Le Musée du Louvre invite Mohamed Bourouissa pour une année de création sur son compte instagram

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Depuis le 16 février 2024, le musée du Louvre invite l’artiste Mohamed Bourouissa à proposer, une année durant, un portrait du jardin des Tuileries, sous la forme de courtes vidéos, filmées au téléphone portable, publiées chaque vendredi sur le compte Instagram du musée.

Ce projet de création, intitulé Jardin public, est lancé en concomitance avec l’ouverture de l’exposition de Mohamed Bourouissa, Signal, présentée au Palais de Tokyo à partir du 16 février. L’artiste est aussi l’invité des Journées Internationales du Film sur l’Art 2024, à l’occasion d’un week-end carte blanche du 5 au 7 avril 2024, à l’Auditorium Michel Laclotte du musée du Louvre.

Postées en « story », aussitôt vues et bientôt disparues, ces 52 vidéos viendront, une à une, s’enregistrer en tête du compte Instagram du Louvre.

En cascade, “elles traceront un portrait impressionniste et discontinu du jardin au fil des saisons et des événements qui le traverseront”.

Accès à la première vidéo publiée sur le compte instagram du Louvre.

  • Un haiku visuel

“Comme un haïku visuel et sonore, les images crées viendront s’insérer dans le fil ininterrompu des publications instagram du musée du Louvre, opérant ce que Mohamed Bourouissa sait provoquer : une rupture, un détour, un décalage de la narration, une décélération” explique le musée.

“J’aime l’idée de détournement d’un principe de communication, d’une étrangeté dans un dispositif marketing, comme un caillou dans une chaussure, dans une mécanique bien huilée”, confie l’artiste, dans une tentative, à la fois poétique et engagée- de produire “un monde moins dialectique”, comme ile le confiait à Marie Amelie Senot, dans l’ouvrage “Construire des liens. Mohamed Bourouissa”, Editions Dilecta. LaM / Palais de Tokyo

L’artiste invité par le Louvre va donc réaliser un portrait du jardin des Tuileries sous forme de vidéos postées sur le compte Instagram du musée tout au long de l’année.

Dans le jardin des Tuileries, il dialogue à la fois avec l’histoire – du jardin royal et impérial, premier jardin public de Paris – et avec le présent (plus de quatorze millions de visiteurs fréquentent le lieu chaque année).

Chaque vendredi, une nouvelle vidéo offre une plongée dans les sensations, les visions, les sentiments que le jardin des Tuileries provoque chez l’artiste.

TROIS QUESTIONS À … MOHAMED BOUROUISSA

. Comment est né ce projet étrange de filmer durant un an, pour le Louvre,  le jardin des Tuileries ?

Je travaille depuis longtemps avec Donatien Grau, conseiller pour les Programmes contemporains du Louvre. Lorsqu’il était au musée d’Orsay, il m’avait commandé une vidéo sur la gentrification, à partir d’un travail sur l’œuvre de Charles Baudelaire et le monde moderne. Ma vidéo, très simple et très courte, lui avait plu ; on a continué à échanger et imaginer d’autres collaborations possibles. Après son arrivée au Louvre, il est revenu vers moi avec une idée que je trouve  très belle ; il savait que je m’intéressais beaucoup aux plantes depuis plusieurs années. Il m’a proposé de travailler à un projet centré sur le jardin des Tuileries. L’idée est de faire une sorte de journal intime, à travers 52 vidéos, durant toute l’année.

. Sur quel dispositif reposera cette série de films courts ?

Je vais aller une fois par semaine me promener dans le jardin des Tuileries pendant douze mois. Et filmer les fleurs, les événements, les passants ; je ne sais pas encore exactement, cela dépendra de ce que je ressentirai sur place. Mais cela ressemblera à la captation d’une déambulation, d’une flânerie visant à s’attarder sur certaines choses qui se passent sous mes yeux. Je pense que le projet évoluera au fur et à mesure de mon chemin.

. Poster chaque semaine une vidéo sur un site, cela relève d’un geste artistique aussi important qu’une exposition plus « classique » ?

J’aime beaucoup cette idée de détournement d’un principe de communication, de créer un objet un peu étrange dans un dispositif marketing, comme un caillou dans une chaussure qui vient casser une dynamique bien huilée.

Chaque semaine, imaginer qu’une vidéo expérimentale et poétique puisse être vue par 4 millions de personnes, cela me touche. J’aime ce geste consistant à inscrire des micro-événements, comme des épisodes d’une série, dans un environnement déjà installé. Essayer de trouver un chemin. J’aime aussi le motif de la répétition ; répéter et répéter encore ; faire vivre un objet artistique dans ce champ de la communication.

Interview extraite de Grande Galerie, Le Journal du Louvre, n°66.

  • Les événements culturels avec Mohamed Bourouissa

. Journées internationales du film sur l’art 2024, carte blanche a Mohamed Bourouissa. Auditorium michel-laclotte

Du vendredi 5 au dimanche 7 avril 2024

Chaque année, les Journées internationales du Film sur l’Art explorent le lien singulier qui unit le cinéma aux autres arts et questionner le processus créatif et le rôle de l’art dans nos sociétés. Quels liens singuliers le cinéma tisse-t-il avec la sculpture, la peinture, la musique et la photo, et entre ces disciplines artistiques ? Comment se construit, se piège ou se perd le regard ? En quoi l’atelier cristallise-t-il le mystère ou le miracle de la création ? Tels sont les thèmes que viennent interroger films récents, inédits, hommages, cartes blanches et rencontres de cette nouvelle édition des JIFA. Des thèmes qu’explore également Mohamed Bourouissa, invité par le musée, au cours de ces journées et tout au long de l’année 2024, à partager ses interrogations sensibles sur la relation entre musique et images en mouvement, par une programmation conçue en dialogue avec Hugo Vitrani associant projections, discussions, lectures, sessions live et parcours dans les Tuileries. www.louvre.fr/en-ce-moment/evenements-activites/journees-internationales-du-film-sur-l-art-2024

Vendredi 5 avril à 20h : Soirée d’ouverture avec Olivier Marboeuf et Ingrid Luquet Gad.
Projections en avant-première. Session live de Phantom Love

Samedi 6 avril à 11h : Rencontre au jardin des Tuileries avec Mohamed Bourouissa et Floriane Guihaire, sous-directrice des jardins au musée du Louvre

Samedi 6 avril à 17h
Projection de « Nouveau Western », en présence de Stéphane Lerouge

Dimanche 7 avril à 15h: Mohamed Bourouissa invite Alice Diop

Dimanche 7 avril à 18h: Soirée de clôture avec Anaïs Tohé Commaret, Tarek Lakhrissi et Hugo Vitrani. Projections. Lecture par Neïla Czermak Itchi

. Exposition Signal au Palais De Tokyo

Concomitamment le Palais de Tokyo invite Mohamed Bourouissa à concevoir l’exposition Signal, présentée au public du 16 février au 30 Juin 2024. Curator : Hugo Vitrani

Cette première rétrospective prospective dans une institution nationale est l’occasion de déplier le travail de l’artiste, de ses productions les plus récentes à ses débuts, incluant des créations d’artistes ami.es. palaisdetokyo.com/exposition/signal/

A propos de Mohamed Bourouissa

Au moyen de la vidéo, de la photographie, de la sculpture, de l’installation et plus récemment du théâtre, l’oeuvre de Mohamed Bourouissa se confronte avec virtuosité aux questions critiques de notre existence contemporaine : des contraintes politiques qui s’exercent sur nos corps à la vie des plantes, de la célébration des héros passés et présents, l’artiste creuse dans les formes de vie.

Le travail au Louvre, issu d’une pratique de dérive presque quotidienne à travers le premier jardin public de Paris prolonge autrement certaines œuvres menées par l’artiste dans son rapport au vivant.

Une attention pour les plantes, pour les origines des jardins persans en passant par ceux de la Renaissance; pour le soin des couleurs et des sons qui s’est formalisé dans son travail depuis ses recherches sur l’hôpital psychiatrique Frantz-Fanon, à Blida en 2008.

Cette rencontre avec ce lieu et ses habitant·es sera à l’origine d’une recherche artistique d’ampleur. Mohamed Bourouissa y fait notamment la rencontre de Bourlem Mohamed, patient de l’hôpital depuis 1969, qui le sensibilise sur la question de la résilience des plantes, tout en évoquant avec lui sa pratique d’horticulture, les souvenirs de la guerre d’Algérie, l’histoire de l’hôpital et ses tourments.

Depuis, Mohamed Bourouissa a élaboré un jardin communautaire à Liverpool, puis travaillé autour des histoires déplacées des mimosas et des oiseaux de paradis. Un dialogue à l’écoute du vivant que Mohamed Bourouissa poursuit donc autour du Louvre. https://www.mohamedbourouissa.com/

SOURCE: Musée du Louvre (CP)

PHOTOS: site web du Musée du Louvre

Le Musée du Louvre est membre du CLIC

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