Bruno Girveau, Palais des Beaux Arts de Lille “le musée de demain sera durable et inclusif !”

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Le développement durable c’est l’ADN d’un musée, dont la mission première est de conserver des collections d’œuvres et d’objets d’art pour que les générations futures puissent continuer de les étudier, de les admirer et de les partager. Le dérèglement climatique et l’exigence d’un monde plus juste pour chacun nous poussent à aller plus loin pour faire évoluer notre équipement, nos activités et nos pratiques. 

Le Palais des Beaux-Arts participe à la démarche de transition écologique de la ville de Lille et à son agenda 21 de la culture. Il contribue ainsi à l’objectif d’une culture durable à Lille pour 2024. Dans le contexte de l’organisation des journées professionnelles du 27 et 28 janvier 2022, ouvertes gratuitement à l’ensemble de la profession et des parties prenantes du monde muséal et dont le CLIC France est partenaire, Bruno Girveau, directeur du Palais des Beaux Arts de Lille dévoile la stratégie du musée en matière de développement durable et d’inclusion.

  • Une stratégie globale d’établissement
Bruno Girveau directeur du Palais des Beaux Arts de Lille (c) PBA de Lille JM Dautel

Conscient que l’éco-responsabilité ne se traite pas en un claquement de doigts, nous avons élaboré une stratégie globale d’établissement qui associe des démarches à brève échéance à d’autres à plus long terme, de même que nous mettons en œuvre des actions modestes au côté de chantiers plus ambitieux, capables d’entrainer l’ensemble des agents du musée et ses publics.

Si nous avons choisi d’aborder la durabilité par le prisme large de l’ « éco-responsabilité », c’est parce qu’il permet d’assumer une responsabilité sociale et économique, tout en protégeant l’environnement, en contribuant à l’amélioration des conditions de travail des agents et enfin en incluant l’ensemble de ses publics à sa mise en œuvre.

Il nous faut marcher sur nos deux jambes : minimiser notre empreinte carbone et maximiser notre impact social.

Un plan d’action en quatre axes

Pour cela, nous avons construit un plan d’action en quatre axes :

. aller vers un musée plus vertueux écologiquement qui réduise l’empreinte écologique du bâtiment.

La façade du Palais des Beaux Arts de Lille (c) Dicom Ville de Lille Dan R

Nous prévoyons la mise en place d’une gestion plus efficace des déchets avec un « plan poubelles » qui se décline progressivement; une rénovation progressive de l’éclairage avec passage au led nous permettant des réductions de plus de 90% de notre consommation énergétique en améliorant sensiblement les conditions de visite et une rénovation de la toiture, véritable passoire thermique aujourd’hui, en posant clairement des objectifs chiffrés d’efficience énergétique auprès des entrepreneurs responsables du chantier.

 

Visuel de la salle paysage du PBA de Lille. “Idylle, ou Cache-cache”, Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875), Palais des Beaux-Arts de Lille
© RMN-Grand Palais / Philipp Bernard

. proposer des programmations et des accrochages plus responsables qui tiennent compte de la problématique écologique.

Sans instrumentaliser les œuvres, nos collections ont un potentiel pédagogique en matière d’écologie que nous souhaitons révéler, avec notamment la reprise d’une salle « paysages » au début de l’année 2022. Des ateliers, visites guidées et des parcours dédiés accompagneront également cette dynamique.

. produire des expositions éco-conçues, démarche initiée avec Expérience Goya, pour lesquelles nous maitrisons désormais le nombre de prêts et surtout la provenance des œuvres pour limiter le recours au transport aérien, nous achetons mieux en achetant moins, nous construisons des scénographies réversibles et démontables, nous trions, réemployons et valorisons les déchets résiduels, et enfin, nous développons un numérique « raisonné » qui permet une dimension expérientielle de l’exposition.

Experience Goya – bulle immersive (c) Dicom ville de Lille Thomas Lo Presti

L’exposition La forêt magique en 2022 marquera une nouvelle étape avec un objectif de réemploi de la scénographie précédente à 70%, une phase de conception-réalisation permettant l’échange itératif constant entre commissaire, scénographe et fabricants afin d’atteindre les objectifs que nous nous fixons de manière plus fluide et efficace. Enfin, une entreprise de réemploi du matériel issu de cette exposition sera sollicitée au moment du démontage.

Visuel de l’exposition “La Forêt Magique” 2022. “Le Rayon de soleil”, Célestin-François Nanteuil (1813-1873), Musée des Beaux-Arts de Valenciennes © RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojeda / Thierry Le Mage
  • Un musée toujours plus inclusif et universel

. fixer l’objectif d’un musée toujours plus inclusif et universel.

L’accueil d’un public le plus large possible est le cœur de notre action avec le développement de formes de médiation participative pour sortir de l’approche descendante plaçant le visiteur dans une posture passive, avec un accent porté sur la jeunesse, la toute petite enfance, les visiteurs en situation de handicap physique (la mal voyance, par exemple, avec l’exposition Prière de toucher en 2022) ou psychique (via l’art thérapie pour agir sur les troubles du spectre autistique notamment).

Nous développons également nos actions hors les murs, nos contenus en ligne (RS, chaine Youtube et Spotify, visioconférences, base d’œuvres en ligne, ..), mais également des ateliers allant au contact des publics éloignés, en EPHAD, en milieu carcéral, en centres médicaux sociaux.

Exposition Helene Marcoz – 2021 (c) Thomas lo Presti Dicom Ville de Lille

Nous faisons « sortir » les œuvres du musée en les plaçant au cœur de l’espace public avec par exemple l’intervention du plasticien Julien de Casabianca dans le quartier lillois de Fives et à Béthune, ou les expositions de la photographe Hélène Marcoz sur les murs des Halles de Wazemmes et les grilles du musée.

Enfin, nous avons mis en place une méthodologie pour écouter et intégrer l’avis des publics, avec notamment l’organisation de « focus groupes » (comités d’usagers) pour tous nos projets neufs, y compris récemment pour les commissariats d’exposition.

  • Travailler en transversalité et agir en réseau

Enfin, réussir une transition écologique, cela signifie travailler en transversalité et agir en réseau : une démarche de développement durable nécessite la construction d’un réseau d’acteurs et de partenaires, avec lesquels nous travaillons depuis un long moment.

Des réseaux professionnels bien sûr, que nous réunirons en 2022 à l’occasion les 27 et 28 janvier 2022 d’un grand workshop de deux jours, consacré à ces problématiques et ouvert gratuitement à l’ensemble de la profession et des parties prenantes du monde muséal.

Citons également d’autres réseaux de partenaires, à l’image d’un club de « mécènes collaboratifs », tourné vers les PME et les TPE, ou encore de la fédération d’un « réseau des voisins » que nous impliquons dans la vie du musée.

SOURCE: Palais des Beaux Arts de Lille

PHOTOS: Palais des Beaux Arts de Lille

PHOTO du carousel: Experience Goya, bulle immersive (c) Dicom ville de Lille Thomas Lo Presti

Date de première publication: 13/12/2021

Le Palais des Beaux Arts et la Ville de Lille sont membres du CLIC France

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