En septembre 2024, 40 ans après l’ouverture du Centre Historique Minier Lewarde, un nouveau dispositif numérique associant vidéo et intelligence artificielle offre au public la possibilité de partager le vécu des anciens mineurs et de dialoguer avec eux. Cette offre de médiation innovante permet de diffuser de manière pérenne les précieux témoignages des anciens mineurs sur leur travail et leur vie quotidienne.
Lorsque les Houillères du Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais prennent la décision de créer un musée de la mine sur le site de la fosse Delloye dans les années 1970, les anciens mineurs ont été naturellement associés au projet. ils étaient présents et largement impliqués dès l’ouverture du Centre Historique Minier au public en 1984.
- Des témoignages en face à face …
Soixante-huit anciens mineurs ont ainsi assuré la visite guidée du site jusqu’en 2010. Puis de 2011 à l’été 2024, les anciens mineurs, moins nombreux, ont continué à échanger avec le public lors de rencontres-témoignages, moments privilégiés au cours desquels ils abordaient les différents aspects de leur vie : premier jour à la mine, formation, salaire, dangers, reconversion.
En 2024, 40 ans après l’ouverture du site au public, l’heure de la retraite a sonné pour le dernier ancien mineur du Centre Historique Minier.
Désormais, “ce sont les nouvelles technologies qui permettent au public de continuer à partager leur vécu grâce à un dispositif associant la vidéo et l’intelligence artificielle” annonce le Centre, qui est aujourd’hui le plus important musée de la mine en France.
- … au tête-à-tête 2.0
Depuis le week-end des Journées Européennes du Patrimoine 2024, dans une salle à l’ambiance intimiste et en accès libre, le nouveau dispositif de médiation “À la rencontre des anciens mineurs” est composé d’une tablette interactive et d’un grand écran.
Le témoignage des trois derniers anciens mineurs ayant travaillé au Centre Historique Minier a été décomposé en plus de 150 questions, qui ont fait l’objet de 150 courtes interviews filmées, soigneusement retranscrites et indexées avec des mots-clés. “La mémoire des anciens mineurs est de cette manière conservée grâce à ces témoignages précieux” indique le Centre.
Chaque visiteur peut aujourd’hui de manière libre et autonome poser une question sur un clavier et l’intelligence artificielle sélectionne la vidéo selon le sujet et un ancien mineur apparaît ainsi sur l’écran, dans un tête-à-tête 2.0.
“Ce dispositif immersif innovant, destiné à tous les publics, met ainsi à la portée de chacun la parole et la mémoire des mineurs” se félicite le Centre Historique Minier.
- Les 3 anciens mineurs
. Joël : “Je suis embauché comme bowetteur en 1978 à la fosse 9-9bis à Oignies. En 1980, je rejoins le puits Simon à Forbach des Houillères du Bassin de Lorraine en tant que bowetteur, puis chef d’équipe traceur et termine en 1993 comme chef de compagnie. J’ai été guide ancien mineur au Centre Historique Minier de 1999 à 2024“.
. Daniel : “Je suis embauché comme galibot en 1964 à la fosse Barrois à Pecquencourt, puis comme agent de maîtrise à la fosse Ledoux à Condé-sur-l’Escaut. J’ai été guide ancien mineur au Centre Historique Minier de 1999 à 2023“.
. Yvon : “J’ai commencé en 1962 à la fosse De Sessevalle à Somain, ai travaillé aux fosses Barrois à Pecquencourt, Agache à Fenain, puis comme agent de maîtrise à la fosse Ledoux à Condé-sur-l’Escaut et terminé ma carrière dans les grands bureaux à Douai. J’ai été guide ancien mineur au Centre Historique Minier entre 1994 et 2023“.
Ce projet a été conçu par la société belge Hovertone, avec le soutien de la Direction des affaires culturelles des Hauts de France, dans le cadre de l’Appel à Projets Applications et Dispositifs Numériques Innovants, en partenariat avec Louvre Lens Vallée et le Laboratoire IRHIS. Il a reçu le label France Design Week, un festival qui fédère, chaque année en septembre, le monde du design français.
- Des rescapés de l’Holocauste à Dali
Le dispositif numérique s’inspire largement de deux outils de médiation déjà déployés dans des musées, notamment américains.
Plusieurs musées de l’Holocauste proposent un face à face numérique avec des rescapés des camps de concentration, dans le cadre d’une initiative lancée en 2017 par la Fondation Shoah de Steven Spielberg. (ARTICLE CLIC : Un musée américain lance les premiers témoignages hologrammes 3D de survivants de l’Holocauste) Depuis 2019, “Dali Lives” qui permet aux visiteurs de dialoguer avec l’artiste dans le musée qui lui est consacré en Floride, à Saint Petersbourg. (ARTICLE CLIC: Dali Lives: le musée très audacieux de Floride utilise l’intelligence artificielle pour ressusciter l’artiste surréaliste) Pendant l’exposition Van Gogh, en 2023, la société Jumbo Mana avait testé au musée d’Orsay une médiation similaire avec l’artiste. (ARTICLE CLIC: [Vivatech 2023] L’intelligence artificielle permet de dialoguer avec Vincent Van Gogh) Depuis mai 2024, la même start up propose une conversation 2.0 avec Rimbaud. (ARTICLE CLIC: Bonjour Rimbaud: grâce à l’IA, l’aventurier poétique dialogue avec le public, à Charleville-Mézières)
- Exposition hors les murs à la Sous-préfecture
Dans le cadre de ses 40 ans, le Centre propose une exposition hors les murs sur les “Mines et cités minières du Douaisis” qui s’est installée à la Sous-préfecture de Douai.
L’histoire minière du Douaisis se dévoile à travers des photographies d’archives, des documents et des objets issus des fonds et collections du Centre Historique Minier. Des groupes scolaires ont l’occasion de la parcourir lors de visites guidées.
SOURCES: Centre Historique Minier Lewarde
PHOTOS: Centre Historique Minier Lewarde
Date de première publication: 27/09/2024
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