« Culture près de chez vous », le nouveau plan d’action du gouvernement Français en faveur des territoires culturels prioritaires

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Le 29 mars 2018, la ministre de la Culture Françoise Nyssen, a présenté à la Grande Halle de la Villette, le plan « Culture près de chez vous ». Il s’agit d’une politique volontariste d’irrigation culturelle et artistique des territoires, fondée sur l’itinéraire. Parmi les deux actions majeures: la plus grande circulation des chefs d’oeuvres des musées français et le déploiement de 200 micro folies sur tout le territoire.

Depuis sa création en 1959, le ministère de la Culture mène une politique d’investissement dans le but de développer un grand nombre de structures culturelles menées par l’Etat, par les collectivités et la société civile, dans tous les secteurs et disciplines artistiques.


De grandes disparités territoriales en terme d’accès à la culture

Après avoir établi une cartographie des équipements culturels publics du territoire par bassin de vie, le ministère de la Culture a constaté de grandes disparités territoriales en terme d’équipements culturels publics. En Ile-de-France, 139 euros sont dépensés par habitant annuellement contre 15 euros annuels par habitant hors Ile-de-France.

Cette cartographie a permis de mettre en évidence des « zones blanches », c’est-à-dire des bassins de vie dans lesquels il y a moins d’un équipement culturel public pour 10 000 habitants. Ces zones blanches vont désormais devenir des « territoires culturels prioritaires », vers lesquels seront déployés de nouveaux moyens au service d’une politique publique de circulation des artistes et des œuvres. La moitié de ces « territoires culturels prioritaires » sont concentrés dans huit départements : l’Eure, le Loiret, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Moselle, les Vosges et la Réunion.

Pallier les inégalités culturelles

Le plan « Culture près de chez vous » se divise en trois parties : artistes et culture sur les routes de France, mobilité des œuvres, déploiement à travers toute la France des « Micro-Folies », musées numériques de proximité.

Dès 2018, 6,5 millions de crédits déconcentrés supplémentaires seront alloués à ce plan pour atteindre 10 millions en 2022.

Les Directions régionales des affaires culturelles (DRAC) sont les piliers de cette décentralisation culturelle. Pour rendre accessible la culture à tous, et surtout à ceux qui en sont les plus éloignés, cette politique engage les établissements publics nationaux du spectacle vivant (Chaillot, Comédie-Française, Opéra de Paris…) dont les spectacles tourneront davantage en région.

Un catalogue des œuvres iconiques des collections nationales destinées à circuler dans les territoires au sein de lieux d’accueil muséaux ou non muséaux, nommé « catalogue des désirs » sera par ailleurs présenté à l’occasion de la Nuit européenne des Musées 2018, le 19 mai.

L’enjeu de ce plan « Culture près de chez vous » est de traduire la notion de droits culturels en actes et en acquis durables au bénéfice de tous ceux qui vivent en France.

Mobilité des œuvres

Françoise Nyssen souhaite que chaque concitoyen puisse avoir accès aux œuvres d’art, et en particulier aux grands chefs d’œuvres des collections nationales, qu’elles soient anciennes ou contemporaines, qu’elles soient picturales ou sculpturales.

Aujourd’hui, dans le domaine de l’art contemporain, les FRAC (Fonds régionaux d’art contemporain) jouent un rôle essentiel dans l’exposition des œuvres puisque l’une de leur mission fondatrice est la mobilité des collections. La programmation hors-les-murs des FRAC concerne environ 2/3 du public des FRAC (1 470 000 visiteurs au total dont 213 000 scolaires).

S’agissant des musées nationaux, sur 5 ans (de 2013 à 2017 hors Pompidou et Quai Branly), il y a eu 21 297 œuvres prêtées en région pour 1 524 expositions. Ce mouvement s’amplifiera et sera réorganisé. Grâce aux cartographies établies, le gouvernement ciblera davantage, à partir de 2018, les zones les plus éloignées de l’offre culturelle.

La ministre de la Culture souhaite ainsi lever tous les tabous, en lien avec les musées nationaux, afin d’offrir un nouveau regard aux citoyens qui n’iraient pas habituellement dans les musées et de répondre à leur attente en développant une politique nationale de circulation des plus grandes œuvres de notre patrimoine.

(c) Xavier Alphand

La politique de circulation des œuvres s’articulera autour de trois grands axes :

Le développement d’une politique nationale de circulation de chefs-d’œuvre iconiques des collections des musées nationaux pour aller au-devant des publics. L’exposition des œuvres sera réalisée sous la coordination d’un commissariat général en lien avec les territoires. En coordination et concertation avec les grands musées nationaux, une commissaire général de ce projet de circulation des chefs-d’œuvre emblématiques qui forgent notre imaginaire collectif proposera dès la Nuit européenne des Musées 2018 un catalogue d’œuvres spécifiquement identifiées, un travail éditorial autour de ces œuvres, des dispositifs spécifiques de médiation, ainsi que de lieux d’accueil muséaux ou non muséaux. Cette politique sera menée en concertation étroite avec les différents acteurs dans les territoires (musées, collectivités territoriales, DRAC, société civile…).

L’organisation d’expositions événementielles dans des lieux non muséaux, par les musées nationaux sur le modèle du Centre Pompidou, dont l’action « 1 jour 1 œuvre » constitue une référence à démultiplier. Il pourra s’agir, selon les distances et les lieux d’accueil, d’une ou plusieurs œuvres, entre un jour et une semaine, qui seront exposées et décryptées pour des publics éloignés de la culture.

La création d’un nouveau label « musée hors les murs ». Ce label vise à valoriser les opérations initiées par les 1 200 musées de France en d’autres lieux que le musée lui-même (écoles, maisons de quartier, autres institutions culturelles) et à distinguer les opérations les plus originales et ambitieuses pour amener le musée aux publics qui en sont les plus éloignés et les encourager à y venir ensuite par eux-mêmes. La ministre de la Culture remettra très prochainement ce label à la vingtaine d’initiatives lauréates en 2018 qui conjuguent avec exemplarité politique des publics et mouvement des collections. Parmi elles, le musée des Beaux-Arts d’Agen, le musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne et le musée Girodet de Montargis.

« 1 jour 1 oeuvre »

Le principe de « 1 jour 1 œuvre » est le suivant : pendant une journée, en région francilienne, une œuvre majeure des collections du Centre Pompidou ayant marqué l’histoire de l’art des XXème et XXIème siècles est présentée gratuitement au public en dehors d’un contexte muséal, dans une maison associative, une salle des fêtes de mairie, un centre social, un centre commercial… Sont privilégiées des zones rurales ou d’éducation prioritaire, dans des territoires qui ne font pas déjà l’objet d’une concentration de soutiens culturels.

L’événement s’adresse avant tout aux publics associatifs, aux familles, aux simples amateurs, aux personnes peu familières de l’art de notre temps.
L’œuvre est présentée par un conservateur, un conférencier ou, lorsque c’est possible, par l’artiste lui-même. Le jour de la semaine et les horaires de cette médiation sont définis en fonction des contraintes du lieu et du public visé, qui privilégient le public en dehors du temps scolaire.

En 2011-2013, lors de la première édition du projet, le focus avait été mis sur l’art contemporain en présence des artistes (Garouste, di Rosa, Fromanger, Combas…). Pour le redémarrage du projet avec une nouvelle édition 2018, la liste est élargie à de l’art moderne. Les œuvres envisagées : Arman, Ben, Christo, Max Ernst, Fromanger, Rancillac, Picasso, Picabia… La première étape est prévue le 20 juin 2018 à l’hôpital pour enfants Robert Debré.

Déploiement à travers toute la France des « Micro-Folies », musées numériques de proximité

L’établissement public du Parc de la grande halle de La Villette (EPPGHV) a imaginé des espaces modulables de démocratie culturelle et d’accès ludique aux œuvres des plus grands musées nationaux qui intègrent un musée numérique, un Fab-Lab, un espace de rencontre et qui permettent à ses visiteurs de se situer des deux côtés de la création en étant spectateur mais également créateur.

Ces espaces sont les « Micro-Folies ». Cette initiative est d’autant plus remarquable qu’elle fédère et mobilise entre autres 12 des grands opérateurs de ministère de la culture et rappelle ainsi leur dimension nationale (musée du Louvre, CNAC Georges-Pompidou, Musée du Quai Branly Jacques Chirac, RMN-Grand Palais, Château de Versailles, Musée Picasso, Universcience, Cité
de la musique-Philharmonie de Paris, Musée d’Orsay, Opéra national de Paris, Institut du Monde Arabe et le Festival d’Avignon).

Ces « Micro-Folies » ont vocation à s’implanter dans des quartiers politique de la Ville mais également en milieu rural. Ce ne sont pas des structures mobiles et elles sont en général adossées à une structure culturelle existante, type médiathèque ou hall d’une mairie en l’absence de lieu culturel.

La ministre de la Culture a décidé de déployer dès 2018 dans toute la France 200 « Micro-Folies », en ciblant tout particulièrement les territoires culturels prioritaires, les bassins de vie les moins bien dotés en équipements culturels.

Ces Micro-Folies pourront être installées de manière pérenne ou en « tournée » dans plusieurs villes en stationnant 6 mois dans chaque ville.

L’Etat prendra en charge une partie des frais à hauteur de 15 000 euros pour accompagner les villes qui souhaiteront installer une micro-folie dans leur commune.

De nouvelles méthodes de travail 

L’enjeu de ce plan « Culture près de chez vous » est de traduire la notion de droits culturels en actes et en acquis durables au bénéfice de tous ceux qui vivent en France. Cette révolution se fonde sur un changement de méthode.

La réussite de ces projets d’itinérance réside dans la capacité des services déconcentrés du ministère de la culture – les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) ou les directions des affaires culturelles (DAC) en outre-mer – à mettre en œuvre une médiation et un accompagnement au plus près des populations bénéficiaires. En effet, il convient d’être conscient de la difficulté à mobiliser les publics ciblés, c’est-à-dire ceux qui se sentent culturellement et géographiquement éloignés des « institutions » culturelles, notamment lorsque les porteurs de projets ne sont pas implantés localement.

Les DRAC devront agir tels de véritables assembleurs auprès des partenaires susceptibles d’être impliqués dans ces projets, d’initier de nouvelles méthodes participatives de mettre en place une plateforme de consultation et enfin d’évaluer l’impact.

Fédérer les acteurs locaux

Les mesures du plan « Culture près de chez vous » s’inscriront dans une nouvelle clause de solidarité territoriale, qui sera inscrite dans les conventions entre l’Etat et les collectivités locales.
• Les DRAC devront déployer de nouvelles méthodes de travail en fédérant les acteurs du territoire : les élus, et en premier lieu ceux des territoires culturels prioritaires ;
• Les acteurs culturels et les acteurs de l’ingénierie culturelle (agences culturelles des régions, ONDA) en capacité de proposer un projet artistique ou culturel adapté au territoire ;
• Les habitants ou leurs représentants (associations, mais aussi commerçants, CCI, EPHAD…) en capacité de connaître les lieux d’accueil et attentes du public (par exemple, les Foyers ruraux qui peuvent proposer des itinéraires) ;
• Les partenaires en capacité de financer les projets ou de les accompagner en ingénierie (par exemple, financement de transports ou mise à disposition d’équipements…).

Une démarche participative

Le ministère de la Culture propose d’accompagner des collectivités territoriales, ou un collectif d’habitants, qui ont le désir de réaliser un projet culturel mais qui souhaitent être accompagnés pour concevoir et mettre en œuvre ce projet pour leur collectivité (communes, intercommunalités…).

Cette proposition inédite pour le ministère de la Culture pourrait se traduire par :
• L’association au projet d’un professionnel volontaire, par exemple une directrice ou un directeur d’un établissement culturel labellisé par l’Etat : il sera en appui de la conception et de l’ingénierie du projet ;
• L’accompagnement financier de l’Etat dédié à ces projets en cours de conception.

Il ne s’agit donc pas de financer une offre culturelle déjà pensée et organisée par un professionnel, mais bien de partir de l’initiative de la société civile et d’accompagner la définition du projet.

Le dispositif sera expérimenté en 2019 dans trois régions et pourra être généralisé si les résultats sont probants.

Cette démarche s’inspire de celle du programme des Nouveaux Commanditaires qui pourront être impliqués dans ce dispositif.

Les Nouveaux Commanditaires, à travers la Fondation de France, travaillent essentiellement dans le domaine de l’art contemporain en mettant des « médiateurs culturels » à disposition de citoyens souhaitant réaliser une commande d’œuvre. La fondation se porte garante du respect des exigences de toutes les parties qui se trouveront concernées par le projet, à un titre ou à un autre : commanditaires, artistes, élus, administrations, responsables d’organismes et mécènes.

Les médiateurs agissent en n’importe quel lieu sur le territoire. Ils sont à l’écoute des populations et apportent à tous les acteurs impliqués les compétences et savoirs nécessaires pour agir. Ils aident les personnes à définir une raison de faire appel à un artiste et d’investir dans la production d’une œuvre.

Une plateforme de consultation

L’Itinérance doit permettre de renforcer en même temps que les droits culturels des artistes ceux de toutes les personnes qui prendront part à ces projets. Une égale considération de la diversité culturelle de chacun, le partage des expertises dans un dialogue respectueux de la dignité et des libertés de tous, les coopérations transversales aux différents champs de l’action publique seront les garants de cette incarnation des droits humains dans les politiques culturelles à laquelle nous invite la loi. L’itinérance artistique se doit d’être un véritable ferment pour recréer du commun dans les territoires.

Dès 2019, une plateforme de consultation, hébergée par le ministère de la Culture recensera tous les projets itinérants susceptibles d’être financés et déposés par les acteurs.

Dossier de presse complet

Source: Culture.gouv (communiqué et dossier de presse)

Date de première publication: 29/03/2018

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