Il a peint le plafond de la chapelle Sixtine et conçu le dôme de la basilique Saint-Pierre de Rome, mais il se considérait avant tout comme un sculpteur et son immense David de Florence est connu dans le monde entier. Au printemps 2025, la Galerie nationale du Danemark (SMK) consacre son exposition majeure à l’une des figures les plus célèbres de l’art occidental : Michelangelo Buonarroti (1475-1564) mais en présentant son œuvre sous un angle original. L’exposition mettra en parallèle la vaste collection de moulages historiques de sculptures de Michel-Ange du musée avec des répliques 3D flambant neuves et de très haute qualité.
L’ensemble de ces reproductions, anciennes et nouvelles, permettra de réaliser l’exposition monographique la plus complète consacrée à Michel-Ange depuis 1875, année de la célébration du 400e anniversaire de sa naissance à Florence.
Inaugurée le 29 mars 2025, l’exposition Michel Ange réunira des chefs-d’œuvre dispersés et présentera des œuvres qui quittent rarement, voire jamais, leur emplacement d’origine, offrant aux visiteurs une occasion unique de découvrir l’art du maître de la Renaissance.
Avec l’exposition, le SMK promet à son public de découvrir la majorité des sculptures de Michel-Ange en un seul endroit, ce qui serait impossible avec les originaux, qui ne sont jamais déplacés. Les visiteurs pourront également admirer la plus grande sélection de dessins, lettres et modèles de sculptures originaux de Michel-Ange jamais exposés au Danemark.
Le SMK entend ainsi dévoiler la vie et l’art de Michel-Ange à travers des études approfondies de ses sculptures. L’institution souhaite également aborder le thème de la relation complexe entre l’original et la reproduction à l’ère numérique.
- Les chefs d’œuvres de l’exposition
L’exposition prend comme point de départ la collection unique de moulages historiques de sculptures de Michel-Ange du SMK, dont la plupart ont été acquis à la fin des années 1890 pour la nouvelle Galerie nationale du Danemark.

Ces moulages seront présentés aux côtés de nouveaux fac-similés en 3D et en moulage.
Il reste aujourd’hui un peu plus de quarante de ses sculptures. L’exposition en présente trente-six en reproduction.
Elles seront accompagnées d’une sélection de dessins originaux de Michel-Ange, de correspondances, de modèles en cire et en argile, ainsi que plusieurs bronzes réalisés d’après des modèles aujourd’hui disparus.
Au total, il s’agit de la présentation la plus complète de l’œuvre sculpturale de Michel-Ange depuis 150 ans.
- Michel-Ange à l’ère numérique
Grâce à la technologie de la société Factum Arte de Madrid (qui avait déjà produit le jumeau numérique 3D de la statue de l’empereur Romain Constantine), le musée de Copenhague va compléter sa collection de moulages en plâtre du XIXe siècle de chefs-d’œuvre de Michel-Ange, tels que la tête de David et la Madone des Médicis avec de nouvelles répliques imprimées en 3D.
Ces répliques donnent accès à des œuvres qui seraient autrement inaccessibles en raison de leur indisponibilité ou de leur emplacement.
L’exposition au SMK réunira ainsi plusieurs reproductions 3D de pièces produites à l’origine pour le tombeau de Jules II et qui ont depuis été dispersées dans différents lieux. Il s’agit notamment des Prisonniers de Boboli à l’Académie et du Génie de la Victoire au Palazzo Vecchio, tous deux à Florence, et de Rachel et Léa à San Pietro in Vincoli, à Rome.
Factum Arte a également pu reconstituer l’enfant Jean Baptiste d’Ubeda, détruit pendant la guerre civile espagnole. Bien que la statue ait été restaurée, elle porte encore les cicatrices de sa destruction. Le nouveau modèle 3D a été réalisé en se référant à des photographies d’archives de l’œuvre avant la restauration.

Avec les reproductions 3D, le SMK peut également présenter dans l’exposition les représentations des saints Pierre, Augustin, Paul et Grégoire de Michel-Ange qui sont des éléments fixes du retable de Piccolomini à Sienne, en Italie, installés si haut qu’ils ne peuvent pas être facilement vus de près.
D’autres œuvres, comme Cupidon, sont très demandées et sont par exemple actuellement prêtées au Metropolitan Museum of Art de New York par la France jusqu’en 2029.
Matthias Wivel, commissaire de l’exposition, a déclaré à ArtNews qu’il ne craignait pas que l’utilisation de répliques 3D ne rebute le public : « Nous réaliserons avec elles une belle exposition qui séduira le public ».
Il a ajouté : « L’appréciation et l’étude de l’art ont toujours reposé en grande partie sur les reproductions. Sans elles, elles seraient beaucoup plus limitées. Utilisées de manière responsable, les reproductions présentent un potentiel et une valeur énormes ».
- Rôle passé, présent et futur de le reproduction
Le commissaire concède que l’exposition sera « une expérience » et qu’il mesurera son succès sur sa capacité à « stimuler le débat et à convaincre des vertus de l’innovation ».
Pour lui, l’argument le plus convaincant en faveur de l’utilisation de reproductions est peut-être la « plus grande liberté de construire des récits d’histoire de l’art sans se soucier des contraintes pratiques ».
L’exposition révèlera également à quel point les techniques de reproduction ont évolué au fil des siècles. Selon Matthias Wivel, les fac-similés de Factum Arte réalisés à l’aide de techniques numériques sont précis au micron près, ce qui donne des reproductions « d’une fidélité bien supérieure à celle des plâtres, dans la mesure où elles reproduisent la couleur, la surface et les détails tels que les veines du marbre ».
Il a également noté que les fac-similés numériques comme ceux réalisés par Factum Arte fournissent des enregistrements très détaillés des œuvres d’art qui peuvent être utiles aux chercheurs et aux restaurateurs pour les siècles à venir.
Dans un autre contexte, les répliques numériques pourraient également joué un rôle important dans la facilitation des accords de rapatriement, permettant aux musées de conserver une copie d’un objet qu’ils acceptent de restituer.

- Quel statut pour la reproduction numérique ?
Dans les musées, les œuvres d’art considérées comme uniques et rares sont pourtant souvent des copies. Les merveilles de l’art grec se sont retrouvées dans les ateliers de l’Empire romain, influençant par la suite les maîtres de la Renaissance et la culture occidentale dans son ensemble.
Depuis toujours, les œuvres d’art et les idées se sont ainsi ainsi propagées grâce à la reproduction. Le numérique peut permettre de poursuivre cette longue histoire de transmission.
Tel est le message principal de l’exposition Michel-Ange (organisée 550 ans après sa mort) et de son mélange révolutionnaire de moulages en plâtre du XIXe siècle et de répliques ultramodernes imprimées en 3D.
Exposition Michel-Ange, Statens Museum for Kunst (SMK), Copenhague
Du 29 mars au 31 août 2025
https://www.smk.dk/en/exhibition/michelangelo/
SOURCES: SMK, Factum Arte, presse
PHOTO du carrousel: une partie du moulage en plâtre d’après Michel-Ange Buonarroti, Jour. Original vers 1524-26, moulage de 1897. Collection royale de moulages, SMK – Galerie nationale du Danemark Photo : SMK
Date de première publication: 16/01/2025
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