Après le succès public de l’exposition consacrée à Yayoi Kusama, le musée de Toronto souhaite ajouter une nouvelle œuvre de l’artiste japonaise à sa collection permanente. Pour financer cet achat à 1,3 million de dollars, l’Art Gallery of Ontario fait appel à son public en lançant une campagne de crowdfunding.
Le 1er novembre 2018, l’AGO a lancé sa campagne de crowdfunding pour acquérir une installation Infinity Mirror, l’une des nouvelles chambres immersives que l’artiste japonaise Yayoi Kusama est en train de créer.
La Fondation AGO peut investir 1 million de dollars canadiens (670 000 euros) pour l’achat. Les 1,3 million de dollars canadiens (870 000 euros) qu’ils espèrent récolter par le biais du financement participatif couvriraient l’autre moitié et les autres frais – transport, marketing, médiation.
Le musée se donne 30 jours pour atteindre l’objectif de 1,3 million de dollars. Et l’AGO ne dévoilera aucun détail important sur l’oeuvre avant d’avoir collecté cette somme.
“Tout ce que je peux dire, c’est que c’est une salle Infinity et qu’elle est en train d’être construite”, déclare Stephan Jost, Président et directeur de l’AGO au site web de la CBC. “Je pense que ce sera l’œuvre d’art la plus chère que nous ayons achetée depuis une décennie”.
Stephan Jost est convaincu que le financement participatif est la voie à suivre pour cette acquisition, car il s’appuie sur le succès rencontré par le musée lors de l’exposition organisée au printemps 2018 avec justement l’oeuvre Yayoi Kusama: Infinity Mirrors.
En trois mois, 165 000 personnes ont visité l’exposition itinérante, chiffre que l’AGO appelle “sans précédent”.
Le patron du musée espère donc que ces mêmes visiteurs s’intéresseront tout autant à participer à l’acquisition d’une oeuvre de Kusama. Il est convaincu que la collecte atteindra son objectif de 1,3 million de dollars grâce à de petits dons. Il suffirait que le tiers des personnes ayant visité l’installation Infinity Mirrors au printemps 2018 payent 25 dollars chacune pour réussir !
Stefan Jost présente la campagne de crowdfunding:
Un formidable outil marketing
Le choix d’AGO d’acquérir une oeuvre de Yayoi Kusama s’explique aisément. Dans le monde entier, les visiteurs de musées et d’exposition sont fous de Kusama, et cette exposition Infinity Mirrors ne cesse de battre des records d’audience dans les villes où elle est présentée, de manière permanente ou provisoire.
Oeuvre attractive pour attirer des viisteurs, c’est également un redoutable outil de marketing viral. “The Souls of Millions of Light Years Away” présentée au musée Broad de LA est l’une des salles Infinity Mirror la plus partagée sur les réseaux sociaux et également dans un clip vidéo d’Adele. Au Broad, le temps d’attente après réservation de son créneau peut d’ailleurs atteindre plusieurs heures le week-end.
Selon l’AGO, 18 musées dans le monde ont déjà intégré à leur collection permanente une installation Infinity Mirror Room. L’AGO pourrait-être la première institution publique au Canada à proposer de manière permanente cette expérience.
Un premier cercle de 165 000 personnes
En outre, puisque ces 165 000 personnes ont du acheté leurs billets en ligne pour pouvoir réserver leur visite de l’installation, le musée va pouvoir les solliciter directement par courrier électronique et leur suggérer de faire un don. Un premier cercle idéal pour une campagne de financement participatif.
L’AGO organise lui même la collecte de fonds sur un site dédié infinityago.ca. Les donateurs potentiels sont invités à verser le montant de leur choix, et à découvrir les contreparties liées aux différents niveaux de dons.
Un don minimum de 25 $ garantit ainsi l’accès à l’œuvre avant son lancement officiel (un billet d’admission générale coûte déjà 19,50 $).
Une nuit au musée
En plus d’obtenir le premier accès à la salle miroir Infinity avant le public, le musée offre des avantages cumulatifs pour encourager l’augmentation des dons. Plus le don est important, plus les bonus sont riches:
- billets pour avoir une visite en avant-première de la salle Infinity Mirror
- boutons, sacs fourre-tout et parapluies Kusama nouvellement conçus en édition limitée
- des billets pour une soirée Polka Dot
- une copie du catalogue de l’exposition
- une photographie professionnelle du donateur dans la salle Infinity Mirror
- un dîner en groupe avec la direction de l’AGO
- un reçu d’impôt pour bienfaisance correspondant au montant maximal admissible.
Les noms des donateurs de 25 $ et plus seront inscrits sur l’affichage numérique situé près de la salle Infinity Mirror pendant un an et figureront également sur le site Web de l’AGO pendant un certain temps après la campagne #InfinityAGO. Les noms des donateurs de 2 500 $ et plus figureront sur le cartel de l’oeuvre… pour l’infini.
Pour encourager les contributions anticipées, le musée a lancé un concours. En faisant une promesse avant le 5 novembre 2018, à midi, le donateur peut devenir le gagnant d’une nuit au musée dans l’installation, pour lui et cinq meilleurs amis Instagram. Ce bonus devrait être particulièrement incitatif.
Recours à des mécènes ?
Si la campagne de crowdfunding n’atteignait pas son objectif (56 600 dollars canadiens, soit 4% de l’objectif était collecté à la fin du premier jour), Stefan Jost annonce déjà qu’il “parlera probablement à des gens avec une richesse extraordinaire” mais il n’imagine pas qu’il devra le faire.
“Il existe des moyens beaucoup plus faciles de collecter 1,3 million de dollars, mais je ne vois pas d’autre moyen de créer des liens: cela incite les individus à se sentir propriétaires et à contribuer à quelque chose qui ne se limite pas à eux, c’est pour la communauté” explique Stefan Jost.
Ce n’est pas la première campagne de crowdfunding lancée par l’AGO. En 1958, bien avant que le mot «financement participatif» soit créé, le musée avait lancé une campagne pour acheter le Christ lavant les pieds de son disciple du Tintoret. Le public pouvait acheter un “pouce carré” de la peinture de 100 000 $ pour 10 $. En prenant compte l’inflation, cette collecte de fonds est comparable à ce que l’AGO tente de collecter en moment. L’oeuvre de Tintoret coûterait près de 874 000 dollars en dollars canadiens de 2018. Jost considère que cette histoire a motivé l’AGO à choisir le financement participatif pour l’oeuvre de Kusama.
Mais le financement participatif n’est pas toujours la solution en matière d’acquisition d’oeuvre. En 2012, le Hirshorn avait besoin de 35 000 dollars pour une sculpture d’Ai Weiwei mais n’a finalement collecté que 555 dollars.
Si tout se passe comme prévu, l’Infinity Mirror Room devrait être présentée aux visiteurs d’AGO d’ici le printemps 2019, dans les galeries consacrées à l’art des années 60 et 70.
SOURCE: Art Gallery of Ontario
Photos: Art Gallery of Ontario
Photo du haut: Yayoi Kusama avec des œuvres récentes à Tokyo, 2016. Avec l’aimable autorisation de l’artiste © Yayoi Kusama, photo de Tomoaki Makino
Date de première publication: 02/11/2018
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