La réponse de beaucoup de nos interlocuteurs alors était « Oui ». Pour eux, c’était simple, il nous « suffisait » de produire pour chacun de nos 110 monuments un double numérique hyper détaillé et précis qui pourrait ensuite être adapté ou simplifié au gré des besoins, qu’ils soient de conservation, de médiation, de communication ou encore de recherche. Et nous pourrions rentabiliser notre investissement ─ plutôt conséquent ─ en monétisant cette bibliothèque de « jumeaux numériques ».
Ainsi, le programme « CMN Numérique » s’est-il attaché à explorer toutes les problématiques de valorisation des modèles 3D : production, stockage, exploitation, diffusion, commercialisation, réutilisation…
Nous avions au début prévu de très concrètement nous appuyer sur les numérisations de trois monuments. Grâce à plusieurs mécènes, partenaires et aux collaborations avec plusieurs laboratoires de recherche, c’est en fait plus de douze projets que nous avons pu mettre en œuvre.
Dans la logique du programme, ces projets, tous détaillés en annexe du livre blanc et souvent mentionnés dans des articles précédents, se sont attachés aussi bien à des objectifs de médiation (création d’expériences 3D temps réel, test d’une mallette pédagogique avec des impressions 3D) que de conservation (suivi de chantier, numérisation des décors et des collections) ou de recherche (test de nouvelles technologies).
À l’image du Centre des monuments nationaux, des sites d’époques très différentes, du paléolithique au XXe siècle et de typologies très variées, de la grotte ornée à la villa contemporaine, ont été mis à contribution et ont permis d’aborder un panorama extrêmement large de problématiques de numérisation.
Les projets présentés dans le livre blanc
Ainsi, outre la grotte de Font-de-Gaume, la villa Savoye et le cabanon de Le Corbusier, ont été numérisés le site archéologique de Glanum, l’abbaye de Montmajour, les châteaux d’If, d’Azay-le-Rideau et de Champs-sur-Marne, l’Arc de triomphe, la tour Saint-Nicolas de la Rochelle, le Mont-Saint-Michel, l’Hôtel de Sully et l’Hôtel de la Marine.
Et d’autres projets sont en cours comme la numérisation du monastère de Saorge ou la modélisation acoustique de l’abbaye du Thoronet.
Cet ouvrage est illustré par de nombreuses photographies ou captures d’écrans et par les remarquables dessins de Marion Martin Laprade.
- Comment numérise-t-on un monument ?
Lasergrammétrie, photogrammétrie, lumière structurée… vous saurez un peu mieux ce que ces mots recouvrent et quelle est la différence. Quand va-t-on utiliser la lasergrammétrie ? Quand préfère-t-on la photogrammétrie ?
Vous aurez même un aperçu des nouvelles technologies dopées à l’Intelligence Artificielle que sont les NerFs et les 3D Gaussian splattings. Car, l’IA peut aussi servir à reconstruire en 3D numériquement un monument.
Et quel est le résultat d’une numérisation ? Car il n’y a pas un mais des modèles 3D : nuage de points, modèles maillés, modèles texturés, qu’est-ce que c’est et quelle est la différence ?
- Et pourquoi numérise-t-on ?
L’article a déjà un peu évoqué les différentes motivations : conservation, médiation culturelle et scientifique, recherche.
Le livre blanc recense les différents cas que nous avons pu tester ou observer, et surtout, il explique que l’usage pilote le type de modèle 3D à produire. Nul besoin par exemple de commander un modèle texturé si vous avez besoin de plans ! A contrario, un nuage de points risque de ne pas suffire si votre objectif est une expérience immersive comme celle produite pour Glanum (ARTICLE CLIC : Le CMN et IMA Solutions proposent une visite virtuelle guidée du site antique de Glanum)
Au-delà de la technique et des besoins, numériser un monument, c’est un projet en soi. Quel budget prévoir ? Combien de temps anticiper ? Quelles étapes ne pas oublier? Comment rédiger son expression de besoins?
Autant de questions, et bien d’autres, sur lesquelles nous partageons les expériences et les recommandations d’une institution culturelle.
Enfin, les annexes ajoutent le retour d’expérience de chacun de nos projets, un glossaire des termes techniques, une liste des principaux formats utilisés et un tableau des cas d’usage que nous avons pu tester ou observer et notre guide méthodologique pour la rédaction d’un cahier des charges que nous avions évoqué dans un précédent article et mis en ligne l’été dernier.
En conclusion figurent bien sûr les réponses aux questions initiales ! Il faut se rappeler que ce livre blanc ne reflète que les expérimentations réalisées par l’équipe du programme « CMN Numérique » et l’état de ses réflexions au moment de la rédaction. Comme usages et technologies ne cessent de progresser, nul doute qu’il doit évoluer : nous n’arrêtons jamais d’apprendre !
Le livre blanc est téléchargeable ici et l’article Linkedin original du programme CMN Numérique est disponible ici.
SOURCE : Centre des Monuments Nationaux
PHOTO du carrousel : Couverture du livre blanc © Marion Martin-Laprade
Date de première publication : 03/04/2025
Le CMN est membre du CLIC