Le musée Condé (Château de Chantilly) propose l’exploration numérique gratuite des “très riches heures du duc de Berry”

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Les “Très Riches Heures” du duc de Berry sont un manuscrit exceptionnel tant par le raffinement de leur ornementation, la richesse de leur iconographie que leur qualité artistique : 66 peintures à pleine page sont un musée à elles seules ! C’est le chef d’œuvre le plus célèbre du château de Chantilly et du Musée Condé. Cent soixante-quatre ans plus tard, le bicentenaire de la naissance du prince (fêté en 2022), est l’occasion de partager largement l’émotion que procure la découverte de ce chef-d’œuvre exceptionnel. Le musée Condé vient de mettre en ligne une application qui permet de feuilleter gratuitement l’intégralité du livre à travers des images de qualité inédite.

Le manuscrit a été acheté par le duc d’Aumale à Gênes, le 20 janvier 1856. Arrivé dans la demeure du prince, alors en exil à Twickenham, autour du 18 février de la même année, l’ouvrage fait l’admiration de l’entourage princier et des conservateurs du British Museum venus l’admirer…

Le manuscrit est constitué de 206 feuillets de parchemin de 29 sur 21 centimètres et compte jusqu’à 131 miniatures protégées par une reliure du XVIIIe siècle.

Depuis l’acquisition du manuscrit par le duc d’Aumale en 1856, le livre a acquis une célébrité mondiale qui lui confère une valeur d’icône du Moyen Âge. 

  • De la numérisation …

Une campagne de reproduction à très haute définition a en effet été menée en partenariat avec l’Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais. Les images réalisées par le photographe Michel Urtado permettent de voir, jusqu’au moindre détail, les touches de pinceau des peintres.

Suite à cette campagne de photographies, la société Mosquito a développé une application de découverte qui a été testée durant l’année 2021 par les visiteurs au sein du Cabinet des livres du château.

Le dispositif, constitué d’un logiciel éprouvé, d’une interface intuitive (sous la forme d’un feuilletoir numérique) et de la possibilité de visionner les 412 pages et quelque 130 enluminures à l’aide d’un puissant zoom, a remporté l’adhésion enthousiaste du public qui a rarement l’occasion d’appréhender un aussi magnifique manuscrit médiéval.

  • … au feuilletoir numérique en ligne

En 2022, le feuilletoir devient donc web responsive (accessible sur smartphone, tablette ou pc ) et surtout il est accessible à chacun, en tout lieu connecté.

L’internaute peut aisément comprendre la structure du livre, le contenu des textes, le sens des images grâce à des textes focus clairs et discrets. Les commentaires peuvent être désactivés pour feuilleter le livre de manière autonome.

L’application est facile d’appréhension, simple à utiliser, multilingue. Elle continuera à être mise à jour au fil des remarques des internautes et de l’avancée des recherches.

“De quoi faire rayonner comme jamais les Très Riches Heures et aussi saluer leur découvreur et donateur, Henri d’Orléans, duc d’Aumale !” se félicite le musée de Condé.

  • Les très riches heures du duc de berry un manuscrit mythique et inspirant, dont l’exploration se poursuit

Les “Très Riches Heures” du duc de Berry sont un livre d’heures, c’est-à-dire un recueil d’offices et de prières personnalisé selon l’habitude de l’époque. 

Ecrites en latin, les “Très Riches Heures” du duc de Berry tirent leur nom de la prière des heures canoniales du clergé que les élites souhaitaient imiter, de leurs très riches contenus textuels et artistiques, et enfin du nom de leur commanditaire, Jean, duc de Berry (1340-1416), frère du roi de France Charles V.

Grand amateur d’art, le fastueux duc de Berry confie le décor du livre à trois enlumineurs auparavant attachés à la cour de Bourgogne, Paul, Jean et Hermann originaires de la province de Limbourg (actuelle Belgique).

Les trois frères Limbourg ainsi que le duc meurent en 1416, sans que l’ouvrage soit achevé. Tout au long du XVe siècle, d’autres enlumineurs se succèdent pour compléter le manuscrit, tel le peintre Barthélémy d’Eyck
pour la famille royale, ou Jean Colombe pour Charles Ier de Savoie qui hérite du manuscrit vers 1480.

  • Un « livre-cathédrale » acquis en 1856

C’est finalement un « livre-cathédrale », livre collectif réalisé grâce à une succession de mécènes, puis conservé à l’époque moderne dans des collections particulières italiennes qu’acquiert le duc d’Aumale, cinquième fils de Louis Philippe, à Gênes, en 1856.

Le prince le fait venir en Angleterre où il réside durant son exil hors de France et acquiert très vite le sentiment que ce « wonderful book », qui ne s’appelle pas encore les Très Riches Heures du duc de Berry, mais simplement « le manuscrit acheté à Gênes », serait le trésor de sa collection.

C’est un véritable joyau de l’art gothique international où on reconnaît des influences flamandes, rhénanes, françaises, italiennes, orientales et antiques.

  • Explorer un calendrier unique

Le calendrier est sans doute l’ensemble de miniatures le plus célèbre du livre, si ce n’est de toutes les enluminures du Moyen Âge.

Pour la première fois, chaque mois occupe deux pages et est illustré d’une grande miniature : scènes paysannes et fêtes princières se succèdent devant le duc de Berry lui-même, ou devant les châteaux qu’il a habités ou possédés.

Arrivé à Chantilly en 1871, le manuscrit est donné par le duc d’Aumale à l’Institut de France, avec le château et ses collections, en 1886. Le château de Chantilly est l’écrin exclusif de ce manuscrit mythique, selon les volontés du duc d’Aumale.

  • Un chef d’œuvre largement reproduit

Le manuscrit a rapidement acquis la célébrité qui le caractérise, grâce aux reproductions.

Des premières copies en héliogravure publiées dès 1884 dans la Gazette des Beaux-Arts aux précoces reproductions en couleur des années 1940, puis aux films et enfin au fac-similé sur cédérom de 2004, les enluminures sont reprises dans d’innombrables illustrations.

Elles alimentent même les dossiers de Walt Disney pour Blanche-Neige et les sept nains dans les années 30 ou inspirent à Jacques Prévert le scénario des Visiteurs du soir, dix ans plus tard. Fac-similés, livres, cartes postales et produits dérivés sont également nombreux.

Le manuscrit a fait l’objet d’une exposition exceptionnelle en 1956 au château de Chantilly que visite pour l’occasion Umberto Eco. En 2004, le manuscrit est à nouveau exposé à Chantilly à l’occasion d’une série de manifestations sur les arts en France au tournant des XIVe et XVe siècles. Suite à une première numérisation, le manuscrit est mis en ligne dans la Bibliothèque Virtuelle des Manuscrits Médiévaux du CNRS et la recherche scientifique progresse. Et le bruit court qu’une grande exposition se prépare à nouveau …

SOURCE: Domaine de Chantilly

PHOTOS: Domaine de Chantilly, RMN-GP

Date de première publication: 25/02/2022

Le Domaine de Chantilly, la RMN-GP et Mosquito sont membres du CLIC France

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