Concours de création graphique des musées de Reims : les lauréats désignés et le public appelé à voter

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Inciter à des réinterprétations parmi plus de 14 000 œuvres issues des collections des musées des Beaux-Arts (actuellement fermé pour travaux), de la Reddition, du fort de la Pompelle, de Saint-Remi et de la chapelle Foujita, et montrer qu’elles continuent d’inspirer la création d’aujourd’hui : telle était l’ambition de ce concours original et innovant. En juin 2022, le jury a désigné deux lauréats parmi 95 propositions reçues de toute la France, témoignant d’une belle capacité créative à réinterpréter les collections muséales en ligne. Un prix du public sera décerné à l’automne à l’issue d’une exposition sur les Promenades et d’un vote populaire qui démarreront le 7 septembre 2022.

[ACTUALISATION]. Le prix du public, suite au vote sur le site internet des musées de Reims, a été décerné à M. Luca Tulipani, avec près de 39 % des votes pour environ 700 votants.

Lancé en mai 2022, pour promouvoir le libre usage des ressources du portail collections des musées de Reims et la réappropriation par le public de sa riche collection, le concours a invité les amateurs ou étudiants, de 18 ans ou plus, à envoyer leur création graphique accompagnée d’une note d’intention, jusqu’au vendredi 17 juin 2022. (ARTICLE CLIC: La Ville de Reims lance un concours visant à poser un regard innovant sur les œuvres de son musée numérique)

L’initiative -une première en France- a réuni 95 participants pour moitié étudiants, pour moitié amateurs, dont 62 femmes et 33 hommes. Si la moyenne d’âge était de 30 ans, le plus jeune candidat avait 18 ans, et le plus âgé 63 ans .

  • Un jury composé de spécialistes du numérique et de la création graphique

Les membres du jury étaient les suivants :

– Pascal Labelle, adjoint au maire de Reims, délégué à la culture et au patrimoine, président du jury
– Catherine Coutant, conseillère municipale déléguée au patrimoine
– Elsa Bezaury, responsable de la friche artistique La Fileuse
– Alexandre Cocco, président de l’Ecole d’Arts Appliqués à Distance (EDAA), mécène du concours
– Raphaël Cuir, directeur de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design (ESAD) de Reims
– Marie Descazaux, présidente du GMBA et vice-présidente de la SAAM
– Perrine Kleinau, directrice adjointe de la communication de la  ville de Reims et du Grand Reims
– Pierre-Yves Lochon, fondateur et administrateur du Club Innovation & Culture (CLIC) France
– Georges Magnier, directeur des musées de la ville de Reims
– Arnaud Steffen, graphiste, directeur de l’agence Pulsi.

Réuni à Reims le 21 juin 2022, le jury a examiné avec intérêt l’ensemble des propositions, anonymisées, et a apprécié la belle qualité des projets reçus.

Les participants ont plébiscités certaines œuvres majeures des collections rémoises – La mort de Marat de Jacques-Louis David, Le combat des animaux d’Alexandre-François Desportes -, ou encore les œuvres de Simone Boisecq, Léonard Foujita et Jean Goulden.

  • Deux prix décernés par le jury

Dans une première phase, deux prix ont été décernés suite aux délibérations du jury.

. Le Prix de la Ville de Reims, doté de 1 000 euros, a été décerné à Christian Gastaldi (62 ans, Courbevoie) pour sa proposition revisitant le coupable du meurtre de Marat.

. Le Prix du mécène EDAA, doté de 1 000 euros, a été décerné à Alice Goubert (27 ans, Brême – Allemagne) pour sa proposition associant un bouquet de fleurs du XVIIe siècle à l’urgence environnementale.

  • Un prix du public décerné à l’automne à l’issue d’une exposition sur les Promenades

Dix autres propositions ont été sélectionnées par le jury et seront exposées dans le parc urbain des basses promenades, dans le centre ville de Reims, à partir du 7 septembre 2022.

A partir de cette date, le public pourra voter en ligne pour son œuvre préférée sur le site web des musées de Reims ou en utilisant le qr-code associé aux œuvres exposées.

Le Prix du public, doté de 1 000 euros, sera déterminé par un vote en ligne ouvert à tous.

Les trois prix de ce concours sont tous dotés par un même mécène : l’Ecole d’Arts Appliqués à Distance, EDAA.

  • Le musée numérique continue de s’enrichir

Depuis le 22 juin 2022, plus de 800 nouvelles œuvres et 2 700 images sont venues enrichir le musée numérique.

Le portail des collections propose désormais 15 180 œuvres des musées à la consultation, toujours accompagnées de ressources vidéo, ludiques, d’expositions thématiques et d’œuvres en gigapixels.

  • Prix de la ville de Reims

Christian GASTALDI, lauréat du prix de la ville, explique ainsi sa création. “Le choix des œuvres a vite été une évidence. Parcourant les collections des différents musées de Reims, « La mort de Marat » s’est imposée d’elle-même. Ce tableau fait partie de notre culture collective, son mérite est non seulement historique mais surtout artistique par la qualité de la composition de David.

Ensuite, ce sont les estampes japonaises (particulièrement présentes dans les collections) que j’ai retenues. Elles font partie de mon initiation artistique (conduite en autodidacte) en les découvrant, à l’adolescence, par l’intermédiaire des œuvres de Gauguin, Van Gogh…

Le sujet de la mort de Marat étant retenu, il ne restait plus… qu’à trouver un coupable ! Et là, parmi les estampes, se trouvait l’évidence du rôle tenu par le samouraï Kumagai Jiro Naozane ! Sa position, figée par l’estampe, le démontre parfaitement. Pas besoin de la moindre rotation pour l’imbrication des corps !

Le concept trouvé, restait l’essentiel : en faire une œuvre artistique à part entière et, pour cela, travailler sur le rythme et la composition.

J’ai choisi de conserver le format de « La mort de Marat », ainsi que l’ensemble du premier plan. Une véritable harmonie graphique se dégage en effet de ces proportions et du jeu subtil des variations des horizontales et verticales de l’avant-plan qui fournit une première musicalité de la composition.

La partie centrale de l’image met en évidence le rôle du samouraï dans la mort du sujet. La main gauche enfoncée, disparaissant derrière le corps de Marat donne une idée de la force employée dans ce meurtre.

Enfin, le fond se devait d’être en accord avec la présence du samouraï, livrant un décor japonisant avec ses représentations symboliques (Vagues, Mont Fuji)”.

  • Prix du mécène – EDAA

Alice GOUBERT, lauréat du prix du mécène, a ainsi expliqué sa réinterprétation. “J’ai souhaité présenter une œuvre qui appelle à la protection de l’environnement et au respect de la nature. La lutte contre le changement climatique est un enjeu primordial et je pense que l’art peut être mis à son service.

Pour cela, j’ai travaillé à partir du tableau « Bouquet de fleurs » de Simon Verelst (1665). J’en ai détouré les fleurs et feuilles, que j’ai assemblées de façon organique sur un fond noir. Ces végétaux sont entremêlés avec les lettres d’un slogan écologiste « Respect existence or expect resistance » (en français « respectez l’existence ou attendez-vous à la résistance »). Tout en restant lisibles, les lettres sont de plus en plus cachées par les végétaux, comme si la nature reprenait ses droits et résistait.

Le contraste entre la finesse des fleurs de Verelst et la brutalité de la police épaisse et sans empattement est très fort. II est renforcé par l’opposition entre le texte blanc et le fond noir. L’ensemble est donc très intense, presque dramatique, sans toutefois être menaçant grâce à la délicatesse des fleurs.

Ce visuel pourrait être une affiche de manifestation, ou d’affichage de rue par exemple. Elle serait destinée à la fois aux dirigeants politiques mais aussi aux citoyens et constituerait un appel à remettre la nature et l’existence en général au cœur de nos vies et de nos préoccupations. Grâce à ses contrastes et à la sonorité du texte répétitif, elle attirerait l’attention et appellerait à la réflexion sur nos modes de vies et le futur que nous souhaitons”.

C’est la seconde fois que la ville et les musées de Reims affichent dans l’espace public sa collection diffusées en open content. Pendant le second confinement, en avril 2021, des reproductions des œuvres sur les flancs des tramways et dans les vitrines de certains magasins. (ARTICLE CLIC: Reims « accroche » les chefs d’œuvres de ses musées sur les trams et dans les vitrines de la ville)

www.reims-musees.fr et www.reims.fr

SOURCE: musées de Reims (CP)

PHOTOS: musées de Reims 

Date de première publication: 24/08/2022

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