Des milliers de bronzes béninois conservés dans les musées du monde répertoriés dans une base de données en ligne

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Temps de lecture : 5 min

Le premier catalogue en ligne répertoriant plus de 5 200 œuvres d’art pillées du Royaume du Bénin est en ligne depuis le 5 novembre 2022. Créé en partenariat avec 2 partenaires allemands et 131 musées, Digital Bénin rassemble déjà des informations sur plus de 5 240 objets. Cet outil unique entend accompagner et documenter le processus de restitution engagé par des institutions muséales du monde entier. En attendant l’ouverture d’un musée physique en 2025.

La base de données, appelée Digital Benin, identifie l’emplacement de plus de 5 000 objets africains pillés pendant les périodes de colonisation et aujourd’hui conservés dans les collections des institutions culturelles occidentales.

Ces objets sont peu à peu devenus les symboles du combat engagé par des états pour la restitution de leur patrimoine culturel.

  • L’expédition britannique de 1897

Les bronzes du Bénin sont un groupe de milliers d’objets historiques qui ont été emportés du palais royal du Bénin, dans l’actuel Nigeria, lors d’une violente expédition des troupes britanniques, en 1897.

Plaque en relief du Roi avec deux dignitaires. Royaume du Bénin, Nigeria © Museum am Rothenbaum MARKK. Photo de Paul Schimweg.

La plateforme Digital Benin identifie actuellement 131 institutions dans 20 pays qui conserve dans leur collection des éléments du patrimoine culturel béninois.

La base de données répertorie déjà 5 246 objets présentés sur une carte interactive. Elle propose des détails de provenance fournis par les institutions participantes, des images haute résolution et le titre de l’œuvre en anglais et en langues Edo.

Les visiteurs du site Web peuvent également accéder à une collection d’histoires orales racontées par des artistes, des artisans et des anciens béninois qui racontent l’importance des œuvres d’art pour l’art et la culture du pays.

Dans une “clause de non-responsabilité”, le site Web indique que “la qualité des données de provenance fournies par les musées varie considérablement d’une institution et d’un objet à l’autre. Le nombre d’objets associés à ces noms n’est donc qu’une indication de ce qui a été documenté par les musées et non du nombre réel d’objets liés ou même pillés par eux”.

  • Une initiative allemande

L’initiative est dirigée par Barbara Plankensteiner, directrice du Museum am Rothenbaum Kulturen und Künste der Welt (MARKK) à Hambourg et a été financée par la Ernst von Siemens Art Foundation de Munich.

L’équipe projet du Digital Benin est composée de 14 personnes. Elle comprend des experts basés au Nigeria, au Kenya et aux États-Unis, qui ont mené des activités de sensibilisation scientifique auprès de musées du monde entier pendant environ deux ans avant le lancement de la plateforme.

Les musées partenaires incluent le Metropolitan Museum of Art et le Brooklyn Museum de New York, le Cleveland Museum of Art, le Musée ethnologique de Berlin, British Museum de Londres, le Pitt Rivers Museum et le Horniman Museum du Royaume-Uni, la National Gallery of Australia, le Royal Ontario Museum et le Benin City National Museum.

Les institutions les plus représentées dans la base de données sont le British Museum (944 objets), Ethnologisches Museum, Staatliche Museen zu Berlin (518), Field Museum Chicago (393), Museum of Archaeology and Anthropology, University of Cambridge (350), National Museum, Benin (285) et Staatliche Ethnographische Sammlungen Sachsen und Staatliche Kunstsammlungen Dresden (283).

4 collections implantées en France et 38 œuvres sont référencées par la plateforme: musée du quai Branly – Jacques Chirac (35 objets), Al Thani Collection (1), Musée de la musique, Cité de la Musique – Philharmonie de Paris (1) et Musée national Picasso Paris (1)

“Nous l’appelons une plate-forme de connaissances car elle créera de nouvelles connaissances”, a déclaré Barbara Plankensteiner, directrice de MARKK et cofondatrice du Bénin Dialogue Group, une organisation qui associe également des représentants du gouvernement nigérian et de la Cour royale du Bénin. “La base de données sera dynamique, capturant de nouveaux contenus et recherches au fur et à mesure qu’ils apparaissent”.

  • Les premiers rapatriements en cours

Les bronzes du Bénin, réclamés par le Nigéria depuis les années 60, font l’objet de rapatriements substantiels depuis quelques mois.

Les musées de Glasgow, la Smithsonian Institution, le Rhode Island School of Design Museum et le Metropolitan Museum of Art ont soit rendu des œuvres béninoises dans leurs collections, soit entamé le processus de restitution des bronzes pillés.

Durant l’été 2022, le gouvernement allemand a signé un accord transférant la propriété de plus de 1 100 bronzes -y compris ceux détenus par MARKK- au Nigeria.

  • En attendant le musée, en 2025

Mécène de la plateforme numérique Benin Digital, l’Allemagne contribuera également à la construction du  Musée d’art ouest-africain d’Edo, également inspiré par les travaux du Bénin Dialogue Group.

Ce nouveau musée, conçu par l’architecte David Adjaye, qui a conçu le National Museum of African American History and Culture de Washington, devrait ouvrir ses portes en 2025 à Benin City. Il devrait abriter la collection la plus complète de bronzes du Bénin réunis jusqu’à maintenant.

Chao Taiyiana, fondateur d’African Digital Heritage et consultant sur Digital Benin explique sur le site : “la plateforme offre d’innombrables opportunités aux utilisateurs de s’engager et d’interagir avec les collections, d’apporter des perspectives alternatives et de modifier le discours critique sur la représentation et la documentation de ce qui est maintenant devenu emblématique des civilisations précoloniales florissantes de l’Afrique. Digital Benin n’est pas lié à la restitution en cours des bronzes béninois, mais est un processus parallèle qui sera précieux à la fois pour les universitaires et les profanes. Le référentiel numérique sera remis aux parties prenantes au Nigeria, une fois que nous serons prêts et que l’institution sera en place pour le reprendre. C’était l’objectif depuis le début.”

Quand le numérique et le tangible convergent pour la préservation du patrimoine culturel.

Replay du webinaire de l’INHA sur le projet Digital Benin: 

  • Et la France ?

En novembre 2021, le musée du quai Branly a été l’un des premiers occidentaux à restituer 26 objets royaux du Bénin, du palais d’Abomey, réclamés officiellement depuis 2016.

Ils ont fait l’objet d’une exposition organisée dans l’ancien palais présidentiel de la capitale administrative du Bénin, Cotonou. Et un futur musée d’Abomey devrait accueillir 350 objets racontant trois siècles d’histoire, dont les 26 trésors royaux restitués par la France.

digitalbenin.org

markk-hamburg.de/en/digital-benin-2/ 

SOURCES: Benin Digital, presse 

PHOTOS: Benin Digital

PHOTO du carrousel: détail d’une plaque “Roi avec deux dignitaires”. Royaume du Bénin, Nigeria © Museum am Rothenbaum MARKK. Photo de Paul Schimweg.

Date de première publication: 09/11/2022

rnci 24 replay

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