“Bonjour, nous venons d’internet” est un projet artistique qui a “pris le contrôle” de la salle Jackson Pollock du MoMA en utilisant la technologie de la réalité augmentée. Une expérience de hacking numérique qui n’avait pas obtenu l’autorisation d’un des plus grands musées d’art moderne du monde.
Un collectif de huit artistes Internet a transformé la salle Jackson Pollock du Musée d’Art Moderne de New York en une “galerie de réalité augmentée”, sans la permission du musée.
Le collectif baptisé MoMAR a proposé cette expérience de hacking numérique “Bonjour, nous venons d’internet” pour lutter contre “l’élitisme et l’exclusivité dans le monde de l’art”.
“Bonjour, nous venons d’internet” est un “concept de galerie non autorisée visant à démocratiser les espaces d’exposition physique, les musées et la conservation de l’art en leur sein”, annonce le collectif MoMAR. “Le MoMAR, à but non lucratif, n’appartient pas à l’entreprise et existe en l’absence de toute structure privée” indique le site Internet du groupe .
Présentation vidéo de l’application du collectif MoMAR (mise en ligne le 06/03/2018):
MoMAR inaugural show ‘Hello, we’re from the internet’ from Damjanski on Vimeo.
En utilisant la technologie de réalité augmentée, les huit artistes ont pu superposer leurs propres œuvres sur sept peintures de Jackson Pollock. En téléchargeant l’application MoMAR, n’importe quel visiteur pouvait suivre leur performance – installation sur leur téléphone.
“Notre idée principale est de démocratiser les espaces ouverts”, explique Danjan Pita, l’un des artistes du groupe Damjanski au site motherboard.vice.com. “Le fait d’être ouvert au public est un peu ironique parce que vous avez toujours une élite qui définit ce qui est ouvert au public.”
Le vendredi 2 mars 2018, les artistes se sont rendus au cinquième étage du MoMA deux heures avant la fermeture. Le musée, qui distribuait des billets gratuits pour sa soirée du vendredi soir, était rempli de visiteurs. Alors que la plupart des visiteurs dans la salle Pollock étaient là pour voir l’art original de l’impressionniste abstrait américain, une poignée de personnes ont été vues utilisant leur téléphone en utilisant l’application MoMAR.
“Si nous acceptons que l’art est l’une des dimensions majeures de la culture, nous devons également reconnaître qu’il est détenu, valorisé et défini par une élite”, a écrit le groupe MoMAR sur son site internet. “Nous devons également reconnaître que le terme ouvert au public n’est pas une invitation mais une déclaration de valeurs. Des valeurs qui ne sont pas les nôtres. Comme dans n’importe quel établissement, qu’il s’agisse des médias, de l’église ou du gouvernement, les galeries les plus riches sont canonisées, au point que le rôle et la contribution du public se réduisent à un observateur passif”.
Les artistes ont réussi à placer leur application sur le Google Play Store, mais l’App Store n’a pas accepté leur application à temps pour l’événement. Pour remédier à cela, les artistes avaient apporté plusieurs téléphones avec l’application pré-installée afin que les visiteurs puissent découvrir la galerie. Ils installaient également l’application directement sur les téléphones des visiteurs à partir d’un ordinateur portable.
Les artistes ont choisi la salle Jackson Pollock pour plusieurs raisons. Les sept peintures de Pollock sont des oeuvres de la collection permanente du MoMA qui sont rarement déplacées. En outre, la salle dispose d’un banc !
8 oeuvres de Pollock revisitées
8 créations originales inspirées par les oeuvres de Pollock ont été imaginées. leur forme varie d’un jeu interactif aux GIF en passant par des illustrations modernes superposées à la peinture originale.
L’une des installations AR, créée par l’artiste Gabriel Barcia-Colombo, a par exemple transformé la peinture White -l’une des dernières peintures réalisées par Pollock avant sa mort en 1956- en un jeu interactif. Dans le jeu, les mini-squelettes grimpent rapidement sur la peinture comme des araignées. Les joueurs contrôlent une roue qui tournait au centre et qu’ils doivent utiliser pour faire tomber les squelettes.
“Je voulais offrir une expérience de jeu avec l’oeuvre existante mais aussi commenter la peinture elle-même” explique Gabriel Barcia-Colombo au site motherboard.vice.com. “Comme une grande partie de mon travail personnel concerne la commémoration et l’au-delà, c’était parfait que l’on me confie l’une des dernières œuvres de Pollock.”
L’application utilise le logiciel de reconnaissance d’image Vuforia pour permettre aux utilisateurs de scanner le travail de Pollock, puis de découvrir les ajouts 3D virtuels de huit artistes MoMAR dessinés et superposés aux peintures originales.
Artistes impliqués dans le projet: Sarah Rothberg sarahrothberg.com, Gabriel Barcia-Colombo gabebc.com, Tara Sinn tara-sinn.com, Louise Foo louifoo.com, David Lobser dlobser.com, Scott Garner scottmadethis.net, Harald Haraldsson haraldharaldsson.com et Damjanski damjanski.com.
Le groupe d’artistes a l’intention de proposer l’application “Bonjour, nous sommes sur Internet” pendant trois mois, jusqu’au 5 mai 2018. Après cette période, ils chercheront à investir des galeries avec d’autres artistes.
“Nous essayons littéralement de revendiquer l’espace”, a déclaré Damjansky. “Le MoMA ne peut rien faire contre nous”.
D’ailleurs, dans les jours qui ont suivi leur lancement, Damjansky a déclaré qu’il n’avait reçu aucun commentaire d’un officiel associé au musée.
Et les surveillants des salles du MoMA n’ont pas cherché à stopper l’utilisation de l’application en AR.
Une application en open source
Les créateurs ont volontairement conçu leur application en open source pour “encourager la participation” et permettre à tous les artistes de créer leur propre création ou application MoMAR. Damjanski a même déclaré qu’il publierait un PDF pédagogique qui permettra à quiconque de faire des modifications, même s’il n’a pas d’expérience en codage.
“C’est la première version d’un mode d’emploi pour donner aux gens le pouvoir de montrer leur travail dans n’importe quel espace d’exposition physique à travers le monde”, a déclaré Damjansky. “Ce sera un processus continu car nous voulons le garder aussi simple que possible, donc nous le mettrons à jour probablement beaucoup.”
Le projet a nécessité 3 mois de préparation mais la plupart des artistes ne s’étaient pas rencontrés en personne jusqu’à la fin février 2018 où ils se sont retrouvés à l’occasion d’un hackathon organisé à l’Université de New York. “Nous avons essayé de le garder aussi discret que possible afin que personne ne le découvre avant l’ouverture”, explique au site fastcodesign.com Damjanski
Par cette initiative, le collectif n’a pas seulement voulu offrir une nouvelle forme de médiation sur des chefs d’oeuvres d’un grand artiste. Il a également voulu ouvrir les portes du MoMA et de ses galeries aux jeunes artistes, émergents et numériques.
La presse et les sites américains ont contacté le MoMA pour obtenir une réaction ou un commentaire aucun n’a reçu de réponse.
SOURCES: motherboard.vice.com, fastcodesign.com, psfk.com, gizmodo.com
Date de première publication: 9/03/2018
Images: MoMAR
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