiste visuelle qui vit et exerce à  Grenoble. « Considérant le dessin comme le moyen le plus intuitif d’interpréter le monde,  elle en explore dans son travail les multiples mises en forme et temporalités. à€ la frontière entre arts plastiques et nouveaux  médias (réalité virtuelle et augmentée) ses différents projets questionnent le potentiel narratif d’un dessin qui se dévoile dans  le temps et dans l’espace » explique la Fondation.

« Plonger dans les versions numérisées des gravures de Rembrandt est un émerveillement qui complète et enrichit la  découverte de l’estampe originale. Je me promène entre les lignes de ces eaux-fortes pour dénicher le détail d’un visage  dans l’ombre, d’une scénette dans l’histoire, d’un jeu de hachures. Je redessine mes €œtrouvailles € sur une page blanche  et j’enregistre leur temporalité. En se dévoilant, ces fragments dessinés accompagnent le regard et ainsi réinventent une  narration dans l’image » s’enthousiasme Pauline de Chalendar.

Autour de l’exposition

Un livre « Rembrandt graveur.  La comédie humaine est proposé par les éditions Glenat. Il présente « l’œuvre gravée du plus grand artiste du XVIIe siècle ».

Auteurs : Jaco Rutgers et Ad Stijnman
Format : 210 x 285 mm, broché, 160 pages.
Prix public : 25.00 ‚¬ TTC
Parution le 24 avril 2019

Le cabinet  Rembrandt peut être privatisé  pour une soirée d’exception ou des visites de groupe.

Des visites guidées sont également proposées  avec l’office de tourisme de Grenoble-Alpes Métropole et des ateliers pour les scolaires sont possibles du  CP au CM2.

L’ouverture du cabinet Rembrandt a été réalisée gr ce  notamment au soutien de plusieurs institutions publiques: Région Auvergne-Rhône-Alpes, Département de l’Isère,  Grenoble Alpes Métropole, la SMTC et la TAG, le Téléphérique Grenoble Bastille, la SNCF Gares & Connexions et  Oui.SNCF, et l’ambassade du Royaume des Pays-Bas.

Saluons cette ouverture d’un nouvel espace muséal privé, qui intervient à  l’occasion d’une double commémoration  : le cinquantenaire des éditions Glénat et le trois-cent cinquantième anniversaire de la mort du grand artiste néerlandais.

Informations pratiques:
Cabinet Rembrandt
Couvent Sainte-Cécile
37, rue Servan €” 38000 Grenoble
Ouvert au public du mardi au samedi
De 10  h à  12  h  30 et de 13  h  30 à  17  h  30
Entrée 7   ‚¬ / à‰tudiants 5   ‚¬ / – 13 ans gratuit

Fermeture estivale du 28 juillet au 19 aoà»t 2019 – Réouverture le mardi 20 aoà»t 2019

Tél. 07 87 97 64 49 –  www.couventsaintececile.com

SOURCES:  Fonds Glénat pour le patrimoine et la création,  glenat.com,  oui.sncf,  la-croix.com,  

Photos:   © Fonds Glénat pour le patrimoine et la création. Photo  : D. Guillaudin

Date: 19/04/2019

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