Didier Fusillier, nommé en août 2023 à la présidence de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, répond aux questions de Roxana Azimi dans Le Monde. dans cette interview publiée le 27 janvier 2024, il revient sur le chantier de rénovation du Grand Palais qui entre dans sa dernière ligne droite, avant sa livraison le 19 avril 2024. Il dévoile également sa programmation et ses projets culturels pour l’après 2025 ainsi que les pistes de rapprochement entre le Centre des Monuments Nationaux et la RMN-GP.
Dans cet entretien au Monde, le président de l’établissement culturel dresse un état des lieux de la transformation en cours de la grande nef et sa prochaine réouverture pour les Jeux olympiques de Paris.
Il confirme que la grande nef sera bien livrée à temps, en avril 2024. Le monument doit être livré le 19 avril 2024 pour accueillir les épreuves olympiques d’escrime et de taekwondo. “On ne peut se permettre aucun retard. On a fait une réunion de crise en septembre 2023, juste après ma nomination. Et nous avons compris qu’il fallait activer la cadence et faire travailler tous les corps de métiers en même temps. Les peintres peignent pendant que, au-dessous, des ouvriers font du carottage. Près de 780 ouvriers sont sur le chantier, de 6 h 30 à 22 heures, sur le principe des deux-huit. Il faudra peut-être envisager de travailler aussi le dimanche, mais sans que le budget dérape”.
- Une partie de la programmation dévoilée
Didier Fusillier dévoile une partie de la programmation, et notamment les activités nouvelles qui devraient permettre à l’établissement public de rembourser l’emprunt contracté pour contribuer au chantier de rénovation, 200 millions d’euros sur vingt-cinq ans.
Le Président estime que la RMN-GP va pouvoir “dégager des ressources avec de nouvelles activités payantes sans perdre l’esprit d’intérêt public”.
Sont notamment annoncés :
. une forme nouvelle d’événement autour de la gastronomie, inspiré du festival Mange Lille,
. la location par le groupe Les Echos d’une galerie “deux semaines par mois pour y monter des colloques et des rencontres autour de ce que sera notre monde en 2050″,
. une grande fête de la mode, dont le Grand Palais serait l’épicentre, imaginée avec la Fédération de la haute couture et de la mode et “qui pourrait se décliner dans d’autres villes”.
L’ancien Président de la Villette évoque également la programmation sous la nef et dans les autres espaces du Grand Palais, à partir de 2025, avec notamment :
. de nouveaux types d’expositions, comme « Pop Air » et ses œuvres gonflables, accueillie avec succès à La Villette, “et qui pourrait rapporter 2,8 millions d’euros par an”
. des projets avec le chorégraphe Rachid Ouramdane pour créer un spectacle qui se déroulerait dans les airs et que les spectateurs verraient allongés sur des matelas et avec l’Opéra de Paris, autour de La Damnation de Faust
. une exposition Matisse, programmée avec le Centre Pompidou, en 2025 ou 2026
. et peut-être une une série artistique d’été de trois mois avec le Palais de Tokyo, pendant sa fermeture en 2027.
- Un champ d’expérimentation festive et intellectuelle
Didier Fusillier confirme que le public pourra entrer “dans certains espaces du Grand Palais sans avoir besoin de prendre des tickets”.
Le monument offrira “un grand espace de 960 mètres carrés pour les familles, avec des hautes fenêtres donnant sur la Seine. Ce sera un lieu où les enfants pourront faire ce qu’ils veulent, mais aussi obtenir des clés qui leur donneront peut-être envie de voir les expositions du Grand Palais. A l’occasion de beaucoup d’opérations scolaires, les enfants repartiront avec une invitation pour deux dans leur poche, ce qui leur permettra de revenir avec leurs parents”
- De nouvelle synergies entre la RMN-GP et le CMN
“Le CMN et la RMN-Grand Palais ont plusieurs métiers en commun. Je souhaite que les successeurs de Philippe Bélaval et Chris Dercon réfléchissent à la manière de grouper leurs forces pour porter de nouveaux modèles d’avenir sur la gestion des musées et des monuments, les éditions, les boutiques, les fonds photographiques” avait déclaré l’ancienne ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, dans une interview au Monde, en janvier 2023.
Le Président de la RMN-GP lève le voile sur les discussions en cours avec le CMN. “On réfléchit avec Marie Lavandier, Présidente du CMN, à rationaliser les choses et à créer des pôles autour, notamment, de l’art pariétal et de la Renaissance”.
Des offres tarifaires communes pourraient ainsi être créer autour des Eyzies, le plus grand centre paléolithique au monde, en Dordogne avec le Musée national de la préhistoire, géré par la RMN-GP et la grotte de Font-de-Gaume, qui relève du Centre des monuments nationaux. Ce même type d’accord commercial pourrait être imaginé entre le château de Compiègne (RMN) et ses monuments voisins du CMN, les châteaux de Pierrefonds et de Villers-Cotterêts (Cité internationale de la langue française).
“Nous avons aussi chacun nos agences de photos et nos maisons d’édition. La bonne idée n’est pas de tout fusionner, plutôt de repréciser les missions” ajoute le Président.
À travers son objectif, Patrick Tourneboeuf livre un véritable feuilleton en images du chantier du Grand Palais. “Variation des angles et des lumières, mutations successives, il présente des points de vue uniques du bâtiment en chantier”.
www.grandpalais.fr/fr/thematique/le-nouveau-grand-palais
SOURCE: Le Monde
PHOTOS: RMN-GP
PHOTO du carrousel: © Patrick Tourneboeuf / Tendance Floue / RMN-Grand Palais
Date de première publication: 27/01/2024
La RMN-GP, le CMN et le Centre Pompidou sont membres du CLIC
