De retour de Dubai, où l’exposition numérique “Notre Dame de Paris L’expérience” a été présentée avec succès au pavillon France de l’exposition universelle, Bruno de Sa Moreira, cofondateur et CEO d’Histovery revient sur cette aventure et l’accueil du public. Il annonce également le début de la tournée internationale de l’exposition, à Paris et à Washington à partir de mars 2022, parrainée par L’Oréal et en collaboration avec l’Établissement Public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le co-créateur de l’HistoPad annonce également sa troisième implantation prochaine en Allemagne et un nouveau concept de musée augmenté pour la ville de la ville de Bormes-les-Mimosas. Malgré la crise du covid 19, Histovery poursuit ainsi la diversification de ses activités et son expansion internationale.
- “Notre-Dame de Paris, l’Expérience” a été présenté en avant-première mondiale à Dubai. Quel a été l’accueil du public ?
Nous avons vécu un accueil extraordinaire des visiteurs ! Je crois que ce qui nous a le plus impressionné c’est le caractère unanime de la réaction d’un public très divers : jeunes et moins jeunes, français et étrangers, personnes de toutes origines, religions, cultures… Bref tous repartaient avec le sourire en adressant des félicitations pour l’expérience vécue sur le pavillon France avec « Notre-Dame de Paris, l’Expérience ». (ARTICLE CLIC France: Expo universelle Dubaï 2021: L’Oréal et Histovery offrent une exploration numérique de Notre-Dame de Paris dans le pavillon France)
Montage vidéo de réactions, sans filtre, des visiteurs :
- Avez-vous pu évaluer le nombre de visiteurs ?
L’exposition n’a pas désempli et on peut estimer qu’elle a accueilli 150.000 visiteurs pendant le mois d’octobre, soit une moyenne de 5.000 visiteurs par jour, ce qui est énorme pour la surface de 150m2.
En plus de la présence sur place de Mathilde Michaut qui dirige la communication d’Histovery et Raphael Marchou qui dirige le développement pour assurer l’accueil des nombreuses délégations officielles, il y avait en permanence 4 à 6 hôtesses pour accueillir les visiteurs, remettre les HistoPad et les récupérer à l’issue pour les nettoyer et veiller au bon état de charge des batteries avant de les redistribuer à nouveau.
Il y avait régulièrement une file d’attente aux heures de pointe, car l’expo a reçu une couverture media formidable, plusieurs fois sélectionnée parmi les tops à voir absolument de l’expo universelle, parfois même en N°1 !
- En quoi consiste cette nouvelle expérience ?
A Dubaï, on a fait le choix de sélectionner 6 expériences de visites, parmi les 20 étapes qui vont composer la grande exposition présentée à Paris au printemps 2022.
Edouard Lussan, cofondateur d’Histovery et concepteur de l’HistoPad Notre-Dame de Paris est d’ailleurs actuellement en train de finaliser la réalisation du plus grand projet de visite augmentée jamais entrepris par Histovery.
La scénographie de l’expo se compose de panneaux photographiques géants de la cathédrale et du chantier en cours. Avec l’HistoPad, le visiteur scanne l’une des « porte du temps » disposées devant chaque panneau pour être transporté exactement au même endroit, à une date-clé de l’histoire de la cathédrale. Le visiteur peut alors explorer à 360° la reconstitution, de façon immersive, et cliquer sur de nombreux détails. L’interactivité permet à chacun de plonger dans ce voyage dans le temps et dans l’espace dans sa langue, à son rythme, selon ses centres d’intérêt.
La première moitié de l’exposition est dédiée à trois moments de l’histoire de Notre-Dame. 1180, date de la construction de la nef gothique, pour faire découvrir le chantier et les métiers des bâtisseurs de cathédrale. 1804, date du couronnement de l’Empereur, dont la reconstitution à 360° révèle la nef richement décorée par Percier et Fontaine et l’arc de triomphe voulu par Napoléon pour y prêter son serment constitutionnel. Et enfin,1857, date de la construction de la flèche de Viollet-le-Duc, pour comprendre son génie architectural.
Dans la seconde moitié de l’expo, 3 expériences font découvrir le chantier actuel et permettent d’en comprendre les principales phases: la sauvegarde (2019-2021) puis la restauration (2021-2024).
L’expérience permet aux visiteurs du monde entier de franchir le seuil du chantier fermé au public, de découvrir les nombreuses opérations et les métiers impliqués pour que Notre-Dame puisse retrouver non seulement sa charpente, sa couverture et sa flèche, mais aussi pour comprendre les très nombreuses restaurations en cours de tous ses éléments architecturaux, ses décors, son orgue…
- Comment est né le projet ?
Avant l’incendie, Histovery était en discussion avec la Cathédrale pour créer l’HistoPad de Notre-Dame de Paris, pour accueillir ses très nombreux visiteurs annuels avec une solution qui permette de mieux organiser les visites des touristes au cœur de l’Église bien vivante. Après l’incendie, l’idée nous est venue de créer cette exposition itinérante.
Nous venions de réaliser avec succès une grande expo augmentée sur le D-Day aux États-Unis au National Museum of the US Air Force (ARTICLE CLIC: “D-Day : Freedom From Above”, l’exposition numérique française d’Histovery présentée pour la 2nde fois aux États-Unis) avec l’HistoPad de notre partenaire, le Airborne Museum de Sainte-Mère-Église. La démonstration était faite que ce nouveau format innovant d’exposition entièrement visuelle et digitale pouvait ravir le public.
Avec « Notre-Dame de Paris, l’Exposition Augmentée », le projet est d’aller au-devant des visiteurs du monde entier, pour répondre à l’émotion internationale et satisfaire la curiosité par l’approche historique, depuis les toutes premières pierres de Notre-Dame jusqu’au chantier actuel de sa reconstruction.
Mais la rencontre décisive a été celle du groupe L’Oréal, qui a tout de suite apprécié le potentiel du projet à l’échelle internationale, et accepté d’en devenir le parrain exclusif pour le rendre possible. A partir de là nous avons pu démarrer la production dès 2020 et nous mettre au travail avec tous les partenaires du projet.
- Le projet bénéficie donc du soutien de l’entreprise L’Oreal. Quelle est l’implication de la marque dans le financement et dans l’exploitation et itinérance de l’expérience ?
Le groupe L’Oréal finance la totalité du projet dont il est le parrain exclusif.
A partir du 7 avril 2022, le public pourra découvrir « Notre-Dame de Paris, l’Exposition Augmentée » au Collège des Bernardins, et l’entrée sera gratuite pour tous les visiteurs.
A l’échelle internationale, les filiales du groupe s’impliquent pour permettre à l’exposition de voyager dans douze capitales pendant 3 ans, comme cela fut le cas à Dubaï grâce au soutien de L’Oréal au Moyen-Orient.
En ce moment nous travaillons étroitement avec L’Oréal USA pour l’ouverture de l’expo le 23 avril 2022 à Washington DC, au National Building Museum.
Grâce à L’Oréal il va donc il y avoir deux expositions simultanées, à Paris et à Washington, une autre première du genre !
- Comment avez-vous travaillé avec l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris ?
L’Établissement Public est un partenaire clé du projet grâce auquel nous avons non seulement accès au chantier en cours, où nous pouvons réaliser régulièrement de nombreuses prises de vue et observations, mais aussi avec le concours duquel nous menons un travail de recherches historiques et scientifiques de haut vol.
Plusieurs personnes de l’Établissement Public sont ainsi membres d’un des comités scientifiques du projet, et leur participation est décisive pour rendre compte de façon exacte et précise des nombreuses opérations en cours, et de celles que peuvent aussi nous révéler du passé.
- “Notre-Dame de Paris, l’Expérience” sera donc présentée à Paris en 2022. Histovery en est elle exploitant ?
L’exposition sera présentée dans la magnifique grande nef cistercienne du Collège des Bernardins, dans le quartier latin. On ne pouvait rêver plus beau décor pour raconter Notre-Dame au public parisien et aux touristes qui vont revenir visiter Paris cette année.
L’exposition est programmée du 7 avril au 13 Juillet 2022.
L’entrée est gratuite, grâce au parrainage du groupe L’Oréal qui finance la totalité de l’exposition, et au partenariat avec le Collège des Bernardins, qui met à disposition l’espace et assure l’accueil des visiteurs.
- Après Paris et Washington, l’exposition est-elle déjà programmée ailleurs en Europe ou dans le reste du Monde ?
A Washington, l’exposition est programmée du 23 avril au 26 septembre 2022. Nous sommes déjà en discussion avancée avec la Chine, l’Allemagne et l’Angleterre pour y faire venir ensuite l’exposition, qui devrait aussi voyager en Russie, en Espagne, au Japon, sans tous les citer ici.
- Histovery a déjà produit une exposition expérience déclinée des contenus de médiation du Airborne Museum. Quel bilan tirez-vous de l’itinérance américaine de cette expérience depuis 2019 ?
Le National Museum of the US Air Force est le plus grand musée au monde d’aviation militaire, avec un million de visiteurs par an avant la crise sanitaire. Situé à Dayton dans l’Ohio, dans une ancienne base de l’US Air Force, c’est un lieu mythique pour les fans d’aviation.
L’accueil du public américain à partir de mai 2019 pour le 75ème anniversaire du D-Day a été au-delà de nos espérances, et l’expo a été prolongée jusqu’en janvier 2020.
Nous avons depuis eu plusieurs autres musées américains intéressés pour organiser l’expo chez eux, et elle a lieu en ce moment même au Airborne and Special Opérations Museum à Fayetteville, en Caroline du Nord, où la décision vient d’être prise de la prolonger jusqu’en Juin 2022 !
- Les expériences “Notre Dame” et “Airborne D Day” ajoutent-elles un nouveau métier à Histovery. Comptez-vous développer d’autres concepts équivalents d’expositions itinérantes ?
Nous poursuivons notre métier de créer des « Visites Augmentées » – et grâce aux « Expositions Augmentées », celles-ci peuvent devenir temporaires et itinérantes.
L’expo D-Day présentait au public américain les contenus produits au préalable pour l’HistoPad du Airborne Museum, tandis que l’expo Notre-Dame est une création originale à 100%.
Nous pouvons donc aujourd’hui envisager de produire des Expositions Augmentées avec tous nos partenaires HistoPad, de façon à permettre aux musées et aux monuments de notre Patrimoine national de se projeter « hors les murs » et de développer leur notoriété en France et à l’étranger.
Ce format est léger car il ne nécessite pas de faire voyager des œuvres. On s’affranchit ainsi de risques et aussi de coûts non négligeables. Cela permet également d’aller dans des lieux nouveaux, pas forcément des lieux traditionnels, à la rencontre de publics nouveaux.
Nous avons ainsi plusieurs idées en tête, je pense notamment à des projets d’expositions internationales avec le château de Chambord, le château d’Amboise ou le Pic du Midi.
- Cette diversification implique-t-elle d’intégrer de nouveaux métiers tels que la scénographie, l’exploitation technique / commerciale et la communication / promotion btoc ?
Absolument, nous avons développé un nouveau département « Exposition HistoPad » dirigé par André de Sa Moreira, Architecte-Scénographe, qui conçoit toutes nos expositions et les adapte à chaque édition précise.
C’est ainsi que l’on peut répondre efficacement pour mettre à disposition une expérience augmentée de visite qui soit satisfaisante dans des espaces pouvant varier de 100 à 1000m2, selon les cahiers des charges des partenariats.
En ce qui concerne l’exploitation, Gergely Laszlo qui dirige le département Exploitation avait déjà une responsabilité internationale puisque nous exploitons au quotidien deux sites en Allemagne (les châteaux-musées de Meissen et de Moritzburg).
La force de la solution HistoPad réside aussi dans sa télémaintenance. Grâce à l’éco-système HistoPad qu’Histovery a développé depuis 2014, qui est une solution unique sur le marché dans la façon dont elle intègre la réponse à tous les besoins du musée : création des contenus 3D validé scientifiquement, programmation logicielle, équipement hardware, installation et maintenance sur site, mises à jour, datas visiteurs et services permanents associés.
Grâce à notre infrastructure technologique développée sous la houlette de Baptiste Thomas, notre CTO, nous pouvons ainsi maintenir très efficacement nos équipements, mettre à jour nos contenus et résoudre la plupart des difficultés techniques depuis Paris.
L’HistoPad est connecté lorsqu’il est en recharge dans le rack intelligent que nous fournissons, ce qui permet de prendre le contrôle de la machine à distance pour y effectuer toutes les opérations utiles de maintenance et de mise à jour. Cela permet aussi de récupérer les données de visite pour rendre compte de façon statistique des comportements des visiteurs et pouvoir ainsi mieux comprendre et répondre aux attentes des publics. Mais c’est un autre sujet qui mériterait une interview à part entière !
- Histovery travaille également sur un nouveau concept de médiation numérique dans un musée et une nouvelle ville. Pouvez-vous en dire plus ?
Avec la ville de Bormes-les-Mimosas, nous allons lancer en novembre 2022 un premier « Musée Augmenté ».
La visite, HistoPad en main, du nouveau musée de la ville racontera de façon aussi spectaculaire qu’immersive et interactive deux mille ans d’histoire.
Ce musée a vocation à devenir le point d’ancrage de la visite piétonne de ce magnifique village, de façon à dynamiser la découverte de ses nombreuses richesses touristiques.
- L’exploitation des histoPad a été fortement impacté par la crise du covid et la fermeture de vos lieux culturels partenaires. Les aides gouvernementales françaises ont elle atténué les effets de la crise ? Comment s’est passée la reprise en septembre et octobre 2021 ?
Pour nous le Covid a été d’une violence inouïe puisque tous nos partenaires ont fermé leur porte le même jour au public.
Comme pour nos partenaires, notre activité n’a toujours pas retrouvé une situation normale avec tous les épisodes que l’on sait depuis bientôt deux ans, et les difficultés nouvelles d’exploitation liées à la crise sanitaire.
Cependant, outre le PGE, nous avons eu un soutien décisif de nos banques, et j’aimerais saluer en particulier celui de la BPI, ainsi que celui de l’IFCIC, qui ont répondu présent pour nous accompagner dans l’orage.
Grace à ces aides, nous avons pu maintenir la production des nouveaux projets de façon à garantir tous nos engagements prévus en 2020 et en 2021.
En particulier, nous avons pu assurer les lancements de l’HistoPad du château de Meissen (ARTICLE CLIC: Histovery implante son HistoPad en Allemagne, dans le plus vieux château allemand, Albrechtsburg) puis celui du château de Moritzburg en Allemagne, ainsi que celui de la Saline Royale d’Arc-et-Sénans.
Bien nous en a pris car le fait d’ouvrir à l’heure le second château en Allemagne en juillet 2021, malgré une production du projet rendue très difficile par le télétravail et l’impossibilité de voyager sur place, a renforcé notre crédit auprès de nos amis allemands, qui viennent de signer pour un troisième château pour 2023 !
Parallement à ces lancements, nous avons mené une très importante campagne d’entretien de tous les matériels chez nos partenaires pour préparer les réouvertures. Il y a eu selon les cas des mises à jour « spéciales Covid » pour tenir compte d’aménagements de parcours, avec des protocoles et des matériels nouveaux de désinfection des tablettes. Nous avons ainsi par exemple changé 3 500 batteries de tablettes alors que nos partenaires étaient fermés !
L’HistoPad a même permis à plusieurs de nos partenaires de mieux répondre à la crise avec notamment la possibilité pour les visiteurs de continuer à visiter sur l’écran des espaces fermés temporairement à la visite.
- En plus des expositions itinérantes D Day, l’Histopad s’est également implanté de manière durable dans 2 lieux culturels allemands. Comptez-vous poursuivre ce développement international ? si oui dans quel pays ?
Après Meissen et Moritzburg, nous venons donc de signer pour un troisième château dans la Saxe, celui de Colditz, célèbre pour avoir été un camp de prisonniers pendant la seconde guerre mondiale. L’HistoPad va permettre de redécouvrir sa splendeur médiévale mais également de revivre les incroyables tentatives d’évasion d’officiers français, anglais, hollandais ou belges.
Cela pourra d’ailleurs faire ensuite l’objet d’une Exposition Augmentée itinérante.
Nous souhaitons accélérer notre développement à l’international avec nos deux offres complémentaires, à savoir l’HistoPad solution de Visite Augmentée des sites culturels et les « Expositions Augmentées ».
Le récent succès de Dubaï, face à un public venant de tous les horizons, nous motive à proposer ces nouvelles expériences sur tous les continents ! Et l’année 2022 devrait être très riche en ce domaine avec les lancements des Expos Augmentées Notre-Dame de Paris, à Paris et Washington.
Propos recueillis par mail entre le 5 et le 12/01/2022.
SOURCES: Histovery
PHOTOS: Histovery
Date de première publication: 14/01/2022
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